Aure Pourpre [Terminé]

By MargauxQuenehen

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-Terminé-En réécriture- A 17 ans, Aure est appelée à devenir une brillante reine. Jeune épicurienne amoureus... More

Prologue [Réécrit]
Chapitre 2-Dissimulation- [Réécrit]
Chapitre 3-Réaction- [Réécrit]
Chapitre 4-Passion- [Réécrit]
Chapitre 5-Accommodation- [Ajouté]
Chapitre 6-Proposition [Ajouté]
Chapitre 7-Préméditation- [Ajouté]
Chapitre 8-Poison- [Réécrit]
Chapitre 9-Discrétion-
Chapitre 10-Union-
Chapitre 11-Révélation-
Chapitre 12-Annulation-
Chapitre 13 -Investigation-
Chapitre 14 -Evasion-
Chapitre 15 -Réflexions-
Chapitre 16-Libération-
Chapitre 17 -Trahison-
Chapitre 18 -Arrestation-
Chapitre 19 -Extrême Onction-
Chapitre 20 -Accession-
Chapitre 21 -Supplications-
Chapitre 22 -Explications-
Chapitre 23-Mission-
Chapitre 24 -Intrusion-
Chapitre 25 -Décision-
Chapitre 26 -Pardon-
Epilogue
Remerciements
Réécriture

Chapitre 1-Discussion- [Réécrit]

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By MargauxQuenehen

Aure referma silencieusement la fenêtre, remit sa chemise de nuit et revint à sa couche.

Quelques minutes plus tard, sa dame de compagnie et confidente vint la réveiller. Aure fit semblant d'être réveillée par la lumière du jour lorsque cette dernière ouvrit les rideaux.

Ariane la connaissait depuis qu'elle était née, et en dix sept ans, elle avait appris toutes les qualités mais aussi tous les défauts de la jeune femme. De ce fait,elle savait que Aure était une pitoyable comédienne.

―Madame, ne faites pas semblant, je vois parfaitement que vous êtes réveillée depuis plus de cinq secondes. Je sais très bien que vous êtes allée vous entraîner avec Louise dans la forêt.

Elle fit cette remarque mi-amusée, mi-préoccupée et leva les yeux au ciel.

―Pas du tout ! s'offusqua-t-elle.

Devant le regard que lui lança Ariane,elle dût admettre l'évidence. La confiance n'était peut-être pas son fort, mais Ariane lui avait de nombreuses fois sauvé la mise face à d'autres serviteurs du château, beaucoup moins bienveillants, et par extension, face à son père. Sans même avoir fait paraître à la princesse qu'elle connaissait son secret, elles'était arrangée pour que Louise, dont la mère était couturière royale, reprenne un ou deux de ses bas. Il lui était même quelques fois arrivé de finir un ou deux exercices de latin, qui étaient entièrement sortis de l'esprit de la jeune femme, ce qui avait eu le don de la préserver du courroux paternel.

De plus, est-il naturel pour un enfant,même une fois l'âge adulte atteint, de se méfier de celle qui l'a élevée ?

―Bon, d'accord, tu as raison... Et alors ? C'est le seul moment de la journée où je peux être moi-même. Tu peux comprendre cela non ?

―Bien sûr, mais Madame, je dois vous mettre en garde. La relation que vous avez, aussi bienveillante soit elle, ne doit pas être ébruitée. Vous savez ce que votre père pense de cela et ce qu'il vous en coûterait s'il le découvrait.

Ariane secoua la couette par la fenêtre avant de la remettre en place.

Ariane n'était pas mariée. C'était peut-être aussi cela qui les rapprochait et qui faisait qu'Aure,au-delà même de la confiance, lui vouait une certaine admiration.

―Vous n'avez pas besoin d'un roi pour être une reine Madame, mais Wayton n'est pas même prêt à voir une jeune femme seule arriver au pouvoir.

Bien entendu leurs situations n'étaient pas comparables, elle était vouée à être reine et Ariane n'était qu'une domestique. Mais le chemin qu'elle avait parcouru valait tout de même d'être souligné. Ariane était orpheline. Elle ne s'en était jamais cachée, même si elle n'abordait que rarement ce sujet. Elle s'était hissée jusqu'ici seule, en rendant service à sa mère, Aure n'avait jamais su à quel sujet cela dit.

On tapa à la porte.

―Oui ? fit Aure.

―Madame, votre père vous demande, annonça un page.

―Très bien, dites-lui que j'arrive, je finis ma toilette.

Les deux femmes échangèrent un regard entendu, avant qu'Aure ne vienne s'installer devant sa coiffeuse pour qu'Ariane lui tresse les cheveux.

―Ne t'en fais pas Ariane, Louise et moi nous savons ce que nous faisons.

―Mais vous êtes condamnées à vivre cachées toute votre vie, dit Ariane, sur un ton compatissant. Vous savez qu'un jour prochain votre père vous mariera ?

―Je ne le sais que trop, mais je retarderai ce moment au possible. Dans tous les cas, je suis l'héritière de mon royaume. Je serai un jour à sa tête et je sais que mon père me laissera influencer fortement cet aspect de mon destin. Je n'aurai qu'à prendre un roi docile, que je pourrai mener à la baguette.

―Méfiez-vous tout de même Madame,comme le disait ma tante, il n'est pire eau que celle qui dort.

―Je dois y aller, conclut Aure, mais même si j'appréhende cette entrevue, j'ai confiance en mon père.

Lorsqu'elle sortit, les paroles d'Ariane se répétaient en écho : "Vous savez qu'un jour prochain votre père vous mariera". Aure le savait. Elle en avait déjà discuté avec Louise mais il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Lorsque l'heure sera venue, elle devra épouser un duc ou un comte et pourra continuer à voir sa bien aimée, tout en régnant sur son royaume.

Alors qu'elle parcourait les couloirs du château pour se rendre au bureau de son père, Aure croisa une vingtaine de domestiques astiquant le moindre millimètre carré de la demeure. Cela pourrait sembler habituel dans un château, mais le roi avait horreur de croiser le chemin de domestiques s'alarmant à la seule vue de leur souverain. Le nettoyage était donc effectué de nuit et le plus silencieusement possible. Quelque chose se préparait et la princesse commençait à prendre peur.

Aure rejoignit la salle à manger silencieusement. Il était l'heure du déjeuner et toute la famille se trouverait là pour partager le repas. Après tout, si son père la convoquait à cette heure-là, devant son père et même devant les serviteurs, cela ne pouvait être d'une grande importance.

Malgré ces pensées, son cœur battait la chamade et menaçait dangereusement de s'enfuir de sa poitrine.

Elle s'arrêta sur le seuil de la grande salle. Quelque chose n'allait pas. Le lustre de cristal n'avait pas bougé; la tête d'élan, qui dominait la tablée, où les assiettes étaient déjà dressées, était toujours là,identique à celle qu'elle était le jour où son père l'avait faite empailler, après la chasse. Mais la moitié des fanions de cette salle, qui arboraient fièrement l'emblème de la famille de Wayton,avaient en partie été retirés, posés distraitement sur le sol en dessous de leurs emplacements respectifs. Des fabricants de tissus,venus spécialement d'Anburg à en juger par leur prononciation étrange des « o » et des « h », qui semblaient comme aspirés, donnaient des ordres à un serviteur pour placer des armoiries qu'Aure ne connaissait pas. Ou plus exactement,elle les avait déjà aperçus mais ne parvenait pas à se rappeler où. L'un de ces fanions, le plus grand de tous se trouvait à l'autre bout de la table et avait été voulu dans des proportions si démesurées qu'il parvenait même à dissimuler un bout de la tapisserie qui couvrait la moitié du mur. Elle était à l'effigie d'Aure, ses longs cheveux blonds se confondant au niveau des racines avec une couronne de sainte.

―Si j'étais toi, je ferais attention, si ça continue, ton portrait va disparaître du cadre familial.

Ces paroles auraient pu paraître menaçantes, si seulement elles n'avaient pas été accompagnées de postillons des toustées qu'il ingurgitait. Ulrich avait toujours eu un bon appétit.

Un sourire prit place sur ses lèvres tandis qu'il continua d'un air enjoué :

―Si tu cherches Père, il est occupé à quelques préparatifs. Essaye donc le cabinet.

Aure s'arrêta devant lui et l'observa des pieds à la tête. Son surcot était troué au niveau des coudes et des grandes cernes prenaient place sous ses yeux. Il avait pris soin de déplacer sa chaise près de la fenêtre, certainement pour se donner une distraction pendant son conséquent repas.

La jeune femme décida de s'approcher,une critique acerbe à la bouche à propos de ses défroques, qui n'étaient pas même dignes d'un paysan. Elle se ravisa cependant en découvrant la source de toute son attention. Des courtisanes jouaient dans la cour du château, légèrement plus âgées que lui,mais de peu.

―Rien n'est perdu, tu sais. Si j'en crois les préparatifs, nous recevrons bientôt une visite royale et tu sais comme moi ce que ça signifie : un bal. Il est encore temps de sortir de cet affublement, continua-t-elle, tout en désignant sa côte trouée. Demande à Ariane de te préparer un bain.

Ulrich pouffa de rire tandis qu'Aure ajoutait à voix basse :

―Je sais que Guillaume dispose dans son bureau de ce savon à l'huile d'olive et aux herbes, si tu veux te rendre présentable.

―Quoi, pour ces paillardes ? Certainement pas.

Mais la jeune femme n'avait pas pris le temps d 'entendre la fin de la phrase de son frère et se précipitait déjà vers le cabinet de son père. Elle avait visiblement plus urgente matière que des amourettes d'enfants. Son père ne l'attendait pas dans la grande salle, ce qui témoignait de l'importance et de la confidentialité de sa requête.

Aure emprunta les couloirs froids et emplis de domestiques jusqu'à une grande porte de bois massif et tapa sur le panneau.

―Entrez, dit une voix tendue.

―Père, vous vouliez me parler ?

―Oui mon enfant, assieds-toi.

Aure hésita un instant puis vint timidement s'asseoir au bout du fauteuil, ses doigts tapotant nerveusement les accoudoirs. Un seul regard lui suffit pour constater que son père était mal à l'aise et cette sensation ne put qu'être transmise à la jeune femme.

―Tu n'es pas sans savoir que notre royaume est très jalousé par ceux qui nous entourent de par nos mines d'or et de diamants et notre port de commerce. Bien que les rangs de notre armée soient très peuplés, nous ne saurions faire face en cas d'attaque ennemie...

Aure sentait la mauvaise nouvelle venir et essaya de prendre connaissance des éléments le plus tôt possible. Si elle voulait contrer une quelconque décision de son père, il n'était pas question de laisser la tension monter entre eux deux.

―Père, sauf votre respect, je sais tout cela et je suis persuadée que ce n'est pas pour en discuter que vous m'avez fait venir.

Un sourire crispé prit place que le visage du roi. Ce fut avec ce sourire, qui creusa encore davantage les rides aux coins de ses yeux et de sa bouche, qu'Aure prit pleinement conscience de la fatigue de son doux père.

―En effet ma fille, si je t'ai fait chercher, c'est pour t'annoncer une heureuse nouvelle.

Aure voyait bien qu'il tentait d'être convaincu et convaincant. Mais il n'en était rien.

―Nous allons nous allier avec le roi Édouard. Grace à cela, le royaume sera protégé en cas d'attaque.Son armée compte plus de dix mille hommes. C'est la plus grande d'Algarie.

―C'est en effet un excellente nouvelle, concéda Aure, mais lorsque vous parlez alliance, à quoi faites-vous référence exactement ?

Il se leva et sa mît à faire les cent pas avant de reprendre:

―Cependant, il fallait une contrepartie... Ma fille, j'ai toujours cru que ton devoir était de régner après ma mort en te mariant avec l'un des personnages influents du royaume...

―Mais...

Aure avait peur de comprendre.

―Ton devoir est désormais d'allier nos deux patries. Tu vas épouser le fils unique du roi Édouard, Oswald. C'est un jeune homme admirable de plus, je sais que tu l'aimais beaucoup autrefois.

Il était vrai, Aure avait toujours eu une relation très amicale avec Oswald. Mais de là à l'épouser et à quitter son pays et sa couronne pour lui...

Aure eut l'impression que toute vie venait de quitter son corps.
Le roi resta silencieux,laissant le temps à sa fille de digérer la nouvelle. Après quelques minutes, la jeune femme brisa ce silence.

―Quoi...mais...non ! Non, je ne l'épouserai pas ! dit elle d'une voix tremblante mais déterminée.Comme vous l'avez dit, je suis faite pour régner, sur ce royaume,pas pour jouer les femmes de souverain à Anburg.

Le roi s'apprêtait à répliquer mais Aure continua:

―Plutôt mourir que de l'épouser!Depuis toute petite je suis préparée à régner. J'accepte tout cela car je sais que lorsque je serai reine je devrai pouvoir remplir toutes les fonctions que m'incombe ma condition et que je serai enfin maîtresse de mes décisions. C'est dans cet unique but que je me lève chaque matin et que je dois contrôler le moindre geste que je fais tout au long de la journée.

Le visage de Aure venait de virer au rouge.

―Chaque seconde que je vis doit être exemplaire. Par ma seule naissance, vous m'avez déjà enfermée dans ce château pour le restant de mes jours. Vous m'avez pris mon corps, laissez-moi mon âme. Mettez moi à mort immédiatement plutôt que de m'infliger un tel supplice.

De nombreuses larmes roulaient désormais le long des joues de la jeune femme. Elle devait se faire entendre d'une manière ou d'une autre, et les larmes étaient souvent le recours dont elle usait dans les situations désespérées.Grâce à elles et à la colère qui l'emportait, savant mélange de haussement de ton et de formules précises, son père renoncerait à ses projets.

Les gardes qui étaient présents devant les portes échangèrent des regards surpris. De toute sa vie, Aure ne s'était jamais emportée si violemment. Elle avait toujours été la princesse exemplaire, appelée à avoir un brillant avenir en temps que souveraine. Jamais elle n'avait un mot ou un geste déplacé. De cette manière, elle arriverait certainement à ses fins.

A sa grande surprise, lorsqu'elle releva les yeux, elle croisa le regard dur et froid de son père. Un regard qu'elle ne lui connaissait pas. Le roi articula, les dents serrées :

―Ce mariage aura lieu, lui dit-il, que tu le veuilles ou non. Les noces seront célébrées vendredi prochain, ici même.

―Quoi ? Dans une semaine ?

C'était peu pour préparer quelque chose, et encore moins pour faire changer son père d'avis.

―Toute la cour arrivera mercredi. Je compte sur toi pour être présentable. Cet après-midi je ferai venir des couturières pour ta robe.

Aure l'implorait désormais du regard. Il n'y avait plus une once de comédie là-dedans.

―Mais père, je ne veux pas épouser le fils d'un roi.

Ce dernier fut pris d'un accès de colère devant l'attitude de sa fille. Aure ne reconnaissait même plus son père.

―Tu n'as donc que ce mot là à la bouche ? Moi, moi, moi. C'est l'avenir de ton peuple qui est en jeu.Tu te vantes de faire une merveilleuse reine et princesse alors que tu es un monstre d'égoïsme ! Tu n'as pas le moindre sens du sacrifice ! Tu ne t'importes que de ton bien être ! Je suis très déçu ...

Il affichait désormais un sincère dégoût.

―J'ai si honte de ma fille ...

C'en était trop. Aure partit comme une furie en claquant la porte. Le mur trembla et une assiette décorative avec le portrait d'Aure se décrocha de ce dernier et se brisa sur le sol.

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