Chapitre 18

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Aussitôt que ces lèvres eurent embrasser celles tant désirées de l'immortel, le flot de souvenirs qui encombre la tête de la chasseuse disparaissent. Durant un long moment de flottement, elle savoure cette sensation inouïe d'être seule dans sa tête. Puis, se rendant soudainement compte de ce qu'elle vient de faire, Akemi s'écarte brusquement. La tête encore palpitante du mélange de douleur et de désir ressenti, elle soupire. Qu'est-ce que je viens de faire ? Une unique larme coule sur sa joue. Elle s'éloigne le plus loin possible de son coéquipier aux cheveux bleus, et tâche de se rendormir. Principalement pour oublier et fuir la réalité des évènements.

Contrairement à ce qu'elle pense, Ban, quant à lui, est éveillé. Il l'est depuis ce baiser, enfin pas tout à fait. En fait depuis le cri de la jeune femme. Mais quelque chose lui dit que ce n'était pas vraiment sa jeune amie qui l'avait embrassé. Durant une brève seconde, il avait cru sentir pressées contre sa bouche les douces lèvres de sa défunte dulcinée. Mais, après tout, il peut se tromper. C'était la seule femme qu'il a jamais embrassé. Enfin, la première désormais, juste avant la chasseuse. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Il est si irrésistible que ça ?

- Akemi, debout !

L'interpellée grogne et se retourne pour échapper à l'appel insistant qui la réveille depuis quelques temps. Elle sent le soleil être éclipser par une gigantesque ombre, qu'elle devine menaçante. Dans un sursaut, elle dégaine le poignard caché dans une poche de son pantalon et se jette sur son adversaire. Une grande main écarte le poignard et lui immobilise l'autre bras.

- Pffff, t'es pas de bonne humeur le matin, ronchonne une voix au timbre familier.

Deux yeux d'un rouge intense la fixe. Ban. Elle retire lentement son poignard. Le renard de l'avarice libère alors son bras. Puis, son attitude indifférente se change en un large sourire dévoilant ses canines semblables à celles d'un renard. Ses joues rosissent légèrement.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande Akemi, méfiante.

- Tu vas jamais le croire mais... je viens de trouver de la bière dans mon sac !!!!

La jeune femme tape sa main sur son front, excédée. Décidément, cet ivrogne ne perd pas le nord quand il s'agit de picoler. Son regard se pose soudain sur les lèvres de celui-ci, en train de parler du goût incomparable de cet alcool-là. Mais elle ne l'écoute pas. Une douleur immense explose dans sa tête. Des voix qu'elles ne connait pas babillent avec animation dans son crâne. Pulsion qui la pousse vers Ban. La douceur de ses lèvres. Une rougeur fait son apparition sur son visage, brûlante comme du feu.

- Akemi, viens par là ! dit-il en l'attirant vers lui avec son bras.

- Pour quoi faire ? articule-t-elle, encore sous le choc.

En guise de réponse, l'immortel lui colle dans la bouche de la bière. Il sourit en la voyant manquer de s'étrangler.

- Ban !!!!! Il faut jamais boire en mission !!!

- Dis pas de conneries, ça affute les sens !

La jeune femme lève les yeux au ciel, reprends de la bière, ramasse ses affaires et continue sa marche, suivie de l'immortel.

- Dis donc, tu tiens bien l'alcool, fait-il remarquer en titubant légèrement. Tu t'es enfilé la moitié du barrique et tu tiens toujours debout.

- Question d'habitude, mon chou. Toi par contre... ça fait pitié.

- Merciiiiiiiiiiii Akemiiiiiiiiiiiiii. Oh, ça rime !

La jeune femme soupire. Espérons qu'il soit utile dans cet état en cas de danger, songe-t-elle. Mais après tout, si Ban a réussi à rester "en vie", c'est-à-dire à garder son âme, c'est que même dans les pires états, il peut se débrouiller tout seul.

Un tremblement fait bouger la terre. Les deux jeunes gens sont jetés à terre. Un hurlement vrille leurs tympans. L'immortel tourne la tête vers Akemi, qui a les mains plaquées sur ses oreilles, des larmes dégoulinant le long des joues. Inquiet, il se rapproche d'elle. Elle approche ses lèvres de son oreille et arrive à lui murmurer :

- Il veut nous mettre à mort. Il marque son territoire sur nous, il faut le tuer rapidement, avant qu'il ne rappelle ses congénères. Dès que le bétail, entre autre nous, se montre trop récalcitrant, c'est toute son espèce qui se déplace.

Ban saisit son arme, et s'apprête à bondir quand le bras de sa belle amie le retient.

- Ban... Je crois que l'utilisation de la magie attire tous ces monstres.

- Oups ! Bah écoute, on fera avec.


My last loveWhere stories live. Discover now