2 septembre 2023 - Monza - Italie
Les qualifications se sont déroulées sous pression. Pierre n'a même pas atteint la Q2, je ressens un peu de tristesse pour lui, il ne roule pas à domicile, mais c'est un circuit qu'il affectionne. Lando passe en Q3 avec seulement treize centièmes de secondes de Tsunoda. Je n'ai jamais autant retenu ma respiration que pendant ces qualifications. La séance de Q3 nous place neuvième pour Lando et septième pour Oscar. Lewis se retrouve pris entre nos deux McLaren, ce qui me fait sourire .
L'ambiance est mitigée dans le garage, je suis tellement contente pour le résultat de Lando. Mais nos résultats ne reflètent pas ceux des deux derniers Grand Prix. Nous passons rapidement devant les micros des journalistes. Il sera difficile de remonter sur le podium demain. Lando et moi retrouvons le reste de l'équipe dans notre motorhome. Il reste du travail pour demain, Lando part en réunion avec ses ingénieurs et Zak. Il n'est pas question de relâcher la pression. Je remonte dans mon bureau pour continuer à travailler. Il faut également penser au prochain grand prix qui se déroule à Singapour dans deux semaines. Comme à mon habitude, je traite mes mails, petit à petit je me suis faite un réseau de journalistes avec qui il est agréable de travailler.
J'ai rendez-vous avec Pierre et Francisca pour qu'on mange ensemble ce soir, je regarde ma montre, il me reste une petite heure pour être prête. Je profites d'une navette pour rejoindre l'hôtel et me changer. Hors de question que j'aille au restaurant avec ma tenue McLaren, surtout accompagnée d'un pilote Alpine. Quand je sors de la douche, je consulte mon téléphone. Toujours pas de nouvelles de Lewis, je l'ai croisé à plusieurs reprises, mais impossible d'avoir une discussion avec lui. J'ai failli plusieurs fois le prendre par la main pour l'emmener dans un endroit plus calme afin d'avoir le temps de lui expliquer, mais tout le monde a les yeux sur lui. Manoeuvre impossible sauf si je souhaite me mettre une balle dans le pied... Je me retrouve au pied du mur, sans rien pouvoir faire. Je m'habille rapidement, jean noir, pull noir et mes baskets, et je descends attendre le couple d'amis dans le hall de l'hôtel.
Francisca me sert dans ses bras, cette femme est une vraie bouffée d'air frais. Son étreinte se veut rassurante, je ferme les yeux quelques secondes pour en profiter. Je me détache d'elle, replace mes cheveux et nous allons rejoindre Pierre qui nous attend dans sa voiture. Je félicite le pilote normand de sa performance pendant les qualifications et nous partons en direction du restaurant. Dans la voiture, l'ambiance est étrange, je vois les deux amoureux échanger des regards, Pierre me sourit dans le rétroviseur. Ils font tout pour éviter le sujet ou alors, ils essayent de se donner mutuellement du courage pour aborder le sujet. Je ne le saurai pas tout de suite, nous venons d'arriver au Ribot, le restaurant choisi par Francisca pour ce soir.
Nous nous installons à notre table, un peu à l'écart des autres. Je commande d'emblée un Spritz, puis je regarde le menu. Je surprend encore une fois Pierre et Francisca échanger un regard tout en souriant.
- Je peux savoir ce que vous avez tout les deux ? Leur demandais-je en refermant mon menu.
- Rien du tout, on est juste content de se retrouver. Tente de me mentir Francisca.
Un serveur vient interrompre notre discussion pour m'amener mon cocktail et prendre la commande de nos plats. Ils ne vont pas s'en tirer comme ça. Je sirote mon Spritz, j'écoute Pierre raconter son ressenti sur ses qualifications. Nos plats ne tardent pas arriver. Je salive devant mon risotto. Je prends une première bouchée quand Pierre décide de se lancer et de mettre les pieds dans le plat.
- Amélia, je me disais, vu qu'on est que tous les trois, si jamais tu voulais nous parler de quelque chose, il ne fallait pas hésiter.
Je m'arrete net.
- Moi qui pensait que tu m'avais invité au resto juste pour passer un bon moment... Je lui réponds en faisait semblant d'être déçue.
Je reprends une bouchée en prenant mon temps. Pierre a raison, il faut que j'en parle, peut-être que ça me fera du bien.
-Vous devez me faire la promesse de ne rien dire à personne, jamais.
Les deux tourtereaux acquiescent en même temps. Je prends le temps de faire monter le suspens. Ça serait trop facile quils aient toutes les infirmations sans patienter un peu. Les deux ne me lâchent pas du regard. J'ai l'impression que je vais leur annoncer que j'ai été élu présidente des Etats-Unis. Je pose ma fourchette et j'entrecroise mes doigts au niveau de mon visage. Une bonne inspiration et c'est parti.
-Lewis Hamilton.
Ça y est, la bombe est lâchée, Pierre me regarde avec les yeux écarquillés. Sa bouche s'entrouvre et se referme plusieurs fois avant qu'il ne puisse dire un mot.
- Quoi Lewis Hamilton ? Me demande-t-il
- Mais purée, t'es bête ou tu le fais exprès ? Lui demande Francisca.
Pierre dirige son regard vers sa petite copine, hausse encore plus les sourcils et revient à moi la bouche grande ouverte.
- Maiiiiiiiiis nooooooooooon ! Mais attends, il va falloir que tu reprennes tout du début là ! Je suis sur le cul ! Dit-il
Et c'est parti pour une bonne heure de discussion afin de reprendre toute l'histoire depuis le début. Pierre ponctue la conversation par des onomatopées, j'ai l'impression de lui raconter une histoire à laquelle il n'arrive pas à y croire. Alors que pour Francisca, c'est tout le contraire, elle boit mes paroles avec des étoiles dans les yeux.
- Et du coup voilà, depuis vendredi matin, je n'ai plus aucunes nouvelles de lui... leur dis-je pour terminer mon récit.
- Mais je me sens tellement mal Amélia, tu n'as pas idées... dit Pierre en tendant ses mains pour prendre les miennes.
- Tu ne pouvais pas vraiment te douter de la situation, on a vraiment tout fait pour rester discret... Et je suis plutôt fière que tu ne t'en sois pas rendu compte, ça veut dire que les autres n'y ont vu que du feu. Je reprends pour le rassurer.
- Et du coup, qu'est ce que tu comptes faire maintenant ? Me demande Francisca.
- Je crois que son message a été clair, je vais tourner la page et allez de l'avant. Au final, à part quelques moments volés par-ci par-là, nous n'avons pas vraiment eu le temps de « construire quelques chose », je mime les guillemets et termine ma phrase avec un sourire un peu triste.
- Je n'en reviens pas que tu aies réussi à garder le secret pendant plus d'un mois... Reprend Pierre.
- Je comptais le garder bien plus longtemps, si tu n'avais pas décidé de faire n'importe quoi dans ma vie.
Nous rigolons tout les trois. Je me sens soulagée de leur avoir dit, peut-être que ça va m'aider à aller de l'avant. Je n'ai pas à me morfondre, nous nous étions rien promis, je regrette juste le silence assourdissant de Lewis. J'aurai aimé avoir une discussion avec lui, au moins pour lui expliquer ce qu'il s'était passé, mais je comprends aussi qu'il a autre chose à penser que cette stupide histoire.
Nous finissons le repas par des tiramisu et des shooters de Limoncello, sauf pour Pierre qui doit quand même faire attention à ce qu'il mange à moins de vingt-quatre heures du Grand Prix. Pierre me propose de dormir chez lui et de rejoindre le paddock demain matin en même temps que lui, mais au moment où j'allais dire oui, Lando m'envoie un message.
Lando : 21h34 : Ça te dit un film posé comme hier soir ? J'arriverai pas à dormir avant longtemps et en plus j'ai rangé ma chambre cette fois-ci, je peux t'accueillir.
Son message me fait sourire, il est tellement innocent. J'explique à Pierre pourquoi je décline son invitation puis je commande un taxi pour rejoindre mon hôtel à Monza. Lando m'attend dans le hall d'entrée et m'accueille avec un grand sourire.
- Pierre vient de m'envoyer un message pour me dire d'arrêter de lui voler sa meilleure amie, me dit-il
- Aaaah parce que je suis sa meilleure amie maintenant ?
- Il faut croire, tu sais la jalousie, des fois ça fait dire n'importe quoi...
- On monte ? Je suis crevée !
Lando m'invite à le suivre en mettant son bras par dessus mes épaules, il me fait rire à vouloir jouer au grand avec moi, alors que nous avons pratiquement sept ans d'écart. Nous arrivons dans sa chambre, c'est vrai qu'elle est mieux ordonnée que d'habitude, même si un gros tas de vêtements non pliés est entassé sur le fauteuil, mais au moins son lit est fait. C'est déjà beaucoup.
- Ca te dit de regarder le dernier Batman ?
- Mais il dure pas presque trois heures ce film ? Je lui demande
- Si, mais c'est pas grave, on est pas obligé de tout regarder d'un coup.
J'acquiesce, quitte mes chaussures et je vais m'installer du coté droit du lit. Je m'installe confortablement et nous attaquons le film. Au bout d'un moment, je remarque que Lando lutte pour ne pas s'endormir. Il lutte quelques minutes puis finit par déposer les armes et ses yeux se ferment définitivement pour partir dans un sommeil lourd. J'éteins la télé, fais le tour du lit et recouvre le pilote de sa couette. Son visage est détendu, je lui caresse les cheveux en lui souhaitant une bonne nuit. Je quitte sa chambre sur la pointe des pieds et je regagne la mienne. Après un rapide passage dans la salle de bain pour me démaquiller et me brosser les dents, j'enfile un t-shirt et je me glisse sous la couette pour m'endormir rapidement.
3 septembre 2023 - Monza - Italie
Je retiens la respiration quand les feux s'éteignent et donnent le top départ de la course. Pour aujourd'hui je ne suis pas dans le garage McLaren, ça me fait un peu bizarre de ne pas entendre les interactions entre Lando et son ingénieur. Mais cet après midi j'assiste à la course depuis l'espacé VIP puisque je suis avec Francisca et qu'il est impossible de la faire rentrer dans notre garage au vu de sa relation avec Pierre. Le cadre est beaucoup plus cosy, boissons et petits fours à volonté dans des canapés très confortables, j'ai rarement connu mieux pour suivre une course. Nous trinquons avec nos cocktails quand les garçons entament le premier virage, le champagne est réservé pour les podiums uniquement.
- Pierre a été assez remué de notre discussion au restaurant, il n'a pas arrêté d'en parler quand on est rentré, me dit Francisca.
- Oh fallait pas, ce qui est fait est fait. Au final, ça me permet d'être plus présente, pas physiquement mais mentalement avec le reste de l'équipe. Je me suis replongée complètement dans le travail, au plus grand bonheur de Lando.
Je tente de rassurer mon interlocutrice en mettant un peu d'engouement dans ma voix. Francisca me sourit pour me rassurer. Notre attention revient sur la course. Ce n'est pas la plus belle des courses qu'il m'a été donné de voir, mais Lando termine dans les points, c'est déjà ça. Oscar fait le meilleur temps pour le tour de piste, mais nos voitures n'ont pas révélé le meilleur d'elles même sur ce circuit.
Je me sépare de Francisca pour aller retrouver nos pilotes McLaren, je sautille sur place en attendant le retour de Lando, il s'est bien battu aujourd'hui. Un sourire satisfait s'affiche sur son visage, il serre dans ses bras chacune des personnes qui composent le garage. Nous félicitons tout le monde et je l'accompagne pour les interviews.
-Tu n'étais pas dans le garage aujourd'hui ?
- Non, j'étais à l'espace VIP avec Kika, mais je n'ai pas raté une miette de ta course Lando, tu as encore fait vibrer les fans de McLaren !
Après les différents interviews, Lando repasse par les garages, un groupe de fan attendent les pilotes, un petit bain de foule ne peut pas lui faire de mal pour lui remonter le moral.
Après être revenue au motor-home de McLaren, je frappe à la porte du bureau de Zak. Il m'invite à rentrer.
- Je vous dérange pas très longtemps, mais je voulais savoir si je pouvais rester à Monaco avant d'aller à Singapour ? Je vais avoir besoin de recharger les batteries avant les grands prix en Asie... lui demandais-je un peu intimidée.
- Que tu sois à Woking ou à Monaco peu m'importe, je veux juste que tu sois joignable et disponible pour les différentes réunions. D'ailleurs ça tombe bien que tu sois là, je voulais faire le point avec toi sur tes nouvelles missions. Tu as deux minutes ?
- Oui, bien sûr ! Je prends place sur la chaise devant moi, je vous écoute.
- Lando te l'a peut être déjà dit, mais nous sommes très contents du travail que tu accomplis avec lui. Sans trop le materner, parce qu'on sait tous les deux comme il peut agir comme un enfant parfois, tu l'aides vraiment à conjuguer la partie course et la partie médiatique de son travail. Pour l'année prochaine, on en reparlera, mais j'aimerai beaucoup qu'il soit encore plus présent dans les médias. Ça va se faire petit à petit avec les résultats des courses, mais ça sera quelques choses qu'il faudra qu'on anticipe.
- Pas de problème, je suis vraiment contente d'évoluer auprès de Lando, nous travaillons ensemble avec beaucoup de facilité. Pour l'année prochaine, nous avons le temps c'est vrai, mais c'est quelque chose qu'il faut anticiper pour s'y préparer au mieux.
Zak se lève, je l'imite.
- Je descends retrouver l'équipe, tu viens ?
- J'arrive, je récupère mes affaires et je vous rejoins.
Zak s'éloigne, je passe par mon bureau pour récupérer l'ensemble de mes affaires. Mon portable vibre.
Pierre : 18h47 : Tu dors à la maison ce soir ? On pensait se faire un resto et peut être sortir en boîte avec les gars.
Moi : Oui, pourquoi pas, je rentrerais à Monaco avec Lando et Charles demain.
Pierre : Parfait, je passe te récupérer à ton hôtel vers 20h30
Moi : C'est noté, à tout à l'heure !
Je mets mon portable dans mon sac et je vais rejoindre le reste de l'équipe. Je suis un peu triste de les quitter pour au moins une semaine et demi. Je verrai Lando à Monaco, mais le reste de l'équipe sera soit chez eux, soit à Woking. Je profites de chaque minutes avec eux, puis un peu avant 19h je profites du mouvement général qui part en direction de l'hôtel pour qu'on aille faire nos bagages. Je remonte dans ma chambre, la journée a été longue, je me déshabille et je file sous la douche. L'eau chaude détend un peu les tensions. Ce weekend n'a pas été de tout retour, mais je suis contente de passer ce dimanche soir avec les garçons, ça va me permettre de clore ce petit chapitre une bonne fois pour toute. Je quitte la cabine de douche pour me sécher, j'enfile une longue robe noire qui est fendue le long de ma cuisse, si on sort en boite, je veux plaire à la gente masculine. Je me sèche les cheveux et je les laisse détachés. Je me maquille rapidement les yeux avant de passer un rouge à lèvres rouge sur les lèvres. Mon reflet dans le miroir me plait. Je souris rapidement. Je consulte l'heure, Pierre devrait arriver sans plus tarder. Je termine de remplir ma valise, j'enfile une veste en jeans et je descends dans le hall d'entrée pour attendre mon ami.
- Tu es prête avant même que j'arrive ? Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Me dit Pierre en me serrant dans ses bras.
- J'ai plutôt hâte de terminer ce weekend, si tu vois ce que je veux dire. Il faut que j'aille rendre la carte de ma chambre.
- Je mets ta valise dans la voiture et je t'attends.
Je me dirige devant l'accueil pour procéder au check-out de ma chambre. Je tends la carte au réceptionniste.
- Quelqu'un a déposé une enveloppe pour vous, je reviens. Me dit-il.
Je suis surprise et je ne lâche pas des yeux le réceptionniste qui revient vers moi en me tendant une enveloppe blanche. Je la saisis, rien est écrit dessus. Je ne comprends pas, je retourne l'enveloppe et j'ouvre sans trop de délicatesse le rabat supérieur. Mes mains commencent à trembler, je tente de respirer lentement pour contrôler mes émotions. Je retire une petite carte. Ma bouche s'ouvre, sans qu'un son puisse en sortir.
« Un avion décollera de Milan à 21h30 avec ou sans toi »
Je n'en reviens pas. Mon coeur bat à toute vitesse. Je regarde ma montre, il me reste un peu moins d'une heure pour me rendre ou non à l'aéroport de Milan. Je me retourne en direction de Pierre, il me regarde tout sourire. Je remercie le réceptionniste et je quitte l'hôtel pour rejoindre Pierre. Je lui tends la petite carte.
- Alors, tu viens manger avec nous ? Ou je t'emmène à l'aéroport ?
- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel encore ? Je lui demande en montant dans sa voiture.
- Arrête de réfléchir Amélia... Tu me fais confiance ? Me demande Pierre quittant sa place de parking.
- Oui et non... Tu sais ce que c'est ?
- Peut-être. En fait, je vais pas te laisser réfléchir, je vais t'emmener à l'aéroport, un point c'est tout.
- Mais.
- Y'a pas de mais, me coupe Pierre, mets ta ceinture, il nous reste pas beaucoup de temps avant que l'avion ne décolle.
Pierre prend la route, je me retranche dans un mutisme. J'ai besoin de réfléchir, qui a bien pu me laisser cette note ? Je n'ai pas reconnu l'écriture. J'élimine rapidement Lewis, il n'a donné aucun signe d'une potentielle réconciliation entre nous. Peut être que c'est une surprise de Lando, il a vu combien j'avais broyé du noir ce weekend. Ou alors, c'est Milo, je ne l'ai pas revu depuis notre entrevue un peu houleuse samedi matin. La route défile devant mes yeux, un vent de panique m'envahit, je suis divisée entre l'envie de savoir qui m'a laissé cette carte et celle de clôturer ce weekend interminable en fêtant les résultats des garçons. Ma jambe s'agite nerveusement, Pierre finit par déposer sa main sur mon genou pour calmer mon stress.
- Tu sais ce qu'il m'attend dans cet avion ? Je lui demande en tournant ma tête vers lui pour détecter n'importe quel signe qui pourrait m'aiguiller.
- Oui et je te connais assez pour savoir que tu me remercieras cette fois-ci.
Nous arrivons rapidement devant l'aéroport, le stress m'envahit, mes mains deviennent moites. Pierre sort ma valise de son coffre et vient m'ouvrir la porte passagère pour m'encourager à sortir de sa voiture.
- Allez viens, on y va. Me dit-il en me tendant la main.
Je la saisis et je m'extirpe de l'habitacle. Je réajuste ma robe et je passe mon bras sous celui de Pierre. Il me guide jusqu'au guichet des compagnies aériennes privées. Je l'entends donner mon nom, ainsi que le sien. Est-ce qu'il fait parti du voyage lui aussi ? Mes affaires passent les portiques de sécurités, je suis machinalement Pierre en évitant de trop réfléchir. Une hôtesse nous prend en charge pour nous accompagner jusqu'au petit avion qui nous attend sur le tarmac. Quand nous arrivons au pied de l'avion, l'hôtesse sort un masque pour les yeux de sa pochette. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il se passe. Pierre se tient en face de moi et prend le masque dans ses mains. Je le regarde avec un peu de peur dans les yeux.
- Souviens-toi, tu me remercieras plus tard, me chuchote-t-il en mettant le masque sur mes yeux. Surtout, tu n'enlèves pas ce masque quand que ce n'est pas quelqu'un qui le fait pour toi.
- Mais... Tu ne viens pas avec moi ?
J'ai des trémolos dans la voix, ça y est je commence à réellement paniquer. Je déteste les surprises, je n'aime pas être prise au dépourvu. Je prie secrètement pour que ce dimanche se termine rapidement. Pierre dépose un baiser sur mon front et je sens qu'on me prend la main pour m'aider à monter dans l'avion.
- Profites bien Amélia, mets ton cerveau sur off pour une fois. Me dit Pierre avant que j'arrive entièrement dans l'avion.
Mon coeur bat la chamade. L'hôtesse me guide jusqu'à mon siège. Je sens une présence à coté de moi, j'ai envie de pleurer tellement je suis nerveuse. J'entends battre mon coeur dans mes tympans.
- Tu as quand même décidé de monter dans cet avion...
Mon coeur rate un battement, ce n'est pas possible.