Une vague de bien-être vient me frapper en pleine face. Si je pensais passer la soirée en tête à tête avec le pilote n°1 de McLaren, il en avait décidé autrement. Ils étaient tous là, ceux qui comptaient à mes yeux, réunis pour fêter mon anniversaire. Alors que tout le monde chante « Happy Birthday » avec des chapeaux en papier sur la tête, je me penche vers Lando.
- Alors, c'était donc ça, tous les messages que tu envoyais aujourd'hui ?
Lando tourne sa tête vers moi et acquiesce avec un sourire qui me fait tout oublier. À la fin de la chanson, c'est Pierre qui vient briser notre petite bulle en s'avançant vers moi.
- Comme si j'allais te laisser en tête à tête avec Lando pour ton anniversaire... Jamais de la vie !
Je tends les bras vers mon meilleur ami pour qu'il me serre dans ses bras. Il me fait décoller de quelques centimètres en me faisant tournoyer sur lui-même. Je me recoiffe légèrement et me retourne pour faire face à tout ceux qui sont autour de la table. Je rigole de bons coeurs, ils n'ont toujours pas quitté leur affreux petit chapeau. Je prends le temps de faire le tour pour saluer et remercier tout le monde. Kika, George, Charles, Max, Joshua et même Archie sont de la partie. Je n'en reviens toujours pas. Je prends place sur la chaise libre qui se trouve autour de la tablée et les regarde un par un. J'ai l'impression de rêver. Lando et Pierre sont assis de part et d'autres de moi. Sous le regard instant de Kika, je me lève et racle ma gorge. J'ai peur de ne pas réussir à prononcer quelques mots, sous le coup de l'émotion.
- Si je m'attendais à ça... Merci à vous d'être venu, sachez que si vous êtes là, c'est que je parle assez de vous à Lando pour qu'il comprenne que vous comptez pour moi ! Et dire que dans l'ascenseur, j'étais en train de me demander si Lando avait pas rencontré une jeune femme vu le temps qu'il a passé sur son téléphone aujourd'hui ! Enfin bref, je vais m'arrêter là, sinon je vais encore pleurer !
- A ton anniversaire, Amélia ! scandent Charles et Lando en coeur.
Je lève ma coupe de champagne et trinque avec tout le monde. L'ambiance est vraiment joviale à table, j'ai mal aux zygomatiques à force de sourire. Mais je n'arrive pas à m'arrêter. Les plats arrivent rapidement, tout le monde se souhaite un bon appétit et les amis de Lando apprennent à faire connaissance avec les miens. Je suis contente que les gars de l'usine s'intègrent aussi bien à la bande. Je rattrape le temps perdu avec Kika, nous échangeons les quelques ragots que nous avons appris. Je surprends George qui écoute d'une oreille attentive les confidences que nous nous faisons avec la petite amie de Pierre. Il a toujours eu ce petit coté fouine qui me fait beaucoup rire. Ses sourcils bougent en fonction du degrés de croustillance de l'information qu'il vient d'entendre.
De temps à autre, je jette des coups d'oeil de l'autre coté de la table, Charles et Archie sont en grande discussion sur un sujet qui a l'air de les passionner, mais je n'arrive pas à comprendre de quoi il en retourne. Joshua et Max, qui doivent se connaitre d'avant ce soir, tentent d'entrer dans la discussion qui se déroule à coté d'eux, sans vraiment parvenir à y arriver.
Sans que je m'y attende, encore une fois, les lumières se tamisent et le silence se fait doucement à notre table. Je tourne ma tête en direction des chaises occupées par Lando et Pierre, mais elles sont vides. Je comprends vite que c'est le moment du dessert quand je vois mes deux amis qui arrivent à notre table avec le visage éclairé grâce aux bougies allumées sur le gâteau. Et pour la deuxième fois de la soirée, ils chantonnent tous plus ou moins faux la chanson qui célèbre ma naissance.
Je ne peux qu'admirer le gâteau que les garçons viennent de disposer devant moi. Il est assez haut, mais ne comporte pas d'étage. Sa surface est recouverte d'une ganache au chocolat, je n'arrive pas à me retenir de passer mon index sur l'arrête pour y gouter. Entre les bougies indiquant mon passage dans la trentaine, je lis les mots simples « Keep Moving Forward ».
L'émotion me prend à la gorge, « Continue d'avancer » c'était notre mantra, notre phrase qui nous regonflait à bloc quand on était plus jeune avec Pierre. C'est en se répétant cette petite phrase que nous avons accompli pas mal de choses lui et moi. Continuer d'avance, peu importe ce qu'il pouvait nous arriver. Ce soir, ces mots raisonnent en moi plus que d'habitude. Toutes les épreuves que j'avais traversé cette année ne devaient en aucun cas m'empêcher d'avancer.
- Allez fais un voeu et souffle tes bougies ! M'encourage Lando.
Mhm, faire un voeu... Pas mal de choses irréalistes me passent en tête... J'ai un petit pincement au coeur quand le sourire de Lewis apparait sous mes paupières. Malgré la façon dont les choses sont en train de tourner entre lui et moi, sa présence à mes côtés me manquent un peu. Je me ressaisis rapidement, ce n'est pas le moment pour avoir des remords. Continuer d'avancer.
Je ferme les yeux et fais mon voeu. « Je souhaite que l'univers me lâche un peu la grappe » Je souris avant de souffler mes bougies. Les flash crépitent et les applaudissements retentissent. Je réouvre les yeux et croise le regard de Pierre qui se trouve à mes côtés. Sa main se glisse dans la mienne et la presse doucement. Sa présence auprès de moi m'apaise tellement.
- Et maintenant les cadeaux ! Jubile Lando.
Je pouffe de rire devant son empressement. Il est aussi excité que mes neveux le matin de Noël. Les cadeaux affluent sur la table, je ne m'attendais pas à en recevoir autant. Je suis intimidée, je n'aime vraiment pas être le centre de l'attention. Je saisie une boite orange.
- Ça c'est de la part du département Aéro, m'informe Archie en m'offrant un sourire radieux.
J'ouvre doucement le couvercle et j'éclate de rire. Je découvre un t-shirt de foot aux couleurs du clubs de Chelsea floqué avec mon prénom et une place pour assister à un match du club pendant l'année. Ce cadeau me rappelle l'une des discussions enflammées que nous avions eu, l'équipe aéro et moi, la dernière fois que je suis allée au bar avec eux. Ils n'en revenaient pas qu'en ayant habité à Londres, il y a plusieurs années, j'avais jamais assisté à un match de foot.
Je repose le t-shirt et la place dans la boite et je fais le tour de la table pour remercier Joshua et Archie. Je dépose un baiser sur chacune de leurs joues en les remerciant chaleureusement et je retourne à ma place. Je prends un deuxième cadeau dans les mains, cette fois-ci c'est une boite noire, les lettres Chanel sont gravées dessus.
- Celui-ci, c'est de notre part. Me souffle Pierre.
Mes mains tremblent quand je défais les rubans blanc qui maintiennent la boite fermée. Quand mes mains dévoilent le contenu, je m'arrête de respirer.
-Mais vous êtes fous ! M'exclamai-je de surprise.
- T'es une grande maintenant et les grandes ont ce genre de choses dans leur sac ! Me répond Kika avec amusement.
Je repose mes yeux sur le contenu de la boite, un agenda en cuir rouge et un portefeuille de la même couleur me font de l'oeil. Je les avais vu quand nous faisons les boutiques avec Kika pour ma tenue du jour de l'an. J'ose à peine poser mes mains dessus. Ils iront parfaitement avec le sac que j'ai eu pour Noël. Je me retourne une nouvelle fois vers Pierre et Kika pour les prendre dans mes bras. Je les serre fort contre moi en répétant une centaine de merci.
- Allez, c'est à nous maintenant ! De la part des habitants de la principauté de Monaco !
Je me retourne et lâche mon couple d'amis pour prendre dans mes mains le grand paquet cadeau que me tendent Charles et George. Je le pose sur la table car il pèse un peu lourd et je déchire l'emballage. Une boite en Plexiglas laisse apparaitre un casque. Il comporte le numéro 27 et est recouvert d'étoile formant la constellation du Dragon, celle que je préfère. Je soulève la protection en plastique et je passe mes doigts sur la surface du casque.
- On nous a dit que tu te débrouillais pas trop mal avec un volant dans les mains, alors maintenant tu n'as plus d'excuses pour venir avec nous au karting, m'explique George en passant ses bras autour de mes épaules.
- Il est magnifique. C'est mon premier casque ! Merci les garçons !
J'enlace chaleureusement Charles et George quand du mouvement à côté de nous attire mon attention. Je me défais de leurs bras et avance doucement devant le dernier cadeau qui m'attend. Le paquet cadeau est plus grand que moi, la forme me laisse penser à une toile ou un grand cadre.
- Qu'est-ce que tu attends pour l'ouvrir ? Me demande Lando.
- C'est le tien ?
Le jeune homme hoche la tête en signe d'approbation. Je prends un coin et je déchire sans ménagement le papier cadeau. Je passe mes doigts sur la vitre de protection du cadre et fais quelques pas en arrière pour mieux d'admirer la photo. Elle est magnifique.
- Quand est-ce que tu l'as prise ?
- Quand on était au Mexique... me répond Lando avec un grand sourire.
Je repose mes yeux sur le cadre, on me voit, accoudée au rebord de la piscine que nous avions dans le jardin de la maison louée au Mexique. Des gouttes d'eau perlent sur mon visage, je venais de sortir la tête de l'eau sûrement. J'ai un sourire radieux en regardant la personne qui devait être en train de me parler, mais elle n'est pas dans le champ de vision de la photo.
Je me souviens de ce moment. Il me revient de plein fouet. C'était juste après le repas de midi, j'avais enfilé mon maillot de bain pour faire quelques longueurs pendant que le reste du groupe étaient allongés dans les canapés extérieurs pour faire la sieste. La personne à qui j'offrais ce sourire radieux, c'était Lewis. Il venait de me dire qu'il était pas tombé amoureux d'une humaine mais d'une sirène. C'est vrai que dès qu'il y a de l'eau que ça soit, un lac, la mer ou encore une piscine, j'avais ce besoin d'y plonger dedans. Pierre et Charles avaient sifflé en criant que Lewis était devenu un vrai canard avec moi. Ce qui m'avait fait beaucoup rire sur le moment.
Le souvenir de cette journée me fait sourire ce soir. Malgré toute la rancoeur que j'avais envers Lewis actuellement, je devais me rendre à l'évidence, il me manquait. Il y avait toujours une aura qui émanait de lui et qui me faisait sentir légère et insouciante. Je ne sais pas comment j'aurai réagi si Lando l'avait effectivement invité pour le repas ce soir. Lewis m'avait laissé un message sur ma messagerie, il y a deux semaines de ça, mais je ne l'avais pas écouté. Je l'ai supprimé avant même d'entendre sa voix. Je le regrette un peu maintenant, j'aurai bien aimé savoir ce qu'il avait à me dire. Ça ne devait pas être si important que ça, puisqu'il n'avait pas recommencé depuis.
Et si c'était à moi de prendre les devants ? Je lui enverrai un message demain soir, quand je serai rentrée à Monaco pour qu'on se voit avant le début de championnat.
Je me tourne vers Lando et je le prends dans mes bras. Sa tête vient se nicher dans mon cou, comme il fait à chaque fois. Comme pour rendre cette étreinte plus personnel. Je lui souffle un merci avant de claquer un baiser sur sa joue.
Après avoir dégusté le gâteau au chocolat, nous avons fait monté mes cadeaux dans notre suite puis nous avons pris un van pour continuer la soirée en boite de nuit. Se déplacer avec la jeune génération de pilote de Formule 1 n'était pas la chose la plus discrète du monde. Nous sommes passés par l'arrière du club pour rejoindre le carré VIP qui nous a été attribué.
L'alcool coule à flot et heureusement que nous avons bien mangé, sinon je pense que je ne tiendrai déjà plus sur mes jambes. Un verre à la main, je danse avec Charles et Lando au milieu de notre espace réservé. De temps à autres, nous hurlons les paroles des chansons que le DJ passe. L'ambiance est vraiment bonne, Kika nous rejoins et nous débutons une danse plutôt sensuelle entre elle et moi. Elle dépose ses bras fin sur mes épaules et passe l'une de ses jambes entre les miennes, les garçons nous sifflent ce qui nous fait rire à gorges déployées. Je croise le regard de la jeune femme et lui souris.
- Tu feras attention, y'en a un qui te dévore du regard, me glisse Kika à l'oreille pour que personne d'autre nous entende.
Je jette un coup d'oeil par dessus mon épaule. Archie est en train de discuter avec Joshua, Max et Pierre. Nos regards se croisent, il esquisse un sourire avant de lever son verre dans ma direction. Je tourne la tête pour retrouver le visage de mon amie.
- Tu dis n'importe quoi ! Si tu faisais un peu plus attention, tu remarquerai que tout le monde nous regarde...
Kika hausse les épaules, mais je vois dans son regard qu'elle n'en démordra pas. Je jette un dernier coup d'oeil à Archie et encore une fois, je croise son regard. La petite amie de Pierre se fait des idées. Depuis que nous avions échangé nos numéros, je n'avais pas eu de nouvelle de l'ingénieur. S'il avait voulu tenter quelque chose, je pense qu'il l'aurait fait depuis. La musique change, et nous changeons de partenaire de danse. Pierre est venu retrouver sa petite amie et danse avec elle pendant que moi je rejoins George qui s'est levé pour esquisser quelques pas de danse avec Charles et Lando.
Au bout d'un certain temps et avec une douleur aux pieds qui me fait grimacer, je laisse mon corps tomber sur l'une des banquettes de l'espace VIP. Mon regard se pose sur chaque personne qui compose notre groupe ce soir. Je suis contente de voir que tout le monde est inclus, il n'y a personne qui est laissé de coté. Qu'ils dansent, boivent ou discutent, tout le monde a trouvé sa place. Je suis interrompue dans ma contemplation par Archie. Il vient de s'asseoir à côté de moi.
- Tu passes une bonne soirée d'anniversaire, Amélia ?
- Oui, d'habitude, je ne fête pas mon anniversaire, mais ce soir, je suis sur un petit nuage. Merci d'être venu, ça me fait plaisir de te voir et Joshua aussi !
- Tu sais, Lando ne nous a pas laissé beaucoup de choix ! J'espère que tu mesures l'intensité du lien qui vous unit tous les deux...
- Je crois que oui, lui dis-je en posant ma tête sur son épaule.
L'alcool me fait tourner la tête, j'aurai peut-être pas bu boire le dernière verre que mon meilleur ami m'a tendu. Le réveil demain va être douloureux. Je redresse ma tête quand Archie m'annonce qu'il va rentrer. Je regarde ma montre, il est déjà quatre heures et demi, je n'ai vraiment pas vu le temps passer. Je me relève en même temps que lui pour le saluer.
- Pourquoi tu m'as pas écrit depuis deux semaines ? Lui demandai-je alors qu'il me serre dans ses bras.
Son corps quitte le mien et Archie hausse les épaules avec un sourire en coin. Je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé ça, je n'attendais pas particulièrement de nouvelles de lui... Mais les paroles de Kika plus tôt dans la soirée sont restées dans ma tête. Je regarde Archie saluer tout le monde avant de quitter la soirée. Peut-être qu'il attendait que ça soit moi qui le contacte en premier, je ne sais pas, mais il allait devoir attendre encore longtemps, le pauvre.
Peu après le départ d'Archie, c'est Joshua et Max qui sont parti à leur tour. Je commence à fatiguer moi aussi, alors nous décidons de mettre un terme à cette sortie nocturne. George me serre dans ses bras quand son taxi arrive à notre niveau, il rentre de son coté puisqu'il a son appartement dans le centre de Londres. J'espère que la relation amicale que nous avons, lui et moi, ne changera pas malgré la fin probable de celle que j'avais avec son coéquipier.
C'est les talons à la main que je longe le couloir qui nous mène à notre suite. Pierre, Kika et Charles dorment avec nous ce soir. Si Pierre et Kika restent à Londres pour ensuite se rendre à Enstone où se trouve le QG de l'écurie Alpine, Lando doit prendre l'avion pour Paris afin d'ensuite s'envoler pour le Vietnam. Quand à moi, je rentre avec Charles à Monaco. Il n'y a que deux chambres dans notre suite, mais c'est naturellement que j'ai laissé mon lit à mon meilleur ami et sa petite copine. J'aurai pu dormir avec Pierre s'il n'était pas accompagné, mais dormir avec Pierre et Kika dans le même lit, non merci.
Pendant qu'ils sont encore en train de discuter dans le salon, je passe par la salle de bain pour me démaquiller et me mettre en pyjama. En passant par ma chambre pour les rejoindre, je tombe sur les cadeaux que j'ai reçu pour mon anniversaire. Heureusement que nous prenons l'un des jet privé mis à disposition pour le monégasque pour rentrer, sinon j'en aurai eu pour cher de supplément bagage. Surtout avec le grand cadre photo. Je m'attarde un peu sur le sourire que j'avais, il n'y avait que Lui qui était capable de me faire sourire comme ça...
- On va pas tarder à aller se coucher nous, on prend le petit dej' tous ensemble demain ? Nous demande Pierre en se levant du canapé.
- Yes, le premier debout réveille les autres ? Propose Charles.
- Alors là, pas du tout ! Le premier réveillé appelle le room service et nous fait monter le petit déjeuné. Il est malade ton pote ! Rétorque Lando en mettant ses pieds sur la table basse. J'aimerai me faire réveiller par l'odeur des pancakes chauds qui m'attendent, pas par ton haleine de poney dès le matin Pierre, sache le.
C'est sous nos rires incontrôlés que Pierre et Kika disparaissent dans ma chambre. Je prends une grande bouteille d'eau, un Doliprane et je viens m'assoir entre les deux pilotes en soupirant longuement. Je ne vais pas tarder à tomber de fatigue, moi aussi. Les premières lueurs du soleil commencent déjà à monter dans le ciel. Lando saisit la télécommande et allume la télé, il navigue rapidement dans le menu et finit par lancer le premier opus de la trilogie Cars.
J'ouvre un oeil timidement quand j'entends des rires étouffées pas très loin de moi. Ma tête repose sur l'épaule de Charles, qui semble endormi lui aussi, puisqu'il ne bouge pas. J'en redresse doucement et tourne la tête pour découvrir qui vient de me réveiller. Appuyé contre l'encadrement de la porte, Pierre tient son téléphone devant lui. Je comprends très vite qu'il vient de prendre en photo, voir en vidéo, la scène qui se déroule sous ses yeux.
Lando est endormi de l'autre coté du canapé pendant que je dormais sur l'épaule de Charles. Je me lève doucement pour ne pas les réveiller. En quelques enjambées, je rejoins Pierre qui est maintenant près de la fenêtre.
- T'as commandé le room service, j'espère... J'ai une faim de loup ! Lui dis-je en remettant un peu d'ordre dans mes cheveux.
- Un peu de patience, mais ça devrait pas tarder à arriver. Pas trop mal à la tête ?
- Mhm, non ça va, j'ai pris du paracetamol avant de m'endormir mais j'ai un peu mal au ventre, mais je crois que ce sont mes règles qui arrivent.
- C'est plutôt une bonne nouvelle ça, non ?
Pierre passe son bras autour de mes épaules et me serre un peu contre lui. Nous sommes les seuls déjà réveillés, le soleil est déjà haut dans le ciel. Alors que j'allais répondre à Pierre qu'effectivement c'est plutôt une bonne nouvelle puisque c'était le signe que les choses étaient en train de se remettre à fonctionner normalement dans mon corps, trois petits coups contre la porte de la suite nous interrompe.
Le chariot est plein à craquer, Pierre a commandé pratiquement tous les plats du menu. Je remercie le personnel de l'hôtel et je pousse doucement le chariot jusqu'au milieu du salon. Je récupère l'assiette des pancakes et je vais l'agiter sous le nez de Lando. Sans attendre, ses yeux s'ouvrent et il se redresse sur le canapé. Son mouvement réveille Charles. Il ne manque plus que Francisca et nous pourrons passer à table. Je jette un coup d'oeil à Pierre pour l'inviter à réveiller sa petite amie.
On a dû passer par un Sainsbury's pour acheter des tampons et des serviettes, avant d'aller à l'aéroport. J'avais vu juste, mes règles ont débarqué pile poil avant qu'on rende la suite d'hôtel. Je sors des toilettes de l'aéroport, Lando et Charles m'attendent à coté de nos valises et de mes cadeaux.
- T'es sûr de pas vouloir venir avec moi au Vietnam ?
- C'est gentil Lando, mais j'ai une vie à côté tu sais ? Laisse moi profiter du peu de liberté qu'il me reste avant le début du championnat s'il te plait, lui dis-je en le serrant dans mes bras.
Le jeune pilote britannique nous adresse un sourire, prend sa valise et après un dernier au revoir, il s'avance pour rejoindre sa porte d'embarquement. Charles m'aide à déplacer mes affaires à travers l'aéroport d'Heathrow pour qu'on rejoigne le guichet de la compagnie privée qui nous attend.
Nos bagages sont pris en charge et nous sommes invités à monter dans le petit avion sur le tarmac.
Je prends place dans un siège à coté du hublot et j'attache ma ceinture. Charles discute rapidement avec le personnel à bord et vient me rejoindre. Il s'installe en face de moi. L'avion ne tarde pas à décoller, si j'en crois ce qu'annonce le pilote, nous devrions être à Nice dans un peu moins deux heures et quart.
- Ça fait longtemps qu'on s'est pas retrouvé que tous les deux ! C'est peut-être pas le meilleur moment, mais je voulais te reparler de la proposition que je t'avais fait à Austin...
- La proposition que tu m'as fait à Austin ?
- Oui, quand je t'ai parlé de venir travailler avec moi...
- Charles... Soufflai-je en croisant mes jambes.
- Ecoute ce que j'ai à te dire au moins, rigole le monégasque. Comme tu as dû le savoir, j'ai re-signé avec Ferrari pour quelques années. Et j'aimerai que tu fasses partie de l'aventure. McLaren est très bien, le poste que tu as est très formateur, mais imagine Ferrari. Tout le monde est fan de Ferrari. Ton salaire augmenterai considérablement et tes responsabilités aussi. Qu'est-ce que tu dirai d'être la directrice des relations publiques après une année passée avec nous ? Tu n'aurais plus à suivre un pilote comme son ombre...
- Tu sais que j'aime le poste que j'ai actuellement avec Lando.
- Je le sais, mais mon écurie peut te proposer une évolution de carrière considérable. Puis si les interviews te manquent, tu pourras toujours y assister en prenant la place de la personne qui travaillera pour toi.
- Je ne sais pas, Charles...
- Réfléchis-y, ok ? Tu as toute l'année pour prendre ta décision.
Je souris à Charles, je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Sa proposition est alléchante, mais je me vois mal abandonner Lando et toute l'équipe McLaren. Je suis flattée d'être convoitée par l'une des plus grandes écuries de la grille. C'est toujours plaisant quand son travail est reconnu à sa juste valeur, mais je ne sais pas si je serai capable d'endosser la casquette de directrice de relation publique de la Scuderia. Déjà que je n'ai pas beaucoup de vie en dehors du travail, alors là, ça serait encore pire. Je suis reconnaissante en vers Charles de ne pas me presser pour avoir une réponse tout de suite.
Je regarde par le hublot, il n'y a pas un seul nuage dans le ciel. Les champs, les routes et les habitations défilent sous mes yeux. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, enfin ce matin. Deux ou trois heures tout au plus. Le doux ronron des réacteurs finissent par me bercer et rende mes paupières trop lourdes pour que je puisse résister.
Je sursaute quand le train d'atterrissage entre en contact avec le tarmac niçois. Charles est toujours en face de moi et me regarde avec amusement.
- On partage le taxi ? On passe par chez toi d'abord comme ça je t'aide à monter tes affaires.
- Avec plaisir Leclerc. Dis, t'es pas simplement gentil avec moi parce que tu veux que je signe chez Ferrari l'année prochaine ?
- Aoutch, comment tu peux dire ça Amélia ? Je suis sincèrement gentil avec toi et ça depuis qu'on se connait. Tu l'as juste oublié depuis que tu passes tout ton temps avec Norris !
Nous rigolons tous les deux puis nous nous détachons afin de quitter cet avion. Nous récupérons rapidement nos bagages et nous voilà installé dans un van en direction de Monaco. Le soleil commence à décliner et les ralentissements à l'arrivée aux portes de la principauté sont de plus en plus longs. Les bouchons de fin de journée ne m'avait pas manqués.
Lorsque nous arrivons devant mon bâtiment, la nuit commence déjà à tomber. Charles aide le chauffeur à sortir nos affaires du coffre pendant que j'ouvre la porte de l'immeuble. Nous sommes accueillis par Jean, le concierge. Il nous aide à rapatrier les valises à l'intérieur.
- Avant que j'oublie, j'ai fait monter les colis qui vous ont été livrés en votre absence. D'ailleurs, les travaux ont été effectué, tout est revenu à la normale. M'indique Jean avant de disparaitre dans son appartement de fonction.
Je lui souffle un merci avant qu'il referme sa porte. Nous mettons toutes nos affaires dans l'ascenseur puis nous prenons les escaliers car la cabine ne peut pas nous accueillir vu sa petite taille. Quand j'ouvre enfin la porte d'entrée de mon appartement, je tombe directement sur quatre gros cartons qui m'attendent dans le couloir. J'aide Charles avec nos affaires.
- Je ne sais pas ce que c'est ces cartons... dis-je en passant mes doigts sur la surface un peu rugueuse.
- Tu n'as rien commandé ?
- Non, je crois pas. Y'a pas d'expéditeur.
- Qu'est-ce que tu attends pour ouvrir ?
J'hausse les épaules, je ne sais pas ce que j'attends. Je vais chercher un couteau dans la cuisine puis je reviens dans le couloir de l'entrée pour couper les différents scotch qui ferment les cartons. Quand j'ouvre le premier, mon coeur s'arrête. Je reconnais l'un de mes t-shirts McLaren. Je fouille rapidement dans les différents cartons et je m'assois par terre. La tête entre les mains. Charles s'accroupie devant moi.
- Am' ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Ce sont mes affaires... Celles que j'avais laissé chez Lewis.
Le silence retombe. Charles me caresse le haut de la tête.
- C'est quel genre d'homme qui fait ça ? Me renvoyer mes affaires sans même qu'on ait eu une discussion...
Je relève la tête en direction du monégasque. Ses yeux cherchent les miens, Charles tente de me sourire, mais je n'ai pas la force de lui sourire en retour. Je ne m'attendais tellement pas à ça. Moi qui commençais à m'adoucir à l'idée de débloquer Lewis pour peut être reprendre contact avec lui. Mais là, cette idée n'est même plus envisageable. S'il ne savait pas comment rompre avec moi, je crois que son message est plutôt bien passé.
Je souffle bruyamment pour tenter d'apaiser la colère qui monte en moi. Jamais on m'avait traité de la sorte. Charles se redresse et me tend les mains pour m'aider à me remettre sur mes pieds à mon tour.
- Tu peux y aller si tu veux, j'ai du rangement à faire, si tu vois ce que je veux dire...
- Tu rigoles ou quoi ? On va se faire à manger et on va regarder la suite de Cars !
- Le frigo est vide...
- Je vais descendre faire des courses. Je vais pas te laisser déprimer dans ton coin un dimanche soir.
- Je...
- Tu étais là avec Pierre quand j'allais pas bien après ma rupture avec Charlotte. C'est normal que je sois là, avec toi, ce soir.
Je souris timidement et je hoche la tête. Même si nous sommes amis depuis pas mal d'années, Charles n'est pas la première personne à qui je me confie et je sais que c'est pareil de son côté puisque nous partageons le même meilleur ami, Pierre. Mais sa présence, ce soir, m'aide à ne pas broyer du noir. Lewis venait de sonner le glas de notre relation.
- T'as envie de manger un plat en particulier ?
- Non, prends ce que tu veux, ça m'ira très bien.
- Bien, j'y vais, profites-en pour prendre une douche et te mettre en pyjama. Je m'occupe de tout.
Je donne mon trousseau de clef à Charles et j'attends qu'il claque la porte d'entrée pour transporter les cartons dans ma chambre. Je m'occuperai de remettre mes vêtements dans ma penderie un autre jour. Je suis le conseil de Charles en me déshabillant pour aller sous la douche. Je ne m'attarde pas trop sous l'eau chaude, ce soir, même ma douche n'arrivera pas à apaiser les noeuds qui sont en train de se nouer dans mon cerveau. Avant d'enfiler un pyjama confortable, je change mon tampon. Les douleurs dans mon bas ventre et aux lombaires n'ont pas cessé de toute la journée. Je fouille rapidement dans ma boite à pharmacie pour trouver de quoi calmer les douleurs, au moins pour ce soir.
La clef dans la serrure me fait sursauter, Charles a été plutôt rapide. Il referme ma porte d'entrée avec son talon, ses deux mains étant prises par des sacs de courses. J'hausse un sourcil et croise les bras sur ma poitrine.
- Tu comptes nourrir tout l'immeuble ? Lui demandai-je en m'appuyant dans l'encadrement de la porte de la cuisine.
- T'abuses, c'est juste que je savais pas ce que tu avais ou non dans ta cuisine !
- Qu'est-ce que le chef Leclerc va nous cuisiner ce soir, alors ?
- Des coquillettes, jambon, gruyère pour toi et une salade composée pour moi. Je suis à la diet', tu te souviens ?
Je rigole doucement puis j'entre dans la cuisine pour aider Charles à cuisiner.
Je précède Charles qui porte notre plateau repas jusqu'au salon. J'allume les petites lampes pour créer une atmosphère cosy et je vais m'installer confortablement dans le canapé. Charles lance Cars 2 et nous commençons à manger. Si je n'avais pas suivi très attentivement le premier film de la trilogie que nous avons regardé ce matin, préférant m'endormir, ce soir, je ne rate pas une seule seconde du dessin animé. Même quand Charles m'a tendu un pot de Cookie Dough Ben & Jerry's.
Après avoir assurée plusieurs fois à Charles que je n'avais pas besoin qu'il reste avec moi cette nuit, je me mets au lit. L'odeur de la peinture fraiche a imprégné les draps, je devrai les changer, mais la flemme l'emporte. Je suis trop fatiguée ce soir pour le faire. L'agence immobilière a changé mon matelas, celui-ci est plus moelleux que celui que j'avais avant. Je me tourne et me retourne avant de réussir à trouver une position propice à l'endormissement. Mon portable vibre sur la table de nuit, l'écran éclaire ma chambre puis s'éteint. Je n'ai pas la force de consulter la notification. Ça attendra demain.
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J'ai bien compris que j'étais cruelle de vous laisser dans ce flou jusqu'à lundi...
Un chapitre assez doux pour fêter l'entrée d'Amélia dans la trentaine.
La complexité des sentiments d'Amélia se dessinent petit à petit.
Il faut le dire, elle est complètement perdue !
A vendredi pour la suite 🤗
Writting Firelfy ✨