13 septembre 2023 - Singapour
- Mais non, il n'y a rien de compliqué là dedans Lando, on en a parlé toute la soirée.
- Mais Amélia... me répond le jeune pilote en faisant la moue
- Y'a pas de mais qui tienne, on a balayé toutes les questions possibles, tu as toutes les cartes en main. Tout va bien se passer. Y'a pas de raison, t'as vu comme la nouvelle livrée, vos combinaisons et ton casque ont bien été accueillis ? Tu te fais du soucis pour rien.
- Tu as peut être raison...
- J'ai toujours raison, lui dis-je en soutenant son regard ce qui le fit sourire.
Mon portable vibre rapidement deux fois dans ma poche. Je n'ai pas besoin de regarder les notifications pour savoir qui m'a écrit. Ça doit être le signal pour me dire qu'il est enfin arrivé et que je peux le rejoindre. Il était temps, je suis enfermée dans la chambre de Lando depuis vingt heures. Après le repas, nous sommes montés pour préparer la journée média de demain. Lando a voulu qu'on épluche toutes les questions que j'avais reçu, même celles que j'avais décliné. Trois heures que nous travaillons dessus et peut être trente minutes qu'on répète les mêmes réponses, Lando veut être prêt et il le sera. Je rassemble mes feuilles qui sont éparpillées un peu de partout sur le grand lit. Je m'étire et je baille pour faire comprendre à Lando que je fatigue.
- Je vais pas tarder à aller me coucher et tu devrais en faire de même si tu veux être rayonnant devant les caméras et photographes demain.
Je me lève et je prends la direction de la sortie.
- Et avant que j'oublie, mets bien ta casquette demain, ça affole les réseaux sociaux de savoir si oui ou non tu as coupé tes cheveux.
Lando m'envoie un coussin que j'esquive de justesse. Il me souhaite une bonne nuit et je quitte sa chambre. Ma chambre se trouve à une porte de celle de Lando, je marche rapidement pour la rejoindre afin de déposer mes affaires. Je repasse rapidement par la salle de bain pour me recoiffer. Je prends un petit sac pour y mettre mes affaires de rechange et mon équipement pour la journée de demain. Même si nous sommes dans le même hôtel, je ne suis pas sûre d'avoir le temps de repasser par ma chambre avant de rejoindre le paddock demain. Je prends deux secondes pour m'assoir sur mon lit et pour consulter mes messages. Je souris devant mon écran.
LH : 23h54 : Enfin seul !
LH : 2791, frappe deux coups doucement.
Je tape rapidement une réponse pour lui indiquer que je quitte ma chambre. Je me dirige vers l'ascenseur pour monter dans les étages de l'hôtel. Les couloirs sont plutôt calmes. Je regarde le décompte des étages qui défilent sous mes yeux. Un petit tintement m'indique je suis arrivée. Je déambule dans le couloir à la recherche du numéro 2791. Il y a nettement moins de portes dans ce couloir, plus nous montons dans les étages, plus nous montons en gamme également. Alors que j'ai une chambre, Lewis doit surement avoir une suite. J'arrive devant la porte, je frappe deux coups doucement. Mon coeur commence à battre un peu plus fort. Je trépigne d'impatience de le retrouver.
La porte s'ouvre doucement sur Lewis. Il me fait un grand sourire avant de mettre un doigt sur ses lèvres pour m'indiquer de ne pas faire de bruits. Il est seulement venu d'une serviette autour de sa taille. Je passe le pas de la porte. Nous sommes dans un vrai appartement. Un petit couloir débouche sur un salon et salle à manger. J'observe un bureau dans une alcôve. Deux portes se font face de part et d'autre de la pièce. Lewis me prend la main et m'entraine avec lui. Une fois la porte de sa chambre fermée, il me prend dans ses bras. Son étreinte me détend immédiatement. Je l'entends respirer profondément dans mes cheveux. Je lâche mon sac au sol et viens enrouler mes bras autour de son cou. Nos lèvres se cherchent, il joue avec mon nez avant de m'embrasser. Mes papillons refont surface, cette sensation est agréable.
- Il ne faut pas faire de bruit, George dort dans la chambre de l'autre coté du salon. Me dit-il en chuchotant tout en embrassant entre chaque mot.
Je prends deux secondes pour comprendre ce qu'il vient de me dire. La situation devient un poil plus stressante avec cette information. Sa chambre est plongée dans la peine ombre, la seule lumière qui nous éclaire provient de l'extérieur. La baie vitrée nous offre une vue magnifique sur Marina Bay et sa grande roue. La tension monte d'un cran quand Lewis fait passer mon t-shirt par dessus ma tête. Son envie se fait pressante. Ça tombe bien, nous sommes sur la même longueur d'ondes. Lewis est moins délicat que la semaine dernière pour me déshabiller, nous nous retrouvons rapidement nu. Je le laisse diriger les festivités, il me plaque contre l'immense vitre, la fraicheur du verre en contact avec mon dos me fait frissonner. Ses gestes sont précis et maitrisés, je ne tarde pas à m'abandonner à lui. Ses mouvements se font de plus en plus rapide, mais avant que je ne puisse atteindre l'orgasme, Lewis me retourne, mes seins s'écrasent contre la vitre réchauffée par mon corps. Il vient se positionner derrière moi et reprends ses va et vient tout en me tendant les bras au dessus de ma tête. J'ouvre les yeux, la vue est magnifique. Je bascule ma tête en arrière. J'ai de plus en plus de mal à ne pas faire de bruits. Lewis plaque sa main sur ma bouche pour étouffer les sons avant de donner les derniers coups de reins. C'est bestial mais tendre.
Je reprends ma respiration dans les bras du pilote, nos deux corps ne forment qu'un pendant quelques minutes encore. La sueur commence à nous rendre glissant. Je m'échappe de son étreinte pour aller sous la douche. L'eau tiède me ramène instantanément à la réalité. Je la laisse ruisseler sur mon visage. Lewis me rejoint rapidement, je le regarde avec amusement lorsqu'il se débarrasse de la capote. Un noeud et à la poubelle. Il ouvre la cabine de douche pour me rejoindre.
- Bonsoir Monsieur Hamilton, lui dis-je en posant ma tête contre son torse.
- Bonsoir Mademoiselle Williams, me répond-t-il en déposant un baiser sur le sommet de ma tête.
-Tu as passé une bonne semaine ?
- Se fut intense, je n'ai pas eu une minute à moi...
- Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre, je suis impressionnée par ta fondation Mission 44...
- Oh, tu as gardé un oeil sur moi alors ? Me dit-il avec amusement.
- Je n'ai pas eu le choix, j'ai l'impression que tu as piraté mon téléphone, que j'ouvre Instagram ou Twitter, je tombe sur une publication te concernant.
Il rigole doucement.
- C'est pour que tu me gardes en tête, dit-il en tapotant avec son index mon front.
- Tu ne devrais pas te faire de soucis pour ça...
- Ah oui ?
Je me retourne sans lui répondre pour commencer à me savonner. Ça serait bien trop facile si je lui avouais maintenant qu'il ne quitte jamais vraiment mes pensées. Mon attachement en vers lui me donne un peu le vertige. Je me rince et j'enfile un peignoir. Je retourne dans la chambre pour sortir de mon sac une nouvelle culotte et un t-shirt McLaren pour dormir. Lewis me rejoint rapidement, il fouille cinq secondes dans l'un de ses valises et en ressort de quoi se vêtir pour la nuit. Un caleçon, juste un caleçon. Je laisse tomber le peignoir à mes pieds pour me changer.
- Ne te sens pas obligée de mettre un t-shirt... me dit-il en se posant sur le lit.
- Les nuits sont fraiches ici, à cause de la clim'. Je lui fais un clin d'œil et enfile le t-shirt McLaren.
La vision du t-shirt orange fait grimacer Lewis, il m'envoie un coussin que je réussis à réceptionner. Je le rejoins dans le lit. Je me blottis dans ses bras. Je caresse sa peau noire, ce moment de tendresse m'apaise.
- Parle moi de ta fondation, je veux en savoir plus...
Pendant plus d'une heure Lewis m'explique comment lui ai venu l'idée, comment il a structuré la fondation et comment il prend par aux différentes missions en profitant de sa notoriété pour mettre en avant certains sujets de société. Malgré ses sept titres de champion du monde et du palmarès de record qu'il possède, je pense que c'est ce qu'il fait à coté du circuit qui me touche le plus. Son engagement pour la mise en lumière des minorités, quelles soient raciales ou sexuelles, est un réel exemple pour la jeunesse. Sa voix me berce, je ne vais pas tarder à m'endormir. Je tente de lutter mais en vain, mes yeux se ferment définitivement.
14 septembre 2023 - Singapour
J'ouvre les yeux doucement, son visage endormi n'est qu'à quelques centimètres du mien. Je m'attarde sur ses traits, je prends le temps de photographier mentalement chaque détail. J'ai tellement bien dormi cette nuit, je me surprends moi même. D'habitude, j'ai du mal à dormir avec quelqu'un d'autre, le moindre mouvement ou bruit me réveillent. Mais cette nuit, j'ai dormi d'une traite. Je passe mon index sur l'arête du nez du britannique, ce qui le fait grimacer. Sa main vient attraper mes hanches pour me tirer vers lui. Je n'oppose aucune résistance et enfouis mon visage dans son cou. Sa respiration est calme, il dessine dans mon dos avec ses doigts. Mon portable vibre sur la table de nuit. Je tente de me reculer.
- Laisse nous profiter un peu plus de ce moment Amélia... S'il te plait...
Sa voix encore endormie me fait craquer. Je me replace où j'étais. J'en profites pour remplir mes poumons de l'odeur de sa peau. Il faut que je fasse attention, je commence à devenir accro à son contact sur mon corps. Nous nous rendormons quelques minutes, puis cette fois-ci c'est son téléphone qui nous tire de notre bulle de tendresse matinale. Lewis soupire, se défait de notre étreinte et répond à son téléphone. J'en profites pour me rhabiller rapidement. Je rassemble mes affaires dans mon sac. Je consulte mon téléphone, c'est Lando qui me prévient qu'il part en direction du paddock. Je regarde ma montre, les conférences de presses ne commencent que dans trois heures. Je ne prête pas particulièrement attention à la conversation téléphonique de Lewis, mais je comprends rapidement que c'est Toto Wolf à l'autre bout du fil.
Je fais signe à Lewis qu'il faut que j'y aille, il se lève et quitte la chambre pour vérifier que la voie est libre. Il revient rapidement et me fait un pouce en l'air pour m'indiquer que c'est bon, je vais pouvoir quitter leur suite sans croiser George. Tout en étant en ligne avec son Team Manager, Lewis me raccompagne jusqu'à la porte. Il m'embrasse du bout des lèvres avant d'ouvrir la porte. Je lui chuchote un merci et je pars en direction de l'ascenseur.
J'arrive rapidement dans le hall d'entrée, c'est une vraie ruche. Il y a du monde de partout, l'ensemble des équipes sont arrivées dorénavant. Je me rends vers le buffet pour me prendre un jus de fruit et de quoi grignoter avant de me diriger vers les grandes portes d'entrées de l'hôtel. Pendant mon trajet, je me fais interpeler.
-Hello Amélia ! Tu n'es pas partie avec Lando ? Me demande George avec ses lunettes de soleil sur le nez.
- Hey George, non, j'ai raté le réveil... Vous venez d'arriver ?
Il faut que je sois naturelle, fais comme si de rien était. Mais purée, il fallait que je tombe sur lui dans ce hall bondé de monde.
- On est arrivés cette nuit ! Je vais en direction du paddock, je te dépose ? Reprend-t-il
- Avec plaisir, qui peut refuser de se faire conduire par George Russel ?
Nous rigolons et quittons l'hôtel pour se diriger vers la voiture du pilote. Nous sommes à trois minutes en voiture du paddock, mais George rate la sortie ce qui nous fait faire un détour de quarante cinq minutes. Dans la voiture nous discutons de tout et de rien.
- Merci pour le travail que tu fais avec Lando, tu n'as pas hérité du pilote le plus facile de la grille, me dit-il en rigolant.
- C'est gentil George, Lando me le rend bien, nous nous entendons vraiment bien. Parfois, je dis bien parfois, je n'ai même pas l'impression de travailler.
- Fais attention à la fin de la saison, plusieurs écuries risquent d'essayer de te recruter si tu fais du trop bon travail.
- Reste concentré sur la route au lieu de dire n'importe quoi. Je rigole de plus belle.
Nous finissons par arriver sur le paddock, je remercie George pour la petite balade et je rejoins mon équipe pour retrouver Lando et Oscar avant le début de leur planning pour la « media day ». Je les accompagne en zone de presse, je ne me fais aucun soucis pour nos deux pilotes, Oscar est détendu et Lando s'est bien préparé en amont. La journée suit son court, je ne croise pas Lewis, mais ce n'est pas plus mal, il fait déjà assez chaud ici, pas besoin d'en rajouter une couche. La nuit commence à tomber sur le paddock quand nous nous posons enfin dans les canapés de l'hospitalité McLaren. Je sors mon portable et commence à scroller sur les réseaux sociaux.
- Amélia ? Ça te dit d'aller au resto ce soir et puis de rejoindre les autres après ? Me propose Lando.
- Les autres après ? Je relève les yeux de l'écran pour interroger Lando du regard.
- Oui, y'a une petite soirée d'organisée, mais rien de très formel. Juste histoire qu'on se retrouve tous ensemble.
- Pourquoi pas, mais je ne resterai pas tard, je suis déjà fatiguée...
- Pas de soucis, je te ramène à l'hôtel ?
J'acquiesce et nous quittons le paddock, non sans signer des autographes et poser pour des selfies pour Lando. Ce manège m'amusera toujours. Nous arrivons rapidement à l'hôtel. Lando me donne trente minutes pour être prête avant qu'il vienne me chercher. Ni une ni deux je file sous la douche, avec la chaleur et l'humidité ambiante de la journée, ma peau réclamait un rinçage. Je m'habille simplement avec un jean taille haute, un t-shirt blanc et un blazer orange pastel. J'enfile mes Stan Smith blanche et je fais un rapide passage par la salle de bain pour remettre en ordre mes cheveux et me refaire une beauté. J'envoie un message à Lewis pour savoir ce qu'il fait ce soir. Je suis assez fière d'avoir finir avant le temps imparti par Lando. Je prends mon sac avec mon téléphone et mon rouge à lèvres dedans et je quitte ma chambre pour aller frapper à la porte de Lando.
Ce n'est pas lui qui m'ouvre la porte mais Daniel Ricciardo. Son sourire fend son visage en deux, ce qui me fait sourire à mon tour. Je n'avais pas revu le pilote depuis son accident à Zandvoort. Je fais attention à ne pas toucher sa main gauche avant de le prendre dans mes bras. Lando ne tarde pas à nous rejoindre.
- Charles, Alexandra et Carlos nous attendent dans le hall, nous dit le britannique en appuyant sur le bouton pour appeler l'ascenseur.
- Oh, chouette qu'Alexandra soit là, je ne serai pas la seule femme parmi vous !
-Comme si c'était quelque chose qui te déplaisait, me taquine Daniel.
- C'est toujours sympa d'avoir du soutien, surtout avec vous !
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent le hall. Carlos nous fait signe de les rejoindre. Nous dinerons dans l'un des restaurants de l'hôtel. Il y a trop de monde dehors pour que nous puissions nous déplacer en toute sécurité. Je salue rapidement les garçons et nous partons en tête bras dessus, bras dessous avec Alexandra. Je suis contente de pouvoir passer un peu de temps avec elle, nous ne la voyons pas beaucoup car elle fait ses études à Paris. Avant de prendre place à table, je consulte rapidement mon téléphone, pas de réponse de Lewis. Tant pis. Il doit être en train de travailler avec son ingénieur pour les essais de demain.
Après avoir bien mangé et surtout beaucoup rigolé, Lando nous invite à poursuivre la soirée dans l'une des salles de conférences de l'hôtel réaménagée en pseudo boite de nuit pour l'occasion. Il y a d'un coté des canapés disposés en U, la piste de danse au milieu et un bar de l'autre côté. C'est Pierre qui vient nous rejoindre en premier.
- Vous en avez mis du temps ! Me dit-il en me serrant dans ses bras avant de me faire la bise.
- Ah, Lando ne t'a pas convié apparemment.
- Il l'a encore mauvaise de notre discussion dans la salle de bain sans lui.
Nous rigolons sous le regard interrogateur de nos amis. Daniel revient avec deux verres, il m'en offre un. Je le remercie en trinquant avec lui. Nous nous dirigeons vers l'un des U formés par les canapés pour nous installer. George vient se joindre à nous. Il y a vraiment une bonne ambiance. La musique commence à être entraînante, Daniel me jette un coup d'oeil avant de m'inviter à danser. Nous prenons possession de la piste de danse. J'ai toujours aimé danser avec Daniel, il ne rate pas une occasion pour me faire danser un rock même si la musique ne s'y prête pas. Et c'est ce qu'il fait ce soir. Je fais attention à ne pas rentrer en collision avec sa main blessée. Il me fait tournoyer, j'aperçois l'ensemble des pilotes. Tout le monde discute ensemble par canapés interposés, mais il y en a un qui manque à l'appel... Je le cherche du regard, en vain.
Nous dansons à en perdre la tête. Daniel est inépuisable. Je lui propose qu'on aille s'assoir à la fin de cette chanson. Une dernière pirouette et Daniel me fait basculer à l'arrière. Et c'est à ce moment là que je le vois. Je m'arrête de respirer. Je ne suis pas très sûre de ce que je vois la tête en bas. Mais Lewis est bien là ce soir. Et il n'est pas seul.