La flamme de la Salamandre

Av Chloe_m0726

39.1K 5.4K 8.7K

France. 1519. " Ils m'ont retrouvée, Léonard. Même après toutes ces années. Prends soin de ma fille, je t'en... Mer

Instant Pub
Casting + Trailer
Prologue : Par une nuit d'orage ...
Chapitre 1 : Voler de ses propres ailes
Chapitre 2 : Un ancien secret
Chapitre 3 : Le retour d'une amie
Chapitre 4 : Sous les yeux du roi de France
Chapitre 5 : Des questions sans réponses
Chapitre 6 : Le grand maître
Chapitre 7 : "Je veille sur vous"
Chapitre 8 : La Dame à l'hermine
Chapitre 9 : L'affaire du Clos Lucé
Chapitre 10 : Tel est pris qui croyait prendre
Chapitre 11 : Un mal soudain
Chapitre 12 : Premier entraînement
Chapitre 13 : Le soutien d'une amie
Chapitre 14 : "Padre !"
Chapitre 15 : "Tuez-la !"
Chapitre 16 : Ne reste que des cendres
Chapitre 17 : Un cœur meurtri
Chapitre 18 : Chagrin et colère
Chapitre 19 : La lignée sacrée
Chapitre 20 : Chasser ou être chassée
Chapitre 21 : La cour des Miracles
Chapitre 22 : À qui faire confiance ?
Chapitre 23 : Jouer cartes sur table
Chapitre 24 : "La victoire n'en sera que plus satisfaisante"
Chapitre 25 : L'attaque de Blois
Chapitre 26 : Advienne que pourra
Chapitre 27 : Le cri d'une mère
Chapitre 28 : Pour un verre de vin italien
Chapitre 29 : Un prix trop élevé
Chapitre 30 : La renaissance d'une lignée
Chapitre 31 : Le serment du fer
Chapitre 32 : Les célébrations de Noël
Chapitre 33 : La complexe machinerie de l'amour
Chapitre 34 : La cité éternelle
Chapitre 35 : La légende du Graal
Chapitre 36 : Désir inassouvi
Chapitre 37 : Que le masque tombe
Chapitre 38 : Cruelle révélation
Chapitre 39 : L'amour d'un roi
Chapitre 40 : Traîtrise
Chapitre 41 : Une déesse dévorée par les flammes
Chapitre 42 : Un nouveau prétendant ?
Chapitre 44 : Mise en garde
Chapitre 45 : Une bataille acharnée
Chapitre 46 : "Quelqu'un a déjà caché un corps ?"
Chapitre 47 : Pour le meilleur et pour le pire
Chapitre 48 : Allié ou ennemi ?
Chapitre 49 : Signer un pacte avec le Diable
Chapitre 50 : Dans l'antre de Sang Bleu
Chapitre 51 : Traverser l'Enfer
Chapitre 52 : "Tuez-les jusqu'aux derniers !"
Chapitre 53 : Tout homme est-il pardonnable ?
Chapitre 54 : Demande en mariage
Chapitre 55 : Au nom de l'amour
Chapitre 56 : La folie d'un homme
Chapitre 57 : "Tout est fini"
Chapitre 58 : Souvenir du passé
Épilogue : Seul l'amour est plus fort que la mort
Ce qu'ils sont devenus
Remerciements + Sondage
Bonus 1 : La fille de sa mère
Bonus 2 : Cesare Borgia
Bonus 3 : Le camp du Drap d'Or
Bonus 4 : L'orgueil d'un génie
Bonus 5 : Et si Éléonore et François avaient eu un enfant

Chapitre 43 : Douce jalousie, fidèle jalousie

623 83 101
Av Chloe_m0726

Éléonore

— Sa Majesté, le roi François, entre en lice.

Quoi ? Antoinette et moi échangeâmes un regard stupéfait.

— Je croyais que le roi ne joutait pas ! m'exclamai-je.

— Il n'est pas censé le faire, me confia Antoinette.

Justement car il n'était là qu'en tant que spectateur ! Alors que faisait-il, grimpé sur son cheval blanc, haranguant la foule ? Le roi d'Angleterre ne verrait-il pas cela comme une insulte ? Je jetai un rapide regard à Henry Tudor, mais ce dernier semblait surtout amusé, passant une main dans sa barbe rousse. Amusé par quoi ? Que se passait-il ? Je ne comprenais plus rien ... Et à en juger par les murmures de la foule, je n'étais pas la seule. 

François, encore sans casque, fit doucement ralentir sa monture à l'approche de notre estrade et avança au pas. Il me lança un regard intense avant de repartir au galop.

— Ah les hommes ... souffla Antoinette. Tous les mêmes ...

— Je ne comprends pas ...

— Oh c'est très simple ! Anne de Montmorency a gagné avec tes faveurs. Le roi est jaloux, alors il veut l'humilier. Pour faire simple, ils se battent pour toi.

— Mais pas du tout ! protestai-je.

— Ma chère Éléonore ! Tu n'es familière de la Cour que depuis quatre années. J'y suis depuis ma naissance. Crois-moi, je sais parfaitement comment cela se passe. Et là, c'est un combat d'égo et de jalousie masculine.

— Mais je ne veux pas qu'ils se battent pour moi ! D'ailleurs, ils n'ont pas à le faire ! Anne est un ami !

— Je ne suis pas certaine que le roi partage ton avis, très chère ...

Impuissante, je me résolus à me retourner vers la lice, ignorant mon cœur battant la chamade dans ma poitrine. 

Les deux hommes étaient face à face, se jaugeant du regard. Personne n'aurait pu penser qu'ils étaient amis tant ils avaient l'air prêts à se sauter à la gorge. François ferma la visière de son casque. Anne fit de même, tout aussi résolu que son roi. Les sabots des chevaux grattèrent le sol.

— Qui est votre favori ? me demanda alors une voix masculine à mon oreille.

Robert et Marin se frayèrent un passage parmi la foule de courtisans et vinrent s'asseoir près de nous, sous les yeux effarés de plusieurs dames de la Cour qui me regardaient avec un drôle d'air. Depuis ma danse enflammée, j'avais le droit à ce genre de regards lourds de reproches, comme si je n'avais pas le droit d'être qui j'étais. Et je n'avais surtout pas le droit de me rapprocher du roi et de ses amis les plus proches. Certaines rumeurs disaient même que je donnais mes faveurs aux quatre hommes en même temps. Tout pour me détruire ...

— J'espère seulement qu'aucun ne va se blesser ... grommelai-je, énervée par la conduite infantile de François.

— Le roi est bon jouteur, me rassura Marin, très élégant dans un pourpoint crème.

— Anne l'est aussi, admit Robert, se penchant plus en avant pour étudier le combat.

— Oh misères ... soufflai-je.

Le signal fut donné. Les chevaux des deux hommes s'élancèrent l'un vers l'autre, projetant du sable avec force. Mes mains se crispèrent. Je ne pouvais pas voir ça. Au dernier moment, avant que les lances ne se rencontrent, je fermai les yeux. Mais il n'y eut aucun bruit. 

Prudemment, je rouvris un œil. Les deux chevaliers s'étaient croisés, mais sans parvenir à se toucher.

— Anne aurait pu gagner ... marmonna Robert.

— Il est de bon ton de perdre devant son roi, lui rappela Marin. Même quand il est notre ami.

— Jamais Anne ne lassera le roi gagner par simple courtoisie. Le roi nous avait ordonné jadis, lors de ce genre de rencontres sportives, de nous battre contre lui en oubliant qu'il est notre souverain. Il veut gagner avec honneur.

— Certes, mais si Anne l'emporte, alors le roi François sera humilié. Devant les Anglais. Il doit perdre ...

— Éléonore ? m'interrogea soudainement Antoinette, remarquant ma pâleur. Tout va bien ?

Je ne trouvais même pas la force de répondre que déjà les deux chevaux repartaient l'un vers l'autre pour la seconde fois. Les lances se levèrent. Mais cette fois, je ne fermais pas les yeux. 

Le bouclier d'Anne vola en éclats dans un fracas assourdissant. Mais il parvint à rester en selle. La foule applaudit son roi.

— Un point pour Sa Majesté, le roi François, déclama un héraut d'une voix forte.

Les chevaliers gagnaient des points à chaque fois qu'ils réussissaient à détruire le bouclier de leur adversaire. En revanche, s'ils tombaient de leurs destriers, alors ils étaient éliminés de la compétition. 

Anne arrêta sa monture et reprit un autre bouclier.

— Ils ne vont tout de même pas recommencer ? m'inquiétai-je.

Mais aucun de mes amis ne me répondit. Je vis le regard d'Anne changer et se faire plus noir. Non ... Il n'allait pas encourager François dans sa jalousie !

Les chevaux repartirent au signal donné. Cette fois-ci, Anne réussit par une habile manœuvre à fracasser le bouclier du roi, faisant voler les fleurs de lys en éclats. Un hoquet de stupeur s'empara du public. Je vis la reine de France poser ses mains sur sa bouche alors que le roi d'Angleterre éclatait de rire. Au moins, il trouvait cela drôle ... Parce que l'on frôlait l'incident diplomatique si Henry Tudor avait pris cet acte de François comme voulant prouver sa supériorité.

— Un point pour le seigneur Anne de Montmorency.

Cette fois, c'en était trop. Alors que François retirait son casque pour le changer, je me levai brusquement de ma place.

— Éléonore ? m'interrogea Antoinette.

— Je fais faire un tour, maugréai-je en me frayant un passage parmi la foule.

— Attendez ! m'ordonna Robert. Vous ne pouvez pas ...

Mais sa voix se perdit dans la foule qui encourageait son souverain. Je me moquais bien de Sang Bleu ou de quoi que ce soit d'autre. Je ne voulais voir pas une minute de plus de cet étalage de jalousie masculine ! C'en était risible. François voulait-il prouver qu'il était un grand roi ou un enfant capricieux qui piquait une colère dès lors que quelque chose ne lui plaisait pas ? Il ressemblait seulement à un enfant !

Les courtisans me laissèrent passer et je quittais bien vite la joute. Agacée, je frappai dans un caillou, m'éloignant des vivats. J'avais besoin d'être seule. Pour une fois depuis bien longtemps, d'être seule. Je n'étais pas un objet que l'on s'arrache ! François doutait-il à ce point de moi ? Je l'aimais ! Pourquoi croyait-il qu'Anne représentait une menace pour notre couple ? Anne était mon ami ! Rien de plus ! Et cela me blessait que François pense le contraire. N'avait-il pas confiance en moi ? Me croyait-il versatile au point de tomber dans les bras d'Anne alors que nous venions seulement d'explorer nos sentiments ?

Je donnai de nouveau un coup de pied dans le même caillou, l'envoyant valser un peu plus loin, quand j'entendis une voix m'interpeller :

— Mademoiselle de Vinci, c'est cela ?

C'était un anglais à en juger par son accent, mais il parlait parfaitement français. Je me stoppai dans mes pas et me retournai vers mon interlocuteur. Grand, au physique avenant, il posa une main sur sa large poitrine.

— Je me nomme Charles Brandon, Mademoiselle. Je suis le duc de Suffolk.

— Monsieur le duc, le saluai-je poliment en me fendant d'une révérence.

J'aurais préféré rester seule, mais je ne savais comment éconduire un duc sans provoquer un impair. Surtout un duc anglais.

— Mon roi m'a envoyé auprès de vous. J'ignore si vous vous rappelez la proposition de notre ambassadeur ...

Oh que si je m'en rappelais fort bien. Le roi d'Angleterre devenait énervant à autant insister. J'avais déjà dit non. Plusieurs fois.

— Je m'en rappelle fort bien, Monsieur le duc, mais je crains que ma réponse ne soit toujours la même.

— Vous vous plairez en Angleterre, Mademoiselle. Je peux vous l'assurer.

— J'apprécie votre proposition, Monsieur le duc, et dites bien à Sa Majesté que j'en suis profondément flattée, mais je ne peux trahir mon roi. Tout comme vous ne pouvez trahir le vôtre.

— Mon roi promet de vous payer le double que vous êtes payée jusqu'à présent et de vous offrir une place à sa Cour, ainsi qu'un titre. Il s'engage aussi à vous trouver un époux digne de votre nouveau statut.

Était-il sourd ? Il pouvait me faire miroiter toutes les plus belles promesses du monde, la réponse serait toujours la même. Et je savais très bien ce que son roi espérait faire de moi ... Quoi de mieux que de voler la maîtresse du roi de France pour humilier ce dernier ? Je n'étais qu'un moyen d'affaiblir François. Il appréciait peut-être mon talent, mais ce qu'il voulait surtout, c'était humilier mon amant.

— C'est trop d'honneur que me fait Sa Majesté, Monsieur le duc, mais je n'ai qu'une seule parole. J'aime trop la France pour la quitter.

— Prenez le temps de la réflexion, Mademoiselle.

Il n'y avait aucune réflexion à avoir. La réponse était non, et catégoriquement non. Et le duc de Suffolk commençait à m'énerver à force d'insister.

— Je ... commençai-je.

— Ne répondez pas tout de suite. Réfléchissez-y, et qui sait ? Peut-être aurais-je le plaisir de vous revoir à la Cour d'Angleterre, Mademoiselle de Vinci ...

Après un dernier salut, il fit volte-face, repartant vers les lices. Les Anglais semblaient avoir du mal à comprendre un non. 

Je retapai pour la troisième fois dans le même caillou, encore plus énervée que tout à l'heure. Le monde entier s'était-il ligué contre moi ? J'entendis soudainement les trompettes au loin, signe que la joute était terminée et que les rois partaient. Enfin ! 

Sans perdre un instant, je me ruai vers l'amas de tentes, et plus particulièrement vers la grande tente bleu foncé, décorée de fleurs de lys. Les gardes tentèrent bien de m'arrêter, mais je passais si vite entre eux qu'ils n'eurent pas le temps de faire quoi que ce soit avant que je n'entre. François venait de se débarrasser de son armure et avait déposé son casque, s'épongeant le front. Ses boucles étaient toutes aplaties et lui donnaient un air sage. Un sourire éclaira ses traits jusqu'à ce qu'il vît le courroux qui se peignait sur mon visage.

— Laissez-nous, ordonna-t-il à ses gardes et serviteurs.

J'attendis que tout le monde quitte la tente avant d'exploser.

— Qu'est-ce que tu viens de faire ?

— Qu'est-ce que je viens de faire ? répéta le roi. Je viens de jouter.

Me prenait-il pour une idiote ?

— Mais tu ne devais pas jouter !

— J'ai changé d'avis. Si j'en avais envie, j'en avais bien le droit.

— Alors rassure-moi, tu ne l'as pas fait parce qu'Anne a demandé mes faveurs, mais par pur esprit sportif, n'est-ce pas ?

Le regard de François s'assombrit.

— Il n'aurait pas dû faire cela.

Nous y voilà.

— Mais quel mal y avait-il ? Anne est un ami ! Rien de plus !

— Oh je t'en prie ! Ne me dis pas que tu n'as pas remarqué ses regards énamourés !

— Tu te fais des illusions !

— Oh, c'est moi qui me fais des illusions ? Alors pourquoi crois-tu que c'est toi qu'il ait choisie ?

— Il m'a seulement demandé mes faveurs pour la joute, il ne m'a pas non plus demandée en mariage !

— Encore heureux !

— As-tu à ce point si peu confiance en moi ?

François se tut, s'avançant vers moi.

— Cela n'a rien à voir avec la confiance.

— Au contraire, cela à tout à voir avec la confiance ! Tu crois que je vais ouvrir mon cœur au premier venu ? Tu crois que je ne t'aime pas ? Tu as si peu confiance en moi que tu te sens le besoin de te pavaner tel un coq dans une basse-cour, histoire de prouver au monde entier que tu es le roi de France ! Tu n'imagines pas à quel point je me suis sentie mal-à-l'aise !

— Et moi dont ! Mon ami, presque mon frère, qui convoite la femme que j'aime !

— Anne n'est qu'un ami ! répétai-je pour la énième fois. Un ami, et rien de plus ! Il n'y a rien entre nous, et il n'y aura jamais rien ! Me crois-tu vraiment capable de coucher avec un autre ?

— Non. J'ai confiance en toi !

— Eh bien, on dirait le contraire !

— C'est en lui que je n'ai pas confiance !

— C'est ridicule ! Tu es ridicule !

— Assez ! Je ne suis pas seulement ton amant, je suis aussi le roi de France !

— Et alors ? Tu crois que je vais mâcher mes mots ? Si tu voulais une maîtresse soumise à tes moindres désirs, qui ne fasse que t'aduler, alors tu t'es trompé de femmes, François !

— Toute femme aurait été flattée que je me batte pour elle !

— Je ne suis pas toutes les femmes ! Et je ne veux pas que quelqu'un se batte pour moi ! Je n'ai pas besoin d'un chevalier en armure !

— Tu es une furie !

— Ah ! C'est la meilleure ! Et toi un petit coq prétentieux qui bombe le torse dès que quelqu'un s'approche de ce que tu penses être à toi ! Mais tu sais quoi, François ? Je ne t'appartiens pas !

— Le roi d'Angleterre s'étonnait l'autre jour que tu ne sois pas mariée ! Mais en vérité, je comprends pourquoi ! Aucun homme ne pourrait te supporter !

— Va te faire foutre, François !

— Retire ça tout de suite ! feula-t-il en s'approchant encore plus près de moi.

Il me surplomba de son ombre, mais je ne reculai pas d'un pas, le fusillant du regard.

— Aurais-je blessé Sa Majesté ? le provoquai-je, mes yeux dans les siens.

— Arrête ... souffla-t-il.

— Je te déteste !

— Certainement pas !

Et avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il posa brutalement ses lèvres sur les miennes. Je tentai de me dégager en poussant sur son torse, mais il posa sa main au creux de mon dos, m'empêchant de reculer. Alors, j'attrapai violemment ses cheveux bruns entre mes doigts et tirai sa tête en arrière. François grogna avant de brusquement me soulever du sol.

D'un même élan, il balaya tout ce qui se trouvait sur une table et me déposa sans douceur sur le bois. Énervée, mais aussi folle amoureuse, j'attrapai son menton entre mes doigts et l'embrassai de nouveau avec toute la passion que je pouvais ressentir. Plus jamais il ne devait douter de notre amour. Plus jamais. 

Le roi se pressa davantage contre moi. Nos dents s'entrechoquèrent et sa langue se fit insidieuse, rencontrant la mienne sans tendresse. Ce n'était que de la passion, mélangée à de la colère. Un mélange explosif. 

La main de François glissa sur mon cou avant d'arriver jusqu'à ma robe. Il prit l'un de mes seins dans sa paume et le serra. Pas assez pour me faire mal, mais juste assez pour me rendre folle. Je lui mordis la lèvre pour réponse. Le roi poussa un grognement et s'écarta de moi. Quelques gouttes de sang maculaient sa bouche. Ses pupilles étaient si dilatées que son regard semblait aussi noir que la nuit. Et je me laissais envahir par ses ténèbres sans résister.

D'un geste sec, François releva ma robe jusqu'à mes cuisses et m'attira à lui, posant une main sur mes fesses. De mon côté, je défis rapidement son haut-de-chausse, libérant son membre fièrement dressé. Sans perdre un instant, le roi entra en moi. Je poussai un long gémissement de plaisir tandis qu'il donnait de forts coups de reins. Mes doigts se resserrèrent autour du bois.

— Je suis ton maître ... murmura-t-il, la voix hachée par la vivacité de ses va-et-vient.

Je lui lançai un regard noir et attrapai brusquement sa nuque, l'attirant près de moi. Mes lèvres caressèrent les siennes, mais sans jamais les toucher. Je sentis le souffle du roi se faire plus indistinct.

— Et tu es le mien ... conclut-il.

Satisfaite, je me mis à mon tour à onduler des hanches, nous offrant à tous deux plus de plaisir.

— Ne ... doute ... plus jamais de moi, le mis-je en garde.

— Plus jamais, me promit-il.

Je le sentis alors se contracter et jouir. Il poussa un grognement de plaisir et se retira. Mais moi je n'avais pas encore pris du plaisir ... Je ne pus m'empêcher de resonger à Francesco qui ne se préoccupait que de son plaisir et jamais du mien. Et si c'était comme cela que le monde fonctionnait ? Pourquoi les femmes n'avaient-elles pas le droit à ... ?

Mes pensées se firent soudainement plus confuses quand je sentis les doigts du roi entrer en moi. Il posa une main tendre sur ma joue et continua ses va-et-vient, remplaçant son membre par ses doigts.

— Oui ... soupirai-je de plaisir.

Après quelques secondes, je vins à mon tour, poussant un petit cri. François me libéra et m'embrassa bien plus tendrement, savourant mes lèvres. Je remis ma robe sur mes jambes, mais ce fut bien tout ce que je puisse faire, encore trop tremblante pour pouvoir marcher. 

François, les deux mains posées sur la table de chaque côté de moi, jeta un coup d'œil amusé autour de nous.

— Eh bien ... Quel carnage ...

Il rejeta quelques mèches sur sa tête, collées par la sueur à son front. Je devais sans doute être dans le même état que lui.

— J'aime bien quand nous réglons nos problèmes ainsi ... me sourit-il.

— Tu ne douteras plus d'Anne ? lui demandai-je.

— J'ai confiance en toi, choisit-il de répondre.

Ce n'était pas vraiment une réponse, mais je m'en contenterai.

— Et merci, ajoutai-je.

Il haussa un sourcil.

— Pourquoi ?

— Pour ne pas ... m'avoir laissée frustrée.

— Tu ne croyais tout de même pas que j'allais te laisser dans cet état-là ? Toi aussi, tu as le droit au plaisir, mon amour ... Et puis, susurra-t-il, amusé, en tant que roi, j'ai une réputation à tenir. Je ne peux décidément pas laisser une dame dans un tel état.

Je tapai sur son torse, plus amusée qu'énervée. François prit ma main dans la sienne et la serra avec force.

— Je t'aime, lui avouai-je.

— Moi aussi je t'aime, Éléonore.

Et il m'embrassa une fois encore.

*

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Éléonore a-t-elle réussi à calmer le jeu entre Anne et François ? Ou n'est-ce que partie remise ?

Et à votre avis, qui a gagné le tournoi ? Anne ou François ? A vos pronostics !

*

Aujourd'hui, je me suis attaquée à un gros sujet : l'amour la sexualité pendant la Renaissance. Ceci est un résumé car il y aurait bien plus à en dire, mais je trouve cela intéressant.

Lors de la Renaissance, le mariage et le couple étaient essentiellement une affaire économique, principalement dans les familles aisées. Le couple étant avant toute une organisation des biens, de leur transmission et de leur protection.

Le sentiment amoureux au XVIe siècle n'est pas apprécié par les théologiens, mais plutôt redouté, car considéré comme une maladie ou une souffrance. L'amoureux est décrit comme un malade qui perd sa santé, et son appétit, son esprit, il souffre par manque et par jalousie. Ainsi on favorisait le couple de raison et le mariage arrangé. Il faudra attendre la moitié du XVIIe siècle, et l'apparition des Lumières pour commencer à discuter le rôle des sentiments dans le couple et dans le mariage.

Selon la médecine de l'époque, le lien entre le plaisir sexuel féminin et la procréation était admis, validé. Au XIIIe siècle, des livres médicaux confirmaient qu'une prostituée, ou qu'une femme violée ne pouvait pas tomber enceinte, car coucher pour de l'argent ou par la force ne pouvait produire un désir sexuel, qui ne pouvait produire une grossesse. En cas de viol, une femme qui tombe enceinte était considérée comme non violée. 

À la Renaissance, on jugeait l'orgasme bénéfique pour la santé féminine. On pensait que les vierges et les veuves étaient exposées au risque de suffocation de l'utérus.

Le droit des femmes au plaisir sexuel était admis, reconnu par les canons de l'Eglise, et dans les lois. Ce droit était parfois un motif de rupture du mariage en cas d'impuissance masculine par exemple. Sauf qu'il fallait encore pouvoir le prouver, et cela se finissait le plus souvent par la victoire de celui qui avait le plus de pouvoir et de relations.

Néanmoins, en dépit d'indéniables avancées scientifiques et médicales, l'Europe de la Renaissance ignorait plus ou moins tout sur le désir sexuel féminin, par manque de données précises sur l'anatomie et sur la physiologie du corps féminin. La sexualité en général était axée sur l'homme, car plus facile à observer à l'œil nu. On pensait que les femmes ne pouvaient pas avoir de désir sexuel sans pénétration.

Et vous vous en doutez, les couples homosexuels n'étaient même pas envisagés, car ne servaient pas à la reproduction.

Fortsätt läs

Du kommer också att gilla

9.6K 606 29
Alors dans cette histoire il s'agit d'un jeune couple BANELLE et Djibril qui sortent ensemble depuis 3ans maintenant pour BANELLE, DJIBRIL est le par...
4.8K 218 22
Je ne me souviens pas de grand chose si ce n'est le grand fracas que causa l'accident. Je ne sais même pas ce qui a fait que notre voiture à quitter...
Maïna Av Nada

Historiska romaner

2.3K 298 34
Maïna une jeune fille au titre villageois assez deprimée de sa pauvreté , vient s'abriter dans la capitale , pour pouvoir s'enrichir mais ne sachant...
7.3K 869 40
Au château de Chantilly en 1845, règne une atmosphère chargée de secrets et de tensions. Julia Leclaircie, la nouvelle gouvernante, ardente républica...