6 octobre 2023 - Doha - Qatar
Les qualifications pour la course de dimanche ne se sont pas très bien passées pour nos deux jeunes pilotes. À cause des limites de pistes, Lando a vu son temps effacé et sa place sur la grille descendre. Ce qui a permis à Oscar de se hisser à la troisième place, puis pendant l'interview post-qualification, nous avons appris que son temps avait aussi été effacé à cause des limites de pistes, permettant à Lewis de se placer en troisième position pour le départ dimanche.
Certes, j'étais contente pour Lewis qu'il puisse partir en troisième position, mais je récupère un Lando à la petite cuillère. Quand je le rejoins dans sa driver room pour ensuite l'accompagner dans la zone de presse, je retrouve un Lando qui fulmine contre lui même. Son rétrogradage sur la grille est dû uniquement à sa façon de piloter, Lando a de quoi pester contre lui même.
- Nul, j'étais nul ce soir ! Ça me soûle, franchement !
Lando tourne comme un lion en cage dans sa petite pièce.
- Tu en discuteras avec les ingénieurs après, mais là il faut que tu canalises ton agacement pour qu'on aille devant les caméras. Tu n'as pas besoin de beaucoup parler si tu veux, mais calme-toi... Je m'approche de lui et je pose mes mains sur ses épaules pour le stabiliser. Allez, respire, ce n'est qu'un mauvais moment à passer, demain est une autre journée. Je lui souris franchement en espérant qu'il me rende mon sourire.
- Mhm, t'as raison, plus vite je finis les interviews, plus vite je peux travailler pour m'améliorer. On y va ?
Je préfère tellement quand il a cet esprit là. La fin de soirée s'annonce longue et compliqué pour mon pilote McLaren. Je prends mon téléphone et je tapote rapidement un message pendant que Lando se calme.
Moi : 23h17 : Lando n'est pas vraiment au top,
tu m'en veux si ce soir je passe la soirée avec lui ?
Je me glisserai peut être dans tes bras au milieu de la nuit ☺️
Et j'envoie le message à Lewis. Il doit être en train de se préparer pour la conférence de presse post qualifications qui n'était pas prévu dans son planning à la base. Je n'attends pas sa réponse et je remets mon téléphone dans ma poche. Il est le moment pour Lando d'aller se confronter aux questions des journalistes.
Les questions sont indulgentes, mais Lando reste dur en vers lui même. La seule personne à blâmer pour son résultat est le pilote. Et ça Lando le fait bien comprendre aux différents journalistes à qui il répond. Après les interviews, Lando part directement en réunion avec l'équipe de course de McLaren pour analyser et débriefer de ce qu'il vient de se passer. Je profites de ce petit moment de calme pour avancer sur mon travail, je me pose dans l'un des canapés dans le hall du motorhome. Depuis que je suis revenue au travail, je n'aime pas me retrouver toute seule, isolée, cela laisse trop de place à mon esprit pour divaguer et emmener ma réflexion là où je n'ai pas envie. Je commence par traiter mes mails quand la sonnerie de mon téléphone retentit. Le prénom de mon frère s'affiche sur l'écran. Je prends une profonde inspiration, maintenant, je n'aime pas quand il m'appelle. Son visage apparaît.
- Bonsoir Max', tout va bien ? Lui dis-je en posant mon portable en appuie sur mon clavier.
- Oui, tout va bien, je t'appelle pour prendre de tes nouvelles et aussi te parler d'un truc...
- T'as eu Pierre au téléphone je crois, je vais mieux, j'ai été autorisé ce matin à reprendre le travail, je suis sur la bonne voie. Tu veux me parler d'un truc ? Je continue de lire mes mails tout en attendant sa réponse.
- Oui, je suis avec Papa là, il tourne sa caméra et mon père me fait un coucou. Voilà, euh, Papa ne se sent pas de rentrer à la Réunion tout seul, on en a parlé avec Zoé et elle ne peut pas l'accueillir chez elle, y'a pas la place dans leur appartement.
- Mhm, je comprends et du coup ? Je ferme mon ordinateur et reprends mon téléphone en main pour me concentrer totalement sur la conversation.
- J'ai proposé à Papa de venir vivre aux Etats Unis le temps que ça aille mieux, qu'est-ce que tu en dis ? Me demande Maxendre.
- C'est plutôt une bonne idée, me concernant, je peux mettre mon appartement à disposition à Monaco mais j'y suis presque jamais. Alors c'est sûrement mieux que tu ailles vivre chez Maxendre, Papa. Puis tu seras entouré par Josefien et les garçons, ça t'occupera l'esprit.
- Tu viendras me voir ma puce ? Me demande mon père en se rapprochant de l'écran.
- Bien sûr que oui, je serai à Austin dans deux semaines et à Las Vegas à la mi novembre, je me dégagerai du temps pour passer vous voir.
-Je te fais un bisou Amélia, il faut que je finisse ma valise, nous prenons l'avion ce soir. Me dit mon père tout en m'envoyant des baisers à travers l'écran.
Je le vois se lever et partir dans le fond de la pièce. Maxendre est maintenant tout seul.
- C'est une grande responsabilité que tu prends en l'accueillant chez toi tu sais ? Je reprends.
- Oui, mais c'est le mieux à faire. Me répond Maxendre en se grattant la tête.
- Il nous reste que Papa... S'il devait lui arriver quelque chose, je...
- Il ne lui arrivera rien, on va le remettre sur pieds et tout ira bien, d'accord ?
J'hoche la tête.
- Alors, c'est comment le Qatar ?
Nous parlons pendant quelques minutes de mon travail puis je finis par raccrocher lorsque j'aperçois Lando qui sort de la salle de réunion. Il vient s'avachir à coté de moi.
- On peut rentrer et manger dans le lit ? J'ai pas envie de faire la discussion avec les autres ce soir... me propose Lando en appuyant sa tête contre mon épaule.
- Tout ce que tu voudras, j'ai déjà prévenu Lewis qu'il devra se passer de moi cette nuit, lui dis-je en rigolant.
- Nous lui laissons la troisième place sur la grille dimanche, il peut bien me laisser passer la soirée avec toi, ça me semble équitable comme échange !
Je rigole de bon coeur et je rassemble mes affaires pour les mettre dans mon sac. Lando se lève à son tour et nous quittons notre motorhome puis le paddock. Nous profitons d'une navette pour rentrer rapidement à l'hôtel. Le trajet est plutôt silencieux, nous partageons la navette avec deux mécaniciens de chez Aston Martin. Après le comportement de Lance avec un membre de son staff, nous les laissons dans leurs pensées.
Lando ouvre la porte de sa chambre puis s'avance jusqu'à son lit tout en enlevant ses chaussures qu'il laisse en plein milieu. Je me baisse et ramasse ses chaussures pour les ranger dans son dressing. Quand je reviens à côté du lit, Lando me regarde avec amusement.
- Qu'est-ce que je ferai sans toi, Amélia ? Me dit-il en mettant ses bras derrière sa tête.
- Merci de t'en rendre compte Lando ! Ma question est surtout comment tu faisais sans moi avant ?
Lando m'offre un rire tellement enfantin que je ne peux pas me retenir de rire à mon tour. Il reprend son sérieux et tend le bras pour saisir le menu du room service qui était sur la table de nuit.
- Vu que je dois manger équilibré, est-ce que toi tu peux prendre genre un repas gras, pour que je puisse piquer dans ton assiette ? Me demande Lando tout en gardant les yeux sur le menu.
- Ah non, je rigole, j'ai mangé un McDo hier soir, je vais me prendre un truc léger pour ce soir sinon je vais finir par rouler en descente.
- Gnagnagna, mais pourquoi t'es toujours trop raisonnable avec moi ?
- Tu me remercieras demain quand tu monteras sur la balance.
Je lui pique le menu des mains et je le parcours pour faire mon choix. Nous jetons notre dévolu sur un gaspacho de tomates pour moi et une salade composée pour Lando.
- Je vais prendre une douche, si ça frappe, tu fais comme chez toi et tu ouvres ! Me dit Lando en s'éclipsant dans la salle de bain.
Je prends mon portable dans les mains et je consulte mes différentes notifications. Un message de Lewis pop au même moment.
LH : 0h52 : Je viens de voir ton message, j'avais très envie de passer la soirée avec toi. Je laisse ma place pour cette fois, mais dis au gamin que ça ne doit pas se reproduire trop souvent non plus.
Moi : 0h53 : Je lui ferai passer le message, tout va bien ?
LH : Je suis blasé des qualif', je vais manger et aller me coucher directement. Si tu peux, viens me rejoindre, sinon je te garde une place à la table du petit dej' demain matin. Bonne soirée ❤️
Ça me fend un peu le coeur de ne pas passer la soirée avec Lewis, j'ai vu d'un oeil son interview pendant la conférence de presse de ce soir, il avait les traits tirés et semblait vraiment ne pas avoir envie d'être là. Je soupire puis je verrouille mon téléphone, j'entends Lando qui chante sous la douche, son moral a l'air de revenir au beau fixe. On frappe à la porte, quand j'ouvre, une jeune femme avec un chariot à roulettes se tient devant moi. Je la laisse passer pour qu'elle amène nos repas jusqu'à devant le lit. A ce même moment, Lando sort de la salle de bain avec juste une serviette autour de la taille. La jeune femme reste très professionnelle et ne se laisse pas déstabilisée par la vue que nous offre Lando. Lui par contre, ne se gène pas pour reluquer la demoiselle, je lui fais les gros yeux pour qu'il cesse, mais il ne fait plus attention à moi.
Mademoiselle repart et je referme la porte derrière elle, je me retourne en direction de Lando.
- Non, mais j'y crois pas ! Lui dis-je en mettant mes poings sur les hanches.
- Quoi ? Lando soulève l'un de ses sourcils.
- Tu pourrais être un peu plus discret quand tu reluques le cul de quelqu'un ! Il est passé où le gentleman qui sommeille en toi ?
- Oh ça vaaaaa, ça fait plus d'un an que je suis célibataire, je prends des habitudes de vieux garçons, ce n'est pas de ma faute, me dit-il en se glissant entre le lit et le chariot où sont disposés nos repas.
- Et après tu es étonné de ne pas avoir de petite amie ? Forcément...
Je rigole et je prends place à coté de lui. Nous mangeons tout en regardant le début de la série consacrée à David Beckham. Lorsque nous avons terminés de manger, Lando se relève pour enfiler un t-shirt et un boxer et moi, en attendant, je m'installe plus confortablement dans son lit. Lando vient s'installer à coté de moi.
- Je fais le malin, mais en vrai, heureusement que tu as accepté de passer la soirée avec moi, je pense que j'aurai déprimé sévère si j'avais été tout seul. Me dit-il sans me regarder.
- J'espère que tu mesures l'importance que tu as pour moi quand même, j'aurai pu passer la soirée à m'envoyer en l'air... Au lieu de ça, je suis toute habillée dans ton lit en train de regarder Netflix...
Lando détourne sa tête vers moi, il écarquille les yeux.
- Amélia ! Tu me dégoutes ! Mais mes oreilles ne sont pas faites pour t'entendre dire ça !
- T'as quand même pas cru qu'on se regardait dans le blancs des yeux avec Lewis quand même ? Lui demandais-je en lui faisant un clin d'oeil.
- Bah maintenant, j'ai vraiment plus aucun mal à vous imaginer tous les deux, ça me dégoute, je préfère penser que t'es chaste. Il fait mime de s'enfoncer les doigts dans la bouche pour vomir.
Je ricane et je me re-concentre sur l'écran. Nous enchaînons deux épisodes puis Lando commença à montrer des signes de fatigue. J'éteins la télévision et je le laisse se reposer. Il faut que je dorme moi aussi. Je retourne dans ma chambre, il est déjà plus de trois heures du matin. Je n'ai pas envie de réveiller Lewis, demain il y a les qualifications pour le sprint, puis le sprint, il aura besoin de toute son énergie. Je me mets en pyjama et je me glisse sous les couvertures. Le silence bourdonne dans mes oreilles, c'est la première nuit que je passe toute seule. Je me tourne d'un côté puis de l'autre. Des flashbacks de l'enterrement viennent s'entrechoquer sous mes paupières lorsque je ferme les yeux.
Ça doit faire un peu moins d'une heure que j'essaie de me calmer, mais en vain. Je me redresse sur mon lit et j'allume la lampe de chevet. Les larmes coulent sur mes joues. Je sors de mon lit et j'enfile un jogging et un sweat. Je mets mes baskets et je quitte ma chambre.
Je me retrouve rapidement devant la porte de la chambre de Lewis. Je me mords la lèvre avant de frapper assez fort contre la porte. Je m'en veux un peu de le réveiller en pleine nuit, mais je ne me sens pas capable de dormir seule ce soir, c'est encore trop tôt. Je frappe de nouveau, cette fois, la porte s'ouvre quelques minutes après. Lewis a du mal à ouvrir les yeux complètements, il est torse nu et se masse la nuque. J'ai les yeux et le bout du nez encore rouge d'avoir pleuré.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Amélia ? Tout va bien ? Me dit-il en se frottant le visage.
Mes larmes s'échappent sur mes joues lorsque j'entends sa voix. Je m'avance vers lui et me blottis dans ses bras. Il referme la porte et resserre ses bras contre mon corps.
- Je suis désolée, j'arrivais pas... A chaque fois que je fermais les yeux...
J'ai du mal à contenir mon émotion. Lewis me sert aussi fort qu'il peut puis se détache un peu de moi.
- C'est rien, tu as bien fait de venir... Viens, on va se recoucher, me dit-il d'une voix encore endormie.
C'est indéniable, sa présence apaise mon coeur et mon esprit. Je quitte mon sweat et mon jogging et je me glisse sous ses couvertures. Lewis m'accueille au creux de ses bras, je me blottis contre lui. Ma respiration se calme, mes yeux finissent par se fermer sans que je m'en rende compte.
8 octobre 2023 - Doha - Qatar
Les feux viennent de s'éteindre, les monoplaces prennent le départ. Je me suis installée dans le garage avec un casque. Je ne lâche pas l'écran des yeux. Lewis est troisième et Lando est dixième. Je retiens ma respiration jusqu'à l'entame du premier virage. J'assiste impuissante à la sortie de piste de Lewis. Je ferme les yeux en le voyant quitter la route, je ne veux pas voir les images. C'est la chose que je redoute le plus depuis que j'ai signé mon contrat chez McLaren, être aux premières loges lorsqu'un accident survient. J'entends les mécanos derrière moi qui commentent ce qu'il vient de se passer.
Je réouvre les yeux et remet mon casque sur les oreilles. Sur l'écran, les images de Lewis qui sort de sa voiture. Je me sens tellement mal pour lui. Hier soir, avant de m'endormir dans ses bras, une exception la veille d'un grand prix, Lewis m'a confié son envie de monter sur le podium ici au Qatar et que toutes les chances étaient de son coté. Je croise le regard de Zak sur le muret des stands, il se pince les lèvres comme pour me montrer qu'il compatissait avec moi. Je me re-concentre sur la course, cet accrochage a permis à Oscar et Lando de gagner quelques précieuses places. Je vois Lewis passer devant notre garage, sa visière est fermée, ce qui en dit long sur son état d'esprit actuel.
Le premier arrêt au stand de Lando se passe hyper bien, j'en profites pour m'éclipser. Je me faufile discrètement jusqu'à l'entrée du garage de Mercedes. J'attends un peu à l'écart, Bono vient à ma rencontre.
- Amélia ? Qu'est-ce que tu fais là ? Me demande-t-il en s'adossant au mur à côté de moi.
- Est-ce que tu pourrais dire à Lewis que je suis là ?
- Il est dans sa driver room, bouge pas, je vais te chercher une veste et je te conduis jusqu'à lui.
Je souris à Bono, puis il entre dans le garage, quelques minutes plus tard, il revient avec un coupe-vent Mercedes. Je l'enfile, il est hors de question que l'on aperçoit mon polo McLaren dans ce garage, il y a des yeux partout. Bono me prête sa casquette que je mets immédiatement sur ma tête. Camouflée et presque incognito, je suis l'ingénieur de Lewis la tête baissée, il faut que je reste discrète. Nous arrivons devant la driver room de Lewis, Bono me laisse devant, il y a personne dans le couloir. Je m'avance devant la porte et je frappe doucement. J'entends des pas qui se rapprochent. Lewis ouvre la porte à la volée.
- QUOI ENCORE ? Son regard est rempli de rage. Mais qu'est ce que tu fous là toi ? T'es complètement folle, dégage d'ici ! C'est pas le moment Amélia !
Et la porte se referme violemment. Je reste bouche bée, je n'arrive pas à y croire. C'est tellement pas le Lewis que j'ai l'habitude de côtoyer. Je secoue la tête, il faut que je parte d'ici et vite avant d'être vue. Je rebrousse chemin et je laisse le coupe-vent et la casquette de Bono sur une chaise avant de quitter le garage de Mercedes. Je retourne dans celui de McLaren et reprend ma place sur mon siège. Je reste abasourdie de la façon dont Lewis m'a parlé.
Je revois la rage qui habitait ses yeux, son visage tendu et son poing fermé contre l'encadrement de la porte. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais pas à ça. Je remets mon casque sur les oreilles et je me plonge dans la course. Je suis sur les différents écrans les données récoltées. Comme hier, ça s'annonce bien pour nos deux pilotes. Hier soir, nous avons célébré tranquillement la première marche du podium pour Oscar lors du Sprint. Et nous espérons bien célébrer nos deux pilotes sur le podium ce soir.
Notre souhait est accompli, Oscar se gare derrière la pancarte indiquant un 2 et Lando derrière celle indiquant un 3. Nos deux pilotes accompagneront encore une fois Max Verstappen sur le podium. Encore une fois, c'est des étoiles dans les yeux que je regarde Lando brandir son trophée, c'est peut être qu'une troisième place, mais elle fait du bien au moral. Comme à chaque fin de grand prix lorsque nous montons sur le podium, nous sommes conviés à la conférence de presse post course et comme à chaque fois, j'accompagne Lando dans cet exercice.
Que ce soit Max, Lando, Oscar ou même les autres pilotes de la grille, tous ont l'air exténué, j'ai entendu dire que certains avaient eu du mal à sortir de leur monoplace et que plusieurs d'entre eux sont actuellement au pôle médical. La conférence de presse se termine et nous nous dirigeons désormais dans la zone média pour que Lando puisse répondre aux questions des différentes chaines de télé internationale. Je croise George, mais pas Lewis, il a dû rejoindre son motorhome.
Lando finit ses interviews et nous ne tardons pas à rentrer à l'hôtel, le débriefing se fera mardi à l'usine de Woking. Je remonte dans ma chambre et je fais rapidement ma valise, après avoir fait un dernier tour de la chambre pour vérifier que je n'avais rien oublié, je descends dans le hall pour attendre Lando. Je m'installe dans un fauteuil avec mon ordinateur, je scrolle rapidement sur les réseaux sociaux puis je commence à rédiger une trame pour le planning de la semaine qui arrive pour Lando. Je relève la tête au même moment où Lewis entre dans le hall, il marche tête baissée en direction des ascenseurs. Je me retiens d'aller lui parler, j'ai déjà fait un pas en vers lui et sa réponse a été de me claquer la porte au nez. S'il veut me parler, c'est à lui de revenir vers moi.
Les portes de l'ascenseur s'ouvre sur Lando, Charles et Pierre. Ils quittent l'ascenseur et Lewis prend place à l'intérieur. Lorsqu'il se retourne pour faire face aux portes qui sont en train de se refermer sur lui, nos regards se croisent. Je n'arrive pas à décrypter ce que je peux lire dans ses yeux. Je lève les yeux au ciel puis je ferme mon ordinateur pour rejoindre les garçons un peu plus loin dans le hall.
Nous rentrons tous les quatre à Monaco, Pierre est attendu à Paris mardi pour une émission sur Canal, il dort chez moi pour le début de la semaine. Nous rendons les cartes magnétiques de nos chambres et nous quittons l'hôtel pour nous rendre à l'aéroport. J'aime être en compagnie de ces trois pilotes, l'ambiance est légère et bonne enfant.
Je monte dans l'avion et prend place dans un fauteuil près du hublot, je visse mes écouteurs dans les oreilles et je lance « Peaceful Piano » sur Spotify. Le piano m'a toujours permis de me détendre même si je ne sais pas en jouer. L'avion ne tarde pas à décoller. Après avoir atteint notre altitude de croisière, le voyant des ceintures s'éteint et Charles vient prendre place à coté de moi.
Il retire un écouteur de mon oreille.
- Amélia, je peux te parler ? Me demande-t-il en m'adressant un faible sourire.
- Oui, bien sûr Charles.
- Je voulais te dire que ce que tu as fait cette semaine est admirable. Tu ne t'en rends peut être pas compte aujourd'hui, mais tu as une force de caractère extraordinaire, revenir travailler après ce que tu as vécu, je l'ai vécu aussi il y a quelques années... Et je connais l'effort que ça demande. T'es une putain de battante Amélia, et je me doute que tout le monde a dû déjà te le dire, mais si un jour tu as besoin de parler, tu peux venir me trouver. Je suis passé par là et comme d'autres l'ont fait à ce moment là pour moi, je veux que tu saches que je serai là aussi.
Je suis incapable de formuler une phrase de remerciements et pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque. Je lui adresse un sourire. La relation que j'ai avec Charles est particulière, si j'ai été rapidement adopté par son petit frère et sa mère, ce n'est pas pour autant que je suis très proche du jeune monégasque. Ce qu'il me dit me va droit au coeur. Je me souviens quand il était remonté dans une monoplace à Baku seulement quarante huit heures après le décès de son père. Nous nous ressemblons peut être plus que ce que nous pouvions l'imaginer.
Charles ne prend pas mal le fait que je ne fasse pas quoi lui répondre, il saisit l'une de mes mèches de cheveux qui est retombée sur mon visage et la cale derrière mon oreille en me souriant en retour.
- Tu viens ? Les gars veulent continuer la série documentaire sur Beckham.
Charles se lève et je le suis dans l'allée. Je ne suis pas une grande fan de ce footballeur, ni même du football en général... Mais j'ai bien l'impression que je n'échapperai pas à la suite de cette série entamée avec Lando vendredi soir. Je m'installe avec eux et le fameux tudoum de Netflix retentit. Je prends le temps d'observer chacun des hommes qui m'entourent ce soir. Ils m'ont, chacun à sa manière, témoigné leur soutien dans l'épreuve que je suis en train de traverser. En amitié, je pouvais compter sur le doigt d'une main mon ami le plus proche, Pierre. Ce soir, sur cette main, je peux rajouter Lando et Charles. Je souris bêtement en pensant à cette idée, je croise le regard de Pierre qui me sourit à son tour. Il me tend sa main que j'attrape et je reprends le visionnage de l'épisode en cours.