Je m'arrête un instant sur le palier de la porte. C'est étrange: la lumière n'est pas allumée et elle n'est pas encore là. En une semaine, elle n'est jamais arrivée en retard. Intrigué, je pense un instant à l'attendre avant de repousser bien vite cette idée de ma tête.

- Abruti. N'oublie pas dans quelle situation vous êtes...


Rapidement, je me débarrasse de mon pull et commence à m'étirer. Mes muscles encore engourdis d'hier tiraillent mais le plaisir est là. Pourtant, je n'arrive pas à m'en empêcher. Je tente de me concentrer sur mon image dans le miroir mais c'est plus fort que moi: mes yeux parcourent la salle à la recherche d'une silhouette silencieuse, de cette présence singulière et intrigante qui remplit d'habitude le studio.

- Ah! Je vais enfin pouvoir m'entraîner en paix! m'exclamais-je pour combler le vide la pièce. Je ne sais pas pourquoi elle n'est pas là mais tant mieux!

Je me sens con à crier tout seul comme si je voulais que quelqu'un m'entende mais ma solitude déjà inhabituelle me met mal à l'aise. Je saute dans tous les sens pour combler le vide, tourne sur moi même pour que l'image devienne floue et tente de fermer les yeux en me concentrant sur mes mouvements... mais rien y fait. Toutes les dix secondes, je louche vers la porte en m'attendant à ce qu'elle soit là à me scruter attentivement. Rageusement, je presse le bouton play, ferme les yeux et tourne le volume au maximum: je compte les pas, un, deux, trois, un, deux, trois, un... un, deux, trois, un, deux, trois, un... un deux...

Et enfin, je sens que je ne suis plus seul. J'ouvre les yeux: dans l'angle du miroir, j'aperçois une ombre noire s'asseoir dans le coin de la pièce. Je me retourne précipitamment, sans même réfléchir:

- Eh! T'étais o...

Je m'arrête en pleine phrase et mes yeux s'écarquillent.

- Bordel mais qu'est-ce que...?

*[* Devant moi, cette fille dont je ne connais toujours pas le nom est assise par terre, recroquevillée sur elle même, le visage enflé par un bleu qui lui bouffe la moitié du visage et la veste couverte de sang.

Aussitôt, je cours vers l'armoire où se trouve la trousse de premiers soins et m'en empare avant de la rejoindre. Dedans, bandages et produits contre les entorses et les foulures mais rien pour un probable traumatisme crânien et un visage tuméfié. Mon coeur bat si vite à la vue de tout ce sang, j'ai l'impression qu'il va exploser. Et elle? Est-ce qu'elle respire au moins? Les yeux fermés et le corps immobile, elle paraît inconsciente. Sans hésiter, je tends ma main vers sa gorge pour prendre son pouls. *]*

Recule.

Sa voix résonne et claque comme un fouet, me faisant presque sursauter. Mes sourcils se froncent en entendant son ton sec mais je ne bouge pas d'un poil.

- Écoute Madame je-ne-sais-pas-quoi, tu saignes de partout, ce n'est pas le moment de faire la gangster et...

Je m'arrête quand sa main attrape mon poignet pour m'éloigner de son corps affalé contre le mur. Alors seulement je remarque que son corps est secoué de tremblements.

- S'il te plaît... dit-elle faiblement.


Doucement, je m'exécute en soupirant. Sa voix sonne tellement fatiguée, comme sur le point de briser...

Il faut attendre une bonne minute avant qu'elle ouvre les yeux. Avec lenteur, sans croiser mon regard, elle se redresse et en cet instant, elle a l'air tellement mal en point que j'ai peur qu'elle s'écroule.

Mais la force de sa prise quand elle pousse mon poignet et s'empare de la trousse de secours me surprend: avec détermination, comme si elle avait déjà répété ces gestes mille fois, elle ouvre la trousse, farfouille dedans avant d'en sortir des compresses qu'elle trempe en utilisant ma bouteille d'eau. *[* Avec si peu de délicatesse que ça me fait grincer des dents, elle frotte son visage et ses blessures pour retirer le sang qui a commencé à sécher avant d'y appliquer du désinfectant et du produit cicatrisant. Peu à peu, les plaies apparaissent et mes yeux s'écarquillent d'horreur: avec quelle violence a-t-on dû la frapper pour que de tels coupures et bleus apparaissent? Elle touche son nez, le tord un peu pour vérifier qu'il n'est pas cassé... tous ses gestes se suivent, comme une machine bien huilée et cela rend le spectacle encore plus insupportable: combien de fois cela lui est-il arrivé? *]*

CONFESSION - [FF - EXO - KAI]Where stories live. Discover now