18. Tragédie

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Au petit déjeuné, je me retrouve coincer avec Elian, Ariel et la « Chef ».

Mon équipier a beau me lancer des regards en me faisant signe en direction d'Océanne, il n'est pas question que je m'excuse. De plus, elle ne fait grand cas de ma présence.

Je me prépare pour notre cours habituel au gymnase. Je n'arrive pas à croire à ce que mes yeux voient. « Elle » est là, c'est de la provocation. Elle veut surement se venger à cause d'hier, elle a trop de fierté pour que l'on défie sa suprématie.

— Qu'est-ce qu'elle fait là !

Elian soupire déjà, surement dû à ma réaction agressive.

— Elle participe à l'entrainement pour voir comment fonctionne le groupe, m'explique Mr Jensen, en prétendant ne pas faire attention à ma désinvolture.

Nous nous échauffons individuellement puis en binôme, elle s'est arrangée pour se mettre avec mon partenaire et moi avec le prof. Ça ne me dérange nullement si elle me débarrasse de cet idiot.

Elle ne peut pas s'empêcher de commenter ses gestes ou de le féliciter.

Pour finir le cours le prof décide de faire des petits combats amicaux. Il n'est pas nécessaire que je m'attarde sur le déroulement des actions. Elian réussit parfaitement à me battre. Je sais qu'Océanne a fait exprès de perdre face à lui, cette fille est une arme destructrice. Quand je l'ai affronté, j'y ai mis toute ma puissance et ma rage. Cependant, elle m'a abattu à plat de couture. Elle n'a pas cherché à se venger alors que je voulais la battre.

Après cette défaite, je quitte la salle mécontente, Elian sur mes talons.

— Où vas-tu ? Pourquoi es-tu si méchante avec elle alors que tu es gentille avec tout le monde, y compris Jade, m'interpelle-t-il, en voulant comprendre.

— Ça te va bien de me faire la morale et puis cesse de me suivre ! Ce que tu peux être irritable !

Il ne dit plus rien et se contente de me regarder partir.

Argus me convoque dans son bureau en me voyant passer devant. Nous nous installons dans le coin détente.

— Eva, je voudrais m'entretenir de ton comportement quelque peu « déplacer » envers Océanne. Je sais que tu n'apprécies pas d'être sous son autorité mais, tu vas devoir faire des efforts, si tu veux que je te laisse partir sur le terrain. J'ai fait venir Océanne pour ton bien, tu ne peux pas tout gérer par toi-même et penser à ton bien-être. Ne la considère pas comme ton ennemi mais une alliée. En outre, elle a également besoin de votre aide pour guérir, qu'elle apprenne à être vos égaux. Si tu fais un effort dans ton attitude et que tu cherches à l'intégrer dans la troupe, je t'accorderais trois faveurs dans la mesure du raisonnable.

Je suis ébahie, je ne m'attendais pas à ce qu'il me propose un accord.

— Pour le moment, rien ne me vient en tête. Quand j'aurais besoin d'un service, je viendrais vous le rappeler, je déclare, en étant certaine que je me souviendrais.

— Je voulais aussi discuter d'Elian. On m'a rapporté que tu ne l'appréciais pas vraiment.

— Il est énervant, provocateur et indifférent. Il n'arrête pas de me critiquer, il m'a bien fait comprendre que je n'étais pas digne d'être sa partenaire.

— C'est la première fois qu'il se préoccupe de quelqu'un. Il a toujours été indifférent aux autres cependant, je n'ai pas le droit de te raconter son histoire. Le jour où il t'a sauvé, il est venu me voir et quand il m'a dit ce qu'il avait fait, j'ai été surpris. Il y a quelque chose chez toi qui l'attires. J'ignore de quoi il s'agit toutefois, je finirais bien par le découvrir. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé qu'il serait ton tuteur alors, essaie de le comprendre, me révèle-t-il pour que je sois plus indulgente envers ceux qui m'entourent.

Tout le monde est au tour de la table pour le midi sauf Argus, ce qui laisse libre champ aux conversations.

— Alors Eva, tu as encore fait ta rebelle, commente Derek d'un sourire malicieux.

— Pff ! Pourquoi tu te préoccupes d'elle ? lâche Jade, en me regardant d'un air hautain.

— T'es jalouse ? C'est vrai que toi, tu ne peux pas agir de manière désinvolte ! je réplique, en la provoquant davantage.

— Calmez-vous les filles ! Ne vous battez pas pour mon charme, intervient notre séducteur.

Toutes les deux nous nous tournons vers lui en le foudroyant du regard. Il n'en mène pas large.

— Tu comptes participer au cours d'Ernest ? me demande Elian consciencieusement.

— Oui, à moins que tu aies une objection ?

— Non, conclut-il aussitôt.

Après le repas, nous allons dans le parc rejoindre le prof pour son cours de l'après-midi.

Il nous propose une course d'orientation pour voir si nous sommes capables d'appliquer ses consignes et son enseignement.

— Ce test est individuel, vous serez séparés chacun partant d'une extrémité différente. Eva, tu partiras au pied de la montagne et Elian quelque part dans la forêt. Le lieu du rendez-vous est le lac, il n'y a pas de chrono donc prenez bien le temps d'analyser votre environnement. Vous aurez également chacun un sac contenant une bouteille d'eau, des barres énergétiques et une petite trousse de secours par sécurité. Vous porterez un bracelet GPS qui indiquera la position de votre partenaire, il vous sera enlevé à la fin du test. Un petit mot d'encouragement avant de partir ?

— Bien sûr ! Eva, évite de te perdre, commente Elian fière de lui, en sachant qu'il va me mettre en colère.

— J'espère que tu te perdras ! Comme ça, j'aurais enfin la paix !

— Bon... Je crois que c'est le moment de vous séparer. Bonne chance à vous deux, conclut Ernest, en nous invitant à monter dans les voitures, une fois les yeux bandés.

Une fois le véhicule partit, je retire le bandeau. Je suis entourée de la montagne et de la forêt. Je suis trop loin pour pouvoir distinguer Rebirth. Je regarde la direction du soleil pour m'orienter. Le soleil se couche sur le lac donc il est assez facile de se repérer.

Je me mets en marche, d'un pas déterminé. J'arrive très vite dans la forêt, longeant la montagne rocheuse. D'après la couleur du ciel, il doit être entre 14 h-15 h. Les rayons du soleil tapent assez fort, ce qui m'oblige à faire une pause pour me réhydrater. Tout allait bien quand d'un seul coup, un tremblement se fait ressentir, sans parler du vacarme provenant de la montagne. Je sors de la forêt pour voir de quoi il s'agit, je remarque alors une vague de poussière entrainant un éboulement de pierres. Me rendant compte de la menace, je me dépêche de m'engouffrer parmi les arbres et à fuir le plus vite possible le danger. La panique s'est emparée de moi, je cours sans savoir où je vais. Le bruit se faisant de plus en plus fort ne me rassure guère. Je suis désorientée et ne réfléchis plus. Je devrais garder mon sang-froid et procéder de façon logique comme nous l'a appris Ernest en cas de danger, en particulier quand des ennemis nous poursuivent. Seulement, il s'agit d'un tas de pierres et d'arbres déracinés à cause de la force de la vague. Je ne pense qu'à sauver ma peau.

Dans cette course folle, je ne fais pas attention où je pose mes pieds et trébuche en me prenant une racine d'arbre.

Je m'étale au sol en m'égratignant les mains et les jambes. Je me dépêche de me relever mais, ma cheville qui s'est prise dans la racine me fait douloureusement mal. Je regarde derrière moi, il est trop tard. Je me mets en boule derrière un arbre. La poussière et ses déchets fondent sur moi avec violence. J'ai mal pourtant je m'oblige à rester en boule et à serrer la mâchoire.

Une fois la tempête passée, j'observe les dégâts. Mon corps est couvert de saleté et de petites coupures. Mon sac a été déchiré, il ne me reste qu'une bouteille d'eau pour survivre. Je suis incapable de me lever. Je vais attendre que quelqu'un vienne me chercher, ils finiront bien par s'inquiéter de ne pas me voir arriver. 

Rébellion -  L'âme séparéeWhere stories live. Discover now