Chapitre 21.2

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{Some Say-Nea}

Je suis allongée sur le dos, les yeux bien ouverts depuis sûrement des heures. Adan s'est endormi il y a bien longtemps, son bras toujours posé sur mon ventre. Je n'arrive pas à trouver le sommeil, mes pensées m'oppressent et j'en ai mal à la tête. 

Des centaines d'images ressurgissent, celles que je voudrais oublier pour toujours mais elles me suivent et continuent à me hanter. J'aimerais simplement les effacer. A ce moment présent, je préfèrerais oublier tout ce dont je me souviens, même chaque bon moment, si j'avais la possibilité d'effacer les pires. 

Le volet est relevé, j'aperçois encore une fois la lune, seule dans la nuit, les nuages camouflant toutes les étoiles. Elle est magnifique, seule survivante et lumineuse au beau milieu d'un amas d'obscurité. Je me redresse doucement et m'assois simplement sur le rebord du lit, les yeux fixés dans le vide, le regard toujours dirigé vers la nuit. 

Les rayons de la lune me fascinent et m'attirent, je suis captivée par leur résistance. Ces derniers mois ne m'ont montré qu'une seule chose, émotionnellement je suis presque vide, mentalement je suis épuisée mais physiquement je continue encore et toujours à sourire. Je décide de m'allonger et d'entamer une énième tentative pour m'endormir ce soir. 

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, mais la nuit semble déjà bien avancée. Je me tourne dans tous les sens, mes mouvements s'étendent, soudain un bras vient me coincer, sûrement inconsciemment puisque Adan ne semble pas éveillé. 

Mes yeux sont habitués à l'obscurité et je perçois alors sa silhouette. J'ai un étrange sentiment qui survient dès que je le vois, je l'aime et j'en suis persuadée mais j'ai tellement peur que j'ai parfois envie de l'éloigner. 

C'est comme-ci je m'imposais une barrière infranchissable autour de moi, la vie m'ayant rendu égoïste. Je suis stupidement en train de vouloir éloigner ce qui me rend heureuse, et le pire dans tout ça c'est que je le fais consciemment.

-Je suis tellement désolée que tu sois tombé sur moi...

Je m'endors finalement dans un soupir, le sommeil assombrissant encore ma nuit. Mes rêves s'endurcissent et les mots de mes pages résonnent en une mélodie qui ne cesse de me torturer. 

L'atmosphère respire, mais j'étouffe. Tout avait disparu mais les images reviennent. L'univers ne me reconnaît plus, je sombre sous la peine. Les mots m'étranglent, le passé me tue. Les bruits s'évadent, je flotte hors de mon âme. Les tortures siégeant dans mon crâne grignotent mes dernières traces vitales.

Seulement un rire continue de me persécuter, elle reste à mes côtés à chaque heure de la journée et je ne peux plus le supporter.

Je me réveille en sueur, le cœur presque sortant de ma poitrine. La lumière du soleil m'éblouit et aggrave mon mal de tête déjà conséquent. Le lit est vide. Je panique en repensant à cette nuit, une des plus longues que j'ai dû supporter. 

Je me dirige vers la salle de bain, j'appuie sur l'interrupteur pour allumer la lumière. Mes yeux bouffis peinent à rester ouverts une fois éblouis par l'éclairage. Mon reflet m'interpelle dans le miroir, j'ai l'étrange sensation d'être vide, comme si quelqu'un avait appuyé sur un bouton et éteint toute trace de sentiment. 

J'ouvre le robinet et laisse couler l'eau gelée sur mes doigts, je plonge mes mains et les approche sur mon visage. J'essaie d'effacer les marques de cette nuit difficile mais l'eau aussi pure soit elle ne pourra jamais suffir. Je laisse couler l'eau du bain cette fois-ci, puis je retourne dans la chambre, attrape quelques vêtements et mon téléphone. 

Je saute dans le bain brûlant et lance ma nouvelle playlist, celle d'Adan, celle qu'il a écrit. Les chansons défilent et me revigorent peu à peu, entendre sa voix me réchauffe et me réconforte. C'est seulement en faisant particulièrement attention aux paroles que je prends conscience du message qu'il veut faire passer grâce à chacune. 

Je frissonne en remarquant que l'eau s'est rafraîchie, et m'empresse de sortir pour m'habiller. Mon téléphone m'indique qu'il est encore tôt, je descends les marches discrètement attirée par l'odeur d'un possible petit-déjeuner. 

Je ne me suis pas trompée lorsque je vois les pancakes sur la table, enfin au vue de la forme et de la couleur j'ai peur de ce qu'il leur est arrivé.

-Je sais ce que tu vas dire mais pas la peine de te moquer. J'ai fais de mon mieux mais tu savais que faire des pancakes, enfin essayer plutôt, et en même temps faire autre chose c'est pas si facile.

-Je n'allais pas me moquer.

Il me scrute avec un regard entendu, je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un large sourire. Sans oublier l'énorme trace de farine qu'il a sur la joue. Comment suis-je censée rester sérieuse dans ce genre de situation.

-Bon peut-être un peu je l'avoue, mais au fait qu'est-ce que tu faisais levé si tôt.

-J'arrivais plus à dormir ce matin, et je me suis dit que j'allais te faire vivre une semaine avec moi parfaite. Alors autant commencer avec un petit-déjeuner fait par mes soins.

-Brûlé par tes soins?

-Je pensais que ça allait être dur pour toi de survivre une semaine avec moi et mon caractère mais je me rends compte que je suis plutôt celui à plaindre.

Il contourne le plan de travail pour me rejoindre et m'embrasser délicatement. C'est sûrement le premier matin de Noël où je voudrais bien dévaler les escaliers pour voir ce qui m'attend en bas. 

Son seul sourire me suffit comme cadeau, il me redonne moi-même un peu de joie de vivre. Mes parents n'ont jamais apprécié Noël et tout l'engouement présent autour de ce genre de fête, alors c'est un peu une première fois pour moi.

La semaine est passée plus vite que je ne l'aurais espéré, les jours se sont succédé mélangeant des nuits plus ou moins longues. Nous ne sommes pas vraiment sortis, une tempête de neige a touché la région pendant quelques jours. 

Alors nous en avons profité pour éplucher presque toute la liste de film du catalogue. Je retourne à la chambre universitaire ce soir, à la fin de cette semaine idyllique. 

Adan est assis avec moi sur le canapé, nous attendons l'arrivée de Haven et Cole qui ne devraient plus tarder. L'ouverture de la porte illumine la pièce et laisse passer deux silhouettes qui nous rejoignent rapidement.

-Enfin...j'ai cru qu'on n'arriverait jamais, June je t'ai déjà dit à quel point je déteste les trajets en voiture.

Haven s'allonge à côté de moi sur le canapé, elle a l'air exténué mais rien ne semble lui ôter son sourire. Elle s'empresse ensuite de sortir son téléphone pour me décrypter chaque seconde de sa semaine, elle me montre de nombreuses photos d'elle et de paysages magnifiques. 

Je reprends un peu vie avec elle, je ne m'étais pas rendue compte à quel point elle m'avait manqué. Cole et Adan sont partis plus loin dans la cuisine, ils reviennent avec des verres à la main. Nous nous installons tous ensemble, les discussions reprennent et je ne m'arrête pas de rire tout du long.

-Et Haven a paniqué devant ma sœur et elle lui a tout dévoilé, c'était tellement drôle.

-C'est bon t'as fini de te foutre de moi? Au fait, pour changer de sujet, j'ai eu une super idée et Adan, tu as intérêt à être avec moi ce coup-ci...

Don't look at my past [Terminé]Where stories live. Discover now