Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 34.2

{Breakeven-The Script}

Il sort par la porte de derrière pour rejoindre le jardin. Je le suis sans un mot mais je vois qu'il accélère le pas. Il s'arrête mais ne se retourne pas pour autant. À ma grande surprise il sort un paquet de cigarettes de sa poche et en porte une à sa bouche. Il l'allume et toujours sans me regarder essaie de s'éloigner.

-Dégage de là.

Je ne connais toujours pas la raison qui m'a poussée à le suivre, mon corps ne m'écoute plus et je reste plantée derrière lui. Il finit enfin par se retourner et je suis heurtée par la puissance de son regard. 

Je me désole de la colère que j'ai suscitée en lui. À travers un écran de fumée qui dissimule un peu son visage, je vois encore une unique larme perler sur ses joues.

-Tu es devenue sourde ou quoi, je t'ai dit de me laisser.

Malgré ses paroles tranchantes, je reste et je m'accroche. Je ne fais pas la même erreur que la dernière fois. Je n'ai aucune idée de la portée de cette possible conversation mais je me dois de la tenir, au moins pour avoir l'esprit tranquille.

-Je ne partirai pas.

-Ah bon, alors tu ne retournes pas à Philadelphie finalement.

-Tu as très bien compris ce que je voulais dire.

Il ne prend pas en compte ma dernière remarque et s'assoit dans l'herbe fraîche. Je reste debout à l'observer tenir sa cigarette, une image que je n'avais jamais vue.

-Alors tu fumes maintenant?

Il me jauge une seconde et tapote sa cigarette sur le bout de son doigt pour faire tomber les dernières cendres. Il la balance un peu plus loin.

-Comme tu vois les gens changent.

Je m'assois en face de lui pour être à sa hauteur. Il détourne encore son regard et je le sens tellement différent. La lune est perchée haut dans le ciel et les étoiles le parsèment comme toujours.

-Pourquoi est-ce que tu m'as suivie?

-Je ne sais pas tu n'avais pas l'air bien alors...

-Qu'est-ce que tu peux en avoir à foutre aujourd'hui.

Sa colère reste légitime et je la comprends mais elle reste difficile à entendre. Le vent parcourt quelques mèches de mes cheveux et les fait se soulever.

-Je n'ai pas envie de te voir mal même si nous ne sommes plus ensemble.

-Pourquoi tu ne retournerais pas voir ton nouveau mec à l'intérieur. Tu me laisserais en paix par la même occasion. Eh bien justement, quand on parle de lui...

Avant même de comprendre de qui il parle, je me retourne vers la porte que nous avons traversée quelques instants auparavant. Hunter se tient dans l'embrasure et il s'avance doucement vers nous. 

Madelyn et Haven se tiennent juste derrière lui mais elles ne bougent pas. Je comprends que notre discussion devait paraître plus mouvementée que je ne le pensais.

-Comment tu peux avoir la conscience tranquille en te pointant toute joyeuse à mon anniversaire avec ton nouveau copain, sérieusement?

-Eh mec, tu ne sais rien sur nous. On est seulement amis, rien de plus.

Hunter se rapproche encore et Adan se lève pour lui faire face. Je me place entre les deux pour tenter de les arrêter.

-Non je vous en supplie, ne vous battez pas, ça serait stupide. Hunter s'il te plaît rentre à l'intérieur, je gère la situation.

Il se concentre sur moi et je hoche la tête pour lui faire comprendre que je ne risque rien avec Adan. À part peut-être de m'écrouler sous ses reproches.

-Très bien mais appelle-moi s'il y a un problème. Et toi là je te préviens, surveille bien tes mots. Et ne la fais pas souffrir, sinon elle ne me retiendra pas la prochaine fois.

Je le remercie lorsqu'il s'éloigne et les filles décident de rentrer elles aussi.

-Alors c'était ça mon cadeau? Te voir revenir pour foutre la merde encore.

-Ne sois pas aussi dur, je suis ici parce que Haven me l'a demandé.

-Elle n'aurait pas du.

Il fixe enfin son regard au mien et je sens que tous ces mois de retenue me rongent de l'intérieur et ne demandent qu'à s'exprimer. Alors je relâche tout.

-Tu n'as aucune idée de comment je me suis sentie ces derniers mois. Du jour au lendemain, tu disparais de ma vie et tu penses que je vais tourner la page facilement. Tu crois vraiment qu'aujourd'hui je vais bien et que je n'ai pas eu du mal à revenir ici, dans cette maison. Que je dois me tenir devant ta sœur que je pensais ne jamais revoir alors qu'elle me manque terriblement. Et en plus tu n'as pas l'air malheureux, tu m'as déjà remplacée à ce que je vois.

Je lui montre la fille avec qui il est arrivé tout à l'heure.

-Mais qu'est-ce que tu racontes, Phoebe est juste dans mon cours d'éco et elle me donne un coup de main pour m'occuper d'Anna. Mais je ne sors pas avec elle. Et puis tu te ramènes avec ton "Hunter" ici, tu peux parler.

Je me rends bien compte qu'on a tous les deux l'air idiot à s'accuser mutuellement pour des choses futiles alors que le problème n'est pas là.

-Hunter est mon meilleur ami c'est tout. Ne commence pas à mal parler de lui parce qu'il était là pour moi ces derniers mois quand j'étais mal à cause de toi.

-Et tu penses que j'allais bien moi... Tu es partie sans rien dire, tu t'es cassée à Philadelphie et tu m'as laissé ici. J'ai vécu des jours et des semaines horribles. J'ai tout essayé pour me changer les idées et m'empêcher de penser constamment à toi. J'ai pris un autre cursus, tenter de trouver de nouveaux amis mais tout te rappelait à moi. Pendant ce temps, tu te promenais et tu rencontrais ton nouveau mec.

Nous hurlons tous les deux. Heureusement que la porte vitrée est fermée et que nos cris ne vont pas jusqu'à l'intérieur.

-Arrête avec ça.

-Dis-moi qu'il ne s'est rien passé alors?

Hunter n'est que mon meilleur ami bien sûr, aujourd'hui, je ne pourrais pas essayer d'aimer quelqu'un d'autre que l'abruti qui se tient en face de moi.

-On s'est embrassé une fois mais c'était il y a quatre mois, j'étais totalement perdue parce que toi aussi tu envahissais mes pensées.

-Ah tu vois j'avais raison, t'en as jamais eu rien à foutre de moi et...

Dans un geste inespéré je le coupe en l'embrassant. Je pose mes lèvres sur les siennes dans l'espoir qu'il comprenne. Si les mots ne l'atteignent pas alors lui montrer ce que je ressens pour lui pourrait peut-être marcher. 

Il ne bouge pas pendant une seconde alors je crois qu'il va me repousser mais il répond aussitôt à mes intentions. Il rompt ce baiser et me regarde en souriant.

-Pourquoi est-ce que tu as fait ça?

-Tu le sais très bien Abruti, et tu parlais un peu trop.

-Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant, tu vas repartir à Philadelphie.

-Je pense que l'on doit prendre du temps pour réfléchir à tout ça séparément mais ce n'est pas fini. Ce ne sera jamais fini avec toi.

Il m'embrasse à nouveau et scelle la promesse que nous faisons ensemble.