I Swear I Lived Tome 3

By allomelanie24

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Le temps passe et, malheureusement, la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Mais l'important, lo... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Epilogue

Chapitre 11

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By allomelanie24

Achille

La sonnerie qui annonce la pause de midi retentit à mes oreilles comme une délivrance. Je ramasse mes affaires sans perdre de temps et j'intercepte Alexandre avant qu'il ne sorte.

« C'est toi qui vas chercher Lila ce soir ou c'est moi ? J'm'en souviens plus, je demande.

– C'est moi, je suppose, il répond avec un sourire. Ça lui fera la surprise.

– Sois pas en retard, il en va de ma réputation de grand frère. »

Je lui fais un clin d'œil avant de sortir de la classe pour rejoindre mon casier. Je balance mon sac à l'intérieur et au moment où je referme mon casier, je vois Marie apparaître dans ma vision périphérique.

« Hey... »

Elle se met sur la pointe des pieds pour me faire un bisou sur la joue.

« On déjeune ensemble ?
– Hm.. Non. Je mange avec Chloé. »

Son visage se décompose et son air angélique disparait. Je suis un peu agacé qu'elle soit mielleuse uniquement pour tenter de récupérer mon attention.

« T'es sérieux ?

– Bah ouais, pourquoi ?

– Parce que si c'est pas Chloé, c'est tes potes ou bien les deux à la fois et moi j'ai même plus de place. »

Je suis incapable de savoir si je suis flatté ou pas. Mais vu le regard que je lui lance, j'en conclus que je suis encore plus agacé que je ne le pensais. Agacé parce qu'elle a des attitudes de petite fille pourrie gâtée qui fait un caprice.

« Je pensais pourtant que j'avais été clair quand j'avais dit que ma copine passait avant le reste. Tu le sais, non ? Toi aussi tu passais avant les autres.

– J'ai pas envie que ça change.

– C'est un peu tard, Marie. Ça fait environ un mois que je suis avec Chloé. Tu ne peux pas claquer des doigts en espérant que je revienne comme un chien.

– C'est pas ce que je veux dire.

– Alors quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? Que maintenant que tu comprends que j'ai vraiment envie de me détacher de toi, il faut que tu réagisses, c'est ça ?

– Tu sais très bien que c'était par rapport à mes parents. Jamais je n'aurais mis fin à notre relation autrement. »

Je lève les yeux au ciel. C'est trop facile.

« Cool.

– J'ai pas envie de te laisser partir. Tes sœurs n'aiment pas Chloé.

Athéna n'aime pas Chloé, je corrige. Et si tu penses qu'elle t'aurait aimé toi, tu te fous le doigt dans l'œil. Elle n'aime aucune des filles que je fréquente simplement parce que je les fréquente.

– Athéna est venue me parler, je sais qu'elle aurait préféré que ce soit moi parce que Chloé se fout vraiment d'elle. Elle était méchante avec elle au début de l'année.

– Moi j'étais raide dingue de toi au début de l'année, mais les gens changent, qu'est-ce que tu veux ? »

L'espace d'un instant, je crois que j'ai le dernier mot. Mais elle se met sur la pointe des pieds pour venir chuchoter quelque chose à mon oreille. Quelque chose que je n'aurais jamais pensé l'entendre dire.

« J'ai envie que tu sois ma première fois. »

Elle pose ses lèvres sur les miennes et je la prends par les épaules pour la tenir à bonne distance de moi. J'essaie de calmer les palpitations de mon cœur, mais je la trouve tellement jolie ce matin que j'ai du mal à soutenir son regard.

« Ne fais plus jamais ça. Je suis amoureux de Chloé.

– Mais tu m'aimes encore plus, pas vrai ? »

Je la force à reculer et je fais demi-tour sans prendre la peine de répondre.

. . .

C'est Chloé qui me trouve en premier – mais parce que je me suis mis à chercher ma sœur. Contrairement aux apparences, Chloé est tendre, Chloé est douce et Chloé m'apaise avec sa seule présence. Puis j'ai appris qu'elle s'accrochait bien plus avec Stella qu'avec Athéna et que tout ce qui revenait aux oreilles de ma sœur, par sa soi-disant meilleure amie, n'était que des choses que Chloé n'avait pas dites.

Je scanne le réfectoire avec la ferme intention de toucher deux-trois mots à Athéna au sujet de Marie, quand je sens des bras entourer ma taille. Toute sa tendresse m'étouffe au point que je me détende presque instantanément. Je me retourne avec un large sourire.

« On ne devait pas se retrouver dehors ?, demande-t-elle en souriant.

– Si, je réponds en la prenant dans mes bras pour embrasser ses lèvres. Sauf qu'entre temps, je me suis mis à chercher ma sœur.

– Elle n'est pas là-bas ? Y a toutes ses copines. »

Je secoue la tête en regardant même sous la table, juste au cas où.

« Tu la verras ce soir, non ? Sauf si ça ne peut pas attendre.

– Ça peut. Elle est allée parler à Marie et ça m'agace, c'est tout. »

Je glisse ma main dans celle de Chloé après lui avoir volé un baiser et j'ai essayé de ne plus penser ni à Marie, ni à ma sœur. Chloé ne fait aucune réflexion à propos de Marie, mais je sais qu'elle ne supporte pas que je passe énormément de temps avec elle et qu'elle est soulagée que je la vois moins – voire plus du tout.

Nous quittons l'établissement pour aller nous acheter des sandwichs ; Chloé refuse de me laisser payer le sien sous prétexte qu'elle a sa dignité et qu'elle ne veut pas que les gens pensent qu'elle se sert de moi. Je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle avec Marie, qui elle, était une fan incontestée de ma galanterie.

Nous revenons nous asseoir sur les gradins du gymnase pour déjeuner tranquillement et je dois avouer que je n'aurais jamais imaginé trouver ma sœur ici ; elle est assise tout en haut des gradins, seule, et même si son visage s'est transformé quand elle nous a vus, je suis incapable d'oublier l'immense tristesse que j'ai ressentie en la voyant seule.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

– Je révise seule, dit-elle en montrant son cahier. Si j'ai pas une bonne note, je devrais réviser tout le week-end et je ne pourrais pas aller à l'atelier avec mamie. On prépare une robe à Lila pour son anniversaire alors il faut que je termine dans les temps.

– Lila m'a montré des photos du croquis de la robe de mariée que tu as commencée, dit Chloé, elle va être magnifique. »

Athéna se crispe une seconde avant de prendre sur elle. Son effort me touche.

« Merci. Mais il faut que je révise alors... Trouvez-vous un autre endroit où personne ne vient à midi. »

Je hoche la tête et je lâche la main de Chloé pour m'approcher de ma sœur. Je dépose un baiser sur son front avant de me pencher sur son oreille pour lui chuchoter quelque chose.

« Ne me mens plus jamais. »

Je me redresse et le visage de ma sœur s'est complètement fermé. Je dépose le sac qui contient mon repas à côté d'elle.

« Ce soir tu rentres avec Alex, je dis à ma soeur. Vous avez littérature ensemble à la dernière heure de la journée.

– Tu sèches ?, demande-t-elle.

– Je n'oserais jamais, enfin !, je dis en me mettant à rire. À ce soir. »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, et je pars avec Chloé. Ma sœur a tendance à oublier que je lis en elle comme dans un livre ouvert et ça me brise le cœur qu'elle continue de se voiler la face à ce point sur l'attitude de ses amies.

« Tu comptes me donner la moitié de ton sandwich ou tu aurais l'impression que je profite de toi ? », je demande à Chloé alors qu'on sort du gymnase.

Elle éclate de rire avant de passer un bras autour de ma taille.

« J'en sais rien, il va falloir que j'y réfléchisse. Qu'est-ce qu'il se passe avec ta sœur ?

– Rien.

– Je peux faire quelque chose pour arranger le rien ? »

Je ne réponds rien et je crois que ça lui convient, pour le moment. Même si je me sens coupable de ne partager aucune information avec elle, comme si c'était une étrangère.

« Ma sœur est passée nous voir ce week-end, enchaîne-t-elle pour éviter qu'un silence gênant ne s'installe. Elle a parlé de la fac pendant des heures et des heures. Tu crois que ça veut dire qu'elle s'y plaît ?

– Je pense que n'importe quel endroit au monde lui aurait plu tant que ton père n'y était pas.

– Ach... Ne recommence pas.

– Bien sûr que si, je recommence ! Il ne s'en prend même pas à des gens qui sont capables de se défendre.

– Je pourrais.

– Faire quoi ? Le pincer ? »

Elle lève les yeux au ciel et on trouve un coin tranquille au pied d'un arbre. Bon, ce n'est jamais vraiment tranquille avec les gens qui passent leur temps à nous scruter mais c'est mieux que rien.

« Ma sœur payait tous les matins une blinde pour que ses copines puissent avoir un petit déjeuner ultra complet chez Starbucks. Mes parents ont décidé qu'il fallait qu'elle arrête de se faire exploiter et ils lui ont mis un plafond pour qu'elle ait de quoi acheter des repas uniquement pour elle.

– Oh...

– Ouais. Je suppose que ça veut dire quelques jours de Starbucks pour ses abruties de copines. »

Il y a un petit silence et je crois voir dans les yeux de ma petite amie qu'elle s'est attendue à tout sauf à cette révélation.

« Pourquoi elle ne mange pas avec elles ?

– J'en sais rien. Enfin, j'ai peur de comprendre alors je préfère attendre d'être sûr avant de m'énerver.

– Je vais être honnête, j'ai toujours pensé que ta sœur était une peste.

– T'as bien vu que c'était pas le cas. C'est Stella qui l'influence et qui décide de ce qu'elle peut faire ou non. Tu m'as même affirmé ne jamais avoir lancé de rumeur sur ma sœur alors que Stella nous racontait toujours ce que tu disais dans son dos. »

Chloé hoche la tête et je crois que ces histoires stupides me prennent la tête au moins autant qu'à elle.

« J'aurais jamais pensé que ta sœur était aussi influençable.

– C'est parce que tu ne la connais pas... Elle est tellement gentille en réalité que ça me fait de la peine de la voir entourée d'imbéciles comme ça. Elle préfère dépenser son argent du midi pour les autres plutôt que pour déjeuner. Enfin bref, je souffle pour changer de sujet. Ça va peut-être te surprendre mais ma sœur a envie de se remettre au sport et—

– Lila a arrêté la danse ?

– Hein ? Non, pas Lila ! Athéna. Athéna a envie de se remettre au sport. »

Chloé affiche un air tellement étonné que je me mets à rire.

« Elle est sportive ?

– Oui, très.

– Non mais tu ne l'as jamais eue en sport, c'est pas possible, dit-elle en se mettant à rire.

– Elle a de nombreuses médailles d'or en athlétisme.

– Mais non !!, s'exclame-t-elle, sous le choc.

– J'te jure que si, je réponds fièrement.

– Mais pourquoi elle fait comme si elle était complètement nulle ? Je t'assure qu'on dirait une bécasse qui ne comprend rien.

– J'en sais rien. Pour avoir l'air d'une vraie fille, selon ses critères ou ceux de ses amies. Je comprends parfaitement ma sœur parce que je la connais par cœur mais ce serait trop long à expliquer.

– D'accord. Donc elle veut se remettre au sport ?

– Elle a envie de s'inscrire dans un cours de boxe ou de self-défense.

– Oh, souffle-t-elle en comprenant enfin où je veux en venir.

– Ouais. Pourquoi tu ne lui proposerais pas ? Hein ? Je suis sûr que vous vous entendriez bien toutes les deux.

– Elle va m'envoyer chier.

– Si c'est moi qui lui en parle pour la convaincre, elle sera au courant pour ton père.

– T'as promis de rien dire.

– Elle lit presque dans mes pensées, Chloé. C'est ma sœur jumelle, elle sait ce que chaque micro expression de mon visage veut dire alors il vaut mieux que ce soit toi qui lui propose.

– Ok. J'essaierai pour te faire plaisir. »

J'affiche un large sourire et je me penche pour lui voler un baiser.

« T'es géniale.

– Je sais, dit-elle en faisant sautiller ses sourcils. Tu comptes vraiment sécher les cours cet après-midi ?

– T'occupe.

– Je peux venir ?

– Non. T'es boursière, si tu sèches tu perds ta bourse. Tu le sais alors ne dis pas n'importe quoi. »

Elle lève les yeux au ciel avec un sourire ; je sais que même si j'avais dit oui, elle ne serait pas venue. Mais je ne veux pas qu'elle pense que je me fiche de ses études parce qu'elle est très douée et que je ne veux pas qu'elle gâche tout.

« Tu ne vas pas me mettre dans la confidence ? », elle tente tout de même.

Je secoue la tête. Je n'ai pas envie qu'elle soit au courant que le couple de mes parents va mal et que c'est pour tester mon père que j'ai l'intention de sécher.

« Bien.

– Tu viens chez moi ce week-end ?, je propose. Parce que c'est sympa ton petit appartement deux pièces mais c'est pas super intimiste de dormir dans le lit voisin de ton petit frère de cinq ans.

– Comment ça ? T'as pas apprécié de m'aider à changer ses draps parce qu'il avait eu un accident ?

– C'est sympa, ne te méprend pas, hein. En plus, Jonas est vraiment à croquer et tout ça. Mais c'est plus d'un point de vue sexuel que c'est gênant. »

Elle affiche un faux air offusqué avant d'éclater de rire.

« Tu perds vraiment pas le nord, toi !

– Bah qu'est-ce que tu crois ? Surtout que Marie m'a proposé de coucher avec elle ce matin alors tu vois, tu risques de perdre l'avantage. », j'ajoute sérieusement.

Elle me jette un regard blasé avant de réaliser que je ne mens pas.

« Non mais attends, t'es sérieux ?

– On ne peut plus sérieux.

– Sur le fait que je vais perdre l'avantage juste parce que la vierge Marie te propose d'être l'élu ? Mais t'es un con, ma parole !, s'emporte-t-elle.

– Hein ? Mais non ! Je suis sérieux sur le fait qu'elle m'a proposé ça ce matin ! C'est toi t'es con. »

Elle lâche un soupir de soulagement avant de me mettre une tape sur l'épaule.

« Putain, j'ai cru que j'allais devoir te larguer ! T'es vraiment abruti.

– Me larguer pour si peu ? J'te trouve bien injuste.

– Bah ça me ferait bien chier que t'espères toujours te la serrer alors qu'on est ensemble depuis... euh... quelques semaines. Des mois. Genre deux, ok ? »

Je la regarde avec un air profondément outré.

« Attends, tu ne sais pas depuis combien de temps on est ensemble ? Mais comment c'est un motif de rupture ça !

– Tu forces, dit-elle en pouffant de rire.

– J'le sais, ça fait un gros mois vu que ta fête était fin septembre.

– Ok, tu t'es bien rattrapée.

– Ouf. Et donc... Marie est venue te faire une proposition indécente ?

– Tout à fait.

– J'y crois pas ! Quelle trainée. Je vais aller lui en toucher deux mots !

– A quoi ça te servirait ? Tu sais déjà que j'ai tourné la page. Tu veux pas me pisser dessus pour marquer ton territoire, non plus ? »

Elle éclate de rire et je suis soulagé qu'elle passe à autre chose parce que je n'aime pas parler de Marie. Je ne sais même plus quoi penser d'elle.

« Alors je viens chez toi ce week-end, c'est ça ?

– Je sais que t'es jamais très à l'aise chez moi mais plus tu fréquentes ma famille bizarre, plus on déteint sur toi. Après tu trouveras mes parents normaux et tu t'habitueras peut-être à mon oncle Zayn. En fait, je ne me fais pas de soucis pour toi, tu as de la repartie donc tu peux survivre.

– Tes parents savent que tu as genre... une activité sexuelle ? »

Je songe à la question et je secoue la tête.

« Non, je ne crois pas. Ils m'auraient choppé dans un coin pour me parler de grossesse non désirée et de capotes. Ou alors ils s'en doutent mais ils se voilent la face.

– Sérieux ? Ils sont ce genre de parents ? Avec le discours et tout et tout ?

– Si seulement tu savais...

– C'est cool, je trouve. Malgré tout. Ça suffit pas toujours les vidéos à l'école, dit-elle en riant.

– Ouais. Je me plains souvent d'eux mais je crois qu'ils sont d'excellents parents. »

Sauf qu'ils le sont uniquement ensembles alors j'ai décidé que ça a assez duré. Qu'il est temps qu'ils se décident pour de bon à s'aimer aussi fort qu'avant. J'ai récemment regardé un film à l'eau de rose avec mes sœurs, pendant que les parents étaient à New York, et si je ne me souviens plus du titre, j'ai été marqué par une scène où la fille apprend que son père a trompé sa mère ; lorsqu'elle lui demande pourquoi elle n'est pas partie, elle répond simplement qu'elle a préféré rester pour toutes les bonnes choses qu'il avait fait et non pas pour la seule et unique qu'il a merdé. J'crois que mon oncle à vu ce film parce que c'est ce qu'il dit à propos de Gemma. Ou bien il n'est pas le seul à penser comme ça.

Bref.

Je trouve ça beau et juste ; pourquoi juger une personne sur une erreur qu'elle a reconnue et qu'elle souhaite se faire pardonner en oubliant toutes les bonnes choses qu'elle a faites avant ? C'est de ma faute si Louis est au courant. C'est de ma faute s'il souffre. C'est de ma faute s'il se demande s'il doit partir ou pas. Alors c'est à moi de leur rappeler qu'ils sont les meilleurs parents du monde et qu'ils ne pourront plus l'être s'ils se séparent.

. . .

SMS de Achille à Ariel

Je pense qu'il serait judicieux que vous remettiez de l'argent sur la carte de cantine d'Athéna.

SMS de Ariel à Achille

Qu'est-ce qu'il se passe ?

SMS de Achille à Ariel

Parlez avec elle. Tous les deux. Tant pis si elle pleure encore. Ses copines la prennent pour une conne et je n'ai pas envie de m'en mêler tout de suite.

SMS de Ariel à Achille

Ok, à ce soir.

SMS de Achille à Ariel

Papa, je vais sécher les cours cet après-midi. C'est pas parce que je suis un délinquant ok ?

Dans la seconde qui suivait, mon père me téléphonait.

« HORS DE QUESTION, ACHILLE STYLES !, hurle-t-il à travers le combiné.

– Si papa, je dois faire quelque chose de super important et je ne peux pas le faire si les filles sont là.

– Quoi ? Qu'est-ce que tu veux faire ? Achille, je te préviens que si je reçois un appel du lycée et que—

– C'est pour toi. Pour papa et toi. Tu me fais confiance ? »

Il y a un énorme silence et si mon père accepte, c'est qu'il est vraiment prêt à tout pour récupérer son mari et qu'il mérite cette boîte.

« Est-ce que tu as une évaluation ?

– Non. Alexandre ramène les filles.

– Raah, je déteste sa voiture.

– Tu rigoles ?? C'est une voiture de collection, papa ! Elle est—

– C'est quasi une voiture de course et tout Los Angeles le sait.

– Ah oui mais ça, c'est avec Alexandre qu'il faut en parler. Puis quand Lila est dans la voiture, c'est un escargot. »

J'entends mon père soupirer avant que Louis n'intervienne, juste derrière le combiné.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ? », s'inquiète-t-il.

Sa voix se rapproche de plus en plus du combiné alors je suis certain qu'il est venu se blottir contre mon père. Je reste silencieux.

« Non, ça va. Achille ne se sent pas bien, il demande à rentrer.

– Il veut qu'on aille le chercher ? Où est-ce qu'il a mal ?

– Il enfile déjà une veste, me chuchote mon père en râlant. J'ai paniqué, t'es chiant. T'as intérêt à faire le mort.

– Mon père est acteur, ça ne devrait pas être trop dur. Je vous attends dans ma voiture.

– Ok.

– Il faudra quand même que je sorte.

– Eh bah je t'emmènerai chez le médecin.

– Ariel ? Tu te dépêches ?

– Oui, oui. », dit-il en raccrochant.

Je suis tellement heureux de sécher pour rien, avec l'appui de mon père, que je ne conteste même pas la retenue que je me prends parce que Miss Denison voyait un peu trop mon boxer et que ça la gênait particulièrement. J'accepte même la matinée de retenue qu'elle m'impose après que je l'aie traité de perverse qui passe son temps à mater le cul de ses élèves.


Ariel

Je sais que nous y sommes presque, je sais qu'il ne me manque plus que quelques efforts pour que Louis réalise que nous pouvons repartir du bon pied sans être inquiété que je l'aime moins, mais je n'arrive pas à trouver cette preuve qui le rassurera assez pour qu'il me donne une dernière chance.

Nous sommes plus proches qu'il y a quelques jours, c'est certain. Mais il ne m'a pas laissé lui donner un vrai baiser et même s'il accepte mes câlins et mes caresses, il finit toujours par y couper court lorsque qu'il estime que nous devenons trop intimes. Je refuse de le brusquer mais j'ai peur qu'il réalise que je ne vaux rien et que malgré mes efforts, il comprenne qu'il sera plus heureux n'importe où ailleurs tant que je n'y suis pas. Mais je sais que c'est faux, je sais que je suis le seul à être capable de l'aimer à sa juste valeur alors je suis encore plus frustré de ne pas être capable de détruire tous les murs qu'il a construit entre nous.

La matinée de dimanche a filé trop vite et je n'aurais jamais pensé qu'elle serait celle où j'aurais enfin la solution. J'ai été encore plus surpris lorsque j'ai compris que c'était mon propre fils qui acceptait de me donner un ultime coup de pouce. Mon fils. Celui qui est le plus en colère de tous à propos de ce que j'ai fait.

J'ai cru m'être fait avoir le vendredi précédent, lorsqu'il m'a demandé de sécher, mais visiblement, il ne m'a pas menti.

Il arrive dans la cuisine alors que je tente de préparer un déjeuner pour Louis – il s'est enfermé dans son bureau pour avancer son nouveau livre et je veux lui faire plaisir avec un sandwich mais je suis plutôt nul.

« Hey... », murmure Achille en s'asseyant sur une chaise de bar.

Je lève les yeux vers lui et lorsqu'il glisse un DVD devant moi, je reste sans voix quelques secondes.

« Alors voilà..., commence-t-il, ça me saoule de voir que tu rames pour te racheter parce que t'es vraiment nul parfois.

– Ach...

– Laisse-moi finir. »

Je pose mon couteau et croise les bras.

« Ok. Qu'est-ce qu'il y a ?

– Je vois que tu l'aimes pour de vrai.

– Bien sûr que oui, Achille. Qu'est-ce qui te prend ? Puis pourquoi tu souris comme ça ?

– Pourquoi vous ne regarderiez pas le DVD de votre mariage ? Hein ? »

J'ai levé les yeux au ciel. J'ai pensé à ça, évidemment. Mais à quoi bon ? Pour lui rappeler que je m'étais assis sur mes vœux en le trompant avec la prof de danse de Lila ?

« Ce n'est pas une bonne idée, Ach.

– Je t'assure que si. Alors tu t'arranges pour le faire sortir de son bureau et le faire regarder ce foutu DVD.

– Foutu ?

– Façon de parler. Tu peux me faire confiance ? »

J'hésite un moment, mais je n'ai plus de ressource et il a l'air plutôt sûr de lui alors je soupire, signe que je capitule.

« Même si t'as été vraiment dégueulasse, il est hors de question que mes parents se séparent, compris ? »

Ça me fait sourire ; venant de lui, la démarche est vraiment surprenante.

« Compris. Mais Ach, pourquoi tu fais ça ?

– Je préfère faire semblant de te détester. Va le convaincre. »

Il s'en va et je fixe le DVD dans le plus grand des silences. Je n'ai pas la moindre idée de la manière dont je vais m'y prendre mais je n'ai pas envie de décevoir mon fils encore une fois. Je termine ce – foutu – sandwich et je mets tout ce dont Louis aura besoin pour déjeuner sur un plateau avant de le rejoindre dans son bureau. Câlinou me suit dans l'escalier et je manque presque la dernière marche tant il espère pouvoir déguster le sandwich de Louis.

« Raah Câli, c'est pas pour toi ! »

Je toque à la porte du bureau et quand Louis m'invite à entrer, je me débrouille pour ouvrir la porte.

« Hey...

– Hey, qu'est-ce qu'il y..., il demande sans achever sa phrase une fois qu'il s'est tourné vers moi. Qu'est-ce que tu fais ?

– Je t'apporte à manger.

– Pourquoi ?, il s'étonne.

– Euh.. j'en sais rien. Peut-être que tu as faim et que tu ne veux pas sortir de ton bureau tout de suite ? »

Je pose le plateau en équilibre sur une pile de papiers près de lui et je me penche pour embrasser son front.

« Ça fait un moment que je n'avais pas fait ça, je fais remarquer.

– Tu le faisais tout le temps, répond-t-il avec un petit sourire. Ça me manquait un peu. »

Mon ventre se serre doucement et je sens la chaleur me monter jusqu'au visage.

« Je suis désolé de t'avoir négligé, Louis. Je ne pensais pas que ça avait de l'importance pour toi.

– Tout ce que tu fais a de l'importance. C'est moi qui suis désolé de ne pas te l'avoir assez répété. »

Il attrape le verre d'eau sur le plateau et il en bois plusieurs longues gorgées. C'est a peu près à ce moment-là qu'il repère le DVD. Il pose son verre avant de me regarder un moment.

« C'est le film de notre mariage ? Qu'est-ce qu'il fait là ?

– Je me suis dit que si tu n'avais pas trop trop de travail et que si tu avais envie d'aller t'allonger un peu, on pourrait se le regarder ?

– Maintenant ?

– Oui. Ou ce soir. Comme ça t'arrange, je m'empresse d'ajouter. Ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu. »

Il hoche la tête comme s'il le savait déjà.

« Ça pourrait tout à fait être ma pause déjeuner... Ce soir, il me semble que ta mère dîne chez nous pour qu'elle et Athéna nous montre l'avancement de la robe qu'elles sont en train de faire. »

Je jette un œil à mon portable et quand je vois la date, je percute.

« Oui, c'est vrai ! Merde. J'avais oublié. »

Il semble l'air déçu l'espace d'une seconde.

« On remet ça à plus tard alors ?, demande-t-il.

– Non ! Non. On peut tout à fait transformer ça en pause déjeuner. Si tu acceptes de partager ton sandwich avec moi. »

Son regard s'illumine et mon cœur se met à battre la chamade. Je ne pensais pas qu'il serait aussi facile de le convaincre, mais j'ai raison de croire que lui aussi, il est désireux d'arranger les choses.

« J'accepte, dit-il en se levant.

– Parfait. On déjeune dans notre chambre ?

– Ça me va. »

Je récupère le plateau et il m'ouvre la porte pour que je puisse sortir, DVD à la main.

« Vous faîtes quoi ?, demande Athéna en sortant de sa chambre. ANH VOUS ALLEZ REGARDER LE DVD ? LILA !, s'écrie-t-elle.

– Athéna, on voulait le—

– Ils vont regarder le DVD du mariage !, coupe-t-elle alors que Lila et Alexandre pointaient le bout de leur nez.

– Oh trop bien ! Je voulais le montrer à Alexandre mais je savais pas où était le DVD ! »

Louis se tourne vers moi avec un petit sourire amusé et je n'ai pas d'autres choix que de capituler.

« On va dans le salon alors ?, je propose.

– Génial !, répond Athéna. Achille ! Ramène-toi ! »

On entend Achille marmonner quelque chose derrière sa porte et il met un certain à l'ouvrir.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

– On regarde le film du mariage !, dit Lila avec entrain.

– Tous ensembles ? »

Son regard se porte sur moi et j'affiche une petite moue embêtée qui le fait sourire.

« Je suis avec Chloé alors...

– Bah qu'elle vienne, dit Lila, je suis sûre qu'elle va adorer te voir faire ta choré spéciale mariage.

– Hm.. ok. On arrive. Installez-vous et on arrive. »

Il y a un petit silence et Athéna le regarde de haut en bas.

« Nan mais attends vous faisiez quoi là ? », demande-t-elle avec dégoût.

Achille se met à rire et il nous tourne le dos pour regagner dans sa chambre. Louis et moi échangeons un regard et nous nous mettons à rire. Comme ça. Je ris tellement que j'en ai mal au ventre.

« Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? », s'agace Athéna.

Je crois qu'aucun de nous ne le sais vraiment. C'est certainement les nerfs parce qu'on vient de réaliser que nos enfants commencent à être sérieusement grands. Bon sang.

« Mais ça vous fait rire, en plus ?, s'indigne-t-elle. J'aurais préféré qu'il choisisse Marie-Sainte-Nitouche, conclut-elle avant de se diriger les escaliers.

– Athéna !, gronde Louis.

– Ouais, ouais, désolée. »

C'est Athéna qui s'occupe de lancer le DVD alors que Lila et Alexandre vont préparer quelques trucs à grignoter. Nous les entendons à peine et ils se font si petits que j'ai parfaitement compris qu'ils ne souhaitent pas que quelqu'un fasse le parallèle entre Achille et Chloé, et eux.

Louis s'installe dans le canapé et je vais m'asseoir près de lui. Câlinou se couche sur nos pieds et j'ose passer un bras autour des épaules de mon mari pour l'attirer à moi. Sans opposer de résistance, il se blottit même contre moi en passant un bras autour de ma taille.

Comme avant.

Nos habitudes ne se sont pas envolées, elles sont toujours là, prêtes à reprendre leur place pour nous rappeler toute la tendresse que nous avons toujours éprouvée l'un pour l'autre. Alors je tourne le regard vers lui et lorsqu'il lève les yeux, je presse mes lèvres contre les siennes. Ce n'est pas un véritable baiser mais il me donne du courage pour la suite.

« On devrait regarder d'anciennes vidéos plus souvent. Vous en avez plein !, fait remarquer Lila.

– Vous aimez bien ?

– C'est toujours marrant de se foutre de la gueule de mes sœurs !, dit Achille en arrivant derrière nous.

– Bonjour tout le monde ! », ajoute Chloé en s'installant dans le canapé.

Tout le monde la salue en retour – excepté Athéna – et Alexandre éteint les lumières avant que le film ne soit lancé.

« En fait, vous êtes tous là autour de moi à me montrer que vous êtes en couple, ça se fait pas.

– Si t'étais moins chiante, t'aurais un copain !, rétorque Achille.

– Continue d'être chiante ma fille. C'est très bien comme ça, je réplique en riant.

– Si je ramène quelqu'un comme Alexandre ? C'est cool, non ?

– C'est limite... », je plaisante.

Lila pouffe de rire et Alexandre se tourne vers moi avec un faux air outré.

« Déconnez pas, je suis super sage !

– T'as maté mon cul dans la salle de bain, c'est quelque chose que je ne peux pas oublier. »

Ils se sont tous mis à rire et Alexandre comptait me répondre, mais Chloé le coupe sans le faire exprès.

« Awww Ach mais c'est toi ça ?? », demande-t-elle avec enthousiasme en le voyant apparaître à l'écran.

À partir de ce moment-là, nous n'entendons plus que des commentaires à propos de ce qui défile sous nos yeux.

. . .

Finalement, on s'est lancé dans un visionnage de plusieurs heures avec des vidéos des vacances, des soirées d'anniversaire et c'était un chouette moment.

A présent que tous les enfants sont remontés dans leur chambre, ne reste que Louis et moi dans le salon, on finit notre thé avant qu'il ne retourne travailler. C'est à ce moment-là qu'Achille revient nous voir avec un large sourire.

« Tenez. », dit-il simplement en déposant une boite sur la table basse avant de repartir aussi.

Je reconnais immédiatement cette boîte et mon cœur s'emballe d'un coup, comme si je revenais d'un jogging de plusieurs heures. J'ai des fourmis dans les mains et je me mets à trembler.

Il est là mon coup de pouce. Juste sous mes yeux.

Quand j'ose lever le regard vers Louis, je constate qu'il est si ému qu'il en a les larmes aux yeux.

« Louis... ? Qu'est-ce qu'il y a ?

– Je ne pensais pas qu'on devrait l'ouvrir un jour... »

C'est difficile à entendre parce que c'est réel. On a eu cette idée pendant notre lune de miel, parce qu'on était amoureux et qu'on trouvait ça génial, qu'on se disait qu'on n'aurait jamais à l'ouvrir et finalement, on est dix ans plus tard face à cette boîte et ça me fend le coeur de constater que ce n'est pas parce qu'on l'a retrouvé par hasard en faisant du tri. C'est parce qu'on semble en avoir besoin.

« Moi non plus, j'avoue la gorge serrée. Mais je savais que ce serait de ma faute si jamais ça arrivait.

– Ne dis pas ça.

– Si. C'est important que tu réalises que ce n'est pas de ta faute si nous en sommes là. C'est juste parce que je suis un imbécile. Mais je ne renoncerai pas, Louis. Je passe mon temps à détruire et essayer de réparer et toi à accorder des dernières chances mais...

– Tu dis tout ça parce qu'il y a les enfants pas vrai ? Parce que tu ne veux pas qu'ils subissent un divorce, c'est ça ? »

Je suis déstabilisé par sa question ; il a tellement l'air de croire que je ne l'aime plus que j'ai envie de me tirer une balle. Chaque fois que j'ai l'impression qu'il réalise ce qu'il représente à mes yeux, il arrive à me montrer que j'ai fait s'évaporer le peu de confiance qu'il avait en lui.

« Et si je te répétais chaque jour de mon existence à quel point je t'aime ?

– Et si je ne te croyais plus ?, rétorque-t-il dans un soupir. Quand on est tous les deux, j'arrive à te croire et à me dire que c'était une erreur mais quand j'y pense pour de vrai, je me dis que tu ne devais plus m'aimer beaucoup pour faire ça. C'est une fille, Ariel. Comment est-ce que tu veux que je rivalise avec ça ?

– Mais qui te parle de rivalité ? Bon sang, Louis ! Tu mélanges tout ! Il y aurait rivalité si jamais j'en étais tombé amoureux ou si jamais j'avais envie de te quitter pour partir avec elle ! Je sais que tu détestes que je parle crûment mais nous n'avions pas fait l'amour depuis des semaines et elle s'est mise à genoux pour me sucer la queue. C'est tout. »

Il baisse la tête, mal à l'aise et je prie intérieurement pour que les enfants ne soient pas en train d'écouter aux portes. J'ai presque oublié que les filles sont encore protégées par la grande clémence de Louis, qui refuse d'ébruiter cette histoire.

« Désolé, Louis. Mais c'est tellement frustrant de t'aimer aussi fort et de voir que tu es incapable de le percevoir.

– C'était juste sexuel ?

– J'aurais pu payer quelqu'un, ça aurait été la même chose. Ça n'excuse en rien mon geste parce qu'aucune raison ne sera jamais assez valable pour avoir fait ce que j'ai fait, mais je n'ai aucune espèce de sentiment ou d'affection pour elle. Elle est sympa. Et encore, dernièrement, j'ai pu constater que c'était une sombre conne manipulatrice. »

Je le vois sourire même s'il fixe toujours ses genoux.

« Regarde-moi, Louis. Allez..., j'insiste alors qu'il lève lentement les yeux.

– Hm ?

– Tu es la personne que j'ai le plus aimé de toute ma vie. Et que j'aime le plus et que j'aimerais le plus. C'est comme ça, faut t'y faire.

– Tu oublies Olivia.

– Non, pas du tout. »

Il a foncé les sourcils, confus.

« Comment non ?

– Mon couple avec Liv' n'aurait pas tenu six mois après la naissance des jumeaux.

– Tu n'en sais rien.

– Si je le sais. C'était une personne géniale et j'ai été heureux de vivre mon histoire avec elle parce qu'aujourd'hui, toi et moi avons les jumeaux, mais je passais mon temps à la fuir. Elle m'étouffait. Plus je passais du temps avec elle, plus j'avais peur pour l'avenir et jamais je n'avais envisagé d'être un véritable père avant de te rencontrer, alors que c'est avec elle que j'ai eu des enfants.

– Tu ne m'as jamais dit ça, murmure-t-il, un peu sous le choc.

– Premièrement parce que tu ne me l'as jamais demandé et aussi parce que je n'aime pas te comparer à elle. Tu le sais. Mais j'avais déjà envisagé de la planter avec nos enfants parce que je ne voulais pas d'une vie plan-plan même si j'étais dingue d'elle à l'époque. Je n'avais pas envie d'être enchaîné à elle ou à qui que ce soit d'autre. Mais ça a changé quand j'ai failli perdre la garde de mes enfants et que je t'ai rencontré. Elle est là, la différence, Louis. C'était un amour de jeunesse qui s'essoufflait alors que t'es l'amour de toute ma vie. Je n'en avais pas conscience quand on s'est rencontrés tous les deux parce que je l'avais mise sur un piédestal, mais je le sais aujourd'hui. J'y arrive pas sans toi. Il suffit qu'on s'éloigne un peu pour que je sois perdu.

– Je suis toujours là.

– Je sais. Mais si tu comptes partir, fais-le vite parce que l'attente est insoutenable. »

Il ne répond rien, il se contente de porter son attention sur la boîte et je suis parcouru de frissons.

« On a besoin de l'ouvrir, alors ?, je demande doucement.

– Oui. Juste histoire de se rappeler.

– Se rappeler de quoi ?

– De ce que nous ressentions au moment où nous l'avons scellée. »

Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que j'en ai mal. Je m'en souviens comme si c'était hier. Je me revois, concentré sur la feuille et je me souviens de la force avec laquelle je l'aimais. Je l'aime toujours de la même manière, en fait, voire plus. J'ai simplement cru qu'il s'était lassé de moi avec le temps.

Je me lève pour récupérer ce qu'il faut pour ouvrir la boîte et une fois le couvercle retiré, nous restons silencieux un moment, comme si nous étions paralysés par la peur de voir à quel point le temps avait abîmé ce qui semblait être la meilleure période de notre vie.

C'est Louis qui est le plus courageux en attrapant une petite boîte. Lorsqu'il l'ouvre pour y découvrir une clé USB, je me rappelle immédiatement ce qu'elle contient.

« Les musiques !, dit-on en même temps alors qu'il retourne la boîte pour lire les titres qui sont répertoriés dans la clé.

Feelings de Maroon 5, dit-il en pouffant de rire. Qu'est-ce que j'avais rigolé en voyant la tête de Liam dans la voiture ce jour-là... J'étais tellement mal à l'aise qu'il entende !

– Je suis incapable d'expliquer ce qu'il m'a pris de t'envoyer ça, je dis en riant à mon tour. Tu as des nouvelles de lui ?

– Aucune.

– Il te manque ? »

Quand il secoue la tête, je vois un éclair de nostalgie traverser ses yeux mais je sais qu'il ne me ment pas.

« La suivante.

All About Us, He Is We.

– La chanson de notre première danse. »

Il se met à rougir, exactement de la même manière que lorsque ce passage a défilé sous nos yeux tout à l'heure. J'aurais pu le regarder pendant des heures sans rien dire mais il baisse les yeux pour lire un autre titre et il se met à rire.

« Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?, je demande en prenant la clé. Embr... »

Je plisse les yeux avec un faux air froissé.

« Embrasse-là de La Petite Sirène, reprend-t-il. On avait donné les titres à Zayn pour qu'il se charge de la clé alors je suppose qu'il a voulu y mettre son grain de sel...

– Qu'est-ce qu'il est con !, je dis avec un sourire. Bon, j'crois qu'on va arrêter là pour la clé, j'ajoute en la reposant alors qu'il prend quelque chose d'autre dans la boîte.

– Ce sont des dessins que les enfants nous ont fait.

– Oh ! Et ça, c'est le porte clé que je t'avais offert quand tu as eu ta voiture ! »

Puis à force de sortir toutes les choses que nous avions tenu à mettre dans cette boîte, il n'est plus resté que les deux lettres que nous nous étions écrites en cas de dispute.

Je prends l'enveloppe qui m'est destinée et je l'ouvre sans pour autant être capable de commencer à la lire.

« Tu te souviens de ce que tu as écrit ?, je demande pour grappiller encore quelques secondes.

– Oui. »

Je finis par baisser les yeux et en lisant les premières lignes, je relève immédiatement la tête.

« Oh, Louis...

– Je pensais sincèrement qu'on ne se disputerait jamais, je suis désolé.

– C'est moi qui suis désolé. », je dis alors que mes yeux se posent à nouveau sur la lettre.

Ariel,

Je refuse de croire qu'on se disputera au point d'avoir besoin d'ouvrir cette boîte pour se « rappeler à quel point on s'aime ». Donc si tu l'ouvres, c'est certainement que je suis mort et que tu es tombé dessus par hasard, en triant nos affaires parce que tu déménages pour une maison plus petite, une maison qui ne te rappellera pas sans cesse que je ne suis plus là.

Quel âge as-tu ? Suis-je mort depuis longtemps ? Est-ce difficile de vivre sans moi ? Avons-nous été heureux jusqu'au bout ?

Je suis sûr que les enfants prennent soin de toi. Ils doivent avoir leur propre famille maintenant. Sauf si je suis mort jeune ? Si tel est le cas, je suis profondément désolé de ne pas m'être battu assez pour vieillir à tes côtés. J'espère que tu ne m'en veux pas d'être encore parti le premier, mais tu t'en es déjà remis une fois avec Olivia alors je suis certain que tu ne te laisseras pas abattre.

Ce serait mentir que de dire que j'ai envie que tu refasses ta vie, mais je ne suis plus là pour voir ce que tu fais et les absents ont toujours tort, pas vrai ? Alors si quelqu'un d'autre que moi est capable de te rendre heureux, ne finis pas tes jours seul en mon nom, ce serait idiot.

Il est inutile de te rappeler à quel point je t'aime, non ? J'espère que tu ne l'as pas oublié et que tu ne t'es pas perdu en chemin. Peut-être qu'une simple vie tous les deux te semble court mais je t'assure qu'on s'est aimé bien plus que n'importe qui au monde ; je n'avais qu'à lire dans tes yeux toute la tendresse que tu éprouvais pour moi pour être rassuré et j'ai rarement douté de la force de ton amour. Alors ne doute pas non plus de la mienne. Je ne t'ai pas abandonné parce que je ne t'aimais pas assez, je suis simplement allé t'attendre ailleurs. Nos âmes sont liées et ne cesseront de se retrouver dans toutes nos prochaines vies.

Je t'aime,

Louis.

Je lève lentement les yeux vers lui ; j'ai la gorge si nouée que je suis incapable de dire quoi que ce soit. Il a tellement confiance en nous que j'en ai mal au ventre d'avoir failli tout perdre.

« Tu me lis la tienne ?, demande-t-il en me tendant la feuille, certainement parce qu'il ne voulait pas qu'on discute de ce qu'il avait écrit.

– Euh.. ouais. Si tu veux. »

Je prends la lettre et je souffle un coup, comme pour me donner du courage.

« Tu te souviens de ce qu'il y a dedans ?, demande-t-il.

– Non, pas du tout. Je ne voulais pas l'écrire parce que, moi aussi, ça me semblait impossible qu'on se dispute. Du coup... je sais plus. »

Il fait une petite moue avant de me sourire tendrement.

« Ok, alors euh... Mon Louis. Je t'avoue que je ne sais pas vraiment par où commencer. Je crois que tu es plus avantagé que moi sur le terrain de l'écriture alors je vais faire de mon mieux. Je ne vais pas te rappeler pourquoi je t'aime, c'est trop facile, trop évident. Si nous en arrivons à ouvrir cette boîte aujourd'hui, c'est certainement que j'ai encore été égoïste, que je n'ai vu que ma petite personne et que je t'ai blessé. Je sais que je t'ai promis que ça n'arriverait plus, mais je veux que tu te rappelles qui nous sommes. Je veux que tu te souviennes à quel point nous sommes forts à deux, à quel point nous nous aimons et à quel point mon existence entière dépend de ta présence à mes côtés. Je ne sais pas ce que j'ai fait, je ne sais pas ce qu'il s'est passé et je ne sais pas pourquoi nous en arrivons là, mais... on s'aime toujours, pas vrai ? Je suis incapable d'imaginer une vie où nous ne nous aimons plus et cette lettre me fait peur. Je sens au plus profond de moi que c'est impossible, que je n'aimerai jamais personne comme je t'aime, mais si tu lis ceci, c'est que tu as des doutes, non ? Tu penses que je ne t'aime plus ? C'est ça ? Est-ce que tu comptes partir ? Je sais que tu partirais seulement si tu penses que je ne t'aime plus assez pour que tu restes. Alors laisse-moi te convaincre que c'est faux. Laisse-moi te rappeler pourquoi nous nous sommes mariés, laisse-moi te persuader que nous allons bien et que nous sommes toujours les mêmes. »

Je fais une pause pour déglutir difficilement. Mes mains tremblent et je suis incapable de relever les yeux de la feuille.

« Ça fait quelques semaines que nous avons prononcé nos vœux devant notre famille et nos amis et je tiens à ce que tu saches que je pense que nous pourrons tout affronter. Peu importe la gravité de ma faute, si tu m'aimes encore un peu, laisse moi tout rattraper. Laisse-moi te prouver que nous ne nous sommes pas mariés pour rien et que nous ne faisons pas partis de ceux qui abandonnent à la première difficulté. Nous ne sommes pas de ceux qui nous servons du divorce comme d'une solution. J'espère que tu veux toujours être mon mari. Je t'aime. Ariel. »

Un bref silence s'installe et je manque presque d'éclater de rire tellement je suis nerveux.

« J'me connais pas trop mal, en fait...

– C'est vraiment ce que tu as écrit il y a cinq ans ?

– Oui, regarde. », je dis en lui tendant la lettre.

Il hoche la tête en silence alors que ses yeux parcouraient la lettre. Mon cœur bat la chamade parce que j'ai l'impression que le sort de notre relation est en train de se jouer maintenant.

« J'ai toujours envie d'être ton mari, tu sais... »

Lorsqu'il relève les yeux vers moi, je sais que cette fois-ci, nous pouvons continuer d'être ce que nous avons toujours été : un couple uni et résistant face à toutes les épreuves qu'on nous donnerait à affronter.

Je pose une main sur sa joue pour l'attirer à moi et il m'embrasse avec tellement de tendresse que je cesse d'avoir peur de le perdre.

. . .

De : Louis Tomlinson

A : Ariel Styles

Re: restaurant

Ce serait avec plaisir.


#ISILfic Désolée d'avoir mis mille ans à poster ce chapitre. Y a eu les vacances et puis après... j'ai oublié que je devais le faire mdr ❤ 

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