Chapitre 44 - Renouveau

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Au cours de ces dix mois passés au lycée Inarizaki, Akemi s'était répété maintes et maintes fois qu'elle n'avait pas besoin de quelqu'un d'autre que Ritsuka. Parler aux gens était important, qu'il s'agisse d'un besoin inconscient de sociabilisation ou bien de sa nature trop spontanée pour pouvoir l'éviter, mais il n'était pas nécessaire de se lier d'amitié avec eux. Échanger des repas, des réponses aux devoirs et des paroles dans l'enceinte de la salle de classe était une chose ; parler de sa presque-relation avec un volleyeur en était une autre.

Elle n'aurait su dire comment elle avait bien pu en arriver à la deuxième option avec Kasumi, assises sur un banc dans la cour du lycée.

Pourtant, si sa camarade aurait dû rejoindre ses activités de club, le simple fait qu'elle se soit suffisamment inquiétée pour rester avec elle la touchait. Et si Akemi n'aimait pas réellement s'étaler sur ce qui la tracassait – c'était d'ailleurs bien pour cette raison que Ritsuka n'était pas pleinement au courant de la situation avec ses parents – elle devait bien admettre que parfois, vider sa colère et ses remords ne pouvaient pas faire de mal.

— Donc si je comprends bien, il boude un peu parce que tu as dit à sa mère que vous étiez juste amis, alors qu'il t'avait embrassée ?

Le rouge monta aux joues de l'adolescente avant même que Kasumi ait le temps de terminer sa phrase.

Maintenant je comprends pourquoi Ricchan me disait toujours d'être discrète quand je parlais de Kita-senpai.

— J'ai du mal à savoir si c'est mignon ou puéril, admit sa camarade, dans un sourire visiblement étouffé.

Akemi leva un regard surpris à l'attention de son interlocutrice, avant qu'un léger rire ne lui échappe. D'une certaine manière, sa camarade n'avait pas tort : si la situation l'avait mise dans une position délicate au cours des trois derniers jours, elle devait bien admettre que maintenant qu'elle la voyait sous cet angle, sa colère s'amenuisait. Au fond, cela voulait bien dire que Suna accordait autant d'importance et de sentiments qu'elle à cette soirée.

— Je suis un peu partagée aussi, rit-elle. Mais en même temps, je sais pas, j'allais pas dire que j'étais sa petite-amie alors que j'en savais rien, non ?

— Non mais les mecs aussi... Ils peuvent pas être clairs, sérieux ? soupira Kasumi avec tant de lassitude qu'Akemi se demanda si ses propos ne s'adaptaient pas également à sa propre situation.

— Faut croire que non !

Un éclat de rire résonna à travers le souffle frais de la fin d'après-midi, au fil duquel Akemi eut le temps de se demander comment le simple fait d'extérioriser ses pensées, à une personne qu'elle considérait ne pas forcément bien connaître, avait-il bien pu l'alléger de la sorte. La poitrine gonflée d'un air nouveau, elle balaya ses doutes pour la soirée d'un revers de la main, avant de considérer qu'il était l'heure de relâcher sa camarade pour lui permettre de regagner son club. Une fois seule, et après l'avoir remerciée de mille sourires, elle se contenta de taper un message à l'attention de Suna.

✉️ Akemi
Demain j'aimerais te parler stp
(dis pas non ou fais pas le mort, sinon je campe devant ta salle de classe)
17:11

****

La matinée suivante était passée avec une lenteur aussi redoutable qu'une rapidité effrayante, pour Akemi. Suna avait simplement accepté sa proposition, et s'ils n'avaient échangé que quelques formalités par messages au cours de la soirée, notamment sur leurs devoirs respectifs, il avait au moins pris la peine de lui répondre – elle soupçonnait une forme de culpabilité quant aux paroles qu'il lui avait lâchées quelques heures auparavant.

À l'encre indélébile | HaikyuuWhere stories live. Discover now