Chapitre 47 - Aux prémices du cœur

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La magie « Atsumu » n'avait pas mis bien longtemps à faire effet. Les rumeurs avaient filé au sein du lycée Inarizaki au cours de la matinée suivant cette soirée passée à l'habitation Fumiya, pour revenir en pleine figure d'Akemi dès le midi même. Les interrogations s'étaient succédé de la part de camarades curieux, et ce jusqu'à ce que même une élève de terminale dont elle ne connaissait que le nom vienne la voir. Ce n'était qu'un souvenir brumeux, mais elle avait reconnu l'une des filles croisées sur le toit lorsqu'elle était descendue en compagnie de Suna, quelques jours auparavant.

Les membres du club de volley étaient sans doute plus populaires qu'elle ne l'avait pensé – elle n'imaginait même pas le jour où il serait question des jumeaux Miya.

Mais depuis toujours, Akemi n'avait jamais réellement porté attention aux rumeurs. Le cœur bien plus léger d'avoir vu sa pile de tracas diminuer petit à petit, elle s'était contentée d'acquiescer les faits avec nonchalance ou enthousiasme, selon son humeur du moment, et ce jusqu'à ce que les choses se tassent. Les jours s'étaient ainsi enchaînés bien trop rapidement au goût de l'adolescente et de son planning de révisions. Des quelques heures passées après les cours à travailler avec Kasumi – et notamment à l'aider dans les matières les plus littéraires – aux après-midis de week-end chez Ritsuka ou Suna ; le rythme s'était fait plus que soutenu.

Et comme si cela ne suffisait pas, au cours des dernières semaines, la jeune fille avait passé autant de temps à réviser qu'à enseigner.

— En fait, c'est plus simple quand c'est toi qui me l'expliques Akemi-chan !

Avachie sur le kotatsu qui trônait fièrement au milieu de la chambre du volleyeur, Atsuko gribouilla quelques notes sur son cahier d'anglais. La langue pincée entre ses lèvres de concentration, elle ne prit ni conscience du sourire dont le visage de sa professeure particulière était fendu, ni du regard que lui portait son frère aîné.

Akemi n'avait plus aucune notion du temps qui filait. L'après-midi était déjà plus qu'entamée, en ce dimanche de début mars, pourtant l'épaisse nébulosité qui baignait le ciel ne laissait pas passer le moindre rayon de soleil, et venait ainsi troubler son horloge interne. À travers la fenêtre pourtant dépourvue de volets, la lumière du jour peinait bien à entrer. Ce temps-là, elle ne le connaissait que trop bien pour l'avoir appréhendé à de trop nombreuses reprises... Sans doute l'orage viendrait-il cracher son agressivité sur la ville de Kobe d'ici peu de temps. Trop peu de temps.

Affalé sur son lit et muré dans le silence depuis de longues minutes, Suna décrocha de l'écran de son smartphone pour suivre le regard qu'elle lançait inconsciemment au noir du ciel, le visage tendu par une angoisse qu'elle aurait pourtant essayé de dissimuler, si elle en avait pris conscience. Il ne dit toutefois rien.

— Et cet exercice-là ? continua Atsuko, qui n'était pas au courant de la situation et ne pouvait ainsi pas saisir l'ambiance. Je suis pas trop sûre pour la dernière question...

— Attends, je regarde ça.

Prunelles olive toujours rivées sur sa petite-amie, le volleyeur l'observa porter son attention sur le cahier d'exercices que sa cadette lui tendit. Ces derniers jours, Akemi était souvent venue chez eux dans le cadre des révisions, qu'il s'agisse des siennes ou de celles d'Atsuko, à tel point que cette dernière n'avait plus eu que les mots « Akemi-chan » à la bouche au fil des soirées qui s'étaient succédé. Ce n'était pas tant que cela le dérangeait – au contraire, d'autant plus qu'Akemi semblait y prendre plaisir – mais le fait de l'avoir au centre de ses discussions chez lui alors qu'elle n'était même pas là était parfois perturbant.

Toujours sans prononcer le moindre mot, il laissa un sourire amusé étirer la commissure de ses lèvres lorsque, après les corrections effectuées par la lycéenne, sa sœur se laissa tomber le front contre la table de désespoir.

À l'encre indélébile | Haikyū!!Onde histórias criam vida. Descubra agora