Chapitre 3-Réaction- [Réécrit]

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Ce soir-là, Guillaume rentra chez lui passablement énervé. Il avait passé une journée exténuante et était particulièrement heureux de retrouver sa famille au complet pour le souper. Aure n'était certes pas sa fille, il avait néanmoins beaucoup d'affection pour elle et la situation ne lui plaisait pas particulièrement. Si le roi Robert avait vu juste, ce dont il ne pouvait douter, sa perspicacité avait été maintes fois éprouvé,son avenir même serait remis en cause. Il était bien plus jeune que le roi. De nombreuses années de service l'attendaient certainement encore.

Sur la longue route de village qui séparait le château de sa demeure, il s'était déjà imaginé un bon repas au coin du feu, ses bras entourant les épaules de sa femme et leur fille à genoux sur le tapis leur jouant de la musique, ou s'adonnant à son autre passion, la poésie.

A quelques pas de la porte, Guillaume sentit déjà la délicate odeur du festin qui l'attendait.

Dès qu'il eut franchi le seuil, sa femme vint à sa rencontre, les bras grand ouverts, un sourire chaleureux sur le visage. Guillaume tendit ses bras et ses lèvres en retour.

Cependant, avant d'avoir compris ce qui se passait, il sentit une vive douleur à la joue. Il recula de plusieurs pas, ne pouvant croire que ce geste puisse venir de sa femme. Elle venait de le gifler. Flore s'apprêtait à recommencer lorsque Guillaume stoppa son geste.

―Qu'est ce qui te prend ?demanda-t-il.

―Tu sens le parfum de femme !Guillaume, ne me dis pas que tu as encore été traîner au bordel !

―Enfin Flore, bien sûr que non, où vas tu t'imaginer des choses pareilles ? dit Guillaume en riant de bon cœur.

L'explication ne convint pas sa femme qui resta devant lui les bras croisés et les lèvres pincées. Il continua donc, son sourire envolé :

―Je veux dire, c'est à cause de la princesse...

Louise qui sortait de sa chambre à cet instant se figea à l'évocation de ce nom. N'ayant pas encore atteint la marche bruyante de l'escalier, ni celle où ruisselait un mince filet d'eau qui s'écoulait depuis la fuite du toit, elle put aisément se dissimuler derrière la rambarde de bois et écouter.

―Aure est devenue folle. lorsque je suis passé devant sa chambre, elle jetait ses flacons sur les couturières et l'un d'eux s'est renversé sur mon costume.

Pour convaincre sa femme, il prit de la distance et montra l'auréole qui s'était matérialisée sur sa tunique, à hauteur de son cou. Ce geste sembla la soulager,néanmoins, certains détails ne s'unissaient toujours pas dans son esprit.

―Des couturières ? Pourquoi donc, ça n'a aucun sens ? De toute façon, on pourrait leur offrir un royaume entier, les souverains ne seraient jamais contents. Comme on dit, plus on en a, plus on en veut. Et de là à jeter ses flacons sur des honnêtes gens... A-t-elle seulement une idée du nombre d'heures de travail qu'il a fallu à un artisan pour les fabriquer ?

―Je le sais mais elle est entrée dans une colère noire lorsque le roi lui a annoncé qu'il voulait la marier au fils du roi Édouard d'Anburg. Oui, elle a du martel en tête.

A ces mots, Louise sentit sa tête se vider et commencer à tourner.Les mots de ses parents se faisaient de plus en plus lointains. Elle perdit pied et vit les marches de l'escalier se rapprocher dangereusement.

***

Louise se réveilla, une vive douleur au bras.

―Ça va ma chérie ? Elle tourna la tête et une masse informe se matérialisa devant elle, puis petit à petit, un nez une bouche et des yeux se dessinèrent. Après quelques secondes, ses sens cessèrent définitivement de la tromper et elle parvint à discerner sa mère,mais également la gravité de la blessure qu'elle s'était faite.

Aure Pourpre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant