Notre amour pour seule limite...

By Oxym0ore

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« Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : mais l'amour infini me montera dans l'âme, et j'irai loin, bien l... More

Avant-propos
Chapitre un.
Chapitre deux.
Chapitre trois.
Chapitre quatre.
Chapitre cinq.
Chapitre six.
Chapitre sept.
Chapitre huit.
Chapitre neuf.
Chapitre dix.
Chapitre onze.
Chapitre douze.
Chapitre treize.
Chapitre quatorze.
Chapitre quinze.
Chapitre seize.
Chapitre dix-sept.
Chapitre dix-huit.
Chapitre dix-neuf.
Chapitre vingt.
Chapitre vingt et un.
Chapitre vingt-deux.
Chapitre vingt-trois.
Chapitre vingt-quatre.
Chapitre vingt-cinq.
Chapitre vingt-six.
Chapitre vingt-sept.
Chapitre vingt-huit.
Chapitre vingt-neuf.
Chapitre trente.
Chapitre trente et un.
Chapitre trente-deux.
Chapitre trente-trois.
Chapitre trente-quatre.
Chapitre trente-six.
Chapitre trente-sept.
Chapitre trente-huit.
Chapitre trente-neuf.
Chapitre quarante.
Chapitre quarante et un.

Chapitre trente-cinq.

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By Oxym0ore

(tw : agression, coups et blessures, sang, meurtre)

Juin 2011

— Eh Pinheiro, tu fais quoi ce soir ?

Maé leva les yeux pour regarder Jake. Il haussa les épaules avant de se pencher pour terminer de remettre ses chaussures. Ils sortaient de l'entraînement de basket, Maé était content. Le coach Witham lui avait dit que s'il continuait sur cette lancée, il avait de grandes chances de pouvoir devenir capitaine de l'équipe. C'était tout ce que Maé voulait... Cela lui permettrait peut-être d'intégrer la NBA et de s'en aller loin d'ici, de cette ville pourrie.

— J'voulais inviter quelques personnes chez moi pour passer une petite soirée tranquille. T'en es ?

— Pourquoi pas.

Le jeune homme se redressa. Au loin, il vit Elio Everlast sortir du lycée et se diriger vers l'arrêt de bus. Il le suivit des yeux quelques secondes.

— Dis, il te plaît Weasley ?

— Quoi ? Marmonna Maé en regardant Jake. Bien sûr que non !

— Je sais pas, t'es toujours à le fixer et t'as passé l'année à faire un scandale dès que quelqu'un s'asseyait près de lui à ta place.

Maé roula des yeux, sans quitter Elio du regard cependant. Ce dernier s'était assis pour attendre le bus et avait sorti un livre de son sac. Les rayons du soleil faisaient flamboyer ses cheveux roux.

— Il m'intrigue, c'est tout. Et puis il a la désagréable manie de me voler ma place de premier de la classe.

— Mouais. Moi j'le trouve bizarre.

Jake haussa les épaules et Maé détacha enfin ses yeux d'Elio. Il se tourna vers son ami mais n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit. Son portable sonna et Maé fronça les sourcils. C'était sa mère. Il s'éloigna de quelques pas avant de décrocher.

— Oui ?

— Maé...

Le jeune homme se figea. C'était la voix de son petit frère, Sam. Ce dernier chuchotait, Maé l'entendait presque trembler d'ici.

— Sammy ? Sammy, qu'est-ce qu'il y a ?

— C'est papa... Il s'est disputé avec maman. Il l'a cogné très fort, je... Elle bouge plus et après il... Il a voulu m'attraper mais je suis parti en courant, je...

— Sam eh, Sam, respire. Tu es où ?

— Dans un placard mais il va me trouver Maé, je l'entends crier, il va me trouver...

Maé sentit son cœur se serrer. Sam avait des sanglots dans la voix et, effectivement, en arrière-plan, il entendait son père hurler. Rien qu'au son de sa voix, Maé su que son paternel était hors de lui. C'était fréquent. Son père était colérique et violent. Il s'énervait pour un rien et distribuait des gifles à tour de bras. Le jeune homme ne comptait plus le nombre de fois où il s'était mangé un coup pour protéger Sam. C'était ainsi depuis toujours. Leur père les maintenait constamment dans une ambiance de terreur, pour être sûr d'avoir le contrôle. Cela marchait très bien sur sa mère et Sam. Moins sur lui. Maé n'avait pas peur de son géniteur. Il avait la haine. Il voulait le voir disparaître, brûler en enfer.

— Je vais arriver Sammy, d'accord ? Essaye de rester caché le plus longtemps possible, je vais...

Il entendit son petit frère hurler soudainement et la voix de son père, beaucoup plus distinctement.

— Te voilà enfin, espèce de sale petit merdeux !

— Lâche-moi, tu me fais mal ! LÂCHE-MOI !

C'était trop pour Maé. Il raccrocha et sans un mot pour Jake, il partit en courant. Il s'arrêta au parking de vélos, pour récupérer le sien. Il rêvait d'avoir une moto mais sa mère n'avait pas les moyens. Néanmoins, elle lui avait promis que si un jour une moto arrivait au garage, elle la retaperait pour le lui offrir. Maé enfourcha son vélo et se mit à pédaler à toute vitesse. Il n'habitait pas loin du lycée mais il savait bien que chaque seconde était importante... Sam avait dit que sa mère ne bougeait plus. Peut-être était-elle juste inconsciente, mais elle pouvait aussi être... Maé secoua la tête, pédalant plus vite. Sa mère était coriace, une guerrière. Il ne voulait pas croire que son père l'ait tué. Mais il allait le faire et tuer Sam aussi, si Maé n'arrivait pas très vite. Il vit sa maison au loin et accéléra encore. Arrivé dans son allée, il se jeta littéralement du vélo, ce dernier allant se planter dans les buissons. Maé courut et ouvrit la porte d'entrée à la volée. Sa mère gisait effectivement sur le sol, dans l'entrée.

— Mamã !

Maé se précipita vers elle. Il prit son pouls et fut soulagée de constater qu'elle respirait toujours. Il aurait voulu s'occuper plus d'elle mais les cris de Sam le firent se relever. Il déboula dans le salon et resta figé. Son père tenait Sam par la gorge, à bout de bras. Maé voyait les pieds de son petit frère battre l'air avec désespoir, alors qu'il suffoquait, incapable de respirer. Il saignait du nez, également.

LAISSE LE TRANQUILLE !

Il avait hurlé, se précipitant sur son père qu'il heurta de tout son poids. Ce dernier lâcha Sam, qui s'effondra sur le sol, secoué de sanglots. L'enfant recula, terrifié et alla se recroqueviller dans un coin. Maé lui, fit face à son géniteur. Ils se regardaient dans les yeux, aussi terrifiant l'un que l'autre. Maé était hors de lui. Que son père lui tape dessus était une chose. Mais qu'il s'en prenne à Sam... C'était hors de question. Et quand bien même, il ne supportait plus toute cette violence, cette peur constante, la pitié dans le regard des gens. Tout le monde savait mais personne n'agissait. Ils laissaient tous faire. Maé voulait que ça cesse, une bonne fois pour toute.

— Tu vas nous foutre la paix. Tu prends tes affaires et tu t'en vas, tu te casses d'ici, tu pars très loin et tu arrêtes de ruiner nos vies !

Il entendit son père rire.

— Tu essayes de me virer de ma propre maison, fils ?

— J'essaye de te laisser une chance de faire les choses biens, pour une fois.

Maé recula alors que son père avançait d'un pas dans sa direction. Il serra les poings alors que ce dernier l'attrapait par le col de son tee-shirt violemment. Son père était un homme grand et fort. Maé n'était pas aussi puissant.

— Ecoute-moi bien. On n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie. Je n'irais nulle part. Mais puisque ta mère et toi aimez jouer les rebelles, je vais vous donner une leçon dont vous vous souviendrez toute votre vie.

Maé sentit le poing de son père s'abattre sur son visage. Ses oreilles sifflèrent alors que son géniteur le jetait au sol.

— J'espère que tu as dit au revoir à ton petit frère, fils. J'en ai jamais voulu, de ce merdeux.

Le jeune homme voulu se redresser mais son père lui envoya un coup de pied dans l'estomac. Maé se plia en deux sous la douleur, en toussant. La vision trouble, il vit son père se rapprocher de Sam. Ce dernier tenta de s'échapper mais l'homme l'attrapa par les cheveux, pour le balancer violemment contre le mur. Sam cria de douleur et Maé sentit quelque chose disjoncter dans son cerveau. Il n'avait encore jamais ressenti ça mais une vague le traversa des pieds à la tête, lui donnant soudainement la force de se relever. Maé comprit, sans vraiment en être conscient pourtant, que c'était de la colère. Celle qu'il avait en lui depuis son enfance. La colère de voir sa mère se faire tabasser et abuser quotidiennement sans pouvoir la défendre. La colère de se prendre un coup pour la moindre contrariété. La colère de grandir dans la haine et la violence. De devoir faire comme si tout était normal en dehors de la maison. De croiser le regard des gens qui savent mais qui ne font rien. De supporter la pitié, les chuchotements sur son passage, les ragots de la ville. La colère. Destructrice. Sans réfléchir, Maé saisit la clef à molette qui traînait sur le buffet – sa mère avait encore ramené des bricoles du boulot.

— Je t'ai dit de le laisser tranquille !

Il se précipita de nouveau vers son père et lui asséna un violent coup de clef à molette en pleine mâchoire, alors que ce dernier tournait la tête vers lui. Son géniteur tituba, surpris de ce retournement de situation mais Maé ne lui laissait pas le temps de réagir. Il lui envoya son poing dans la figure, encore et encore, avant de le frapper de nouveau avec l'outil, partout où il pouvait l'atteindre, sans retenir sa force, sans faire attention. Plus rien n'avait d'importance, il savait que s'il n'arrêtait pas son père, Sam allait mourir. Et peut-être que sa mère et lui aussi...

C'EST LA DERNIERE FOIS QUE TU NOUS FAIS DU MAL !

Maé hurlait, pleurait en même temps, le visage transformé par la haine et la fureur. Il poussa son père, qui tituba, sa tête heurtant le coin d'un meuble. Mais Maé n'y fit pas attention. Il se jeta sur son père, abattant la clef à molette sur son visage.

— La dernière fois ! Répéta-t-il.

Un nouveau coup de clef à molette.

— La dernière fois !

Encore un. Puis un autre. Toujours plus vite, plus violement. Il voyait, il sentait le sang l'éclabousser mais il n'était plus capable de s'arrêter. Il hurlait, il vomissait, son enfance brisée, son adolescence fracassée. Sa vie traumatisée.

— Tu. Ne. Nous. Feras. Plus. Jamais. De. Mal. Jamais, jamais, JAMAIS !!

Maé ne contrôlait plus rien. Ni son corps, ni sa force, ni ses sanglots. Ses larmes se mélangeaient au sang sur son visage mais il continuait de frapper, frénétiquement, hors de lui, hors de contrôle. Il ne ressentait plus rien que sa colère et cette envie de protéger sa mère et son frère, que tout s'arrête, enfin.

— Maé ! Maé, chéri, arrêtes, c'est fini ! C'est fini !

Le jeune homme sentit qu'on le tirait en arrière. C'était sa mère, qui avait repris connaissance. Elle l'arracha de son père et saisit le visage de son fils entre ses mains.

— C'est fini Maé.

Maé mit quelques secondes à comprendre, à réaliser. Lentement, il se détacha de l'emprise de sa mère et tourna la tête vers son père. Ou ce qu'il en restait. Son corps gisait par terre, son visage littéralement explosé, méconnaissable. Ce n'était plus qu'une bouillie immonde, de chair, de sang et d'os. Maé se mit à trembler des pieds à la tête. Il lâcha la clef à molette, qui tomba au sol dans un bruit sourd. Le jeune homme tendit les mains devant lui. Elles étaient couvertes de sang. Ses tremblements s'intensifièrent alors qu'horrifié, il regardait de nouveau le corps de son paternel.

— Non. Non, non... J'ai pas... C'était...

Maé recula, terrifié. Il heurta le mur derrière lui, se laissa glisser le long de ce dernier, jusqu'à toucher le sol. Il regarda de nouveau ses mains, traumatisé. Son père était mort. Il venait de le tuer. Il avait commis un crime. Il était un meurtrier... Il venait d'assassiner son propre père, sans hésiter, sans réfléchir. Maé secoua la tête, de manière convulsive.

— Je voulais pas, je voulais pas... Je voulais juste qu'il arrête de nous faire du mal...

Il suffoquait. Les mots ne sortaient plus, il sentait la terreur, le dégoût, la culpabilité l'envahir. Il avait tué quelqu'un. Il avait tué son père. Maé se pencha soudainement pour vomir. Il toussa en même temps, s'étouffant avec tout ce qu'il ressentait. Il n'était pas quelqu'un de bien. Il était un monstre, il avait tué... Et il savait que si c'était à refaire, il referait pareil. Rien n'aurait pu l'empêcher de commettre cet acte. La colère avait été plus forte.

— Mon bébé, mon chéri...

Maé sentit sa mère lui caresser les cheveux. Il s'agrippa à elle, éclatant en sanglots dans ses bras.

— P..Pardon mamã. Je voulais pas, je suis désolé...

— Chut, chut mon ange.

Sa mère embrassa tendrement son crâne, le berçant contre elle.

— C'était lui ou nous. Tu nous as sauvés la vie, Maé. Il nous aurait tous tué.

De son autre bras, elle attira Sam et serra ses deux fils contre elle, les larmes aux yeux. Elle s'en voulait de ne pas avoir pu mieux protéger ses enfants. Maé n'aurait jamais dû se retrouver obligé de commettre l'impensable... Elle avait si souvent pensé à étouffer son mari dans son sommeil, à l'empoisonner, le faire disparaître... Elle n'en avait jamais eu le courage. Et désormais, c'était Maé qui allait devoir vivre avec ce poids toute sa vie.

— On va se débarrasser de lui. On dira qu'il est parti, qu'il nous a abandonné... Personne ne sera étonné, il est déjà parti plusieurs fois... Cette fois, il ne reviendra pas, c'est tout. 

Maé continuait de sangloter, contre sa mère. Son père allait disparaître mais ce qu'il venait de faire, ça ne s'en irait jamais. Maé le savait. Il avait tué quelqu'un... Cela avait fissuré son âme. Il le sentait. Il ne serait plus jamais le même, maintenant. 


____________________________________________

Bonsoir, bonsoir ! 
Comment allez-vous en ce début de week-end ? Perso, comme annoncé dans la journée, je pars en week-end dans 30 minutes donc je vous publie le chapitre plus tôt que d'ordinaire ! Mais j'aurais toujours mon téléphone pour répondre à vos commentaires parce que... 

ENFIN ! Le chapitre que vous attendiez tous depuis le début. 
Le fameux secret de Maé. Pourquoi est-il si persuadé d'être quelqu'un de mauvais, pourquoi a-t-il tant peur de se mettre en colère et de perdre le contrôle... Certains s'en sont doutés, d'autres ont eu des théories qui s'approchaient de la vérité. 

Maé a effectivement tué son père, dans un accès de rage, en voulant protéger sa mère et son frère. 
Il a quitté Elio pour cela, ne voulant pas que ce dernier vive avec un homme violent (drôle d'ironie quand on voit avec qui Elio a terminé...). Maé n'a toujours voulu que ça : protéger. Sa famille. Elio. Il en a pris parfois des mauvaises décisions mais c'était toujours avec cette volonté très prononcée de protéger.

C'est, encore une fois, ce qui me fait dire que Maé est profondément humain. Imparfaitement mais profondément. Il a commis des choses irréparables, des erreurs et des faux pas mais il n'est absolument pas une mauvaise personne. 

J'espère que ce chapitre vous aura plu !

N'hésitez pas à me laisser un commentaire ou un vote ! <3

Coeur sur vous, 

Oxy. 

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