Chapitre 9 - Détour au gymnase

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L'orage de la veille semblait toujours imprégner Kobe. L'humidité se ressentait à travers les odeurs qui dansaient dans l'air, la condensation qui naissait sur les vitres des salles de classe, et jusque dans les cheveux incoiffables d'Akemi. Ses pointes noires rebiquaient malgré ses efforts de les dompter et les lisser à l'aide de ses doigts, pourtant il s'agissait bien là plus d'un réflexe que d'un réel tracas. L'épaisse couche nuageuse qui habillait le ciel ne laissait aucun doute quant au temps qui allait couler, et de toute évidence l'orage engloutirait de nouveau la ville ce soir.

L'adolescente se laissa choir sur son pupitre à cette pensée, alors que son dernier cours de la journée commençait : l'anglais. Et l'ennui qui en découla fut quasiment mortel, à tel point que l'assombrissement progressif du ciel se révéla bien plus intéressant qu'elle ne l'aurait imaginé.

Tout au long de la journée, Akemi s'était motivée pour rejoindre le gymnase après les cours afin de remercier Kita une bonne fois pour toute. Ce n'était pas tant qu'elle s'en sentait obligée, mais en dépit de sa nature spontanée, l'adolescente mettait un point d'honneur à se montrer respectueuse envers un senpai qui avait pu l'aider – surtout d'une manière aussi naturelle. Et elle devait bien admettre que la simple perspective de faire d'une pierre deux coups vis-à-vis de Ritsuka demeurait tentante.

Avec un peu de chance, si elle se dépêchait, elle serait rentrée largement avant l'orage – mais malheureusement avant ses parents également.

La sonnerie qui retentit pour s'écraser contre les murs du couloir l'arracha à son dilemme. Se dépêcher. Rentrer avant l'orage. La jeune fille nota avec une rapidité sans pareille les devoirs que dictait la professeure, avant de ranger ses affaires pour quitter la salle. Une salutation à ses camarades de classe, et déjà disparaissait-elle dans les escaliers pour quitter le bâtiment.

Cette fois, il était hors de question que la moindre seconde d'inattention lui soit fatale.

Ce fut avec lenteur qu'Akemi s'approcha de la porte ouverte du gymnase. Malgré la nuit qui tombait déjà peu à peu, il était encore tôt. Les entraînements ne devaient pas encore avoir commencé, en principe, pourtant quelques bruits de semelles glissées sur le sol en bois résonnaient jusqu'à elle. Mais pas de ballon contre les murs, pas de cri d'enthousiasme : l'endroit semblait être hors de danger.

— Tu cherches quelqu'un ? s'éleva une voix dans son dos alors qu'elle s'apprêtait à passer une tête curieuse dans l'embrasure.

L'adolescente sursauta sous le coup de la surprise, avant de faire volte-face comme par réflexe. Pourtant, elle connaissait déjà bien cette intonation lasse et harassée, à tel point qu'elle reconnut Suna Rintarou avant même que ses prunelles azurées ne se soient posées sur lui. Et visiblement, au vu du sourire entendu qui étirait le coin de ses lèvres, il n'avait rien raté de sa réaction.

Toujours vêtu de son uniforme scolaire aux couleurs ainsi semblables aux siennes et sac de sport sur l'épaule, le volleyeur attendait à quelques mètres derrière elle, le visage aussi figé qu'à son habitude. À ses côtés, les regards inquisiteurs et curieux de ses coéquipiers de seconde année restaient rivés sur elle, d'une manière aussi intimidante que déplaisante.

— Ah, s-senpai, balbutia-t-elle bien malgré elle et en se maudissant intérieurement, perturbée à la simple perspective que ses camarades se souviennent de sa première entrée fracassante, la semaine précédente.

Mais après tout, ce n'était peut-être pas quelque chose de si marquant. Ce devait même probablement pas non plus être la première fois que cela arrivait. Et avec un peu de chance, ils ne se souviendraient même plus de son visage, qu'ils n'avaient aperçu au final que quelques minutes. Puis, quand bien même l'un d'eux pourrait s'en formaliser, quelles étaient les chances pour que quelqu'un se risque à faire une réflexion ?

À l'encre indélébile | HaikyuuWhere stories live. Discover now