Nous venons d'arriver à Woking. Après le podium du sprint et celui de la course du weekend passé, l'émotion est encore vive dans les bâtiments. Lando est accueilli comme un héros, je profites que toute l'attention soit sur nos deux pilotes pour m'éclipser et monter dans mon bureau. Le débriefing du weekend commence dans une trentaine de minutes. Je m'assois dans mon fauteuil et je profites du silence. Mon portable vibre, je consulte la notification.
LH : 13h48 : Chaque chose en son temps ❤️
Juste en dessous du message, une photo du dressing avec deux étagères vides et des cintres disponibles. Lewis n'aura pas perdu de temps pour me faire de la place chez lui, cette attention me fait sourire.
Moi : Vu la taille des étagères,
je vais pouvoir mettre la totalité de mes vêtements sur une seule !
LH : Le but est peut être que tu viennes vivre chez moi...
Je rigole devant son message, il ne perd pas le nord. J'y ai pensé pendant le vol, si tout continue à bien se passer, je pourrais peut être envisager de laisser mon appartement à la fin de la saison des grands prix pour emménager avec Lewis. Dans un peu plus d'un mois, nous retrouverons sûrement un semblant de vie un peu plus normal, un environnement un peu plus propice pour construire une relation durable. Je suis tirée de mes pensées par quelqu'un qui frappe à ma porte, c'est Alexia qui vient me prévenir que la réunion va bientôt commencer. Je la remercie puis elle quitte mon bureau.
L'ensemble des personnes travaillant ici, à Woking, est présent dans la grande salle de réunion. C'est toujours impressionnant de voir la ferveur qu'il y a ici. Lors des weekends de Grand Prix, il y a une équipe qui voyage avec la voiture : les pilotes, les mécanos, les ingénieurs et ceux qui font partis de l'équipe managériale comme Zak Brown ou moi avec les relations presses. Puis, il y a le reste de l'équipe qui reste ici, ils analysent les données, ils sont en lien constant avec ceux sur le circuit. Ils font ce qu'on appelle le travail de l'ombre. Sans eux, les résultats ne seraient pas les mêmes, alors quand on ramène quatre trophées, ce sont aussi les leurs.
Lando et Oscar s'avancent et prennent leur micro sous les acclamations. Après de nombreux remerciements, ils reviennent chacun leur tour sur leur expérience lors du Grand Prix au Qatar. Leurs retours est important pour pouvoir améliorer les choses. C'est également le moment d'échanges entre l'usine et les pilotes. Les questions et les réponses fusent. La réunion dure au moins deux bonnes heures et se termine sous des slaves d'applaudissements. Lando arrive à se frayer un chemin jusqu'à moi.
- C'est ouf ! T'as vu comment on a été accueillis ? J'avais l'impression d'être un célèbre joueur de foot !
- Imagine ce que ça va être quand tu rapporteras le trophée de la première place...
- Bientôt, bientôt... me dit-il en tapotant sa main sur mon épaule.
- Qu'est-ce qu'on fait ce soir ? Lui demandais-je en m'éloignant un peu de la foule.
- Avec mon pote Max on voulait sortir pour fêter mes podiums, tu veux venir avec nous ?
- Tout dépend, tu m'invites ?
- Tu rigoles ou quoi ? Bien sûr que oui tu peux venir, me la coller avec toi, jamais au monde je voudrai rater ça !
Je rigole doucement, ça ne me fera pas de mal de relâcher un peu la pression avec Lando et son ami Max.
- Tu passes me prendre à mon hôtel à quelle heure ? Demandais-je à Lando.
Le jeune pilote regarde sa montre et se gratte le coin de la tête.
- Il est seize heures quinze, j'ai réservé une table dans un bar pour dix neuf heures, le temps de faire la route... Disons que je passe te prendre à dix huit heures quinze, c'est bon pour toi ? Me dit-il en souriant.
- C'est parfait ! Je remonte dans mon bureau pour bosser un peu puis je rentre à l'hôtel, on se voit tout à l'heure !
Je remonte les escaliers rapidement, je croise Zak et Andrea qui discutent dans le couloir.
- Tiens Williams ! Comment ça va ? Me demande Zak.
- Bien mieux, Zak, demain soir je prends l'avion pour aller rejoindre ma famille à Chicago, mais ne vous inquiétez pas, je.
- Je ne m'inquiète pas, je sais que ton travail sera fait, me coupe Zak.
- Ta famille vient à Austin ? Demande Andrea.
- Non, monsieur Seidl, mon père doit encore prendre ses marques...
- Je comprends, peut être pour Las Vegas alors, me dit-il en me faisant un clin d'œil.
- Oui, peut être ! Je suis désolée, il faut que je retourne travailler, leur dis-je en continuant ma route vers mon bureau.
J'entre dans mon bureau et je m'installe derrière mon ordinateur. Je traite les quelques mails non lus qu'il me restait puis je réponds aux demandes d'interviews pour la journée média à Austin. Puis il est temps pour moi d'aller à l'hôtel pour récupérer la clef de ma chambre et de me préparer pour ce soir. Je quitte le bâtiment de McLaren et je monte dans un taxi. Je visse mes écouteurs dans mes oreilles, ça peut paraitre impoli pour le chauffeur, mais je n'ai pas envie de faire la discussion. Une dizaine de minutes plus tard, je me retrouve avec ma valise et mon sac dans la main devant le porche de l'hôtel. Je me présente à l'accueil et je récupère la clef. A force de venir dans cet hôtel quand je travaille à Woking, je commence à reconnaitre les membres de l'équipe.
Je monte à l'étage et je déverrouille la porte de ma chambre d'hôtel. Comme à chaque fois, je prends le temps de défaire ma valise puis je sélectionne mes vêtements pour ce soir. La température n'est pas là même ici, en Angleterre. Je mets sur mon lit une jupe en laine rouge foncé, un T-Shirt manche longue, un pull ample blanc et des collants sur mon lit, puis je file sous la douche.
Je ne perds pas de temps et je me savonne rapidement, il faut que je me dépêche si je ne veux pas être en retard. Je coupe l'eau et je m'enroule dans une serviette, je sors le sèche cheveux, le branche et je bascule ma tête en avant pour sécher mes cheveux. J'avais dit que j'allais les couper, mais finalement j'aime bien la tête que j'ai quand ils sont plus long. Je me maquille légèrement puis je sors de la salle de bain pour m'habiller. Je regarde l'heure, Lando devrait arriver dans cinq minutes. J'enfile mes vêtements, je rentre un bout de mon pull dans ma jupe, puis je lasse mes rangers à mes pieds. Dans une pochette, je mets mon téléphone et la clef de ma chambre, puis je quitte la pièce. Quand j'arrive dans le hall d'entrée, je constate avec plaisir que je ne suis pas en retard. Je sors à l'extérieur pour attendre Lando.
Du bout de la rue, j'entends de la musique électro mélangée aux bruits sourds du moteur de la McLaren de Lando. Pour la discrétion, on repassera. La voiture s'arrête juste devant moi. Lando baisse la vitre passager et se penche.
- Votre carrosse est avancée mademoiselle ! Me dit-il avec un grand sourire.
Je m'installe à bord de la voiture et nous partons en direction de Londres.
- Quel est le programme ce soir ? Demandais-je à Lando en baissant un peu le son.
- On rejoint Max dans un bar, t'as déjà dû le croiser, il était à Singapour en même temps que nous. Et après y'a pas de programme pré-établi, on verra bien en fonction du mood !
- Je te fais confiance, lui dis-je en m'installant plus confortablement dans le siège.
Une petite heure de trajet et nous arrivons à Londres. La playlist électro de Lando m'a mise dans un très bon mood pour profiter de la soirée. Nous avons qu'une petite quinzaine de minutes de retard dû au traffic en arrivant dans la capitale. Lando se gare sur le bas coté de la route, je sors de la voiture. Nous marchons un peu avant d'arriver devant le Connaught Bar, l'endroit est classe et épurée. Nous sommes escortés par l'hôtesse d'accueil à une table où Max nous attend déjà.
Quand nous arrivons à son niveau, Max se lève et fait une accolade amicale à Lando puis ouvre grand ses bras vers moi. Je m'y glisse pour lui rendre son accolade.
- Depuis le temps que Lando me parle de toi, Amélia par-ci, Amélia par-là ! J'avais hâte d'enfin de rencontrer, me dit Max.
- Haha, c'est gentil Max, je ne pourrais pas en dire autant pour toi, Lando ne m'a pas souvent parlé de toi...
Lando ouvre en grand ses yeux et plaque une main sur son torse.
- Mais pas du tout ! Je parle tout le temps de toi, c'est juste qu'elle écoute plus quand je lui parle, nous dit Lando pour se rattraper.
- En même temps, tu parles vraiment beaucoup, lui dis-je en rigolant.
Max et Lando se mettent à rire à leur tour. Le ton est donné pour la soirée. Une tournée de cocktail arrive à notre table, j'hausse un sourcil interrogateur, nous n'avons encore rien commandé.
- Il arrive toujours en retard, alors j'ai pris les devants, nous déclare Max en poussant un verre vers moi. Je t'ai pris un Connaught Martini et pour toi Lando comme d'hab, un Mulata Daisy.
Nous le remercions et nous trinquons tous les trois. Max est une vraie pipelette, entre lui et Lando il n'y a pas beaucoup de répit dans la discussion. Les deux compères se connaissent depuis qu'ils sont enfants. Max était un pilote lui aussi, mais ses résultats en 2020 ne lui ont pas permis de garder sa place en Formule 3. Il est l'un des membres fondateurs de la marque Quadrant avec Lando. Sa petite amie, Pietra, n'a pas pu se joindre à nous ce soir, mais Max me montre un message où elle me souhaite bonne chance pour supporter les deux amis. Je rigole doucement, elle n'a pas tord, plus les verres se vident, plus ils deviennent insupportable.
Il est maintenant presque vingt trois heures si j'en crois les chiffres qui s'affichent sur ma montre. Je me lève pour aller aux toilettes, j'ai bien fait de ralentir le pas sur les cocktails quand je vois l'état de deux jeunes hommes qui m'accompagnent ce soir. Quand je reviens à notre table, Lando est en train de mettre sa veste.
- Non, mais je rêve ! Vous alliez partir sans moi ? Leur dis-je en mettant mes poings sur mes hanches.
- Mais non pas du tout, d'ailleurs on peut pas partir sans toi, t'es la seule capable de conduire... Me dit Lando en me jetant ses clefs de voitures.
- C'est hors de question Lando, je ne veux pas conduire ta voiture et tu le sais ! Je commence légèrement à paniquer à l'idée de devoir conduire sa McLaren.
- T'avais raison mec, c'est la seule personne que je connaisse qui refuse de conduire ta caisse, renchérit Max.
- Je t'avais dit... Amélia est trop peureuse pour conduire... Dit Lando en finissant de mettre sa veste.
Piquée au vif, je prends les clefs qui ont atterris sur la table. Moi, trop peureuse pour conduire ? Mais quelle image à Lando de moi... Il est temps de lui montrer quel genre de femme je suis.
- Vous attendez quoi ? On y va ! Leur dis-je en me dirigeant vers la sortie du bar.
J'entends Max et Lando ricaner derrière mon dos. Ils vont être intenable. Nous arrivons dans la rue, je me dirige vers la McLaren de Lando, je déverrouille les portes et je m'installe derrière le volant. Je fais les réglages des rétroviseurs pendant que Max tente de se faufiler sur la banquette arrière. Lando est mort de rire quand il rabat son siège pour s'installer à son tour. J'appuie sur le bouton qui indique « stop & go », les phares s'allument et le doux bruit du moteur retentit. Je caresse le cuir du volant, la sensation est agréable.
- Où est-ce qu'on va ? Leur demandais-je en baissant le son.
- Chez Max, bouge pas, je te mets le GPS, me dit Lando en touchant l'écran de bord.
L'écran charge puis la route que je dois suivre apparait en sur-brillance. Je quitte la place de parking et je suis la route. Les piétons se retournent sur notre passage, je ne sais pas parce que c'est une belle voiture qui passe devant eux ou si c'est parce que Lando et Max font les zouaves à la fenêtre.
L'ami de Lando habite dans la banlieue londonienne, nous y arrivons assez rapidement. Je gare la voiture dans la cour de l'immeuble et je coupe le contact.
- Bah tu vois, t'y es arrivée ! Me dit Lando.
- Et vu sa tête, je pourrais presque affirmer qu'elle a pris du plaisir à conduire ta voiture ! Ajoute Max.
Je secoue la tête, je ne veux pas leur donner raison mais c'est vrai que c'était agréable comme expérience de conduite. Je regrette juste de ne pas avoir pu pousser un peu plus l'accélération puisque nous sommes restés en ville. Nous sortons de la voiture et Max nous invite à monter dans l'ascenseur pour arriver chez lui.
Nous arrivons dans un appartement très bien décoré, j'enlève mes chaussures et je suis Lando qui s'avance pour aller dans le salon. Je m'installe sur le canapé, les garçons sont en train de sortir toutes sortes de bouteilles d'alcool et viennent les disposer sur la table basse. Moi qui pensait que la soirée était finie, elle ne fait que continuer finalement. Max disparait dans la cuisine et revient avec trois verres et des glaçons.
Lando frotte ses mains l'une contre l'autre, vu son regard, la soirée est très loin d'être finie pour lui. Il branche son téléphone à l'enceinte et sélectionne une playlist et appuie sur play avec un grand sourire aux lèvres. « Wannabe » des Spice Girls débute et j'assiste à quelque chose que je ne pensait jamais voir. Lando chante les paroles sans se tromper et en effectuant la chorégraphie presque parfaitement. J'éclate de rire devant ce spectacle. Il va me falloir un verre pour oublier ce qu'il est en train de se passer sous mes yeux.
Je dévisse un bouchon de la bouteille de Gin et je me sers un verre, j'en sers aussi un à Lando et je me lève pour lui donner.
- Allez, viens, danse avec moi ! Me dit Lando en me prenant son verre des mains.
Je bois une grande gorgée du spiritueux et je bascule ma tête en arrière. Je ferme les yeux et je laisse le rythme de la musique guider mes pas. Max nous rejoint et nous trinquons tous les trois. Les chansons s'enchainent et les verres également. Je ne tiens presque plus debout, mais danser me fait un bien fou. J'avais peur d'avoir l'alcool mauvais, que les images reviennent et que ça me gâche la soirée, mais je suis bien forcée de constater que tout va bien. Je respire, je bois, je rigole à en pleurer, je me sens vivante ce soir et ça fait du bien.
11 octobre 2023 - Londres - Angleterre
Mon portable vibre sous ma cuisse, j'ouvre un oeil et je vois la table basse devant moi. Les cadavres de bouteilles et la casserole de pâtes sont encore dessus. Mon portable continue de vibrer, je me redresse en me frottant le visage, je lève la cuisse et prends mon téléphone dans les mains. Quelle bonne idée j'ai eu de programmer un réveil hier soir. Je consulte l'heure, il est sept heure et demi, il faut que je trouve Lando et il faut qu'on parte rapidement. On a de la route et surtout une réunion avec Zak à neuf heures. Et Zak déteste quand les gens sont en retard.
Je me lève tant bien que mal du canapé. Mon pull blanc n'est plus vraiment blanc, si j'en crois la couleur de la tâche, nous avons débouché la bouteille de Gel 27. Je grimace un peu en voyant l'état de mes collants. Il va falloir que je repasse par l'hôtel pour me changer, je ne peux pas me présenter comme ça en réunion. Je remets mes chaussures et je pars en quête de Lando. J'ouvre une première porte, je découvre deux corps dans un lit, je reconnais le bras de Max et j'imagine que la femme à coté de lui est sa copine Pietra. Je referme doucement la porte, je ne me souviens pas à quel moment de la soirée elle est venue nous rejoindre. J'ouvre une deuxième porte et je trouve Lando endormi dans un grand lit, je m'approche doucement pour ne pas le réveiller puis je prends mon élan pour me jeter sur lui.
Il n'y a pas de raisons pour que je sois douce et affectueuse avec lui ce matin. C'est à cause de lui si j'ai la gueule de bois. Lorsque mon corps entre en contact avec la couette qui le recouvre, j'entends Lando qui grogne et se débat. Sa tête sort de la couette et il éclate de rire lorsqu'il croise mon regard.
- Faut que tu te lèves tout de suite, on va être en retard pour la réunion avec Zak ! Lui dis-je en tentant de sortir du lit.
Lando se redresse et m'enveloppe dans la couette, il nous bascule en arrière et me chatouille.
- T'as quand même pas cru que tu allais t'en sortir aussi facilement quand même ! Me dit-il d'une voix diabolique.
Je me débats tant bien que mal pour m'extirper des chatouilles de Lando. Je remets ma jupe en place et je me retourne vers Lando avant de quitter la chambre.
- Habilles-toi et viens m'aider à ranger un peu avant qu'on parte. Lui dis-je en remettant mes cheveux en place.
- J'arrive, j'arrive, deux petites secondes, me répond Lando en se frottant le visage, assis sur le matelas.
Je retourne dans le salon, l'ampleur du bazar que nous avons mis hier soir est bien plus important que ce que je pensais. Je vais chercher un sac poubelle dans la cuisine et je commence à jeter tout ce que je trouve sous ma main, des paquets de chips, des bouteilles vides ou encore des bonbons tombés au sol. Les souvenirs reviennent au fur et à mesure que je remplis le sac poubelle. Nous avons vraiment fait n'importe quoi hier soir, mais je suis assez fière de moi quand je vois la bouteille d'eau presque vide à coté du canapé. J'ai pensé à boire de l'eau avant de m'assoupir sur ce canapé, voilà pourquoi je me sens fatiguée mais pas avec un mal de crâne horrible.
Je ne pourrais pas en dire autant de Lando, il se tient dans l'encadrement de la porte, sa capuche recouvre le haut de sa tête. Sa journée ne va pas être facile, je retourne dans la cuisine pour mettre le sac poubelle à coté de la poubelle, puis je reviens dans le salon avec un grand verre d'eau. Je le tends à Lando.
- Dans la boite à gants de la voiture, j'ai du paracétamol, me dit-il en prenant le verre.
- On y va ? Lui demandais-je en prenant les clefs de la voiture dans les mains.
- C'est toi qui conduit alors ?
J'hausse les épaules. Lando m'emboite le pas quand nous quittons l'appartement. Nous prenons rapidement la route, j'ai l'occasion de pousser un peu plus la voiture sur l'autoroute qui nous ramène à Woking. Lando s'est endormi sur le siège passager. Mon regard s'attendrit quand je le vois doucement bouger les lèvres. Cet homme est capable de conduire une voiture à plus de trois cent kilomètre heure tout comme il est capable d'être juste un jeune homme insouciant.
Le traffic est fluide, nous arrivons à Woking un peu avant huit heure trente. Je me gare devant mon hôtel et je laisse Lando dormir dans la voiture. Je n'en ai pas pour longtemps, il faut juste que je me change et que je récupère ma valise. Une fois changée et ma valise prête, je retourne à la voiture, Lando dort toujours. Je reprends le volant et je conduis jusqu'à l'usine. Nous voilà, garés sur la place de parking attitré à Lando. Je coupe le contact puis je caresse la joue de Lando pour qu'il se réveille. Le jeune homme ouvre les yeux, s'étire et me regarde le regard encore dans le vague.
- On est vraiment obligé d'y aller ?
- Oui, tu n'as pas envie d'avoir Zak sur le dos toute la journée si on y va pas. Lui dis-je en ouvrant la portière.
Nous nous dirigeons à l'intérieur du bâtiment, Lando traine les pieds derrière moi. La journée va être longue pour lui. Zak nous expose le timing prévu pour les trois semaines de Grand Prix loin d'ici. J'enchaine avec une réunion avec le service de presse. J'aime beaucoup travailler ici à Woking, ça me permet de voir les personnes avec qui je travaille en chair et en os. Je mange avec Lando et Will ce midi, nous nous retrouvons à la cafétéria.
- Il me reste une dernière réunion et après je m'envole pour Chicago, leur dis-je en commençant à manger.
- Tu veux que je t'emmène à l'aéroport ? Me propose Lando.
- Tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ? Interroge Will en regardant Lando en rigolant.
- C'est gentil Lando, mais je vais prendre un taxi, je crois comprendre que ta journée est loin d'être terminée, lui dis-je en rigolant à mon tour.
Je fais les cents pas dans la salle d'attente de l'aéroport, j'ai tenté d'appeler Lewis, mais je suis tombée sur sa messagerie. J'ai fini ma dernière réunion et je suis partie directement pour l'aéroport de Heathrow. Je suis passée sans encombre aux portiques de sécurité et maintenant j'attends que mon avion soit prêt. Une pluie fine s'abat sur les fenêtres, je regarde les gouttes qui ruissèlent sur celle-ci. Mon portable vibre dans ma poche, je regarde mon écran et je souris. J'appuie sur le téléphone vert et c'est la tête de Lewis qui apparaît.
- Tu as essayé de me joindre ? Je suis désolé j'étais en réunion avec l'équipe. Me dit-il en m'offrant un sourire réconfortant.
- Oui, je suis à l'aéroport...
- Tout va bien ? Ta voix semble triste... Son sourire disparait.
- Je ne sais pas, j'étais super contente de prendre l'avion pour Chicago, retrouver ma famille, mais ça me fait peur... Je suis en train de remonter la pente doucement, hier soir, j'ai passé une super soirée comme avant...
- T'as peur d'aller mieux alors que c'est peut être pas le cas pour ton frère et ton père ? Me dit Lewis en appuyant sa tête sur son avant bras.
- C'est exactement ce que je ressens. Lui dis-je en souriant timidement. Comment je vais faire si c'est le cas ?
- Ne fais pas de plan sur la comète, mais si c'est le cas, alors dis toi que tu serras leur petit rayon de soleil, ça leur fera sûrement du bien de voir que tu vas mieux.
- Mhm tu as raison, je verrai bien l'ambiance sur place.
- Puis si jamais tu sens que ça va pas, on trouvera une solution pour te sortir de là, tu peux compter sur moi.
Lewis me sourit, j'ai hâte de le retrouver dans moins d'une petite semaine. Mon nom est appelé dans les hauts parleurs, l'embarquement va bientôt se terminer, je n'ai pas vu le temps passer.
- Il va falloir que tu raccroches, me dit Lewis en rigolant.
- Oui, je t'envoie un message quand j'arrive là-bas.
Je lui envoie un baiser et je raccroche. Je prends mon sac, ma valise doit déjà être en soute et je me dirige vers la porte où l'hôtesse m'attend. Je donne mon passeport et mon billet pour la vérification puis je marche dans le couloir qui me mène jusqu'à l'avion. Je prends place à coté du hublot. J'écoute de façon distraite les consignes de sécurité puis je mets un film avant qu'on décolle. Il ne faut pas que je m'endorme, j'arrive à vingt trois heures et si je dors, je vais être toute décalée. Je lutte en enchainant les films disponible dans le catalogue.
Nous venons d'atterrir, les neufs heures de vol sont passés plus rapidement que prévu. Je passe récupérer ma valise sur les tapis roulants puis je patiente pour passer par les guichets de l'immigration. Une fois mon passeport tamponné, je prends mon courage à deux mains et je me dirige vers la sortie. Il y a pas mal de monde devant moi, je me hisse sur la pointe des pieds pour tenter de voir si je trouve un visage familier.
La foule se dissipe un peu et c'est à ce moment-là que mon père apparait, à quelques mètres de moi, les larmes me montent aux yeux immédiatement. Il se tient à coté de mon frère. L'un tient des ballons gonflés à l'hélium et l'autre une pancarte avec mon prénom entouré de coeur dessus. Mes larmes coulent sur mes joues en même temps que mon sourire s'élargit. Je presse un peu plus le pas et je me jette dans leurs bras. Leur étreinte me réchauffe instantanément le coeur. Je suis tellement contente de pouvoir les serrer dans mes bras.
- Josefien et les garçons nous attendent à la maison, on y va ? Me propose mon frère en prenant ma valise dans sa main.
J'acquiesce et j'avance tout en restant dans les bras de mon père, je n'ai pas envie de le lâcher. Nous regagnons la voiture de Maxence et nous voilà en route pour rejoindre le centre ville de Chicago.