Chapitre 4 - Cas désespéré

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S'il y avait bien une chose qu'Akemi n'avait pas vu venir, c'était bien le crush visiblement innocent de sa meilleure amie sur le capitaine de l'équipe de volley masculine. Elles se côtoyaient toutes les deux depuis des années, maintenant, et si elles s'étaient rencontrées au club de volley-ball au collège, l'année d'écart qui les séparait n'avait jamais effiloché leur lien. Bien au contraire. Et le fait qu'Inarizaki regroupe collège et lycée leur avait permis de continuer de se voir, l'année précédente.

Bien plus qu'elle, Ritsuka avait toujours démontré d'un fort intérêt pour ce sport qui les avait faites se rencontrer. Et là où Akemi avait laissé tomber à son entrée en première année de lycée, son ancienne coéquipière avait continué, passionnée. Réservée sur ses sentiments mais pas sur son jeu, parfois rien que l'observer sur le terrain pouvait presque redonner envie à la plus jeune de reprendre.

Alors en soi, le fait qu'elle s'intéresse à quelqu'un qui aimait également le volley ne la surprenait pas vraiment. Ce qui l'étonnait, à vrai dire, demeurait plutôt dans le fait qu'elle n'ait rien soupçonné, et qu'elle n'ait non plus jamais eu vent d'un quelconque lien entre eux.

Mais de toute évidence, le doute n'était sûrement pas permis. Car si la jeune fille venait de nier à plusieurs reprises, la crispation de son visage ainsi que ses joues d'un rouge trop éloquent parlaient pour elle.

— Mais depuis quand ? Et pourquoi je suis pas au courant, moi ?

— Chut, arrête de crier comme ça, implora Ritsuka, un doigt sur ses lèvres pour mimer ses onomatopées.

— T'es trop mignonne, se lamenta Akemi, ce qui n'eut pour effet que d'amplifier le malaise de son aînée.

— Ça fait pas très longtemps..., répondit la lycéenne de seconde année, ignorant au passage ce qui devait s'apparenter à un compliment – elle n'en était pas sûre. Juste quelques semaines.

— Quelques semaines c'est pas très longtemps, pour toi ?

En réalité faussement vexée, Akemi fit mine d'attraper son sandwich pour croquer dedans d'un air boudeur. Une chose était sûre, cette révélation lui avait totalement fait oublier la bosse sur son crâne, qui la lançait pourtant parfois, lorsqu'elle bougeait trop vivement la tête et que son chignon suivait le mouvement.

— Et donc, comment c'est arrivé ?

— Je sais pas trop... La dernière fois, le gymnase qu'ils utilisent pour l'entraînement était pas libre, du coup ils ont demandé s'ils pouvaient s'entraîner avec nous.

S'il y avait une chose qu'Akemi aimait, c'était taquiner sa meilleure amie. Et à cet instant, elle avait de toute évidence beaucoup de matière pour le faire ; pourtant elle ne put s'y résoudre. Son regard de jade fuyant, ses pommettes colorées, aussi délicates qu'un crépuscule, ses lèvres tremblotantes de honte – elle la connaissait suffisamment pour pouvoir affirmer que c'était plus fort que de la gêne, qui peignait son visage. Tout appelait à la compassion, bien plus qu'à une moquerie.

— Et pourquoi tu m'en as pas parlé ? Je croyais qu'on se disait tout ! Y'a même des moments où j'aimerais avoir un crush comme ça juste pour t'en parler !

Un léger rire franchit le mur des lèvres de Ritsuka, avant qu'elle ne réponde avec calme :

— J'attends juste que ça passe, aussi rapidement que c'est arrivé.

— Wah, trop nulle comme manière de voir les choses, lâcha Akemi, un sourcil arqué. Va lui parler plutôt, non ?

— Parle mieux à ton aînée, sourit son amie. Et puis bon, j'aimerais t'y voir, toi. Il est quand même inaccessible. Et puis... on est en novembre, le dernier trimestre va bientôt commencer.

À l'encre indélébile | Haikyū!!Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt