Retrouvailles

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J'ai le cœur qui bat, les mains moites, la respiration filante derrière ce masque qui me chatouille le nez. Ce trajet, je l'ai pourtant fait de nombreuses fois les mois précédents, mais celui-ci à une saveur différente. Celle des retrouvailles. Des retrouvailles après trois mois et demi de séparation, d'angoisse et de doutes. Lorsque je suis tombé amoureux de Harry, je savais que les choses ne seraient pas simples. Les 534 kilomètres nous séparant, je les ai gérées. L'idée de devoir quitter ma famille pour emménager avec lui, je l'ai accepté. Le voir une semaine par mois au début de notre relation, je l'ai fait. Mais jamais je n'aurais pu penser qu'un virus nous obligerait à rester éloigné pendant 101 jours, 2424 heures, 145 440 minutes. Si je l'avais compris bien avant j'aurais très certainement loupé mon train de retour, qui m'a éloigné de lui toutes ces heures.

Lorsque le confinement a été déclaré, j'avais compris que les choses seraient compliquées. Qu'on ne pourrait pas se voir avant un long moment, que beaucoup de choses allaient devoir être remises en question. J'ai maudit ces personnes se réunissant à l'endroit même où nous nous étions rencontrés en chaire et en os. Mais surtout, j'ai eu peur. Peur pour lui, peur pour les personnes que j'aime, pour le monde. Mais aussi pour notre couple également. J'ai eu peur que la distance nous sépare, que le manque me rende fou et me fasse faire des choses que j'aurais pu regretter. J'ai eu peur qu'il réalise que je ne lui manquais pas tant que ça, qu'il n'était pas si mal sans moi, qu'il regrette les projets d'avenir que nous avions mis en place. J'ai eu peur aux nombreuses disputes qui auraient pu se déclencher par manque de communication et pire encore qu'il lui arrive quelque chose et de ne pas pouvoir être à ses côtés à ce moment-là. Cette simple pensée a occupée nombreuses de mes nuits où je me suis retrouvé incapable de dormir, alors que mes larmes coulées.

J'ai eu peur de le perdre et pourtant jamais le temps n'a donné raison à mes inquiétudes. Je crois que je peux même affirmer aujourd'hui, que notre couple en ressortira encore plus fort. Le manque était présent, mais nous avons trouvé des solutions pour continuer de passer des moments de qualités ensemble. Nous avons continué de communiquer chaque jour, faisant de notre téléphone l'extension de notre bras encore plus qu'avant. Il m'a fait rire lorsque ça n'allait pas, nous avons regardé les Harry Potter, les Marvels et un bon nombre de Disney ensemble pour le simple plaisir de passer du temps ensemble, organisé des rancards par ordinateur interposés, joué à des jeux, parlé des heures durant... Des moments que je ne regrette pas malgré la situation. Des moments qui ont renforcé notre couple.

Mais le manque... Il m'a tiraillé tellement de fois alors que je voyais son visage sur l'écran de mon ordinateur, lorsqu'il me disait qu'il m'aimait où que je me retrouvais seul dans mon lit. Il m'a lui aussi empêché de dormir alors que je ne pouvais penser qu'à la douce sensation de l'avoir contre moi pour m'endormir. Il m'a fait me demander ce qu'il faisait à chaque instant de la journée, supportant mal de ne pas avoir de ses nouvelles, faisant resurgir mes craintes de le savoir mal...

Mais le manque m'a aussi confirmé que ma décision de tout quitter pour le retrouver était la bonne décision, que c'était ce qui me faisait vibrer et qu'il ne s'agissait pas juste de lui, mais aussi de l'endroit où il vivait et de tout ce que ça comprenait. J'ai savouré chaque instant passé avec ma famille enfermé entre les quatre murs de la maison, j'ai emmagasiné un maximum de souvenirs pour être prêt à sauter le pas à présent. À le voir lui tous les jours, à le sentir prendre la couverture et son corps se coller contre le mien lorsqu'on dort. Je suis prêt pour cette vie de couple et pour tous ces projets que nous avons ensemble.

Après 101 jours de séparation, je suis prêt et ces trois heures de train qui me semblaient déjà bien longues avant me donnent l'impression de se rallonger à chaque instant. J'ai vaincu ma peur de retrouver la civilisation, j'ai pris toutes les précautions qu'il fallait et je suis seul sur ma banquette. Seul point positif de ces nouvelles précautions, j'ai au moins la place d'y mettre mon sac. J'ai lavé mes mains dix fois au moins depuis mon départ, je n'ai pas osé enlever mon masque qui m'empêche pourtant de respirer à ma guise et j'ai mon flacon de gel hydroalcoolique à porté de main.

Je suis prêt, je n'attends plus qu'une chose, retrouvé l'amour de ma vie, sentir son odeur, ses bras autour de moi, entendre sa voix, pouvoir le toucher et l'embrasser. Je ne fais que regarder mon téléphone, j'ai la sensation que les minutes n'avancent pas. Depuis que j'ai pris mes billets, j'ai peur qu'une nouvelle chose arrive, m'empêchant de le rejoindre comme je l'avais prévu et même là, alors que je suis dans le train, j'ai peur qu'on m'arrête à quelques kilomètres de mon amour, m'empêchant de le retrouver. J'ai du mal à réaliser qu'enfin, je vais pouvoir le retrouver, et même alors que je reçois ses messages comptant les minutes qui nous séparent, une petite partie de moi, m'empêche de m'enflammer, car j'ai peur.

Je prends une grande bouffée d'air, toujours à l'abri derrière mon masque et mon sourire s'étire lorsque j'entends l'annonce, indiquant que mon train arrivera en gare dans quelques minutes. Les consignes sont claires, nous ne devons pas bouger de notre place tant que le train n'est pas à l'arrêt et je ne suis plus à quelques minutes prêt. Alors je mets mon sac sur mon dos, je prépare ma valise et j'attends de nombreuses secondes. Mon cœur s'accélère, mes mains tremblent et je tape du pied sur le sol. Le train commence à ralentir et enfin, il s'arrête et j'ai l'impression que je serais incapable de me relever, que mes jambes ne vont pas me tenir tellement je me sens fébrile. Je laisse les quelques personnes présentes dans le wagon passer et enfin à mon tour, je me lève. Juste avant de quitter le train, je prends mon gel hydroalcoolique, pour me laver les mains et en mettre sur mes joues et je descends les quelques marches pour me retrouver sur le quai.

La gare n'est pas grande, peu de personnes sont descendues et peu de personnes attendent. Je tourne la tête et enfin, je le vois à plusieurs mètres de moi. Il ne m'a pas encore vu, il détaille chacune des personnes descendants des autres wagons, lui aussi semble fébrile. Mon sourire s'étire, mes yeux s'humidifient, enfin on est ensemble et comme dans les films, j'ai l'impression qu'il n'y a plus que nous. Les passagers quittent la gare et le train redémarre. J'enlève mon masque et le jette dans la poubelle sans le quitter des yeux.

« Harry ! »

Ma voix parvient à ses oreilles et je vois son sourire étirer ses lèvres alors qu'il tourne la tête. Nos regards se croisent enfin et ma vue à moi se trouble des larmes de joie qui menacent de couler. Sans réfléchir une seconde de plus, je me mets à courir à toutes jambes, ma valise et mon sac traînant derrière sans que je m'en soucie le moins du monde. Je les lâche arrivé à un mètre de lui et lui saute au cou alors qu'il attrape mes cuisses pour me soulever et me coller à lui. J'attrape son visage et l'embrasse sans perdre une seconde de plus. Sûrement le baiser le moins doux, mais le plus nécessaire du monde. Je pose mes lèvres sur chaque partie de son visage et glisse mes mains dans ses cheveux. À présent, mes larmes coulent à force de l'entendre dire que ça y est, on est ensemble.

« Tu m'as tellement manqué ! »
« On est ensemble Lou... C'est bon. Maintenant, je ne te lâche plus une seconde. »
« Même pas pour aller aux toilettes ? »
« Hmm... On en rediscutera ! »

Je ris alors qu'il me lâche pour que je retourne sur la terre ferme. Je reprends mon sac et ma valise et relève la tête pour l'embrasser une nouvelle fois avant qu'il m'attrape par la taille pour m'emmener vers sa voiture.

« J'ai fait les courses, on part sur quinze jours de confinement dans l'appartement. »
« Dans la chambre même, non ? »
« Avec quelques minutes chaque jour pour prendre l'air ! »

J'ai l'impression de respirer de nouveau, qu'un poids s'est enlevé de mon cœur quand je le vois à mes côtés et que je pense à ces prochains jours où il n'y aura que lui et moi sans rien entre nous. Je sais que tout ne sera pas si simple, mais avec lui, je me sens plus fort.

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Hello mes petits hérissons ! 

Comment allez vous ? Je reviens avec un petit OS aujourd'hui, écrit une nuit où je n'arrivais pas à dormir. Petit OS mais plutôt personnelle puisqu'il est inspiré directement de ma relation actuelle. Toutes ces pensées je les ai eu et tous ces sentiments également et j'avais envie de les extériorisés pour me sentir un peu mieux. 

J'espère qu'il vous plaira ! 

Prenez soin de vous. Je vous embrasse !


Mes One-Shot Larry StylinsonWhere stories live. Discover now