We put a spell on us • Tome 3 [ TERMINÉE ]

Chapter 23 - show weaknesses

« Montrer ses faiblesses »

La semaine était passée à une vitesse incroyable. Je n'avais pas arrêté : entre les discussions avec Sacha la nuit, à la fin de sa crise, pour tenter de comprendre ses agissements, les séances avec ma psychiatre qui mettait mon cœur et mon âme à rude épreuve un peu plus chaque jour, et toutes les conneries que nous faisions avec Sacha... Les bombes à eau, les coussins péteurs, les arrivées par surprise, tout y était passé. Nous étions redevenus deux grands enfants à dix-sept et dix-neuf ans. C'était du grand n'importe quoi, surtout que nous étions en train d'effrayer la totalité des patients, mais qu'est-ce que nous riions ensemble.

Sacha était une bouffée d'air frais dans ma dépression. J'en voyais le bout. Avec lui, j'avais l'impression que tout était possible. Je pouvais tout réussir, je pouvais être heureuse jusqu'à la fin de mes jours tant qu'il restait avec moi. C'était très étrange de s'attacher autant à une personne en si peu de temps. J'avais l'impression d'avoir trouvé mon alter ego masculin. Nous étions enfermés dans un établissement où seuls nous résidions, sans aucun contact avec l'extérieur - à l'exception des visites du samedi après-midi. Alors, forcément, ça ne pouvait que créer des liens très forts.

La vérité, c'était que j'allais beaucoup mieux désormais. Les séances chez la psy me faisaient un bien fou, j'avais progressé et je me sentais un peu mieux. Petit à petit, je surmontais la mort de ma mère, je surmontais l'attentat. Jamais je n'oublierais les images pour autant, et je ne pense pas que mes cauchemars s'effaceront totalement un jour pour autant. Mais je savais que j'allais les surmonter et que ce serait moins dur à supporter après. J'étais persuadée que j'étais sur la bonne voie pour la suite et pour m'en sortir.

Je pris mon oreiller et le balançai sur la tête de mon coloc'. Il se réveilla en sursaut, les yeux écarquillés, avec une petite bouille endormie. Ses cheveux en bataille partaient dans tous les sens.

— Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'passe ? débita-t-il rapidement.

Je me mis à rire à gorge déployée tandis qu'il grogna de mécontentement. Ses yeux se plissèrent pour s'adapter à la lumière du jour. Quand il me remarqua en train de rire, il soupira encore plus fort.

— Putain ! Tu fais chier Camilla ! Je dormais, merde.

Me voyant toujours explosée de rire, il prit l'oreiller et me le balança à son tour sur la tête. Je râlai en riant tandis qu'il esquissa un semblant de sourire. Il n'était pas totalement énervé contre moi au moins.

— Pourquoi tu m'as réveillé ?

— J'en avais marre que tu dormes.

— Tu vas le regretter...

Nous nous défiâmes du regard quelques secondes, avant que je ne prenne mes jambes à mon cou. Je sortis en courant de la chambre. Il n'était que huit heures du matin, mais nous étions déjà en train de courir partout dans la résidence. Nous croisâmes quelques soignants au passages, qui sourièrent en nous voyant agir ainsi. Pourtant, je ne pus pas courir bien longtemps. Mes jambes me firent rapidement souffrir, impossible pour moi d'aller plus loin.