Notre amour pour seule limite...

By Oxym0ore

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« Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : mais l'amour infini me montera dans l'âme, et j'irai loin, bien l... More

Avant-propos
Chapitre un.
Chapitre deux.
Chapitre trois.
Chapitre quatre.
Chapitre cinq.
Chapitre six.
Chapitre sept.
Chapitre huit.
Chapitre dix.
Chapitre onze.
Chapitre douze.
Chapitre treize.
Chapitre quatorze.
Chapitre quinze.
Chapitre seize.
Chapitre dix-sept.
Chapitre dix-huit.
Chapitre dix-neuf.
Chapitre vingt.
Chapitre vingt et un.
Chapitre vingt-deux.
Chapitre vingt-trois.
Chapitre vingt-quatre.
Chapitre vingt-cinq.
Chapitre vingt-six.
Chapitre vingt-sept.
Chapitre vingt-huit.
Chapitre vingt-neuf.
Chapitre trente.
Chapitre trente et un.
Chapitre trente-deux.
Chapitre trente-trois.
Chapitre trente-quatre.
Chapitre trente-cinq.
Chapitre trente-six.
Chapitre trente-sept.
Chapitre trente-huit.
Chapitre trente-neuf.
Chapitre quarante.
Chapitre quarante et un.

Chapitre neuf.

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By Oxym0ore

(tw : TCA)

Décembre 2012

Elio ramassa sa bouteille d'eau pour boire une grande gorgée d'eau. Les entraînements de l'équipe de basket étaient toujours très intenses... Il avait beau être un minimum sportif, il ne l'était pas tant que ça. Néanmoins, il se sentait plutôt fier de tenir le rythme. Il se passa une main dans les cheveux, grimaçant en sentant qu'il transpirait. Son regard se promena sur le gymnase, où quelques membres de l'équipe – dont Maé et Jake – étaient en train de se faire des passes pour s'amuser.

— Ca va p'tit gars ? T'es tout pâle.

Le rouquin hocha la tête, en souriant au coach pour le rassurer. Il devait admettre que la tête lui tournait légèrement et qu'il voyait flou. Il n'avait pas déjeuné ce midi, il avait juste avalé quelques grains de raisin et un bout de pain sur les coups de 14 heures, son seul « repas » de la journée. Il était actuellement 18 heures.

— Ca va coach, j'ai juste...

Elio s'interrompit, parce que le gymnase s'était soudain mis à tourner. Il se pinça l'arête du nez.

— Elio !

Maé lança son ballon à Jake pour se précipiter vers Elio, qui était en train de tomber. Il arriva juste à temps, réceptionnant le jeune Everlast entre ses bras avant que ce dernier ne s'effondre. Maé s'agenouilla, gardant Elio contre lui. Ce dernier rouvrit les yeux. Il voulu se redresser mais son rival l'en empêcha.

— Restes tranquille cinq secondes.

Maé tourna la tête vers le coach.

— Vous pouvez m'amener un truc à manger coach ? Ou une boisson sucrée.

— Mais ça va... Protesta faiblement Elio.

— Non ça va pas Everlast. J'connais bien ce genre de malaise, ma mère fait les mêmes.

Le jeune Pinheiro jeta un regard autoritaire à ses autres coéquipiers, pour les obliger à retourner vaquer à leurs occupations sur le terrain. Elio n'avait pas besoin d'être observé comme une bête de foire, il avait besoin de sucre et d'air. Maé reposa les yeux sur ce dernier, d'ailleurs.

— T'as mangé ce midi ?

— Vite fait, oui.

Maé fronça les sourcils. La réponse ne lui convenait pas vraiment, d'autant plus qu'il voyait bien qu'Elio fuyait son regard. Le coach revint, avec une canette de coca et un paquet de gâteaux. Maé le remercia du regard. Il aida Elio à se relever mais garda un bras autour de sa taille pour le soutenir.

— On peut aller prendre l'air coach ? Ça lui fera du bien.

— Officiellement, l'entraînement est terminé fiston, donc oui. S'il y a un problème, tu m'appelles.

— Vous en faites pas coach. J'ai dit, ma mère fait souvent des malaises du genre, je gère.

Le coach Witham hocha la tête et laissa les deux jeunes s'éloigner. Maé guida Elio jusqu'à l'extérieur. Ils allèrent s'asseoir sur un carré d'herbe, à l'ombre d'un arbre. Elio s'adossa au tronc et inspira légèrement.

— C'est gentil Maé mais ça va, je...

— Tiens. Bois un peu.

Maé l'interrompit, lui tendant la canette de coca. Elio se pinça les lèvres. Il saisit la boisson, les mains encore tremblantes mais ne l'ouvrit pas de suite.

— Je ne bois pas vraiment de boissons sucrées... Murmura-t-il.

— Ouais mais là, tu viens de t'effondrer en plein milieu d'une séance d'entraînement donc crois-moi que tu bougeras pas d'ici tant que t'auras pas repris un peu de forces.

Elio comprit que négocier ne servirait à rien. Il ouvrit la canette et en but une gorgée. Cela faisait un moment qu'il avait arrêté le coca alors qu'il adorait ça de base... En boire à nouveau lui fit une drôle de sensation. Il en reprit une petite gorgée.

— Et donc... Demanda Maé d'un air désinvolte. Ca veut dire quoi exactement « vite fait » quand tu me dis que tu as déjeuné ce midi ?

De nouveau, il vit Elio détourner les yeux. Maé avait déjà remarqué que son camarade mangeait peu, il avait mis ça sur le compte de son métabolisme mais désormais, il commençait à se demander s'il n'y avait pas autre chose. Quelque chose de plus inquiétant, de plus dangereux pour Elio et sa santé.

— J'avais pas très faim, c'est tout.

— Elio...

Le rouquin reposa les yeux sur Maé en entendant son ton mi agacé, mi attendri. Il soupira. Maé était son seul ami, il n'avait pas envie de lui mentir.

— J'ai mangé quelques grains de raisin et un bout de pain.

— De toute la journée !? S'exclama Maé, effaré.

Elio haussa les épaules.

— Je fais juste attention à mon poids.

— Mais Elio, t'es hyper mince !

Maé le regarda, réellement inquiet cette fois. Il commençait à comprendre qu'Elio n'avait pas un appétit d'oiseau... Il se privait volontairement de manger. Le jeune Pinheiro ouvrit le paquet de gâteaux que lui avait donné le coach – des cookies – et en tendit un à Elio. Ce dernier secoua la tête.

— Non merci.

— Elio, c'est pas un cookie qui va te faire prendre du poids. T'as besoin de manger, t'es encore plus pâle que d'habitude et même assis, je te vois vaciller.

Elio tendit une main hésitante pour saisir le cookie. Il le regarda, peu décidé à le manger. C'était plus fort que lui. Hier, il avait beaucoup trop mangé, trois repas dans la journée et il s'était relevé dans la nuit pour grignoter... Il s'était donc dit qu'aujourd'hui, il ne mangerait rien, pour compenser ses excès.

— Ok. Souffla Maé. On va faire un jeu. Pour chaque bouchée de ce cookie que tu prends, je t'avoue un truc sur moi que personne ne sait.

— Et tu penses que ça va me convaincre de manger ton gâteau ?

Maé se contenta d'un vague haussement d'épaule, avec un petit sourire. Elio le fixa quelques secondes puis, dans un soupir agacé, croqua un bout du cookie. Il devait admettre que ça l'intéressait assez de voir Maé se dévoiler. Le sourire de ce dernier s'élargit.

— Si j'ai une meilleure moyenne que toi sur notre option portugais, c'est parce que je le parle couramment.

— Sérieusement ?! Mais tu aurais dû me le dire, ça m'aurait évité de m'arracher les cheveux à chaque contrôle.

— Ma mère est brésilienne, c'est sa langue maternelle. Ca, tout le monde le sait mais j'ai jamais dit à personne que je le parle aussi bien que l'anglais.

Elio hocha la tête. C'était un détail mais il était content de savoir ça sur Maé. Il savait que son rival était d'origine brésilienne, Maé ne le cachait pas, il en était même fier mais il est vrai qu'Elio ne l'avait jamais entendu parler portugais, à part en cours. Après une légère hésitation, il reprit un bout de cookie. Il vit Maé réfléchir quelques instants.

— Mon p'tit frère Sam... C'est l'amour de ma vie. Quand je parle de lui, je fais souvent comme si j'm'en foutais mais je pourrais tuer pour lui. Tout ce que je fais, j'le fais pour lui. L'équipe de basket, les bonnes notes à l'école... J'veux lui montrer que tout est possible, qu'il n'a pas à se cantonner à une seule case.

Le regard de Maé se perdit dans le vague l'espace d'une seconde, comme si un nuage passait soudainement sur sa bonne humeur. Il se reprit bien vite cependant, retrouvant son sourire. Elio inclina la tête.

— J'aurais bien voulu avoir un frère ou une sœur... Souffla-t-il. Mais je crois que mes parents ont été tellement déçus par moi qu'ils n'ont pas voulu prendre le risque d'avoir une nouvelle déception.

— T'exagère...

— Non, je te jure. Rien n'est jamais assez bien pour eux. Regarde, sur nos deux dernières années de lycée, j'ai terminé premier quatre trimestres sur six... Aujourd'hui encore, ils ne me parlent que de ces deux trimestres où tu m'as battu.

Maé resta silencieux. Il se rendait soudain compte de la pression que devait subir Elio depuis qu'il était jeune... Ce n'était même pas étonnant, au final, qu'il soit constamment si angoissé et anxieux s'il avait grandi dans l'idée d'être une déception constante. Sans rien ajouter de plus, le jeune Pinheiro se contenta de légèrement serrer l'épaule de son ami dans un geste de réconfort. Elio lui fit un léger sourire, avant de terminer son cookie. Maé pouffa de rire.

— Je savais que t'avais envie de connaître tous mes secrets !

Elio lui fit une grimace que Maé jugea adorable. Il se mordilla les lèvres, sachant très bien que ce qu'il allait dire allait déstabiliser son camarade.

— Dès la première seconde où j'ai posé les yeux sur toi, j'ai été attiré.

— Que...Quoi ?

Comme Maé s'en doutait, Elio bafouilla, ses joues rougissants légèrement. Le jeune Pinheiro eut un sourire.

— T'étais assis sur ce banc là-bas et tu lisais « Les Hauts de Hurlevent ». Je m'en souviens parce que ça m'a étonné de voir un autre mec de mon âge lire ce bouquin. Et t'avais ce petit air absent que tu as toujours, qui te rend presque irréel. C'était le quatre septembre, le jour de mon anniversaire. Et y'avait ce rayon de soleil qui te tombait pile dessus, faisant flamboyer tes cheveux roux... Je me souviens que je t'ai vu et je me suis demandé comme un être humain comme toi pouvait exister.

Elio ne répondit rien. Il sentait son cœur tambouriner. Il n'aurait jamais pu dire à quel point les mots de Maé le touchaient.

— Et quand j'ai vu cette espèce de compétition s'installer entre nous, je t'ai trouvé encore plus intéressant. Pendant deux ans, j'ai essayé d'attirer ton attention mais j'ai jamais réussi... Jusqu'à cette année. Tu m'as souris pour la première fois et j'me suis dit que je laisserai pas le lycée se terminer sans devenir ton ami.

Maé s'arrêta de parler. Il voyait bien qu'Elio était touché. Le rouquin se passa une main dans les cheveux, cherchant ce qu'il pourrait bien répondre à tout ça. Pour la première fois, il se rendait compte qu'il n'était pas invisible. Que quelqu'un l'avait remarqué, l'avait vu, lui, au milieu de la foule. Que quelqu'un l'avait trouvé intéressant, suffisamment pour vouloir le connaître. C'était un beau pied de nez à son anxiété, elle qui lui faisait constamment croire qu'il ne valait rien, que personne ne voulait de lui.

— Tu... Ce n'est peut-être rien pour toi mais ce que tu viens de dire est vraiment très important pour moi. Tu es... La première personne à me voir. Me voir réellement. A me donner l'impression que j'existe, que je ne suis pas transparent. Alors merci pour ça...

— Un jour, tu te verras comme je te vois Elio. Et ce jour-là, tu prendras conscience d'à quel point tu vaux bien plus que ce que tu penses.

Elio sourit légèrement. Il se rendait compte d'à quel point Maé l'apaisait. Lui qui avait vécu jusqu'ici sans amis se sentait soulagé, aujourd'hui, d'avoir au moins une personne qui avait l'air de réellement tenir à lui.

— Tu te sens mieux ?

— Oui.

Maé se releva. Il tendit la main à Elio et ce dernier s'en saisit pour se relever. Le jeune Pinheiro ne le relâcha pas de suite, son pouce caressant doucement la peau de son camarade.

— Promets-moi que tu vas faire attention à toi... J'connais ce genre de malaise mais t'imagines même pas comme j'ai eu super peur en te voyant tomber...

Elio se mordit l'intérieur des joues. Il n'avait vraiment pas l'habitude qu'on fasse attention à lui de cette façon.

— Promis.

Maé sourit et le lâcha enfin. Ils retournèrent en direction du gymnase, Elio s'autorisant même à prendre un deuxième cookie. C'est en croquant dedans qu'il se fit la réflexion que la présence de Maé lui faisait vraiment du bien.

**

— Vous allez quelque part ?

Elio regarda ses parents, un peu désemparé. Il venait de rentrer du lycée pour les trouver dans le salon, en train de se préparer à s'en aller, de toute évidence.

— Oui, on a un séminaire jusqu'à la fin de la semaine à Los Angeles avec ton père. Ça commence demain matin.

— Mais... C'est mon anniversaire...

Le rouquin vit sa mère se stopper net dans la vérification du contenu de son sac à main. Ils n'avaient pas beaucoup de traditions familiales, les parents Everlast faisant très peu attention à leur fils mais depuis qu'il était enfant, Elio avait toujours été habitué à ce que le soir de son anniversaire, ses parents l'emmènent au restaurant. C'était le seul moment où ils ressemblaient vraiment à une famille, le seul instant que le jeune homme attendait avec impatience chaque année... Et au final, cette fois, ses parents avaient oublié. Elio aurait dû s'en douter. Ce matin, ils étaient partis travailler sans le lui souhaiter et il n'avait reçu aucun message de la journée alors que normalement, ils finissaient toujours par y penser.

— Ecoute Elio, tu es grand maintenant. Ce n'est pas si grave.

Elio ne répondit pas. Il aurait beau dire n'importe quoi, cela ne changerait rien. Ses parents auraient très bien pu partir demain matin très tôt, mais s'ils avaient décidé de s'en aller ce soir, ils s'en iraient ce soir, Elio le savait.

— Non tu as raison. Ce n'est pas grave.

— Les courses sont faites, le frigo est plein, tu...

— Je connais vos numéros pour vous appeler en cas d'urgence et je pense bien à enclencher l'alarme quand je pars de la maison et quand je vais me coucher. Je sais maman.

Le rouquin n'insista pas plus et monta dans sa chambre. Il connaissait tout cela par cœur... Ses parents s'absentaient souvent pour le travail. Elio passait littéralement la moitié de son temps tout seul. Il était habitué. Il ferma la porte de sa chambre et se laissa tomber sur son lit, fixant le plafond. Il perdit un peu la notion du temps et se redressa en entendant la porte claquer et la voiture de ses parents démarrer. Ils étaient partis sans même lui dire au revoir. Et toujours sans lui souhaiter son anniversaire. Elio ignora le pincement qu'il avait au cœur, même s'il devait admettre avoir une furieuse envie de pleurer. Dans un soupir, il se releva. Il n'avait pas envie de rester là, seul. Ramassant son téléphone et ses clefs, qu'il fourra dans sa poche, il sortit de sa chambre puis de la maison – après avoir enclenché l'alarme. Il était bientôt vingt heures mais la nuit n'avait jamais gêné Elio. Il adorait sortir en pleine nuit. N'ayant pas de voiture, il se mit à marcher sans grande conviction. Bien que sa maison soit un peu excentrée, il arriva rapidement à la ville. Repérant une boulangerie encore ouverte, spécialisée dans les pâtisseries françaises, il y entra pour s'acheter quelque chose. Qu'il ait au moins l'impression d'avoir un semblant de gâteau d'anniversaire. Après avoir jeté son dévolu sur une religieuse au chocolat – tout en sachant qu'il ne la mangerait pas entièrement – il paya et sortit de la boutique, son gâteau emballé dans un petit carton. Il se remit à marcher, s'éloignant de nouveau de la ville. Il savait très bien où il voulait aller... A quelques minutes de marche, environ vingt, il y avait un petit lac. Elio s'y rendait souvent le soir, la nuit. Il n'y avait presque jamais personne et cela l'apaisait. En y arrivant, cependant, il grimaça en constatant qu'une voiture était garée au bord de l'eau. Il fronça les sourcils, remarquant que le conducteur était assis sur le capot du véhicule et surtout, il se rendit compte qu'il le connaissait. Il s'approcha un peu plus.

— Maé ? Lança-t-il, hésitant.

Il vit son camarade, car c'était bien lui, tourner la tête. Aussitôt, un sourire se dessina sur son visage.

— Salut Everlast !

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?

— J'avais envie de prendre un peu l'air et en cherchant sur internet, j'ai vu que y'avait ce lac... Je savais même pas que y'avait un lac pas loin de chez nous.

Maé se décala un peu sur son capot pour faire signe à Elio de le rejoindre. Ce dernier eut un instant d'hésitation puis vint rejoindre son rival, s'asseyant à ses côtés.

— Et toi, tu fais quoi ici ? Et c'est quoi ce carton ?

— Oh euh... C'est une pâtisserie. C'est euh... C'est mon anniversaire. Murmura Elio en baissant la tête. Normalement je vais au restau avec mes parents ce soir-là mais faut croire que cette année non, puisqu'ils sont partis pour le boulot et qu'ils me l'ont pas souhaité. Alors je me suis dit que quitte à être seul, autant avoir un semblant de gâteau et venir le manger dans un lieu sympa.

— Tu peux pas avoir un gâteau d'anniversaire sans bougie ! Attends...

Maé descendit du capot pour ouvrir la voiture du côté passager. Il fouilla rapidement dans la boîte à gants puis revint vers Elio avec un grand sourire. Il lui prit le carton des mains, pour l'ouvrir et alla planter une bougie sur le dessus de la religieuse au chocolat.

— Mais pourquoi tu as des bougies dans ta voiture ?

— C'est la bagnole de ma mère. Tu serais surpris de tout ce qu'elle a dans sa boîte à gants.

Sans cesser de sourire, Maé alluma la bougie.

— Allez souffle Everlast.

Elio eut un léger rire. Ce n'était qu'une pâtisserie, avec une vieille bougie biscornue dessus mais il se fit la réflexion que ce moment était parfait. Doucement, il souffla sur la flamme pour l'éteindre.

— Joyeux anniversaire. Souffla Maé dans un murmure.

Il était venu au bord de ce lac pour être tranquille mais la présence d'Elio ne le dérangeait pas. Bien au contraire. Le rouquin retira la bougie puis divisa la religieuse au chocolat en deux. Il tendit le plus gros chou à Maé.

—Tiens. Je ne vais pas le manger seul alors que t'es là.

— C'est toi qui devrais avoir la plus grosse part...

— Je ne la mangerai pas en entier.

Ils se regardèrent quelques secondes. Depuis qu'Elio avait fait son malaise au gymnase, deux semaines auparavant, Maé avait bien compris que ce dernier avait une relation compliquée avec la nourriture. Néanmoins, pour ce soir, il n'avait pas envie d'insister. A vrai dire, il se doutait que rien que le fait de manger un chou fourré à la crème pâtissière – même le plus petit – était déjà une petite victoire pour Elio. Aussi saisit-il la part que son camarade lui tendait. Ils mangèrent la pâtisserie en discutant de tout et de rien, jusqu'à ce qu'Elio se mette à rire, soudainement.

— Tu t'en ai mis sur le nez.

Maé était debout devant le capot de la voiture. Elio se laissa glisser sur le sol, entre Maé et le véhicule et il alla doucement essuyer la crème que son rival s'était mis sur le nez. Ce dernier eut un sourire.

— J'ai jamais su manger proprement.

— Je vois ça.

— Si j'avais su que c'était ton anniversaire, je t'aurais fait un cadeau.

Elio haussa les épaules.

— Ce n'est pas obligé. Mes parents ne m'en font jamais, tu sais.

— Je vais m'abstenir de dire ce que je pense de tes parents actuellement... Personne ne devrait passer un anniversaire sans cadeaux. Ou seul.

— Je ne suis pas seul. Tu es là, toi.

Maé inclina la tête, son regard accrochant celui d'Elio. Ils étaient près, très près l'un de l'autre et Maé n'avait pas envie de lutter ce soir. Lentement, il saisit le visage du rouquin entre ses mains, se rapprochant encore de lui.

— Et finalement, j'ai peut-être un cadeau pour toi... Chuchota-t-il.

Elio n'eut pas le temps de répondre que les lèvres de Maé se posèrent sur les siennes. Il resta figé, de surprise, quelques secondes. C'était la première fois que quelqu'un l'embrassait. Il ne savait même pas comment il était censé réagir, ce qu'il devait faire, s'il devait bouger les lèvres, poser ses mains sur Maé, incliner la tête, ... Elio décida de cesser de réfléchir, pour une fois. Il ferma les yeux et laissa son instinct prendre le dessus, répondant au baiser de Maé, ses bras allant se nouer autour du cou de ce dernier. Le jeune Pinheiro le souleva du sol pour le faire s'asseoir sur le capot de la voiture, se glissant entre ses jambes, sans cesser de l'embrasser. Elio finit par rompre le baiser, à bout de souffle. Il fixa Maé.

— Je croyais que c'était une limite à ne pas franchir...

Maé eut un petit sourire, frottant son nez à celui d'Elio avec délicatesse.

— Je sais... J'veux pas te mettre mal à l'aise, on devrait p't'être...

— Tais-toi.

Maé haussa les sourcils, surpris de la soudaine autorité d'Elio. Il fut encore plus surpris quand ce dernier vint capturer ses lèvres pour un nouveau baiser. Elio ne savait pas vraiment ce qu'il faisait mais il savait une chose : embrasser Maé lui donnait l'impression d'être pleinement vivant. Il avait adoré sentir sa bouche contre la sienne, les mains de Maé le serrer, son corps se coller au sien... Il n'avait pas envie que ça s'arrête, pas de suite. Il sentit son camarade réceptif, puisque la langue de Maé se mêla la sienne, quelques secondes. Finalement, le jeune Pinheiro stoppa le baiser pour aller embrasser le cou d'Elio. Ce dernier inclina la tête, un soupir s'échappant de ses lèvres. Il frissonna, Maé continuant de déposer des baisers sur sa peau, promenant sa langue sur cette dernière, lui arrachant des frissons. C'était une sensation qu'il n'avait jamais connu encore mais il ne pouvait nier que c'était très agréable. Il ferma les yeux quelques secondes. Maé lui mordilla légèrement le cou.

— Maé...

Elio avait laissé échapper son prénom, dans un souffle. Il entendit son camarade rire légèrement et relever la tête pour déposer un baiser sur ses lèvres.

— On va se calmer un peu. Souffla Maé.

Pour autant, il revint embrasser Elio, avec beaucoup plus de fougue et d'envie. Il sentit une des mains du rouquin se glisser sur sa nuque, l'agrippant fermement. Maé rompit le baiser, le souffle court. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait fait l'amour à Elio sur le champ, ici-même, contre ce capot de voiture. Mais il n'avait pas envie que ça se passe ainsi. Elio méritait bien mieux que ça et surtout, Maé était à peu près sûr que son ami était encore vierge, contrairement à lui. Il alla doucement caresser son visage.

— Je pourrais t'embrasser comme ça toute la nuit...

Il vit Elio se mordre les lèvres et rougir. De toute évidence, l'idée ne lui était pas déplaisante.

— Mais j'crois que tu te rends pas compte de l'effet que tu me fais... Et j'crois pas que tu sois prêt pour aller plus loin. Alors on va se calmer mais j'veux que tu saches que c'est pas parce que j'ai pas envie de t'embrasser encore. C'est justement parce que j'ai un peu trop envie de toi.

Elio se sentit touché, malgré lui. Il voyait bien que Maé voulait le rassurer et il trouvait ça adorable. Il sourit légèrement, allant doucement jouer avec une des boucles du jeune homme.

— Si tu restes si près de moi, je ne suis pas certain de rester calme.

Maé pouffa de rire.

— Moi non plus...

Comme pour illustrer son propos, il déposa plusieurs baisers sur les lèvres du rouquin. Ce dernier rit légèrement, plissant le nez.

— Tu es infernal, Pinheiro.

— Et toi, t'es bien trop beau pour que je résiste. Rétorqua Maé.

Il ne laissa pas le temps à Elio de répliquer. Il l'embrassa de plus belle, un long baiser plein de fougue et de tendresse, avant de finalement réussir à se détacher de lui, reculant de quelques pas.

— Bon allez. On va pas abuser de ton cadeau d'anniversaire.

— Je crois qu'on a déjà abusé...

Maé ne pouvait pas dire le contraire. Malgré la nuit, il voyait à la lueur de la lune que dans sa fougue, il avait fait un suçon dans le cou d'Elio. Il sentait déjà que ce dernier allait le tuer quand il s'en rendrait compte. C'est pourquoi il se mordit les lèvres, un peu amusé cependant.

— Je pense que tu vas devoir porter des cols roulés ou des écharpes quelques jours.

— Quoi ? Pourquoi ? Tu...

Elio porta machinalement une main à son cou et il vit Maé hocher la tête, un air contrit au visage. Le rouquin comprit immédiatement. Il était inexpérimenté mais pas bête.

— Oh mais Maé !

— C'est pas ma faute ! Se justifia ce dernier, en levant les mains.

— Ah parce que c'est la mienne ?

Maé éclata de rire face à l'air outré du rouquin. Il se rapprocha de nouveau de lui, lui tapotant le nez du bout de son index, en souriant.

— Je t'ai dit que tu me faisais de l'effet.

Elio marmonna dans sa barbe mais un sourire éclaira son visage. Il avait beau râler, il s'en fichait bien dans le fond. Porter des cols roulés pendant quelques jours ne le gênait pas. Rien ne pourrait gâcher cette soirée, de toute façon... C'était très certainement le meilleur anniversaire de sa vie.

_________________________________________

Bonsoir, bonsoir !

 Voici le chapitre 9 ! (déjà !). On en apprends un peu plus, que ce soit sur Maé ou sur Elio. Vous aurez compris que Maé est attiré par Elio depuis leur toute première année de lycée... On creuse également un peu plus les troubles du comportement alimentaire d'Elio qui, vous le verrez, occupent une immense place dans sa vie. On effleure à peine le sujet, pour l'instant. 

Concernant les parents d'Elio... Bon bah ils sont ce qu'ils sont. Et ils n'iront pas vraiment en s'améliorant. :') 

J'espère que le chapitre vous aura plu ! 

N'hésitez pas à commenter. :)

Coeur sur vous, 

Oxy. 

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