Chapitre 12: Walk on memories

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Son regard se remplit de surprise à mesure qu'il découvre chacune de mes cicatrices, chaque zone meurtrie, chacun de mes tatouages, comme s'il lisait le parchemin d'une histoire qu'il ne comprend pas encore.

Bientôt, l'eau fut remplacée par du désinfectant et la sensation du liquide me brûlant la peau me fait étouffer un gémissement. Mais je ne lâche pas sa main. Pour rien au monde. Et Jongin resserre sa prise sur mes doigts avant de croiser mon regard brumeux.

- Il va falloir que tu ailles à l'hôpital, tu sais? Je ne peux pas soigner tout ça tout seul.

- Je... je ne peux pas faire ça Jongin, je réponds difficilement avec un petit sourire.

- Pourquoi? demande-t-il doucement en passant une main dans mes cheveux, comme s'il avait compris que ce soir, je n'avais pas l'énergie de me battre. Comme s'il avait compris que chaque geste doux qu'il avait pour moi me rendait totalement vulnérable et inoffensive. Le loup qui aime la brebis. Se rendait-il compte qu'il était devenu le loup pour moi?

- Je te l'ai dit, je n'ai pas de nom Jongin. Je ne suis personne.

- Arrête avec ça s'il te plaît, ta santé est en jeu... il faut que tu ailles à l'hôpital, répond-il, ton... groupe ne t'en voudra pas et je te promets de ne révéler à personne pourquoi tu es dans cet état.

Je souris doucement et passe à mon tour une main dans ses cheveux. S'il est surpris par mon geste, il ne le montre pas: ses yeux déterminés ne quittent pas les miens et mon sourire fatigué s'agrandit.

- Jongin... ce n'est pas que je ne veux pas c'est que je ne peux pas. Je n'ai pas de nom légal je... je n'existe pas Jongin.


Je regarde ses yeux s'écarquiller en ayant vaguement conscience qu'à partir de cet instant, mon destin repose entièrement entre ses mains: s'il appelle, la police, je ne pourrais rien faire. Et je ne ferais rien.

Soudain, un poids énorme vient me comprimer le coeur, une fatigue écrasante, étourdissante, m'empêchant d'esquisser le moindre mouvement. Je suis si... fatiguée. Fatiguée de courir, de prétendre, de me cacher, de faire semblant d'être en vie. Si Jongin veut appeler la police, alors ça sera tant mieux: ainsi tout s'arrêtera.

Comme s'il avait compris que je m'apprête à lui révéler quelque chose d'important, il s'approche un peu plus de moi et pose une main rassurante autour de moi.

- Je... je n'ai pas de vraie identité. Je n'en ai même pas du tout. Au yeux de l'état, je n'existe pas. Je suis née... je ne sais pas trop quand à vrai dire, dis-je avec un petit rire douloureux. On pense vers 1994, 1995... Ma mère... ma mère était nord-coréenne et mon père... probablement sud-coréen mais je ne suis sûre de rien.

Jongin ne répond rien mais ses doigts passent avec délicatesse une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je ferme les yeux un instant pour profiter de la sensation et ne les réouvre que lorsque je sens son pouce me caresser la joue. Il me fixe intensément, comme pour me prier de continuer.

- Je ne suis sûre de rien: tout ce que je sais de mes parents et de mon histoire ne sont que des fragments de récits, de vérités ou de mensonges que j'ai réussi à glaner par-ci par-là... On a jamais rien voulu me dire et la seule personne qui aurait pu savoir est morte en 2013. Il s'appelait Kim Tae Chon.

Je le vois hausser les sourcils et chercher dans ses souvenirs où il aurait pu entendre ce nom qui sonnait familier. Et puis ses yeux s'écarquillent et je sais qu'il commence à comprendre, à relier les points entre eux.

- Oui, le Kim Tae Chon. Le parrain du gang Beomseobang, l'un des trois plus puissants gangs de Corée du sud. Et l'homme qui m'a élevé.

Je m'arrête pour observer la réaction de Jongin: je m'attends à lire de la peur dans ses yeux, ou même du dégoût ou de la haine. Mais son regard reste impénétrable et il me pousse à continuer.

CONFESSION - [FF - EXO - KAI]Where stories live. Discover now