410. ::taekook

Seize.

Ça faisait déjà un moment qu'ils n'avaient pas fait ça tous les cinq. Et même si Yoongi détestait sortir alors que les températures frôlaient l'état caniculaire, il avait cédé aux beaux yeux des amoureux.

Déjeuner de juillet au parc Hangang, Jimin, Namjoon, Yoongi, Tae et Yeontan. C'était rare que leurs plannings décident de s'accorder comme cela, d'être tous libres au même moment. Que l'envie de sortir soit là malgré l'évidence que le tee-shirt allait coller au dos et que la sueur perlerait au-dessus de leurs lèvres. 

Alors Tae avait décidé de rendre hommage à ce coup du destin qui allait les réunir et il avait préparé cette sortie comme jamais il n'avait fait. Il avait cuisiné des espèces de petits Bento pour tout le monde, avait pensé à Namjoon et plutôt que de faire frire de la dinde, avait acheté des escalopes de soja et de blé.

Il lui avait envoyé une photo ce matin, un tablier noué à la taille, un bandeau pour retenir ses cheveux et les galaxies dans ses beaux yeux. Jungkook lui avait répondu qu'il était à mourir puis lui avait demandé d'empoisonner personne avec son déjeuner. Tae lui avait répondu qu'il allait réfléchir.

Alors ils s'étaient retrouvés vers midi, et parmi les gens qui baignaient dans le soleil, ils avaient trouvé un endroit tranquille.

Maintenant qu'ils avaient réussi à poser des mots sur la relation qu'ils entretenaient, Jimin et Jungkook avaient du plaisir à se revoir, à s'étreindre pour se dire bonjour. Le meilleur ami était moins tactile avec Tae, du moins, il tentait moins de l'arracher au noiraud à chaque occasion qui se présentait. Mais il était tout de même aux petits soins avec lui, gardait lui même une Ventoline dans son sac et ne relevait jamais ce regard de grand amour posé sur sa silhouette.

Ils avaient mangé tous les cinq, rattrapé le temps perdu. Yoongi et Namjoon avaient un espèce de recul à cette situation, à toutes ces péripéties, c'était un grand bol d'air frais. C'était comme si pour eux, ce n'était qu'un détail cette aventure de genre et ces cris et ces pleurs et ces appels en panique.

Ils n'en parlèrent pas tellement en fait, discutèrent surtout de rien et de tout en même temps. Ils complimentèrent Tae sur sa cuisine, sirotèrent discrètement leur rosé et s'aventurèrent sur la grande pelouse à mesure que l'ombre reculait.

Puis Tae décida de promener Yeontan quand ce dernier commença à tourner en rond autour du plaid qu'ils avaient étendu.

Les quatre garçons l'observèrent s'éloigner en petits bonds, cette expression tendre et affectueuse plaquée comme sur un seul visage. Ils ne dirent rien même si tous les quatre avaient une remarque sur le bout des lèvres, un « il semble heureux », « il est beau », « c'est fou comme il change », « il mérite tout le bonheur du monde ». Ils savaient aussi tous les quatre qu'ils n'auraient fait qu'acquiescer aux affirmations des autres parce qu'ils partageaient tous les quatre cet amour incontrôlable pour le garçon.

C'était si dur de le haïr, c'était si simple de l'aimer.

Ça l'avait toujours impressionné Jungkook, cette facilité que Tae avait à créer des liens et comme les gens se confiaient à lui comme à un ami d'enfance. C'était embêtant parfois car même lorsqu'il sortait s'acheter des nouilles à l'épicerie de nuit, il y restait une heure, revenait avec les problèmes de santé de la caissière, le topo de sa vie et une moue embarrassée collée au visage.

Ça le faisait un peu rire, Jungkook, mais au fond il compatissait vraiment. Il aurait détesté ça.

Alors il n'était même plus jaloux de ces regards débordants de tendresse, caressant les doux traits de Tae, rêveurs. Il les comprenait en fait, il compatissait encore une fois car lui il était tombé si fort sous son charme et sa beauté. Et il n'était qu'une victime de plus.