Chapitre 14.1

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{Toxic-Nina Nesbitt}

Le serveur décide d'arriver au moment précis où une forme de tension commence à s'installer autour de notre table. Je commence seulement à picorer quelques frites afin d'éviter toute conversation. Adan reprend néanmoins, plus énervé que jamais. 

Si je ne le connaissais pas, je partirais sûrement en courant devant sa colère. Je sens tous les regards se poser sur nous et cette horrible sensation que je n'avais pas sentie depuis si longtemps reprend possession de moi.

-Qu'est ce que tu lui as dit Haven?

-Rien, on lui a rien dit mais tu crois pas qu'elle...

-Non, il n'y a rien à dire, tu n'as en aucun cas le droit de le faire et ça ne servirait à rien. Tu n'as pas non plus à parler en mon nom.

Et ils continuent leur petite bataille sans même se soucier que je sois là, j'ai l'impression qu'on m'efface petit à petit. Je suis encore et toujours au coeur de problèmes, et je me dis que je suis en train de détruire leurs amitiés. 

Déjà il y a les tensions avec Madelyn, puis celles avec Adan, Haven penche plus de mon côté ce qui n'arrange clairement pas les affaires de Cole tiraillé entre sa copine et son meilleur ami. 

Et puis je suis là, au milieu, au coeur de tout et pourtant si loin de la réalité, si renfermée, seule avec uniquement de frêles liens qui me tirent vers l'extérieur. Je le comprends, encore une fois tout est de ma faute, c'est moi qui ai créé ce que je vois. C'est terminé, pour une fois je tente de mettre fin à toutes ces disputes, après tout je suis fautive.

-Ecoutez, je crois que...

Adan ne me laisse même pas finir, à vrai dire personne n'a remarqué que j'ai commencé à parler.

-Tu te fous de moi, on en a déjà parlé, tu sais très bien ce que j'en pense et tu en fais qu'à ta tête, Gwen aussi d'ailleurs.

Il faut que je mette fin à cela, ils sont en train de se déchirer et je me sens si impuissante face à ce défouloir. Mes mots sortent tellement vite que je ne les retiens plus, je crie, le regard noir envers eux, camouflant une certaine forme de culpabilité qui me ronge de plus en plus.

-Stop, ça suffit, vous êtes en train de foutre votre amitié en l'air pour moi et ça je ne l'accepterai pas. Ils tentent de reprendre la parole mais je m'impose, vous savez quoi, oubliez moi, reprenez votre vie comme avant. Je suis désolé d'avoir créé..., cette animosité constante qu'il y a entre vous, alors je préfère partir avant de faire plus de mal. J'en ai marre de foutre la merde partout où je passe, ça sert à rien de me dire que ce n'est pas de ma faute ou je ne sais quoi parce que je le vois bien. Il y a quelque chose que vous me cachez et je le comprends, je ne vous impose rien malgré le fait que ces doutes constants vont à mon avis détruire tout ce qui a été construit. Encore une fois désolé, vous êtes géniaux, tout est de ma faute et uniquement de la mienne...

Je rattrape mon sac, tombé auparavant sous la table suite à l'agitation et je me dirige vers la sortie. Je lance un dernier regard en arrière pour m'apercevoir qu'aucun ne me suit, heureusement, mais que les cris ont repris de plus belle. 

Je marche quelques minutes dans les rues de la ville sous un joli soleil d'après-midi, je ne veux pas rentrer tout de suite par peur de tomber sur Haven. Je devrai bien l'affronter à un moment, je sais d'avance ce qu'elle va me dire. J'ai simplement le sentiment de m'imposer, comme s'ils se sentaient obligés de tout me révéler.

J'entre dans un café non loin de la grande rue, l'odeur des grains moulus me transperce. A la fois forte et percutante, elle parvient à m'attirer. Je prends quelques instants pour commander un de mes délices préféré, un cappuccino et son épaisse couche de crème saupoudrée de cacao. 

Je m'installe alors à une table seule puis je m'empare de mon téléphone histoire de connaître les derniers potins et accessoirement faire passer le temps.

Soudain mon téléphone vibre, plusieurs fois, un appel forcément. La gueule d'ange d'Adan apparaît sur mon écran, j'appuie instantanément sur le bouton rouge afin d'ignorer sa demande. 

Comment leur faire comprendre qu'il faut de la distance entre eux et moi, je suis toxique pour eux. Enfin, un message apparaît et je ne peux m'empêcher de le lire, indiquant à Abruti que j'ai bien pris connaissance de ses mots.

"June appelle moi ou dis moi où tu es s'il te plaît. Je sais ce que tu penses mais j'ai besoin de te parler, tu pourras décider ensuite de ne plus jamais me voir et je l'accepterai mais je t'en prie laisse moi te parler."

Un long message auquel je ne sais pas vraiment quoi répondre. Après seulement quelques secondes de réflexion, je me décide. Je préfère le voir une dernière fois pour lui faire comprendre qu'il faut m'oublier, m 'effacer de leurs vies avant que je ne les bousille encore plus.

"925 Plum St SE, Coffee central".

"Je suis là dans dix minutes".

Ces quelques minutes d'avance qu'il me laisse me permettent de préparer ce que je voudrais lui dire, même si c'est assez simple à comprendre mais si difficile à exprimer.

Il entre enfin dans le café, le regard fuyant et dépourvu de toutes les émotions avec lesquelles j'ai l'habitude de le reconnaître. Il ne perd pas de temps pour me trouver, aussitôt ses yeux posés sur moi, je perds tous mes mots, c'est véridique, je tiens à lui. 

Je les adore, Haven, Abruti et tous les autres, je sens ce lien qu'il y a entre nous, récent c'est vrai mais puissant. De plus, malgré toutes mes paroles, je n'ai absolument pas envie de couper les ponts avec eux.

-Junie, soulagé, il soupire plus qu'il ne parle, je suis désolé.

-Désolé pourquoi au juste, ces mots ne paraissaient pas aussi violents dans ma tête mais bon on ne peut effacer ce que l'on dit.

-Pour tout, je sais pas ce qu'il m'arrive mais je fais vraiment tout mal avec toi, il y a tellement de choses que tu ne sais pas, ça me tue de te voir t'éloigner comme...

Il ne finit pas sa phrase, ces mots douteux restent alors en suspens. Un doute frustrant s'installe en moi, trop de choses me sont cachées même si je comprends qu'il ne veuille pas tout me dire.

-Comme quoi? Comme qui? Pourquoi tu ne me dis rien, tu ne me fais pas assez confiance pour ça?

-Non c'est juste que, je ne peux pas, c'est trop dur...et puis toi non plus je te rappelle que tu ne me dis rien. Ton passé, ta famille, ton lycée ou cette Ellie, je ne sais rien sur toi alors tu ne peux pas exiger que je te révèle tout en échange.

Il a raison et je m'en rends bien compte, de plus je me rappelle des mots prononcés ce soir là où on oubliait tous les deux tout type de question sur nos démons respectifs. Je dois respecter ça, mais la curiosité me gagne et il le voit.

-Laisse moi t'emmener quelque part Junie, je pourrais te montrer un bout de tout ça. 

Don't look at my past [Terminé]Where stories live. Discover now