Chapitre 4: Hurt

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OST: Star - Minseo

Jongin

Je poussai un soupir qui résonna dans l'ascenseur. Junmyeon se tourna vers moi:

- Qu'est-ce qu'il t'arrive? T'as l'air préoccupé en ce moment...

- C'est rien, t'inquiètes... répondis-je en souriant doucement.

Junmyeon haussa les épaules mais le regard qu'il me lança me montra bien qu'il ne me croyait pas. Mais il comprenait que je ne voulais pas en parler et respectait ça. En même temps qu'est-ce que j'aurais pu lui dire? Qu'une jeune femme dont je ne savais rien m'attendait dans le studio de danse, quasi tous les soirs en échange de quoi elle laissait ma soeur en paix? Que je ne connaissais même pas son nom mais qu'elle m'avait déjà plus ou moins confirmé qu'elle était haut gradée dans la mafia coréenne? Qu'elle ne disait rien, ne demandait rien, elle restait juste là, à me regarder danser avant de repartir sans bruit une fois l'entraînement fini? Que pour elle je n'étais qu'un "divertissement"?

L'ascenseur s'arrêta au rez-de-chaussée et je descendis en saluant Junmyeon qui descendait jusqu'au parking souterrain.

Comme d'habitude depuis près d'une semaine, les lumières du couloir étaient anormalement éteintes et un lourd silence pesait sur l'étage. En traînant des pieds, je me dirigeais lentement vers le studio au bout du couloir, mon coeur accélérant malgré moi.

Près d'une semaine que notre "contrat" avait commencé. Une semaine que chaque soir, je sentais son regard me suivre sans jamais faillir. Je ne suis qu'un divertissement pour elle? Ma bouche se tordit dans un rictus sceptique et je laissai échapper un petit rire: elle m'avait clairement menti et même son visage impassible ne pouvait cacher comment elle réagissait à la moindre note de musique, au moindre de mes mouvements.

Dès le premier soir, j'avais remarqué comme son corps s'était tendu lorsque j'avais commencé l'étirement, comme ses yeux d'habitude perdus dans le vague s'étaient soudainement mis à suivre chacun de mes mouvements et comme tout son être entier semblait vouloir s'élancer à son tour. Elle était attentive au moindre changement de rythme, à la moindre note et sa poitrine se soulevait en suivant la musique. Rien qu'un divertissement? Oh non, elle ne me ferait pas croire ça! Je connais par coeur cette fièvre, ce besoin de danser qui devient aussi nécessaire que de respirer. J'ignore tout de cette femme mais je sais au moins qu'elle est liée à la danse, d'une manière ou d'une autre.

Ce qui est plutôt rassurant, me dis-je en passant la porte: au moins elle fait ça par amour de la danse et pas parce que c'est une psychopathe qui cherchera à me découper en morceaux dès que j'aurais le dos tourné. Car j'ai beau faire le malin, elle est sacrément flippante cette fille. Les articulations de ses mains sont toujours blessées, elle ne porte que du noir et des col-roulés pour dissimuler ses tatouages et elle ne parle jamais, sauf pour me menacer.

Quand elle ne porte pas ses lunettes de soleil, je peux voir ses yeux sombres et mon coeur se serre toujours un peu: ils sont éteints, vides, comme si aucune étincelle de vie pouvait les ranimer. Il brille autour d'elle une aura de mort, comme si elle n'était qu'un fantôme, une âme égarée sur cette terre.

Alors malgré moi, quand je vois ce petit éclat de passion enfiévrer son regard lorsque la musique commence, je ne peux pas m'empêcher de danser un peu plus vite, un peu plus fort, et j'y mets tout ce que je peux pour voir jusqu'où elle s'animera. Un espoir fou et naïf, comme si elle pouvait se lever et se mettre à danser avec moi, en vie à nouveau.

Et même si je ne le dirais jamais à haute voix, parce qu'elle me pousse sans le savoir à tout donner de moi, je ne peux m'empêcher de trouver sa présence fascinante et de me demander avec curiosité jusqu'où nous irons ce soir...

CONFESSION - [FF - EXO - KAI]Kde žijí příběhy. Začni objevovat