40. La relique de la foudre

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Je n'avais aucune idée de pourquoi j'étais encore en vie mais ne réfléchis pas plus. Je fonçai tout droit vers la pièce, afin d'y retrouver mon coéquipier— ou du moins espérer le retrouver.

Mon cœur se serra quand j'aperçus que la pièce était vide. Elle renfermait deux magnifiques coffres dorés, quelques draps et rien d'autre. De plus, elle ne semblait mener nul part d'autre, un cul de sac. Où Link avait-il pu s'envoler? Mon regard s'arrêta devant une toile assez ressemblante à celle d'Impa sur laquelle posait Ganon le Fléau. Il semblait être mis en valeur— ça me dégoûtait presque. Si j'avais bien suivis, les Yigas avaient fait alliance avec le Fléau. Après tout ce qui se ressemble s'assemble.

« Magnifique pièce n'est-ce pas? Elle est authentique en plus. » s'exclama avec entrain une lourde de voix derrière moi.

Un rapide frisson me traversa la colonne et je sursautai. Je me retournai vers mon interlocuteur qui n'était nul autre qu'un immense Yigas au ventre rond qui planait au dessus du sol. Sa tenue était semblable à celles de ses frères pourtant, celui semblait différent. Il portait plusieurs bijoux et était vêtu d'un col accordéon autour du cou.

Il tenta de s'approcher, par réflexe, je descendis mes mains vers ma seule protection, pourtant ma ceinture était vide.

« C'est ça que tu cherches? » me demanda-t-il d'une petite voix aiguë qui décrédibilisa son personnage. Entre ses mains se tenaient mes dagues qu'il s'amusait à faire tourner dans tous les sens. « Elles sont plutôt coupantes ces lames, tu me permets de les garder? »  me supplia-t-il tel un enfant.

Je me perdus quelque secondes dans ses mots, son comportement et son physique n'allaient pas ensemble. Sa tête se tourna enfin vers moi et comme s'il put me voir à travers son masque, il ria.

« C'est bon, fini la rigolade. » dit-il plus sérieusement. «Je te les rends. » mes mains effleurèrent alors mes dagues désormais sur ma ceinture.

Quelle sorte de magie exerçait-il? Il resta muet tout en planant. Je sentis un malaise s'imposer et il toussota.

« Visiblement tu n'es plus avec nous, donc je vais y aller formellement. Enchanté gente demoiselle, moi c'est Le Grand Kohga, chef des Yigas. » affirma-t-il d'une grosse voix.

J'avais donc raison sur la particularité de ce personnage, il sortait effectivement du lot étant le patron de ce lot. Mais une chose ne tournait pas, voyant les ravages de la sauvagerie du Clan Yigas je m'étais attendue à rencontrer un Chef réfléchissant ce caractère. Pourtant, l'homme qui se tenait devant moi avait bien l'air puissant, mais pourquoi ne m'avait-il pas encore découpé en mille morceaux. J'avais quand même pénétré sa base.

« M'ouais, pas très bavarde, ça change bien. » se dit-il à voix basse tout en laissant tomber ses épaules. « Dis moi, quelle est la raison de ta venue ici? » reprit-il sérieusement tout en s'approchant.

Ne voulant pas le contrarier j'essayais de gagner du temps, espérant que Link me sorte de cette impasse, en lui sortant une réponse à peu près valable. Néanmoins, je ne pus articuler une syllable qu'il posa un doigts contre mes lèvres, ce qui me glaça le sang.

« Ne dis rien, je sais pourquoi tu es ici. Toi et ton ami épéiste êtes venus chercher ça n'est-ce pas. » il sortit de son dos la relique des tonnerres tant réclamée par les Gerudos. Le masque doré scintillait de mille feu. « Nous l'avons gentiment emprunté à nos amis les Gerudos afin de laisser voie libre à Vah'Naboris. » Le Grand Kohga disparut dans un nuage de fumé et je sentis son souffle derrière moi. « Cependant, nous commençons à trouver le temps long et arrêter Vah'Naboris serait peut-être une bonne idée au final. » il sortit le ton dramatique ce qui me fit écarquiller des yeux. « Tiens prends-le et rends-le à la belle Riju. » d'un bras il me tendit le masque et de l'autre, il cacha ses yeux sous son masque.

Comme une idiote, je tendis les mains vers la relique, voulant quand même tenter le coup. Je me rendis vite compte que ça n'allait pas être aussi facile que je le croyais.

« Elle était bonne n'est-ce pas? » s'exclama-t-il en faisant disparaître le masque et en serrant avec force ma main.  « Roh, tu n'es pas très bavarde et ça me déplais. Passons alors aux choses sérieuses. » il fit craquer tous les os possibles de son corps et je détournai le regard, effrayée.

Très vite, je fis de nouveau seule dans la pièce, il avait disparu. Que voulait-il dire par choses sérieuses? Le comportement lunatique de ce chef ne faisait que retourner mon cerveau. L'air qui tapait mon dos dénudé me fit pivoter. Le mur sur lequel reposait il y a peine quelques minutes la toile avait disparu. J'empruntai avec la plus grande des imprudences le trou me menant dehors. Le soleil du midi me brula la rétine quelques secondes. Venais-je de me jeter dans la gueule du loup? Probablement.

Au loin, se trouvait un énorme trou qui menait aux profondeurs de la terre et devant se trouvait ceux dont j'espérais le plus retrouver la trace. Link et Mère gisaient au sol à moitié inconscients. Mère ne semblait pas avoir subi plus de dégâts depuis la dernière fois mais Link, lui, avait prit chère. Le voir ainsi me peinait énormément. Qu'avaient fait ces bandits du Fléau à mon vaillant chevalier? Ses yeux azures s'ouvrirent douloureusement sous le bruit de mes pas. Il essaya tant bien qu'il le pouvait de se relever mais ne put rien faire de plus que s'assoir. Du sang s'écroulait de sa bouche et son nez. Mère elle, observait le sol avec désespoir, ses cheveux tombants sur sa figure.

« Oh, te revoilà! » s'exprima avec une voix remplie de joie Kohga. Il fit valser ses pieds dans les airs tout en riant lorsqu'il vit que je m'étais armée.

Il réapparut derrière moi et je me sentis incapable de bouger un seul muscle. Il ricana près de mon oreille tout en posant ses immondes mains sur ma taille. Mon regard rencontra celui de Link qui exprimait la haine. Il essaya de se prononcer mais ce fut en vain. L'une des mains du chef quitta ma taille afin de lentement descendre vers la zone interdite et j'eus du mal à respirer.

« Ma très chère T/P, ce n'est que le début. » me susurra-t-il à l'oreille.

Je sentis l'énergie reprendre le contrôle de mes muscles et à mon tour, j'envoyais valser une dague en plein dans son estomac. Il me lâcha automatiquement puis inspira un bon coup.

« Bien joué— » lança-t-il tout en serrant des dents, je sentis un rictus se former derrière la barrière de son visage. Il disparut alors et j'eus un boost d'énergie.

J'accourus auprès de Link et Mère puis défis les liens qui les tenaient prisonniers. Je les aidais à se relever et nous imaginait un plan de sortie. Je ne les voyais pas dans leurs états actuel escalader les parois rocheuses qui nous entouraient. La seule manière de quitter ce trou maudit était de refaire le chemin inverse. Oui, c'était du suicide, mais c'était notre seule option. Oui, nous n'avions pas pu récupérer le Masque mais ceci était le dernier de nos soucis.

Sans attendre une seconde de plus, je m'empoignai de mes deux mains de Link et Mère. Je courus à l'intérieur jusqu'à la pièce des gardes musclés. Je nous laissai le temps de reprendre notre respiration tout en les observant. Mère tenait fermement ma main et tremblait. Link, semblait bien trop sonné pour comprendre quoique ce soit. Je nous lançai alors enfin dans le bain, évitant chaque garde qui se déplaçait si rapidement. Plus vite que je ne le crus, nous étions dans la pièce du flambeau et des draps. La liberté nous était proche! Une fois que l'air frai me tapa enfin sur le visage, je remerciai intérieurement Hylia mais continuai de même notre course, rien n'était encore gagné. Par de même, plusieurs Yigas armés d'arcs apparurent par-ci et par-là mais visaient comme des pieds. Leur incapacité nous permit de retrouver la chaleur du désert. Je lâchai les mains des deux personnes qui comptaient le plus pour moi tout en observant derrière moi. L'obscurité du canyon n'affichait plus que la froideur du Clan Yigas. Nous n'étions donc plus suivis— Je me laissai tomber à genoux aux côtés de Mère, heureuse d'en être sortie vivante. Link s'agenouilla à mes côtés et m'offrit le début d'un sourire qui se transforma en rictus douloureux.

Nous avions réussi— pour l'instant.

∞ Passé ∞ [Link x Reader]Where stories live. Discover now