Chapitre 24 -Intrusion-

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La nuit venait de tomber sur Wayton.
Le char d'Apollon avait à peine fini sa folle course contre le soleil que tous les habitants du château s'étaient déjà confortablement installés dans les bras de Morphée.
Firmin approchait au pas de course du chateau, et, tel un fantôme et avec la discrétion qui le caractérisait, se faufila jusqu'à ses murs.

Le jeune voleur avait pris soin de ne pas se faire apercevoir par les nombreux gardes royaux qui avaient déjà entamé leur garde de nuit.

La sécurité avait encore été renforcée depuis le couronnement et surtout le fiasco qui avait résulté de cet événement.
Désormais, bon nombre de villageois auraient payé cher pour voir la tête de ce cher Ulrich empalée sur une pique, à l'entrée de ce royaume, son beau visage côtoyant vermine et malfrats que le royaume avait autrefois abrité.

Cependant, il n'en restait pas moins leur respecté et respectable souverain, à qui tout habitant devait allégeance.
Après tout, il n'avait encore fait promulguer aucune loi et aucune action n'avait encore été accomplie.

Firmin, lui, escaladait le mur de la tour est sans difficulté, aucune. En effet, s'infiltrer à l'intérieur du château commençait à devenir une habitude pour le jeune voleur, bien contre son gré.

Cependant, un problème se posait : à sa dernière infiltration forcée, Aure était alors dans les bois aux côtés de Louise.
Aujourd'hui, cette dernière était dans les cachots du château et Aure serait certainement dans son lit, profondément endormie. Il devrait des lors faire preuve de toute la discrétion qui le qualifiait.

C'est ainsi qu'il parvint, quasiment sans effort jusqu'aux fenêtres de la chambre. Il ouvrit celle de droite en prenant bien soin de ne faire aucun bruit et pénétra à l'intérieur de la pièce.
Elle était baignée dans une pénombre universelle, qui laissait légèrement entrevoir les contours des différents meubles.

Une légère fumée s'échappait encore des chandelles disposées sur la table de nuit, signe que les bougies avaient été éteintes peu de temps avant son infiltration.

En effet, la faible lumière qui parvenait à filtrer dessina les contours d'un corps, profondément ancré dans les draps.

Firmin fit un pas dans la chambre, faisant légèrement grincer le parquet de bois clair.
Il s'arrêta sur le coup, attendant de voir l'effet produit par ce brusque bruissement. Il en résulta simplement qu'Aure se retourna dans son lit, sans pour autant s'éveiller.

La princesse s'était donc véritablement endormie, visiblement exténuée de par les récents événements et les préoccupations qui en avaient découlé.
La conversation qu'elle avait eu le jour-même avec Louise, au lieu d'éclaircir les choses, les avait complexifiées au possible.

Firmin atteignit sans encombre la porte de la chambre et l'ouvrit tout comme la fenêtre, c'est-à-dire sans un bruit. Il pénétra par la suite dans le couloir, ou plutôt le dédale de couloirs qui se présentait une fois de plus devant ses yeux.
Où aller ? Firmin connaissait sa destination : le bureau de Petrus. Ce dont il n'avait, en revanche, pas connaissance, c'est du chemin qu'il devait parcourir pour s'y rendre, et sa localisation dans le château.

Fort heureusement, il connaissait celle du bureau du conseiller du roi, et, Firmin n'en doutait pas, par analogie, la situation de celui de Petrus.

C'est donc avec un aplomb considérable et un succès assuré que cette mission s'enchaîna.
Firmin traversa l'édifice sans un bruit et pénétra à l'interieur du bureau sans que quiconque ne l'ait interrompu.

Il se retrouva alors au centre d'une pièce, qui était certainement en tête de la liste des endroits les plus étonnants qui lui eurent été donné de contempler.
Un seul mot suffisait à la définir : rouge.
Du sol au plafond, en passant par les meubles et la moquette murale qui tapissait les murs de pierre, rien n'avait échappé à cette folie.

Cette couleur, symbole, pour Firmin aux connotations négatives, de sang et de colère, lui permettait d'ores et déjà de se faire une idée du personnage qu'était Petrus. Il avait beau être le père de Louise, il n'en restait pas moins qu'il avait abandonné sa fille à son triste sort.
Et cela, Firmin ne le pardonnerait jamais. N'ayant jamais eu la chance de profiter d'une vie familiale épanouie, Firmin attachait une importance capitale à cet esprit de famille.

Il chercha des yeux le coffre qui contenait le document recherché et n'eut aucun mal à le trouver.
En effet, face à l'omniprésence du rouge, le bois foncé, qui constituait la malle, offrait un contraste saisissant.

Il se précipita vers le coffre -car quelqu'un pouvait pénétrer dans cette pièce d'un instant à l'autre- et tenta de lever son couvercle, mais rien à faire. Un cadenas le verrouillait. Flore n'en avait malheureusement pas fait mention lors de ses explications.
Où pouvait bien être la clé ?

Il se dirigea vers le bureau et commença à en vérifier tous les tiroirs. Des lettres, des plumes, de l'encre, divers autres objets s'y étalaient, mais pas la moindre trace d'une clé.

Firmin, après quelques minutes de recherches s'assit sur le fauteuil, face au bureau et se prit la tête entre les mains en soupirant. Son cerveau était en feu et des larmes et de colère et de détresse menaçaient de rouler le long de ses joues. Il ne pouvait pas échouer et ne devait certainement pas perdre son sang froid et laisser la panique le gagner.
Louise comptait sur son ami.

C'est alors qu'une ouverture attira son attention, un tiroir qu'il ne pouvait apercevoir que depuis sa position assise. Cette ouverture était si étroite qu'il ne fut pas étonnant qu'il ne l'ait pas aperçue plus tôt, nichée entre deux planches de bois.

Firmin se pencha en avant et fit glisser la planche de gauche sur le côté, révélant un compartiment dissimulé.
La clé se trouvait certainement à l'intérieur.
Et en effet, elle y était. Mais lorsqu'il s'en saisit, un portrait attira l'attention du jeune voleur.
Il s'agissait de celui d'un jeune homme, aux yeux verts et aux cheveux roux, courts. Il avait quelques tâches de rousseur et un sourire qui révélait l'étendue de ses dents blanches et qui lui rappelait celui d'une personne qu'il connaissait bien : Louise.
"Son frère", songea Firmin.
Il devrait en parler à Louise une fois cette mission terminée. Elle avait le droit de savoir, de connaître la vérité sur son frère.

Il se releva et remit la planche en place avant de reporter son attention sur le coffre qu'il ouvrit, cette fois sans difficulté.
Une multitude de parchemins s'étala alors devant ses yeux et ,bien entendu, le document recherché était le dernier de la pile.

"Pacte d'assistance mutuelle"

Ulrich se saisit du document et sortit de la pièce après avoir tout remis en place.

Cependant, alors que le chemin aller s'était déroulé sans un accroc, le retour fut plus compliqué.

En effet, alors qu'il tournait à l'angle d'un couloir, il percuta de plein fouet une charge lourde et un bruit de métal se répercuta en écho.
Firmin tomba en arrière, légèrement sonné en raison du choc mais se releva aussi vite qu'il le put.

-Que fais-tu la ? Qui es-tu ? tonna une voix depuis le sol de pierres froides.

A sa grande surprise, il se retrouva face à un garde, également tombé à la renverse, mais qui peina à se relever à cause de la lourde armure de métal qu'il devait porter.
Firmin, quant à lui, se mît à courir, et en un rien de temps, avait disparu hors de le vue du soldat.

-Vermine, cria celui-ci, reviens ici !

Mais Firmin avait déjà parcouru de nombreux couloirs et se présenta devant la porte qu'il cherchait à l'instant où les cloches de la tour nord retentissaient, annonçant la présence d'un intrus.

Il ouvrit la porte de la chambre d'Aure et se retrouva devant le visage ahuri de cette dernière.

-Firmin ?! Gardes !

Aure Pourpre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant