Chapitre 13 -Investigation-

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Firmin était parvenu à rentrer sans encombre par la chambre de Aure qui était actuellement dans la forêt.
Il avait escaladé la façade comme elle le faisait chaque jour et avait pénétré le château.
Il avait volé l'un des uniformes de domestiques dans l'une des pièces adjacente à la chambre de la princesse mais avait eu le malheur de croiser le chemin de Cyrielle, la gouvernante en chef.

-Hey toi, tu es le nouveau, n'est-ce-pas ? Je croyais que tu ne pouvais pas venir parce que ta mère avait attrapé la grippe ?

-Oh, elle a guéri, mentit Firmin.

-Bon alors, pendant que je te tiens, le roi à été tiré du sommeil très tôt ce matin, il est d'une humeur massacrante alors apporte-lui une bonne bouteille de vin.

Sur ce, elle repartit laissant Firmin seul face à son ignorance du plan du château et son très mauvais sens de l'orientation.
Dans son effort pour trouver la cave, ce dernier passa devant une porte dont le bois ne parvenait pas à étouffer les cris rauques qui s'en échappaient.

Ulrich était empreint à une crise de pure démence. Les lampes, les chaises et autres objets qui meublaient sa chambre ne cessaient de valser d'un bout à l'autre de la pièce.
Il ne se souciait guère d'être entendu, une haine ardente s'étant emparée de son âme.
Un problème venait de se poser : son père venait de mettre un terme à l'alliance entre Wayton et Anburg, réduisant ses efforts à néant.
Il devait trouver un stratagème pour se débarrasser de sa sœur avant de tenter quoi que ce soit avec le poison qui était destiné à son père.

Cependant, comment faire ?
Ulrich ne savait pas ce qui avait fait changer son père d'avis, mais ce n'était certainement pas l'apothicaire qui avait communiqué ces informations, il en était certain.

De plus, il ne pouvait se permettre de décevoir Petrus, avec lequel il avait fait un pacte. Les deux royaumes s'épauleraient en cas de guerre en échange de l'attribution au royaume de Pyrgos de quelques mines d'or et de diamants.
Une alliance dont il aurait plus que jamais besoin après avoir indirectement brisé celle qui liait les royaumes de Wayton et d'Anburg.

Il se prit la tête entre les mains et se força à se calmer, respirant lentement, tout en se dirigeant vers la fenêtre.
Le contact de son front sur la vitre froide sembla apaiser son esprit perturbé.

Il regarda au loin, vers la forêt, la brise fraîche faisant danser les hauts pins, quand soudain une silhouette surgit à l'orée des bois. Il reconnut une fois de plus la silhouette élancée et les longs cheveux dorés de Aure.

Une idée lui vint soudainement : il savait exactement quoi faire pour redresser la situation en sa faveur, et c'est exactement ce qu'il allait faire.

***

Pendant ce temps la nouvelle de l'annulation du mariage se propagea à travers le royaume plus rapidement que la peste.
Si bien qu'avant même d'être parvenue aux oreilles de la principale intéressée, Petrus eut vent de ce qui ne ressemblait finalement qu'à un malheureux contretemps.

-Mon ssseigneurrr, dit Théodore après lui avoir annoncé la nouvelle, que comptez-vous fairrrre ?

-Oh Théodorrre, ne t'en fais pas !
J'ai toutes les carrrtes en main, et l'une des inforrrmations que m'a trrransssmis Florrre pourrait sss'avérrrer crrruciale.
Notrrre fille Louise côtoie la jeune prrrincessse de trrrès prrrès.
Et je n'hésiterrrai pas une ssseule ssseconde à utiliser cette inforrrmation contrrre elle maintenant qu'elle devient... comment dirrre... gênante.

-Mais monsssieur, Louise aurrrait également des ennuis, voirrre plus encorrre. Il sss'agit de votrrre fille.

-Mon cherrr Théodorrre, je sssacrifierrrai tous mes enfants sssi cela me donnait accès à une courrronne de plusss.
Mais ne te soucie guerrre de cela, je suis perrrsssuadé que Ulrrrich sssaurrra quoi fairrre et, dans le cas contrrrairrre, je m'en occuperrrai perrrrsssonellement.

***

Ulrich trépignait d'impatiente de voir son père. Il avait eu une idée, l'idée qu'il fallait avoir. Le jeune prince savait que ce qu'il avait vu le matin même finirait par lui être utile.
Il parcourait les couloirs du château d'une allure détendue, ayant retrouvé sa joie de vivre et une lueur démoniaque brillant de nouveau au fond de ses yeux verts.

Il emprunta même le bras de l'un des domestiques avant de le faire tournoyer telle une ballerine, faisant ainsi s'écraser sur le mur de pierre la bouteille qu'il maintenait en un équilibre précaire sur son plateau.

Ulrich s'excusa, un geste rare et continua son chemin.

Firmin entreprit de nettoyer le vin rouge qui coulait maintenant le long du mur.
Louise avait eu raison de demander à son meilleur ami de jouer les espions à l'intérieur du château, Ulrich n'était vraiment pas clair et Firmin avait peur pour son amie de par la mine réjouie qu'il affichait à cet instant.
Il voulait le suivre mais tout cela était trop dangereux, il se ferait démasquer.
C'est donc à contrecœur qu'il repartit à la cave chercher une autre bouteille de vin rouge pour le roi.

Pendant ce temps, Ulrich se présenta devant le bureau de son père et tapa à la porte. Aussitôt, une voix lui intima d'entrer, ce qu'il fit sans perdre de temps, changeant immédiatement l'expression de son visage. Il prit alors un air dépité et ses yeux dégageaient une profonde tristesse.

-Père, j'ai une nouvelle effroyable à vous communiquer.

-Je t'écoute mon fils, répondit-il, méfiant, après avoir appris quelques instants plus tôt que ce dernier avait voulu sa mort.

Firmin frappa alors et pénétra dans la pièce, le vin rouge à la main.

-C'est au sujet de Aure, continua le jeune prince, l'air abattu, tandis que Firmin remplissait deux verres avec le succulent breuvage.

-Que lui est-il arrivé ? s'enquit le roi, la froideur de sa voix ayant disparu au profit d'une inquiétude grandissante se lisant brusquement sur son visage fatigué.

-Elle ... elle fréquente une femme, Louise, la fille de Guillaume, votre conseiller.

Firmin sentit son cœur s'arrêter un instant, juste avant de reprendre vie, il devait rester fort.
Le roi, quant à lui, sentit toute vie quitter son corps. Evidemment, tout devenait clair désormais. C'est pour cette raison qu'elle s'était emportée le jour où il lui avait annoncé son désir de la marier et qu'elle n'avait jamais répondu aux avances de prétendants toujours plus nombreux.
"Ma fille Louise a une véritable admiration pour elle" lui avait même confié Guillaume. Il comprenait tout désormais.
Mais la colère qui l'envahit soudainement prit rapidement le dessus sur la surprise.

-Garde ! cria-t-il alors. Ramenez-moi ma fille immédiatement, ainsi que Louise !

Firmin devait agir, et il devait le faire sur le champ !

Aure Pourpre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant