Chapitre 2 - Retour à la réalité

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Adossée contre le mur du gymnase et maintenue debout par ce dernier, Akemi reprenait doucement ses esprits. Le temps semblait être passé à une allure folle, comme si de longues heures venaient de s'écouler, et pourtant seules quelques courtes minutes avaient filé. Ses esprits peu à peu récupérés, l'adolescente avait réussi à quelque peu faire le tri sur la situation, pour comprendre que c'était un service smashé qui avait trouvé refuge contre son crâne, à l'instant même où elle était entrée à l'intérieur du gymnase.

Les lumières avaient arrêté de danser, les voix ne se mêlaient plus en un brouhaha asphyxiant, et pourtant sa tête semblait prête à exploser à tout moment. Plus elle passait une main sur le côté droit de son crâne, plus la lycéenne sentait la bosse se former au gré de seulement quelques minutes, et elle ne préférait même pas imaginer à quoi elle allait ressembler en rentrant chez elle et quelle excuse elle allait bien pouvoir utiliser pour ses parents.

— Ça va mieux ? s'enquit Kita Shinsuke, le capitaine de l'équipe, alors que la plupart des volleyeurs reprenaient leur entraînement.

— Je crois...

— Tu devrais aller à l'infirmerie.

Il ponctua sa phrase par un regard entendu en direction du responsable, dos à eux et visiblement prêt à reprendre l'entraînement, qui s'arrêta machinalement, sans même avoir à se retourner. Un plissement de paupières et un soupir plus tard, Suna fit volte-face, avant de s'avancer d'une démarche nonchalante, comme s'il avait saisi le message.

— C'est gentil, mais pas besoin, je vais juste rentrer.

Et m'enterrer.

— Faudrait juste que j'aille récupérer ma carte de transports dans les vestiaires, histoire que je me sois pas pris un ballon pour rien.

La mâchoire du bloqueur central se crispa à l'entente de ces mots, alors qu'une certaine culpabilité quasiment imperceptible volait à la surface de ses prunelles jaune olive. Loin de la rancune pour autant, Akemi lui adressa l'esquisse d'un sourire auquel il ne réagit pas, avant de s'éloigner du mur qui la maintenait en réalité debout.

— Désolée pour le dérangement, s'excusa-t-elle sincèrement, sans toutefois pouvoir s'incliner. Faites juste attention, je vais repasser, du coup.

Pourtant, la douleur qui commençait peu à peu à s'éteindre se réveilla lorsqu'elle entreprit de marcher pour rejoindre les vestiaires des filles. Ils semblaient tous plus éprouver une certaine peine à son égard que de retenir des moqueries, pourtant Akemi pouvait de toute évidence ajouter cet incident sur la liste de ses pires hontes.

— T'habites loin ? s'enquit Kita en la voyant tituber.

— Pas trop, c'est rapide en train.

Le capitaine de l'équipe lança une œillade sous-entendue au joueur de seconde année toujours à ses côtés, qui saisit le message sans même qu'il n'ait à parler : son service, sa faute, son problème. Et lorsqu'Akemi rejoignit de nouveau leur hauteur, sa précieuse – ou maudite – carte dans les mains, elle fut surprise d'apercevoir Suna toujours dans l'entrée du gymnase. Son sac à elle, laissé volontairement afin de le récupérer au passage, dans les mains, il attendait visiblement son retour.

— Kita-san m'a demandé de te raccompagner, expliqua-t-il en apercevant la perplexité dans son regard azuré.

Et elle ne broncha pas, ne posa pas la moindre question. Akemi se contenta d'un hochement de la tête, tandis qu'il lui indiquait qu'il allait récupérer ses affaires – pour rentrer par la suite, sans doute ; après tout l'entraînement devait déjà être plus qu'entamé.

À l'encre indélébile | HaikyuuWhere stories live. Discover now