3.Une profonde amertume

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Pendant le long trajet, je ne lui adresse pas la parole et regarde le paysage. Nous arrivons devant un panneau marquer « Newlife », je lâche un petit « quelle connerie » à voix basse.

Je descends de la voiture pour faire face à une grande demeure. Je regrette mon choix et voudrai fuir loin d'ici. Je vais devoir vivre avec celle que je considère comme morte alors que je sens revenir en moi ma haine, ma colère. Je n'ai plus mes amis pour pouvoir évacuer cette rancœur qui me ronge de l'intérieur.

- Tu ne veux pas entrée ? me questionne-t-elle en voyant que je ne bouge pas.

Je prends mon sac et la suit à l'intérieur.

C'est une maison chaleureuse comme je le pensais, ce qui me met mal à l'aise. Je n'ai pas ma place ici, j'ai l'impression d'étouffé.

- Met-toi à l'aise, Simon n'est pas encore rentré du travail, dit-elle en ne sachant pas trop comment si prend avec moi.

Je la fixe interloquer.

- C'est qui Simon ? Il est le combientième dans ta liste ? je m'emporte contre elle alors que je devrais en avoir l'habitude.

Je suis prise au dépourvue car à aucun moment elle m'a prévenu qu'elle vivait avec quelqu'un.

- Je te l'ai expliqué dans les lettres et les mails mais ... tu n'as pas dû les lire, ça ne fait rien. Après le divorce, je me suis retirée dans ce village pour faire une pause dans ma vie et j'ai fait la connaissance de Simon. Il est avocat et c'est lui qui t'a défendu durant ton procès.

Je comprends mieux le sens de la proposition de mon défendeur étant donné qu'il est le compagnon de ma mère. Ainsi il pouvait garantir à la juge que je serai sous de bonne garde.

- Tu sais avec ton père...

- Tait-toi ! Je t'interdis de parler de lui en ma présence ! je la coupe hors de moi.

Comment ose-t-elle aborder un tel sujet alors qu'elle sait pertinemment qu'elle n'en a aucunement le droit.

- Où est ma chambre pour que je m'y enferme ?

- Je vais t'y conduire, toute tes affaires sont déjà installées, me répond-t-elle attristée par la façon dont je lui ai parlé.

Je la suis sans rien ajouter. Nous arrivons à l'étage.

- A la droite, se trouve notre chambre, au moindre problème tu peux toquer. A ta gauche, il y a la salle de bain et la chambre de Nohan, m'explique-t-elle en guettant ma réaction.

- C'est qui ? je la questionne sur un ton agressif.

- C'est le fils de Simon, il a également divorcé de sa femme depuis longtemps. En ce moment, il est encore en cours. Nous avons aménagé le grenier pour en faire ta chambre, tu as ta propre douche pour éviter tout problème. En ce qui concerne la décoration si elle ne te plait pas, nous pourrons la changer.

- Ça m'importe peu ! Je ne compte pas m'éterniser chez toi, je confie pour mettre les choses aux clairs avec elle.

- Tu montes les quelques marches et tu es dans ta chambre. Tu veux un coup de main ? me propose-t-elle par gentillesse.

- Non ! Je me débrouille très bien par moi-même !

J'ai un grand espace rien que pour moi cependant, je trouve cela vide. Il n'y a qu'un grand lit, un bureau, un dressing, des étagères vides, deux tables de chevet et une banquet au pied du lit. La couleur pêche de la pièce se marie bien avec les poutres en bois. Je défais mes cartons et commence à ranger tranquillement. Ma salle de bain est vraiment moderne et tellement grande que l'on pourrait tenir à plusieurs dedans.

J'entends une voiture se garer devant la maison, je jette un coup d'œil par la petite fenêtre.

Je reconnais aussitôt mon avocat. Si j'avais su qui il était, je n'aurai pas accepté de tomber dans son piège. Je quitte ma chambre en faisant le moins de bruit possible mais il faut dire que le parquet ne m'aide pas. A chacun de mes pas, il se met à craquer.

Je me tiens dans l'escalier, cacher par le mur pour ne pas être vue afin d'épier leur conversation.

- Chérie ! Je suis rentré ! s'écrit Simon en accrochant sa veste au porte manteau dans l'entré.

- Je suis dans la cuisine ! je prépare le diner de ce soir, j'ai fait les plats qu'aime ma fille.

Depuis quand mère sait-elle cuisiner ? Avant mon père était obligé de le faire car elle n'aimait pas ça. Elle avait essayé quelques fois de préparer le repas, mais soit c'était brûler, soit infecte à manger.

- Elle est où ? l'interroge-t-il pour faire diversion afin de gouter au plat.

Elle lui donne une petite tape sur la main pour l'empêcher de toucher à la cuillère.

- Sors de la cuisine tout de suite où je t'expulse à coup de torchon ! Tu mangeras quand ça sera l'heure ! Pour répondre à ta question, elle est dans sa chambre.

Pauvre Simon... Se faire gronder à son âge et par ma mère en plus, je le plains.

- Elle est au courant pour nous ?

- Oui, elle sait pour toi et ton fils. Je veux que tout le monde se sent à l'aise, dit-elle en espérant que tout se déroule bien.

- Comment a-t-elle réagi à cette nouvelle ? demande-t-il curieux.

- Plutôt bien, je pense. Durant tout le trajet elle m'a ignoré et ne semblait pas vouloir que je lui adresse la parole.

- Laisse-lui du temps pour s'habituer à ce changement. Si tu l'as force, elle va surement se braquer, confie-t-il pour la rassurer.

- J'espère que tu as raison, je voudrais qu'on devienne complice.

Certainement pas ! Elle sait très bien que jamais je ne lui pardonnerai ce qu'elle nous a fait subir ! Faut qu'elle arrête de rêver et qu'elle revienne à la réalité.

- Bon ! Je vais voir si elle a besoin d'aide ! déclare-t-il pour changer de conversation.

Quoi ! Il faut vite que je regagne ma chambre sans le moindre bruit. Je sens que je vais me faire prendre. Je commence à me redresser quand ma mère le coupe dans son élan.

- Non, laissons là tranquille pour le moment. Tu iras la chercher quand Nohan sera rentré, propose-t-elle souriante.

J'ai cru avoir une hallucination en la regardant, mais c'est bien un sourire sur son visage, ce qui me procure un frisson dans tout le corps. Elle m'a sauvé sans le savoir, Simon se rapprocher dangereusement de l'escalier.

- D'accord, je vais ranger mes dossiers dans ce cas.

Je reprends mon souffle. Je l'ai échappé belle cette fois. Je remonte dans mon espace privé pour joindre mes amis. Je ne veux pas rester seule dans cette maison qui rayonne de bonheur. 

Rébellion -  L'âme séparéeWhere stories live. Discover now