45. Vérité Sanglante (part. 2)

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Ma bouche s'ouvre puis se referme. Je ne veux rien répondre. Mes yeux sont durs. Il ne me déstabilisera pas. Il bascule son attention vers Matt en restant tourné vers moi.

- Je ne savais pas que tu étais si secret. Tu ne lui as donc rien avoué ?

Matt se réveille enfin. Sa respiration s'accélère. Il ne sait pas quoi répondre. Je le vois peu à peu paniquer en vu de la tournure de la situation.

- Très bien.

Il marque une pause. Puis, il reprend sa marche.

- Si tu es décidé à tenir ta langue, ce n'est pas mon cas, sourit-il.

Mon meilleur ami commence à s'agiter. Son regard effaré passe du général au corps inerte dormant sur le sol puis à moi.

- Non. Vous ne pouvez pas.

Victhorion s'arrête de nouveau, faussement dubitatif en demandant pourquoi.

- C'est ma vie. J'ai le droit de décider de cela. Vous n'avez pas à dire des choses que je refuse de partager !

- Vous et vos droits, vous me faîtes rire. Mais dans ce monde, l'homme n'a pas de droit. Il subit les actions des autres. Accepte-le et cesse de rechigner.

Matt adopte un air désespéré et meurtri. Il donne un grand coup de pied en arrière vers le guerrier qui l'empêche de bouger. Ce dernier étouffe un cri mais maintient sa prise. Cela a pu le défouler un quelque peu en lui faisant du bien avant que Victhorion ne prenne de nouveau la parole.

- Je suis vraiment navré que cette information tombe au mauvais moment à cause de la mort de votre ami, commence-t-il ironiquement en imbibant sa voix d'hypocrisie. Seulement... Tout se sait un jour, alors pourquoi pas aujourd'hui ? Le soleil est haut, le temps est idéal, sourit-il.

Le général marque une pause dans l'unique but de pousser Matt à bout. Il respire lentement en prenant de grandes gorgées d'air avant de me regarder. Matt se tourne lui aussi vivement vers moi et cela me fait frémir. Je ne veux pas de cette attention.

- Tery, ne... se précipite-t-il lorsque le général le coupe.

- Chut...

Alors que le général fait durer ce son coincé entre ses lèvres, il lève son indexe et le bouge lentement en signe de silence.

- Je n'aime pas me presser, mais tu m'y obliges.

Il souffle.

- Je suis sincèrement navré que ton ami ne t'ai pas mis dans la confidence Theresy. Toutefois, je comprends son trouble. Ces choses-là sont difficilement avouables.

Je ne veux pas entendre. Je ne veux pas. Mon cerveau se force à se concentrer sur le bruit de la brise estivale dans les herbes hautes des marécages. Mais ma curiosité s'accroche dur comme fer à chaque syllabe prononcée par le général.

- Mattelos a échoué à son Examen...

Je soupire, ce n'est que cela.

- ... bien plus tard que tu ne le penses. Tu as dû être si heureuse lorsque tu l'as vu venir vers toi, pour toi, pour te retrouver. (Il rit.) Ce que tu ne savais pas c'est que tout cela était prévu.

Je ne comprends plus.

- Lorsque tu l'as revu pour la première fois, n'était-il pas couvert de sang ?

Des souvenirs ressurgissent. Je ne voyais que des ombres, des créatures et un homme. Jusqu'à ce que je découvre le visage ensanglanté de l'homme que j'ai toujours connu.

- Il venait de tuer des créatures... tenté-je timidement.

- Il venait de tuer quelqu'un. Son ami. Il venait d'assassiner un de ses amis qui faisait partie de son unité alors qu'il était en mission. Yuhri. Il était encore couvert de son sang lorsque tu as croisé son chemin.

En temps normal, je me serais dit qu'il ne ferait jamais cela. Seulement, mon cerveau ne fonctionne plus. Je peine à réfléchir et je me noie déjà dans les mots qu'il n'a pas encore prononcé.

- Et tu te dis certainement qu'il avait alors croisé ta route par hasard. Cependant, je ne veux pas te mentir. Il savait où tu étais. Il n'a fait que suivre ta trace. Parce que nous voulions qu'il te trouve. Parce qu'il voulait te trouver.


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