7 décembre 2023 - Londres - Angleterre
Mes pieds ne touchent plus le sol lorsque Pierre me soulève en me prenant dans ses bras. Son étreinte reflète le lien que nous avons lui et moi. Je suis tellement contente de le retrouver avec Kika pendant leur séjour à Londres.
- Tu m'as tellement manqué, lui glissai-je à l'oreille avant qu'il me dépose à terre.
- Toi aussi petite tête !
Je me détache de mon meilleur ami, je suis presque émue de les voir aujourd'hui. Depuis que j'ai annoncé ma grossesse à Lewis et Susie, j'en ai parlé à personne d'autres et je me rends compte aujourd'hui que ça me pèse un peu. Je ne sais pas comment je vais aborder le sujet avec Pierre, mais je ressens le besoin de le faire.
- On va manger ? Je meurs de faim !
- On te suit les yeux fermés, me dit Kika en passant son bras sous le mien.
Nous déambulons dans les rues de la capitale jusqu'à qu'on arrive à Covent Garden, l'un de mes endroits préférés à Londres. Je souris quand je vois les yeux brillants de Kika lorsqu'elle découvre les décorations de Noël accrochés à la structure du bâtiment. Nous commandons à la borne du fast-food Shake Shack, puis nous allons nous installer sur la terrasse où prône une énorme boule à facette au dessus de nos têtes. Pendant que nous mangeons, nous rattrapons le temps perdu depuis que nous nous sommes quittés à Abu Dhabi. Entre ses quelques jours avec ses parents après le Grand Prix ou le fait qu'il était devenu un ambassadeur de l'association « Make a Wish », Pierre ne s'était pas arrêté lui non plus.
- Vous avez envie de faire quelque chose en particulier aujourd'hui ? Leur demandai-je alors que nous débarrassons notre table.
- J'ai trop envie de faire du patin à glace ! S'exclame Kika en faisant une pirouette.
- On peut aller à la patinoire qu'ils ont installé au Somerset House Ice Rink ! C'est juste à coté, leur indiquai-je en commençant à marcher en direction de la patinoire.
Nous passons l'après midi sur les patins, Pierre s'est encore illustré en rentrant dans tout le monde ce qui nous a valu quelques bonnes tranches de rigolades. La nuit commence à tomber aux alentours de seize heures sur Londres, les températures chutent drastiquement mais nous continuons de nous balader dans les rues pour profiter des décorations de Noël. Je sens mon portable qui vibre dans ma poche, je souris automatiquement lorsque je vois le prénom Lewis apparaitre à l'écran. Je décroche et je m'écarte un peu. Son sourire illumine l'écran, je ne peux pas m'empêcher de sourire à mon tour.
- Quand est-ce que tu nous rejoins ? Demandai-je en faisant la moue.
- Je vais partir de Brackley, il faut que je repasse par la maison et je vous rejoins ensuite...
- Mhm, ça veut dire que tu seras pas là avant une grosse heure... lui dis-je un peu déçue.
Lewis marque une pause, je le vois à travers l'écran qui tente de déchiffrer les émotions qui passent sur mon visage.
- Qu'est-ce qu'il se passe Amélia ?
- Rien, tout va bien Lewis... tentai-je en souriant timidement.
- Amélia, pas avec moi, dis moi ce qu'il y a...
Je sens les larmes qui me viennent aux yeux, je lève les yeux au ciel pour éviter de pleurer maintenant. Je ne suis même pas vraiment triste, j'ai juste envie de me blottir dans ses bras. Vivement que ces foutues hormones arrêtent de jouer avec mes humeurs. Je soupire avant de me re-focaliser sur l'écran de mon téléphone.
- Je suis un petit peu fatiguée, je vais voir avec Pierre si on peut aller se poser à leur hôtel en attendant que tu nous rejoigne. J'ai hâte d'être dans tes bras...
- Repose toi un peu, je fais au plus vite, je te promets !
Lewis m'envoie des baisers avant de raccrocher. Au moment où mon écran devient noir, Pierre passe son bras autour de mes épaules.
- Un petit coup de mou ? Me demande-t-il en resserrant son étreinte autour de mes épaules.
- Mhm, j'ai un coup de barre, mais t'inquiète pas ça va.
- Kika veut en profiter pour voir une de ses potes qui est à Londres aussi, mais si tu veux on peut rentrer à l'hôtel pour se poser un peu.
- Je serai vraiment pas contre cette proposition, répondis-je avec un petit sourire.
- On fait comme ça alors !
Tous les trois nous nous dirigeons vers le métro, Kika va aller rejoindre son amie alors que nous nous allons rentrer à l'hôtel et je dois avouer que j'ai hâte de pouvoir passer un peu de temps avec Pierre. Rien que lui et moi.
Dès que Pierre ouvre la porte de leur suite, j'enlève mon manteau et mes baskets et je saute sur le lit ce qui fait éclater de rire mon ami. Après avoir mis de l'eau à chauffer, il finit par venir me rejoindre. Pierre prend un coussin et s'installe à coté de moi.
- Bon alors, comme ça c'est passé avec la mère de Lewis ? Me questionne Pierre avec son air de fouine.
- Plutôt bien, on a eu une petite discussion qui a bien détendu l'atmosphère. J'avais peur que ça se passe mal, on a vraiment pas besoin de ça avec Lewis en ce moment...
- Comment ça ? Ça va pas tous les deux ?
- Si si c'est juste que...
Je ne sais pas comment aborder le sujet avec Pierre. Je ne devrai pas avoir de retenu avec mon meilleur ami, mais je ne sais pas pourquoi je tourne autour du pot.
- C'est juste que ? Il faut que je te tire les verres du nez ? Pierre passe de la position allongée à celle assise en un rien de temps.
- Le dimanche avant que Lewis vous rejoigne pour le diner entre pilotes, je lui ai annoncé que j'étais enceinte... murmurai-je doucement.
- Owh, c'était donc pour ça qu'il était pensif...
- Il était pensif ? Repris-je pour en avoir plus.
- Oui, au début, je pensais que vous vous étiez pris la tête, il participait au minimum aux conversations, il était là sans être là. Puis quand vous nous avez rejoins dans la boite de nuit et que j'ai assisté à vos retrouvailles je me suis dit que Lewis devait juste être fatigué... Mais maintenant je comprends mieux.
- Mhm, dis-je en baissant la tête sur mes doigts que je suis en train de triturer.
- Vous savez déjà ce que vous allez faire ? Me demande Pierre en posant ses mains sur les miennes.
- Oui, on va y mettre un terme la semaine prochaine.
- Ah. Et comment ça va toi ?
Pierre me prend dans ses bras et resserre son étreinte autour de moi.
- Je vais bien, enfin je crois. On en a longuement discuté avec Lewis et c'est quelque chose qui n'est clairement pas envisageable pour le moment. J'ai hâte que les symptômes disparaissent, c'est horrible d'être à fleur de peau tout le temps et de passer la mâtinée la tête dans les toilettes... Je passe mon temps à rire ou pleurer voir même des fois les deux en même temps !
Mon meilleur ami me regarde avec bienveillance, je sais qu'avec lui, je peux tout lui dire, il n'y aura jamais de jugements. Je me frotte les yeux tout en baillant à m'en décrocher la mâchoire.
- Je vais te laisser te reposer, je serai dans le salon si tu as besoin de quoi que ce soit, me dit-il en déposant un baiser sur mon front.
Je lui souffle un merci puis après que Pierre ait quitté la chambre, j'enlève mon pantalon et mon pull pour être plus à l'aise pour ensuite me glisser sous les draps. Je ne mets pas longtemps à m'endormir avec en bruit de fond le film que vient de mettre Pierre sur la télévision du salon.
J'ouvre les yeux au moment où j'entends des éclats de rire dans la pièce d'à coté. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais je sens que mes batteries sont de nouveau pleines. Je m'étire un peu puis je me rhabille pour aller voir ce qu'il se passe dans le salon. Lorsque j'ouvre la porte de la chambre, trois têtes se retournent vers moi. Pierre, Kika et Lewis sont assis dans le canapé. Je suis tellement contente de voir que Lewis nous a rejoint, je fais rapidement le tour du canapé pour me jeter dans les bras de mon petit ami. Au passage je ne manque pas de bousculer Pierre qui commence à râler. Je passe mes bras autour du cou de Lewis et je dépose ma tête dans le creux. Celui-ci ne perd pas de temps pour me rendre mon étreinte.
- J'ai bien cru que tu étais partie pour faire ta nuit ici, rigole Lewis tout en me caressant le bas du dos.
- Je pense que j'étais bien partie pour, quelle heure est-il ? Demandai-je en me redressant un peu.
Kika regarde sa montre et lève ses grands yeux marrons vers moi.
- Il est tout juste dix neuf heures trente ! Tu as dormi une bonne heure et demi quand même.
Mon ventre se met à gargouiller au moment où la jeune femme termine sa phrase.
- Je crois que je meurs de faim...
- Justement avant que tu te réveilles, on se demandait si on sortait au restaurant ou si on mangeait ici. M'annonce Pierre en me poussant un peu.
- Mhm, si on sort, on va manger où ? Demandai-je pour prendre part au dilemme.
- J'ai proposé le Northall ou alors l'Amazonico, mais on arrivait pas à se décider, alors le choix est entre tes mains Amélia, ajoute Lewis en déposant un baiser sur ma tempe.
Je sens un frisson remonter le long de ma colonne vertébrale lorsqu'il termine sa phrase en prononçant mon prénom. Là, tout de suite, ce que j'ai envie c'est de rentrer à la maison et de lui sauter dessus avant même qu'on ait eu le temps d'atteindre notre chambre. Je souris en ayant les images en tête. Je secoue la tête pour me focaliser sur le choix qu'il me reste à faire mais je vois dans le regard de Lewis qu'il a compris que je pensais totalement à autre chose.
- Mhm, le Northall, on est déjà allé mangé là-bas alors que l'Amazonico, je ne connais pas du tout. Sauf si vous voulez rester ici finalement. Leur dis-je en me relevant du canapé.
- Tu ne nous aide pas beaucoup là Amélia, renchérit Pierre toujours avachi sur le canapé.
- Allez debout, on va aller manger à l'Amazonico, Lewis tu es venu avec ta voiture ? Demandai-je en frappant dans mes mains pour les motiver.
- Oui, je peux vous emmener, y'a de la place. Répond mon petit ami en se levant à son tour.
- Parfait, allez, on se motive, sinon on va rester là comme des larves et je vais mourir de faim.
Ma réponse a le mérite de faire rire tout le monde. Chacun s'active de son coté pour se préparer à sortir. Lewis, gentleman qu'il est, m'aide à enfiler mon manteau et me glisse à l'oreille.
- Tu pensais à quoi tout à l'heure quand on était sur le canapé ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Lewis...
Il n'y a que lui et moi dans l'entrée et je sens le rouge me monter aux joues.
- Tu en es sûre ? Me demande-t-il en embrassant le creux de mon cou.
- Mhm, si tu continues, peut-être que je finirai par te le dire...
Lewis me fait faire un demi tour sur moi même pour que je me retrouve face à lui, je vois bien dans son regard qu'il est d'humeur joueuse. Il attrape le col de mon manteau et me rapproche encore plus de lui, je sens son souffle sur mon visage. Il humecte ses lèvres avec sa langue ce qui commence à réveiller les papillons endormis dans mon bas ventre. Son regard en dit long sur ses intentions et je dois détourner le regard pour ne pas craquer.
- Tout ce que je te demande, c'est de ne pas faire durer le repas en longueur. On prendra le dessert à la maison, si tu vois ce que je veux dire. Me chuchote Lewis tout en m'embrassant.
J'acquiesce vivement, bien sûr que je vois ce que tu veux dire Lewis. Je commence à me pencher pour remettre mes baskets mais je ne lâche pas le pilote britannique des yeux pendant ma descente. Je souris avec amusement quand Lewis se mord la lèvre inférieure au moment où ma tête approche son entrejambe.
- Je ne suis plus si sûre d'avoir faim finalement... murmurais-je une fois mes baskets mises.
Lorsque je reviens au niveau du visage de Lewis, celui-ci saisit mon visage entre ses mains et emprisonne ma lèvre inférieure entre les siennes. Lewis me mordille gentiment la lèvre avant de la suçoter, si son but était de réveiller mon envie, c'est chose faite. Je lui rend son baiser avec ardeur avant que Pierre et Kika viennent nous interrompre.
- On y va ? Nous lance Pierre qui est prêt lui aussi.
- On attendait que vous, rigolai-je en essuyant le coin de mes lèvres.
Comme prévu, nous n'avons pas commandé de desserts au restaurant, Pierre et Kika ont très bien compris pourquoi. Avant même que nous reprenions la route pour la maison, mon portable vibre dans la poche de mon manteau. Lewis me regarde avec amusement lorsque je tire le téléphone de ma poche.
- Ne me dis pas que c'est Pierre qui vient de t'écrire...
Je tapote sur mon écran pour qu'il s'allume et découvrir de qui provient le message que je viens de recevoir. Je ricane doucement et tourne ma tête pour regarder Lewis.
- Bien vu, c'est lui !
- On a oublié quelque chose ? Me demande Lewis en ralentissant, prêt à faire demi tour.
J'appuie sur la notification pour l'ouvrir.
Pierrot 🂡 :
21h07
Si j'avais un doute sur le fait qu'on ait interrompu
quelque chose dans l'entrée tout à l'heure.
Pendant tout le repas, il n'y avait plus aucun doute !
Amusez-vous bien les loulous 😘
Je sens mes joues rosir lentement, Pierre n'a pas eu tord, j'ai dévoré des yeux Lewis qui était assis en face de moi pendant tout le repas. Je n'avais qu'une hâte qu'on rentre à la maison pour lancer les festivités. Je ne peux pas mettre mon envie de son corps contre le mien sur le compte des hormones de la grossesse parce que cette envie a toujours fait partie de moi depuis que nous avons couché ensemble la première fois.
- Alors ? Demande Lewis ce qui me tire de mes rêveries.
- Il. Fin... Pierre nous souhaite de passer une bonne fin de soirée. Nous n'avons pas été très discret...
J'enlève mes baskets puis je replie mes jambes contre mon buste, je cache mon sourire avec ma main. Lewis reprend une allure normale puisque nous n'avons pas besoin de faire demi tour, une main sur le volant, l'autre sur le pommeau de vitesse. Je le regarde du coin de l'oeil, un sourire satisfait s'est dessiné sur ses lèvres.
- Satisfait ? Demandai-je en passant ma main sur sa cuisse.
- Je ne vais quand même pas faire la gueule parce que ma petite amie m'a chauffé toute la soirée...
- Moi ? Je t'ai chauffé toute la soirée ? Tu rigoles ou quoi ? C'est toi qui n'a pas arrêté de me faire du rentre dedans !
Lewis tourne son visage en ma direction, nous nous regardons quelques secondes puis nous éclatons de rire. Nous retrouvons notre calme lorsque le feu passe au vert, mais je cale ma tête contre l'appui tête pour ne plus regarder la route mais exclusivement le visage de Lewis. Les lumières de la ville éclaire de façon régulière les traits du britannique. Je m'attarde sur chaque détail, ses longs cils, ses rides qui commencent à apparaitre au coin de son oeil, son petit grain de beauté en haut de sa joue, son piercing sur son nez, sa moustache toujours parfaitement taillée, ses lèvres charnues qui me font perdre la tête, son menton caché par sa barbe, puis son tatouage dans son cou « God is Love ». Je passe mon index le long de sa ligne de démarcation entre sa peau et ses cheveux et je descends jusqu'à son tatouage.
- Si tu continues, je m'arrête dans la prochaine ruelle sombre et je te saute dessus. Me déclare Lewis tout en gardant son regard sur la route.
Je glousse doucement, me mord la lèvre puis je remonte lentement la main que j'avais sur sa cuisse pour qu'elle arrive entre ses jambes et je caresse du bout des points le tissus épais de son pantalon noir. Je ne compte pas rester sage comme une image ce soir. Lewis appuie de toutes ses forces sur la pédale de frein, enclenche le clignotant et s'engouffre dans la petite rue mal éclairée qui est à notre droite. La voiture avance quelques mètres puis Lewis s'arrête. Il appuie son bras contre mon siège et passe son pouce sur ses lèvres.
- Je t'avais prévenu Amélia... me dit-il tout en se rapprochant de moi.
8 décembre 2023 - Londres - Angleterre
Le réveil fut difficile ce matin. Même si j'affectionne beaucoup l'écurie et le pilote pour lesquels je travaille, sortir du lit alors que Lewis et moi avions l'occasion de faire la grasse matinée m'a demandé une force surhumaine. Surtout que hier soir, j'ai retrouvé le Lewis qui aime jouer avec le feu. Je n'en reviens toujours pas qu'on ait fait l'amour sur la banquette arrière de sa Mercedes dans cette ruelle sombre en plein milieu de Londres. Je me prépare dans le dressing pendant que Lewis est encore au lit.
- T'es sûre de ne pas vouloir venir avec moi au gala ? Me demande Lewis à l'autre bout de la pièce.
- Je n'ai aucune excuse pour me rendre là-bas, même si Oscar y va, je ne suis pas son attachée presse. Tu vas devoir t'y rendre tout seul, désolée...
- Ça veut dire qu'on ne se verra pas avant mercredi prochain... Viens par là ! Me fait signe Lewis en ouvrant les bras par dessus la couette.
J'éteins la lumière du dressing et je rejoins mon petit ami à grandes enjambées, je vais finir par être en retard si ça continue. Je m'assois à son niveau et je me blottis dans ses bras, je n'ai pas envie de quitter cette étreinte rassurante. Après la cérémonie annuelle de la FIA qui se déroule à Baku cette année, Lewis s'envolera pour les Etats Unis, il a plusieurs obligations avec ses différents partenariats l'obligeant à ne pas rentrer tout de suite à la maison.
- Si jamais il y a quoique ce soit, tu n'hésites pas, tu m'appelles et je rentre avec le premier avion, me chuchote Lewis à l'oreille.
- Tout va bien se passer, je ne te servirai pas d'excuses pour rentrer plus tôt, mais par contre, je viendrai te chercher à l'aéroport si tu n'arrives pas trop tôt ou trop tard. Rigolai-je en déposant un baiser sur sa joue.
Je commence à me lever, il faut encore que je passe par la salle de bain pour finir de me préparer, mais Lewis en a décidé autrement. Sans que je comprenne comment il a fait, je me retrouve allongée sur le lit avec lui à califourchon sur moi.
- Tu vas devoir me passer dessus si tu veux aller travailler... Me dit-il avec un sourire satisfait pendu aux lèvres.
J'allais lui répondre que j'aurai préféré lui passer dessus et ne pas aller travailler mais mon portable nous interrompe en vibrant dans ma poche. Lewis me laisse un peu de place pour que je puisse le sortir et voir qui m'appelle à cette heure-ci. Je grimace un peu, puis je montre l'écran à Lewis pour lui signifier qu'il faut que je réponde. Pendant que je décroche et que j'amène mon téléphone à mon oreille, Lewis se décale et me laisse la place pour que je puisse me redresser.
- Bonjour Zak, vous êtes bien matinale, tout va bien ? Demandai-je en regardant encore une fois ma montre pour m'assurer que je n'étais pas en retard.
- Désolé de te déranger Amélia, j'ai l'un des organisateurs de la soirée de ce soir avec moi, t'es en haut parleur d'ailleurs. Il me dit qu'il n'a pas reçu la confirmation de ta venue, mais on est bien d'accord qu'aujourd'hui tu étais présente avec nous ?
- Oui, d'ailleurs j'allais pas tarder à partir pour arriver avant la réunion de neuf heures. J'ai peut-être oublié de répondre à son invitation, mais je serai bien là. Vous pouvez compter sur moi !
- C'était bien ce qu'il me semblait, rigole Zak à l'autre bout du fil. Je ne te retiens pas plus longtemps, on se voit tout à l'heure !
Je n'ai même pas le temps de lui dire au revoir qu'il a déjà raccroché. Zak fait parti de la génération qui préfère appeler au lieu d'envoyer des messages. Je laisse Lewis en plan sur le lit et je quitte la chambre pour rejoindre la salle de bain. Après m'être attaché les cheveux en chignon, je me maquille légèrement, pas besoin d'en faire des tonnes pour passer la journée enfermée dans mon bureau à Woking. Je souris quand j'aperçois la silhouette de Lewis dans l'embrasure de la porte. Il croise ses bras sur son torse, la tête encore toute endormie contre la porte. Je referme ma trousse de toilettes puis je dépose un baiser rapide sur ses lèvres lorsque je quitte la salle de bain.
- Eh, tu n'oublies pas quelque chose ? M'interroge Lewis en me retenant par le bras alors que j'allais ouvrir la porte d'entrée.
- Mhm, non. J'ai tout ce qu'il me faut dans mon sac...
Je sais très bien que ce n'est pas à cela que pense Lewis quand il me pose la question, mais j'aime bien le taquiner surtout quand il n'est pas encore très bien réveillé. Lewis soupire d'un air déconcerté par ma réponse ce qui me fait sourire. Je me rapproche de lui et pose mes mains sur son torse, il me caresse la joue avec le dos de sa main.
- Toi aussi tu vas me manquer Amélia, reprend-t-il d'un air léger qui me fait pouffer de rire.
- Je vais vraiment finir par être en retard, lui dis-je en l'embrassant entre chaque mot.
Lewis me serre dans ses bras et j'en profites pour inspirer profondément l'odeur de sa peau, il va atrocement me manquer pendant ces cinq jours où nous allons être séparé. Mais je veux qu'il profites à fond de son séjour américain, alors je fais comme si de rien était. Cette parenthèse loin de moi lui sera sûrement bénéfique, il est important qu'on se manque pour continuer à avoir une relation saine et équilibrée.
Mon portable émet une notification pour m'indiquer que mon taxi est arrivé. Je me hisse sur la pointe de mes pieds et j'attrape Lewis par la nuque pour amener ses lèvres sur les miennes puis je récupère mon sac et je quitte sa demeure. Avant de passer le portail, je me retourne pour lui envoyer un baiser et je rejoins la voiture qui m'attend.
Je passe les grandes portes automatiques du site de Woking, c'est l'effervescence ce matin, il a vraiment beaucoup de monde dans ce hall d'entrée. Je cherche du regard les têtes que je connais tout en m'avançant à travers la foule. Je me rapproche doucement de la machine à café quand mes yeux s'arrêtent sur une touffe de cheveux bruns et bouclés, sans que je les contrôle mes pieds m'amènent directement à cette personne. Je pourrai reconnaitre sa carrure entre mille, il est en train de discuter avec plusieurs ingénieurs et ne semble pas avoir capté que je me tenais près de lui.
Je prends un peu d'élan et je lui saute sur le dos. Mes bras viennent encerclés sa nuque pour que je puisse rester accrocher à lui.
- Une semaine et demi sans toi, c'était beaucoup trop long ! Lui dis-je en rigolant dans son oreille.
- Eh mais, ça, normalement c'est moi qui le dit ! Rouspète Lando en me maintenant les jambes pour pas que je glisse.
Les personnes avec qui il discutait précédemment nous regarde un peu surpris. Je descends de son dos et viens me loger dans ses bras, j'enserre sa taille avec mes mains et reste dans cette position pendant quelques secondes avant de lever la tête vers son visage.
- Ça te va bien la barbe comme ça !
- C'est vrai ? T'aimes bien ? Parce que j'ai rien fait de particulier pourtant, m'indique Lando en passant sa main sur son menton.
- Pourquoi est-ce que je ne suis même plus étonné de vous voir comme ça vous deux ? Nous demande Zak qui vient d'arriver à notre niveau.
- Tu peux demander aux autres, pour une fois, c'est elle qui est venue ! Rigole Lando tout en serrant son étreinte autour de moi.
- Le débriefing va pas tarder à commencer, on y va ? Reprend Zak en regardant sa montre.
Je me détache de Lando alors qu'il commence à marcher vers notre directeur, il se retourne vers moi quand il comprend que je ne lui emboite pas le pas.
- Tu ne viens pas avec nous ? Me demande le pilote de l'écurie avec ses grands yeux bleus.
- Je vais aller poser mes affaires dans mon bureau et je vous rejoins. Garde moi la meilleure place, je ne veux rien rater du dernier débriefing !
- Ça marche, à tout de suite ! Me lance Lando avant de repartir en trottinant pour rattraper son retard sur Zak.
Le hall d'entrée se vide rapidement ce qui me permet de rejoindre l'escalier qui mène à l'étage sans encombre. J'ouvre la porte de mon bureau, rien n'a bougé depuis la dernière fois, je retrouve la robe noire que je portais lors de l'enterrement de ma mère sur ma chaise de bureau. Je passe doucement mes doigts dessus avant de la plier pour la ranger dans le dernier tiroir sous mon bureau. J'en profites pour sortir mon ordinateur, mon bloc note et ma trousse. Nous avons pas mal de travail aujourd'hui, entre le débriefing avec les équipes et le tournage des différents contenus pour les réseaux sociaux, je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour penser à autre chose que le travail.
J'entends la voix grave de Zak qui débute son discours, il ne faut pas que je sois en retard. Je mets mon ordinateur à charger puis je quitte avec empressement mon bureau pour aller rejoindre tout le monde en bas.
J'arrive à me frayer un passage pour arriver au devant de la petite scène mise en place pour l'occasion. J'adresse de clin d'oeil à Lando qui me cherchait du regard. Je fais un rapide tour des yeux dans l'endroit où nous sommes. Voir le sourire et les yeux pétillants de tout le monde me fait chaud au coeur. Aujourd'hui, je vais vraiment pouvoir déconnecter mon cerveau des tracas du quotidien et me concentrer uniquement sur mon travail. Avant que Lando débute sa prise de parole, je sors mon portable pour envoyer un message à Lewis.
Moi : 9h25 :
Le temps va être tellement long jusqu'à mercredi.
Tu avais raison tout à l'heure, tu me manques déjà...