My last love

Chapitre 20

La chasseuse met un pied à terre. Ban la regarde faire avec une petite moue, sans l'imiter pour autant. Même s'il a une confiance absolue en elle, il ne voit pas en quoi se prosterner devant un arbre va faire la différence. A part flatter un ego... C'est censé être un arbre, merde ! Un arbre, ça ne pense pas !

- Père, je demande votre protection.

On pouvait percevoir combien cette posture coûte à la rebelle jeune femme. Elle ne s'est jamais inclinée devant personne, pas même devant le roi. Mais l'Abre-Père est une puissance qui la dépasse totalement. Plus ancienne que les déesses et les démons. L'origine de son véritable pouvoir magique. L'origine de leur monde.

- Et pourquoi devrais-je vous l'accorder ? résonne la voix rauque et millénaire de l'immense pinède.

- Mon ami doit faire une quête. Et nous sommes attaqués de toute part par les dragons. Jamais nous n'arriverons à notre but sans vous. Ce pèlerinage est vital pour lui, répond-t-elle en désignant Ban.

- Faux. Vous pourrez très bien y arriver sans moi.

Pour seule réaction de Ban, un simple haussement de sourcil.

- C'est juste que tu as peur, Akemi.

Cette dernière ne s'étonne même pas qu'il connaisse son nom. Elle sait qu'il voit tout en elle. Qu'il la connaît mieux qu'elle-même. Voleuse, combattante, assassine, chasseuse... Il voit toutes ses facettes.

- Peur de ce qui se passerait si tu perdais le contrôle. Peur de ta nature profonde. Peur de communier avec l'Univers. Tu es censée être notre prêtresse, notre digne représentante, nos yeux et notre bouche.

La bouche des deux humains s'entrouvrirent sous le choc. Aussi surpris l'un que l'autre. Akemi avale durement sa salive et réitère sa demande. Elle meurt d'envie d'en savoir plus, mais le temps n'est plus à la curiosité. Les dragons ont retrouvé leurs traces. Ce n'est plus qu'une question de temps. Chaque seconde qui file les mets en danger. Les rapproche d'une mort certaine. Enfin, peut-être pas pour l'immortel.

- Si tu cessais de craindre, tu serais plus puissante que nous tous réunis.

- Que tous les Abres-Pères ? demande Ban.

- Effectivement, jeune Bandit.

- Vous le savez très bien, Père. Je ne peux m'y résoudre pour le moment. Et si je le fais, ce sera un carnage.

Un bruissement de feuille amusé lui répondit. La jeune femme commence à comprendre ce qu'il cherche à lui faire dire. La seule chose qui pourra le faire céder. Il teste consciemment ses limites. Il pousse sa volonté dans ses plus cachés ressorts. Elle prend une grande inspiration, puis d'un air décidé annonce :

- Nous sommes prêts à passer l'épreuve.

Enfin, l'Arbre-Père dépose une branche au sol.

- Montez. Nous verrons bien si vous saurez être digne de ma protection.

Le Seven Deadly Sins saute dessus, confiant. Un peu plus nerveuse, Akemi l'imite. L'Arbre-Père monte doucement la branche, les amenant au centre de son corps. Une sombre cavité s'entrouvre. Avant de s'y engager, la chasseuse se tourne vers Ban.

- Ban, je suis désolée...

- Mmmm, pourquoi ?

- Je n'aurais jamais dû t'emmener ici.

- Rien n'arrive par hasard, ma belle. Alors on va entrer dedans, faire ces trucs zarbis et continuer à chercher la grotte.

- Si seulement ça pouvait être aussi simple.

L'orgueilleuse et sans peur Akemi n'est plus qu'une pâle copie d'elle-même. Le stress et la peur l'envahit lentement, mais plus efficacement qu'un torrent brisant net une gigantesque branche se trouvant sur son chemin.

- Au fait, je voulais que tu saches que pendant que tu dormais, je t'ai embrassé. Des vagues de souvenirs me sont revenus et je ne savais plus ce que je faisais. Je ne suis même pas sûre que ce sont les miens.

- Je sais.

Une rougeur se propage sur le visage de l'assassine, qui est morte de honte. Mais, s'il était réveillé, pourquoi ne l'a-t-il pas repousser ? Cette question sinueuse s'introduit dans les pensées de la jeune femme. Ban vit ce raisonnement faire son p'tit bout de chemin, un large sourire victorieux sur le visage. Il rapproche dangereusement son visage du sien.

- Alors, à moi de te rendre l'appareil.

Sur ces mots, il embrasse avec plus ou moins de délicatesse les lèvres rouges et pleines de son amie.