BARCELONE
- 𝐕𝐢𝐜𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 -
J'avais sûrement mal entendu. Pedro ne venait pas de me demander d'arrêter de fréquenter Ruben. Il n'avait pas osé.
- Qu'est ce que tu racontes ? demandé-je surprise.
- Arrête de le voir. S'il te plaît.
- Mais pourquoi ? pourquoi tu me sors ça comme ça d'un coup ?
- Il s'est passé quoi entre vous ?
- Ca t'intéresse d'un coup ?
- Victoire. Qu'est ce qu'il s'est passé entre vous ?
- On... on s'est embrassés.
- Vous avez couché ensemble ?
- Non.
- Tu me le jure ?
- Oui. Mais je vois pas où est le problème.
- Pourquoi il a dormi ici ?
- Pedro tu me fais quoi la ?
- Repond à la question. Pourquoi il a dormi à l'appart ?
- Parce qu'on avait passé une bonne soirée et que bah... je sais pas...
- T'en avais envie ?
- Pedro !
- Je peux pas.
- Tu peux pas quoi ?
- Je peux pas te voir avec un autre putain.
- Pedro on avait des règles entre nous, on est d'accord ? demandé-je.
- Les regles elles ont été transgressées depuis bien longtemps Victoire ! Ouvre les yeux putain !
Je tombais des nues. Qu'est ce qu'il était en train de me faire ? A quoi jouait-il ? Je ne comprenais d'un coup plus rien.
- Hein ? quelles règles ?
- Quelles règles ? l'exclusivité, je peux pas. J'ai fréquenté personne depuis que j'ai rompu avec Alba parce que tu m'as toujours intéressée. La jalousie ? je suis jaloux à mort à chaque fois que tu parles avec un gars, je supporte pas, je suis obligé de prendre sur moi. C'est plus fort que tout Victoire.
- Mais Pedro... c'était le but des règles. Dès qu'il y en avait une de franchis fallait le dire et on arrêtait.
- Mais je pouvais pas arrêter Victoire. J'aime trop être avec toi, j'aime trop passer du temps avec toi, je veux pas que ça s'arrête tout ça, tu comprends ?
- Pedro putain !
- J'suis désolé...
Je faisais les quatre cent pas dans sa chambre, en comprenant la situation, du moins en essayant de la comprendre. Je ne comprenais pas pourquoi il me disait ça maintenant.
- Vic... il se passe quelque chose avec Ruben ?
Je répondais négativement de la tête parce que c'était la vérité. Oui on s'est embrassé, on a bien rigolé, mais c'était juste pour s'amuser. La preuve : on a pas couché ensemble parce qu'on savait que ça mettrait en péril notre amitié.
- Pedro on... on doit arrêter... dis-je.
- Non. On peut pas non.
- Y'avait des règles !
- Mais et alors ? tu vas me dire que depuis le début qu'on couche ensemble tu me vois comme un simple pote ? rien de plus ?!
- Pedro... je... je sais pas. Je me prenais pas la tête, je profitais avec toi, comme c'était prévu.
- D'accord, mais dis moi que tu ressens rien. Dis le moi et je te laisserai tranquille.
Je faisais encore les quatre cent pas dans sa chambre. J'étais perdue. Je ne savais plus où j'étais, ni ce que je faisais et avec qui. Pedro venait de brouiller mon esprit avec ses révélations.
- Je sais pas Pedro. Je sais pas. T'es en train de m'embrouiller la. Je comprends pas pourquoi tu me dis tout ça d'un coup.
- Tu comprends pas pourquoi ? Parce que je t'aime putain ! dit-il en élevant la voix.
On y était. Il avait dit ce que je redoutais. Pedro m'avait dit « je t'aime ». J'avais peur que ça arrive un jour mais je ne pensais pas que ça serait si tôt dans cette relation que nous entretenions depuis un moment maintenant.
- Ca me tue de te le dire Victoire mais je t'aime. Je suis fou amoureux, depuis un moment déjà. Je disais rien quand t'étais avec Pablo mais putain ça me bouffait de l'intérieur. J'aime trop être avec toi, j'aime trop quand t'es proche de moi, j'aime trop te faire l'amour putain. Tu es ce qu'il m'est arrivé de mieux ces derniers temps Victoire et c'est pas des paroles en l'air comme Pablo a pu t'en sortir. Je suis sincère avec toi, depuis le premier jour.
Je sentais les larmes couler. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais. Parce que ce qu'il me disait me touchais ? peut être. Parce que je ressentais la même chose ? je ne sais pas. Parce que ça me fait peur ? oh que oui.
- Comprend juste que ca me fait mal de te voir avec Ruben. Ruben ou n'importe qui d'autre.
- Y'a rien avec Ruben. Tu dois me croire. On s'est embrassé c'est vrai, mais on a pas couché ensemble.
- Il va se passer un truc entre vous ?
- Non. On a décidé de rester amis. Et de ne jamais aller plus loin.
- Et nous dans tout ça ?
- Je sais pas Pedro... je sais pas. J'ai assez souffert tu crois pas ?
- Je comprends totalement ton ressenti, mais je veux que tu comprennes que je suis sincère avec toi. Vraiment.
Sa voix s'était apaisé et je le sentais sincère. Il ÉTAIT sincère, contrairement à son meilleur ami. Mais je ne me vois pas me mettre en couple. J'en ai trop eu pour ma dose précédemment, j'ai besoin de me reconcentrer sur moi même.
- Je veux pas d'une relation sérieuse Pedro...
- Je te laisserai du temps.
- Je veux pas que tu m'attendes. Je veux que tu profites comme t'en as envie.
- Mais c'est avec toi que je veux profiter. C'est avec toi que je veux me réveiller tous les matins. C'est avec toi que je veux faire ma vie. Alors j'attendrais autant qu'il faudra.
Je baissais la tête gênée. Pedro était tellement touchant, et ses paroles m'allaient droit au coeur mais j'avais peur de ne pas être capable de lui donner ce qu'il attendait. Je m'étais déjà trop faite avoir.
- Victoire... dis moi que tu ressens aussi quelque chose pour moi...
- Je... je sais pas Pedro. Je sais pas ce que je ressens. Je sais plus. Je suis perdue.
- Et si je fais ca ?
Pedro attrape mon visage puis m'embrasse langoureusement. C'était un baiser long, sensuel, passionné, tout ce que j'aimais. Et le pire ? c'est qu'il savait exactement ce qu'il faisait parce qu'il savait exactement ce que ça me faisait.
Lorsqu'il lâchait mes lèvres, il tenait encore mon visage entre ses mains. Plutôt que de le regarder, je baissais la tête mais Pedro relevait mon visage. Je plongeais finalement mes yeux dans les siens et j'y voyais beaucoup d'amour. C'est bizarre de dire ca mais c'est bien la première fois que je vois ça chez un homme.
- T'as rien ressenti ? demande Pedro.
- Tu sais très bien ce que j'ai ressenti. Mais je ne suis simplement pas prête...
- Alors j'attendrai.
- Non Pedro... tu peux pas m'attendre toute ta vie.
- Si, et je vais le faire.
Je fermais mes paupières doucement, un peu désespérée par la situation. Je n'arrivais pas à croire qu'il ressentait tout ça pour moi mais c'était en même temps tellement évident. Et si je ne l'ai pas recalé directement c'est qu'il y a une raison. Moi aussi j'ai franchis les limites depuis bien longtemps.
- Victoire, on peut pas arrêter ce qu'il se passe entre nous.
- Alors qu'est ce qu'on fait ?
Pedro haussait les épaules. Je savais ce qu'il voulait lui. C'était de se poser avec moi. Mais j'avais tellement souffert auparavant que je ne voulais pas que ça recommence.
- J'ai une vraie question à te poser Victoire.
- Dis moi.
- T'en es où avec Pablo ? répond moi honnêtement s'il te plaît.
- Nul part. C'est terminé et j'ai été clair là dessus.
- Il ne se passera plus jamais rien avec lui ?
Je répondais négativement de la tête et c'était la vérité. Pablo et moi c'est terminé, pour de bon. Il a eu des comportements que je n'accepte pas et je ne pourrai pas lui pardonner. Il va faire sa vie de son côté, tandis que je ferai la mienne de mon côté. Même si nous vivrons ensemble, nous ne serons pas obligé de nous adorer. La cordialité suffira, j'en suis certaine.
- Qu'est ce que tu veux Victoire ?
- Je ne voulais pas me prendre la tête avec toi...
- Alors continuons comme ça.
- C'est pas possible.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on a franchit nos limites Pedro. On va plus souffrir qu'autre chose.
- Pourquoi est ce qu'on souffrirait ?
- Parce que c'est comme ça que marche la vie...dis-je en sentant une larme coulée sur ma joue.
Pedro venait me prendre dans ses bras et caressait mon dos pour me consoler. J'avais peur et j'étais surtout perdue. Je sortais d'une relation avec Pablo, et je me retrouvais à coucher avec son meilleur ami, pour lequel j'ai des sentiments...
- Je sais que t'as peur, et que t'as aussi beaucoup souffert, mais je suis pas comme les autres.
- T'as quand même trompé ta meuf...
- Je sais et je regrette grave, mais t'es rentré dans ma vie aussi et... j'ai paniqué... dit-il en rigolant.
- C'est ma faute alors ? demandé-je en riant.
- Non, mais disons que t'as beauté a eu un effet sur ma personne.
- On peut pas Pedro...
- Je te laisserai du temps.
- Ca sera pas suffisant.
Je me détachais de son entreprise, prête à rejoindre ma chambre mais Pedro me rattraper par le bras et m'attirait contre lui.
J'étais désormais prisonnière de ses bras, et mes yeux étaient plantés dans les siens. En quelques secondes à peine, Pedro venait déposer ses lèvres sur les miennes. J'approfondissais finalement le baiser, jusqu'à ce que la porte s'ouvre... sur Pablo.
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