Chapitre 6-Proposition [Ajouté]

1.3K 117 3
                                    

La misère était bien là, sans aucun doute possible. Et c'était bien à Aure de régler cette situation. La sienne n'était pas si terrible, elle devait rester digne de sa position et prendre en compte le monde qui l'entourait. Si cette visite lui avait bien fait comprendre une chose, au-delà du fait que la moitié de la population de Wayton aurait besoin d'être secourue si les mines venaient à fermer et que le pays avait besoin d'investir dans une autre production, c'était que son père ne céderait pas sur la question de son mariage prochain.

Pourtant, la résignation n'était pas encore là. Elle devait assister au bal ce soir, l'occasion de passer un merveilleux moment, peut-être le dernier, en compagnie de sa cour. Elle lui manquerait, cela allait sans dire. Certes, elle était loin de connaître et d'apprécier tous ces êtres qui se mouvaient autour d'elle dans une spirale d'étoffes plus chers que ce qu'elles rapportaient, qui mangeaient à sa table et qui en savaient parfois plus sur son compte que sa propre famille, mais elle avait appris à les observer avec distraction, à repérer certains de ces détails,certaines de ces habitudes qui faisaient de nous un individu à part entière. Elle comptait bien profiter de cette soirée sans penser à son futur, pour une fois, sans se préoccuper des conséquences.

Aure était assise dans la salle du trône en compagnie de son père, perdue dans ses pensées, tandis que celui-ci faisait jouer ses ongles sur le trône dans un claquement régulier, annonciateur d'agacement.

―Aure,que fait ton frère, il ne va tout de même pas manquer l'arrivée de la cour d'Anburg ? Ce serait hautement inconvenant. Il va m'entendre, tu peux me croire !

Aure leva les yeux au ciel. C'était donc à ce rejeton indigne qu'on allait confier son trône ? Elle aurait rêvé de prononcer cette phrase à voix haute, mais il ne servait à rien d'envenimer davantage la situation. Ulrich le payerait en temps voulu. Mieux valait ne pas y penser. Après tout peut-être la différence d'âge endurcissait ses réactions envers lui, il était encore un pauvre adolescent en manque d'affection, il aurait encore tout le temps de gagner en maturité.

Un page entra en courant dans la pièce, légèrement essoufflé et les joues rougies par l'effort.

―Le cortège traverse la forêt, parvint-il à articuler, après quelques secondes de repos.

Aure adressa un sourire anxieux à son père. Même si elle s'était promis de profiter de cette journée et de ne pas songer à la suite,elle ne pouvait décemment pas ignorer Oswald. A défaut de le désirer et même si elle ne rejetait plus totalement l'idée de devenir un jour sa femme, il restait un de ses amis d'enfance et quelqu'un qu'elle avait apprécié enfant et adolescente.

Le roi et la princesse se levèrent d'un même geste et se rendirent dans le jardin côte à côte, entourés de toute leur cour. Aure se retourna et chercha Ariane du regard, afin de lui adresser un regard rassurant sur son état d'esprit. Elle savait qu'elle s'inquiétait pour elle ces derniers jours, peur qu'elle ne se décourage, peur qu'elle n'abîme sa réputation en public, peur, tout simplement,qu'elle ne fuie ses responsabilité. De plus, Aure avait dit à Louise de ne pas se présenter au bal du soir même. Sa présence troublerait son esprit et Aure ne parviendrait pas à accepter la demande en mariage d'Oswald. Cette condition était pourtant vitale même si plus qu'incertaine.

Malheureusement,la pluie qui tombait drue l'empêchait de distinguer qui que ce soità plus de quelques mètres.

Le bruit des sabots sur les pavés se rapprochait petit à petit. Le carrosse royal avec les fameuses armoiries apparut, les mêmes que celles qui étaient tissées sur les fanions du palais. D'autres suivirent avec le reste de la cour, toutefois beaucoup moins luxueux et qui finirent leur course en retrait. Étant donnée la longueur de la file, certains ne dépassèrent pas même l'orée des bois et leurs voyageurs furent contraints de rejoindre le château à pied,les courtisanes endommageant au passage leurs poulaines. Aure en eut un pincement au cœur, les chaussures pouvaient parfois représenter l'équivalent d'un mois de salaire pour certains d'entre eux.

Aure Pourpre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant