Le baiser avait eu lieu il y a une semaine et Maxine avait dû se faire violence pour ne pas coincer sa Professeure contre un mur dès qu'elles se retrouvaient seules pour recommencer.
Elle avait promis qu'il serait le seul baiser qu'elle n'échangerait jamais et la jeune femme était prête à se tenir à sa promesse, même si son corps et son cœur lui soufflaient le contraire.
Ses amis avaient bien vu que quelque chose la dérangeait, mais la brunette avait balayé leurs questions d'un mouvement de main, leur disant que tout allait bien.
Bien sûr, ils ne l'avaient pas forcément cru, mais ils semblaient tous s'être mis d'accord pour attendre qu'elle leur parle par elle-même, plutôt que de la harceler et pour cela Maxine leur en était reconnaissant.
Entrant dans le gymnase, son sac de sport à l'épaule, l'étudiante espéra secrètement que Clémentine serait là ce soir.
Elle avait annulé toutes leurs séances de sport privé de la semaine dernière, mais elle n'avait rien dit pour celle du Vendredi soir, alors la petite brune avait pris son courage à deux mains et avait pris ses affaires, espérant intercepter sa Professeure.
- Maxine ? Que fais-tu là ? Demanda Clémentine, fronçant les sourcils.
- Je suis là pour mon cours de sport.
- Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée.
- Pourquoi ?
- Ne fais pas quoi si tu ne savais pas...
- Vous m'avez parfaitement fait comprendre qu'il n'y aurait rien entre nous après ce baiser, j'essaye de l'accepter, parce que je ne veux pas vous faire de tort, mais je ne veux pas non plus foutre mon année et mes études de l'année prochaine en péril, souffla Maxine, juste assez fort pour que Clémentine l'entende, mais ne voulant pas parler plus fort que nécessaire, après tout, tout le monde pouvait rentrer dans le gymnase à tout moment.
- Je comprends Maxine, mais tu ne peux pas t'attendre à ce que tout redevienne comme avant...
- Je pensais que c'était ce que vous vouliez..., murmura l'étudiante en se rapprochant un peu plus de Clémentine, ses yeux chocolat se plongeant dans ceux de sa Professeure.
- Maxine...
- Oui ?
- S'il te plait...
Maxine ne savait pas si sa Professeure lui demandait de reculer ou de s'avancer un peu plus.
Ses yeux semblaient briller de larmes, comme si elle-même ne savait pas si elle souhaitait que l'étudiante devant elle s'éloigne ou se rapproche d'elle, complètement perdue.
- Je ferais ce que tu veux Clémentine, chuchota avec douceur Maxine, ne quittant pas sa Professeure du regard, sa main s'approchant pour lui prendre sa propre main, liant leurs doigts ensemble.
- C'est mal... Ce que nous faisons est vraiment très mal... Tu es mon élève... Et tu es mineure...
- Je serais majeure juste avant Noël, si ça peut te faire te sentir mieux, cru bon de répondre Maxine, Clémentine reniflant doucement, comme pour lui faire comprendre que ce qu'elle venait de dire n'était pas une raison pour continuer ce qu'elles faisaient.
- C'est dans presque deux mois Maxine.
- Je sais, ne pense pas que je n'ai pas un compte à rebours avant d'avoir enfin ma majorité...
- Et à ce moment-là je serais toujours ta Professeure.
- Dis-moi quelque chose que je ne sais pas...
Maxine entendit Clémentine soupirer, tandis qu'elle commençait à doucement caresser le dessus de sa main avec son pouce.
- Nous avons besoin d'arrêter tout cela, pour que tout revienne à la normal...
- Si c'est ce que tu veux, alors nous le ferons.
L'étudiante pouvait presque voir la confusion dans le regard de sa Professeure, celle-ci semblant chercher la force en elle pour reculer.
- Je ne dis pas que c'est ce que je veux, mais c'est ce que je dois faire, pour toi, pour moi, pour nous. Nous devons être raisonnable...
Maxine acquiesça doucement, se reculant avec lenteur, sa main toujours liée à celle de Clémentine, jusqu'à ce qu'elles se retrouvent toutes les deux avec leur bras tendu.
La plus petite des deux brunettes finies par lâcher la main de sa Professeure, laissant leurs doigts se délier un par un, ne quittant pas la scène du regard, comme si cela lui était humainement impossible.
- Je pense qu'il est préférable que nous arrêtions les cours de sport en plus pendant quelques temps, fini par murmurer Clémentine, juste assez fort pour que Maxine puisse l'entendre.
- Je te l'ai dit, je ferais tout ce que tu veux que je fasse, si tu penses que c'est préférable, je m'en tiendrais à ça...
- Et tu dois arrêter de me tutoyer aussi...
L'étudiante acquiesça doucement, essayant de ne pas laisser les larmes qu'elle sentait s'accumuler dans ses yeux tomber.
Elle devait se montrer forte, elle pourrait toujours pleurer plus tard, quand Clémentine ne serait pas là pour la voir faire.
- Tout ce que tu veux que je fasse, je le ferais, même si cela fait mal, la dernière chose que j'ai toujours voulu c'est que tu ais des ennuis.
- Je le sais Maxine, et je t'en remercie... Je pense que tu es la plus mature de nous deux en ce moment...
Habituellement, c'était le genre de chose qui aurait rendu la jeune femme heureuse, savoir que quelqu'un voyait ses efforts, mais pour une fois, cela lui donna juste envie de pleurer davantage.
C'est pour cela qu'elle détourna le regard, non pas sans avoir jeté un dernier regard en direction de sa Professeure, avant de sortir du gymnase, les larmes coulant cette fois-ci librement sur ses joues...
MB/CD
Clémentine avait passé le week-end à se morfondre dans son canapé, s'empêchant de prendre son téléphone pour essayer de joindre Maxine.
Elle avait également décidé de ne répondre à personne, ne voulant surtout pas qu'on la voit dans cet état-là.
Laura avait essayé de la joindre, tout comme Juliette et Cléa, mais elle avait tenu bon, ne tenant pas à fondre en larmes au téléphone avec l'une de ses trois-là.
Surtout Cléa, elle ne pouvait pas fondre en larme au téléphone avec Cléa Bauman.
Malheureusement le week-end était passé trop vite et elle avait dû reprendre le chemin du lycée, avec une couche de maquillage impressionnante pour couvrir les dégâts d'un week-end qu'elle avait passé à pleurer.
Elle ne savait pas si cela cachait vraiment ses yeux rouges, mais elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait pas se permettre de se faire déjà porter pâle alors qu'elle était là depuis moins de deux mois, ça ne serait pas professionnel et elle tenait à garder son travail.
Entrant dans l'enceinte du Lycée, une paire de lunettes de soleil noir couvrant ses yeux, la Professeure marcha doucement jusqu'à l'intérieur, la tête baissée, essayant de se faire voir du moins de monde possible.
Et cela fonctionna, jusqu'à ce qu'elle entre en Salle des Professeurs et que la voix de Cléa ne retentisse.
- Clémentine ! Te voilà ! J'ai essayé de te joindre tout le week-end !
Clémentine frissonna, décidant d'y aller avec l'histoire qu'elle avait imaginé sur le chemin pour se rendre ici.
- Salut Cléa, je suis désolée, mais j'ai passé le week-end au fond de mon lit avec une migraine horrible et ça n'est encore pas totalement passé, comme tu peux le voir.
- Oh, souffla la Professeure de SVT, s'approchant de sa collègue pour lui parler plus doucement, tu auras dû rester chez toi pour la journée.
- Je ne voulais pas être cette Prof qui à peine arrivée commence déjà à prendre des jours de maladie, ça va passer...
- Ce n'est tout de même pas raisonnable, surtout qu'en sport les élèves sont souvent tout sauf calme, ça risque d'aggraver ton mal de crâne...
- Ca va aller, j'ai l'habitude, j'ai ce genre de migraines depuis le collège.
- Tu es pire que Maxine quand elle est malade, soupira Cléa, faisant frissonner une nouvelle fois Clémentine, heureusement pour elle, Cléa mit ça sur le compte de sa migraine, tandis qu'elle continuait à déblatérer sur sa fille têtue et sa collègue qui était tout aussi têtue.
- Je te promets que ça va aller. L'air frais me fait du bien, j'irai faire cours de sport sur la plage, les élèves adorent ça.
- Bien, mais promets moi d'aller voir Mary si cela s'aggrave. Quitte à faire une petite sieste dans son bureau pour te remettre sur pied plus rapidement.
- Je te promets que si ça ne va pas je ne serais pas aussi têtue que Maxine, j'irai de moi-même à l'infirmerie sans que quelqu'un ne soit obligé de m'y trainer, fini par soupirer Clémentine, espérant ainsi que la conversation allait être close, elle ne voulait plus continuer à parler de Maxine.
- Comment ça obligé de l'y trainer ? Je croyais qu'elle avait fini par y aller toute seule !!!
Et merde, finalement elle aurait peut-être dû choisir mieux ses mots, parce que Cléa était repartie dans un monologue sur sa fille irresponsable et Clémentine n'était pas sûre d'avoir la force d'en entendre d'avantage...
- Finalement je vais aller faire un tour à l'infirmerie, je n'ai pas cours avant 10 heures, ça me laissera le temps de me reposer.
Et sans attendre une quelconque réponse de sa collègue, Clémentine choisit la fuite, sortant presque en courant, de la salle des Professeurs, essayant de cacher les nouvelles larmes qui menaçaient de quitter ses yeux sous ses lunettes de soleil...