Chapitre 5: Trouble

275 33 22
                                    

OST: I'm not okay - Chen

Je me redresse dans mon lit et grimace de douleur. Cet enfoiré de Jang ne m'a pas raté: j'ai deux côtes cassées, tout le côté du visage tuméfié, deux yeux au beurre noir et le bleu sur ma jambe droite est tellement énorme que je boite.

Pathétiquement, j'attrape mon paquet de clope mais après quelques secondes, je n'en sors pas et l'envoie balader d'un mouvement mou du bras. Je sais que ça ne marchera pas. Je sais que la douleur ne partira pas. Jamais la clope, l'alcool ou la drogue ne me réchauffera suffisamment, me fera revivre, me fera sentir... ressentir... mais hier m'a prouvé que quelque chose, ou quelqu'un le pouvait.

Seule dans ma chambre, sans personne pour me voir, je rougis en me rappelant de la sensation du poignet de Jongin entre mes doigts. Les battements de mon coeur s'accélèrent quand je revois son regard inquiet sur moi.

A ces souvenirs, je rigole mais mon rire se transforme en sanglot: c'est plus fort que moi. Des larmes coulent sur mon visage sans que je puisse faire quoi que ce soit. Hier... hier était... compliqué.

Je me suis réveillé dans le couloir du quartier général et les traces sur le sol indiquaient clairement que Jang avait traîné mon corp inanimé dehors et que j'avais été laissée là, évanouie, jusqu'à ce que je reprenne connaissance.

Sans m'émouvoir plus que ça - car encore une fois, quoi de nouveau ? - j'avais pris mes lunettes, vérifié l'heure et était partie au studio sans réfléchir une seconde. Sans réaliser que c'était sans doute la chose la plus débile à faire.

Parce que lorsque j'aperçu Jongin et qu'il se précipita vers moi, j'eu l'absurde et dangereuse impression d'être en sécurité, comme autrefois. Et quand sa chaleur m'a enveloppé, j'eu la brève impression de revivre, ne serait-ce qu'un instant, et l'envie folle de me jeter dans ses bras m'a prit, plus forte que jamais.

Je me prends la tête entre les mains et soupire longuement. Est-ce que j'ai au moins dormi quelques heures? Je me sens encore plus fatiguée qu'hier et j'ai l'esprit tellement embrumé que je peine à savoir pourquoi je pleure exactement. Depuis quand n'ai-je pas pleuré d'ailleurs? Longtemps... bien longtemps... Il faut que je prenne une douche.

L'eau qui coule sur mon corps retire la crasse et le sang séché qui me colle à la peau depuis ce qui me paraît des lustres et je me sens déjà plus légère. Un tout petit peu. Sous mes tatouages, presque l'entièreté de ma peau est bleuâtre ou écorchée: je préfère détourner les yeux.

Jongin... ce nom me tourne dans la tête, du matin au soir, jour comme nuit, inlassablement. Entendons-nous bien, ce n'est pas de l'amour. C'est un mélange de fascination pour sa danse, d'attachement au calme qu'il m'apporte et... probablement un peu d'affection, c'est vrai. Une semaine c'est amplement suffisant pour découvrir à quel point cet homme peut être attachant: il est incroyablement maladroit, ce qui peut être très drôle, beaucoup trop naïf pour son propre intérêt et sa passion pour son art est bouleversante. Je me souviens du moment quand, il y a trois jours, il a glissé à cause de l'eau qu'il avait renversé et mal essuyée. Sa réaction m'avait fait rire malgré moi et j'avais bien eu du mal à le cacher. A vrai dire, il l'avait vu et avait rigolé discrètement à son tour. Je souris à ce souvenir et pour une fois, je ne tente pas de le cacher... ça fait du bien... Alors je reste là, sous la douche, à sourire en pensant à un homme qui ne devrait même pas savoir que j'existe. Et à ma propre surprise, un frisson d'excitation me fait frémir: je me sens bien plus légère que d'habitude, bien plus en vie soudainement et ce sentiment aussi étrange qu'exaltant me fait oublier un instant l'organisation, Tony et Jang.

Alors contre toute attente et à ma propre surprise, je suis toujours souriante quand je sors de ma douche. Les col-roulés austères que j'enfile chaque matin me semblent bien sombres tout d'à coup mais je n'ai pas le choix. Je prends un peu plus de temps que d'habitude à coiffer mes longs cheveux noirs en bataille et veille à ce qu'ils couvrent, avec mes lunettes, la majorité de mes blessures. Quand je me regarde dans le grand miroir de ma chambre sale et sombre, rien n'a vraiment changé dans mon apparence... mais quand on regarde de près, il y a dans mes yeux une étincelle qui n'était pas là hier matin et juste cela suffit à m'autoriser un sourire timide en direction de mon reflet défiguré.

CONFESSION - [FF - EXO - KAI]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang