BARCELONE
Mercredi 14 février
- 𝐏𝐞𝐝𝐫𝐨 -
Sophia tentait encore de me ramener à la conversation mais mon esprit était ailleurs. Je suivais des yeux Victoire et Giuliana qui s'en allaient vers le parking. Il fallait que je sache exactement ce qui se passe et si c'est bien réel.
J'hésitais donc à me lever et partir à sa rencontre mais j'avais peut être mal vu. Elle a juste peut être pris un peu de poids, quoi que, à ce point la c'est juste impossible.
Désemparé par la situation, j'en oubliais mon date et me levais avant de rejoindre l'extérieur par la terrasse. Je me dépêchais pour ne pas la voir me filer sous mes yeux et l'appelais comme je pouvais.
D'un coup, c'est Giuliana qui se retournait avant de faire les gros yeux, visiblement surprise de me voir ici et... maintenant. Je la vois parler à Victoire, qui finit elle aussi par se retourner. Elle tente de cacher son ventre avec sa veste, mais c'est trop tard, j'ai déjà tout vu.
J'arrive enfin à leur niveau, un peu essoufflé d'avoir couru autant. Cette proximité me permet d'observer de plus près et après tant de mois, Victoire. Elle est toujours aussi jolie mais elle semble bien fatiguée.
- Qu'est ce que tu fais ici ? me demande-t-elle surprise.
- Je... j'étais au restaurant...
- Tout seul ?
- Pas vraiment non... d'ailleurs je... je l'ai laissé en plan... dis-je en réalisant.
Je me grattais la nuque, gêné de la situation mais je voulais tout savoir de cette grossesse qui je l'avoue, me contrarie beaucoup. Et si c'était moi le père ? Non impossible.
- Je vais vous laisser, je t'attend dans la voiture ! dit Giuliana.
- Je fais vite... lui répond-elle.
Elle me fait tout de même la bise avant de quitter le parking pour s'enfermer dans la voiture. Elle sait que la discussion est sérieuse et j'ai hâte d'en savoir plus.
- Je... je savais pas... dis-je.
- De ?
- Ton... ventre... enfin, ta grossesse... dis-je en montrant du doigt son ventre.
- Comment t'as su ?
- Je t'ai vu partir du restaurant.
- Beh... voilà...
- J'arrive pas à croire que tu sois enceinte Victoire...
- Pourtant je le suis.
- Ca te va bien.
- C'est gentil...
- Je... enfin, c'est qui le père ?
- C'est pas toi si c'est ce que tu veux savoir.
- T'es enceinte de combien ?
- 4 mois et demi.
- En effet, ça n'est pas moi.
- Rassuré ? me demande-t -elle.
J'haussais les épaules parce que la vérité je ne savais pas. Oui d'un côté je suis rassuré, j'aurai pas réussi à encaisser la nouvelle et à devoir être père d'ici quatre mois, mais d'un autre côté j'ai l'impression que mon monde s'écroule. Elle va être maman, sûrement avec un homme qu'elle aime, alors qu'un an auparavant, nous étions tous les deux à fêter la saint Valentin.
- C'est arrivé parce que tu le voulais ou c'était pas prévu ? demandé-je.
- C'était pas prévu mais j'ai décidé de le garder. Le papa était d'accord aussi alors voilà.
- Je suis content de te voir comme ça mais... je regrette un peu de pas avoir réussi à t'offrir ça...
- On peut pas forcer les choses Pedro. On a été heureux tous les deux, mais je crois que c'est différent aujourd'hui.
- T'es heureuse ?
- Je le suis.
- L'homme avec qui tu partages ta vie t'aimes ?
- Il semblerait que oui.
- Alors c'est bien, tu le mérites. Tu mérites d'être heureuse, et tu mérites surtout quelqu'un qui te rende plus heureuse que je n'ai pu le faire.
- Et toi aussi Pedro. Profites de la vie et trouve la bonne personne, et surtout, qui partage les mêmes projets de vie que toi.
- Je sais, et j'espère trouver la bonne un jour.
- Tu la trouveras, c'est certain, ça n'est juste pas moi.
J'acquiesçais sans trop savoir quoi dire. C'était une bonne nouvelle pour elle, mais de savoir qu'elle a refait sa vie si vite me fend le cœur.
- J'ai une question Victoire.
- Oui ?
- Quand tu m'as quitté, t'étais encore amoureuse ?
- Bien sur que je l'étais, mais moins que je ne l'étais au début. Et je savais qu'avec le temps les sentiments disparaîtraient.
- Donc... tu ne ressens plus rien ?
- Je... je dirai pas « plus rien » mais je suis passé à autre chose, c'est une certitude.
- T'es amoureuse ? du père de ton enfant je veux dire ?
- Je crois...
- Comment t'as pu passer à autre chose si vite ?
- Le temps ? et puis, je sais pas, j'étais moins heureuse avec toi, alors quand je t'ai quitté ça m'a comme soulagé d'un poids. Et puis, j'ai retrouvé chez cette personne des choses que je n'avais plus de ta part.
- Comme ?
- Comme des attentions régulières, des signes d'affection, une présence à mes côtés régulière, c'est plein de petites choses qui me font de l'effet et qui me touche. C'est ce que tu ne faisais plus depuis un long moment déjà...
- Je vois... je suis désolé...
- C'est pas grave, c'est derrière nous maintenant.
- Je le connais ? le père je veux dire.
- Hum... ça se pourrait, mais c'est pas vraiment important.
- C'est qui Victoire ?
- Peu importe.
Je trouve ça bizarre qu'elle ne veuille pas me dire mais je finirai bien par le savoir un jour ou l'autre.
- Tu sais, ces derniers mois j'ai longtemps réfléchi et je peux dire que je vais mieux. Je vais même bien, mais... ya une chose dont je suis certain, c'est que je ne veux pas d'enfants. Je n'en ai ni l'envie, ni la foi. Alors, finalement, en te voyant enceinte je suis content que tu m'ai quitté. Quelqu'un d'autre a pu t'offrir ce dont tu rêvais et je crois que c'est le plus important.
J'avais besoin d'être sincère avec elle, et à ma grande surprise, après cette conversation, j'avais l'impression d'être libéré d'un poids. Enfaite, je suis content qu'elle soit heureuse, et content qu'elle ait refait sa vie. Oui j'aurai aimé être à ses côtés pour de longues années encore, mais jamais j'aurai pu lui offrir ce qu'elle mérite. Et finalement, elle a trouvé quelqu'un qui lui correspond, tandis que moi, je trouverai quelqu'un qui a les mêmes projets de vie.
- Je te souhaite le meilleur Pedro, sincèrement.
Je prenais Victoire dans mes bras et la féliciter à nouveau. Je lui posais deux, trois questions concernant sa grossesse et j'apprenais par la même occasion que cette nouvelle vie l'apaisais déjà. J'étais étonnement heureux pour elle et je crois qu'après ce moment, j'aurai passé un cap de plus dans cette ancienne relation.
Je finissais donc par saluer Victoire et la regardait s'en aller, sourire aux lèvres. C'était peut être mon premier amour, mais il faut croire que ça n'était pas l'amour de ma vie. Je suis encore jeune, je dois profiter et trouver la bonne. Je garde cependant de beaux souvenirs avec elle, et décide de tourner la page, une bonne fois pour toute.
C'est donc tout sourire que je fais demi tour et... MERDE. Sophia. Je l'ai laissé en plan. On est un putain de 14 février et j'ai délaissé mon date.
Je me mets donc à courir jusqu'au restaurant et je suis surpris de voir que notre table est vide. Je regarde ensuite l'heure et constate que j'ai parlé un long moment avec Victoire. C'était évident qu'elle partirait.
Je me prenais la tête dans les mains et réfléchissais à la connerie que je venais de commettre. Je réglais donc l'addition avant de sortir du restaurant. Je montais dans ma voiture et appelais Sophia plusieurs fois. J'étais bien sûr sûr répondeur et ça m'énervait.
Je venais de tourner la page avec Victoire, et j'étais prêt à consacrer tout mon temps à Sophia, mais elle n'était plus là. Cependant, connaissant son adresse, je décidais de m'y rendre. J'avais carrément déconné et j'avais besoin de m'excuser auprès d'elle ainsi que de me rattraper.
Plusieurs minutes après, je sonnais à sa porte. Sa voiture était garée, elle était donc rentrée. Sophia finissait quand même par m'ouvrir la porte et je voyais vite sur son visage que j'avais merdé.
- Je suis tellement désolé Sophia. Laisse moi rentrer, j'ai besoin de t'expliquer...
Elle ne répondait pas mais me laisser tout de même entrer. On s'installait en terrasse et malgré le fait qu'elle avait toujours le visage fermé, je prenais la parole le premier.
Il était essentiel pour moi de m'excuser à maintes reprises mais également de lui raconter ce qu'il s'est passé avec Victoire. Je lui dis la vérité. Que je l'ai vu enceinte, que ça m'a perturbé et que je suis allée la voir. Qu'on a longuement discuté et que j'ai réalisé pas mal de choses, notamment que je ne voulais pas être père, mais que Victoire et moi n'étions pas fait pour être ensemble. Je n'oublie pas de dire que cette discussion m'a permis de tourner la page et que je me suis libéré d'un poids. Que je suis enfin prêt à recommencer ma vie, à être heureux avec quelqu'un qui partage les mêmes envies que moi, et que...
- J'ai envie de t'inviter à nouveau au restaurant. Je te promets que ça se passera bien et que je ne ferai pas de conneries. J'ai envie de passer plus de temps avec toi...
Finalement, et peu importe sa réponse, je suis aujourd'hui soulagé. Je me sens bien et heureux, comme si ma relation avec Victoire était derrière moi. On mérite tous les deux le bonheur, mais sur des chemins différents.
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haha qu'en pensez vous ?😏