12.Une Douche Froide (part. 4)

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Une chose se déplace dans ma direction. Elle ne m'a pas encore vue, mais moi si. Cette bête est plus grande que moi, devant me dépasser de plusieurs centimètres. Se déplaçant sur ses deux pattes arrière, cela me laisse une vue plongeante sur son ventre et l'intégralité de son corps dépourvu de poils ou d'écailles. Je ne sais pas si cette créature a de la peau ou si je peux directement apercevoir sa chair. Plusieurs longues entailles percent déjà son corps. Dans ma réflexion je me rends compte du mot que j'ai employé. Créature. C'en est une, j'en suis certaine.

Je me déplace doucement pour être dos à la rivière quand la créature se tourne vers moi. J'ai dû faire du bruit, mince. Ses yeux globuleux, pourpre, se pose sur moi. J'essaie de me préparer à ce qui va suivre. D'un regard, j'examine l'espace et surtout l'emplacement de mon sac. "Se préparer mentalement toute sa vie à un exercice ne vous assurera jamais de le réussir le jour venu, retenez bien cela" nous avait dit mon père. La créature fond sur moi. Lorsqu'elle arrive à ma hauteur, je m'écarte rapidement et cours jusqu'à mon sac. J'y suis presque. Je tends les bras devant moi et me jette aux pieds du rocher. Je défais du plus vite que je le peux le tressage. Mes mains tremblent et je me maudis intérieurement d'avoir un sac à lacets. Je l'entends courir vers moi alors que j'ai presque terminé de l'ouvrir. Je n'arriverai pas à sortir l'arme à temps. Je me relève d'un bond et cours. Je fais le tour du rocher, la créature à quelques pas de moi. Je sprinte du plus vite que je peux dans la forêt. Je ne sais pas où je vais mais je reste en ligne droite pour ne pas me perdre. Les arbres autour de moi défilent à toute allure. Mon cœur s'est emballé. Ma respiration se saccade. Je réfléchis et observe les alentours. Je ne sais pas comment me sortir de cette situation. J'entends, je sens la créature juste derrière moi. Elle aussi court vite. Dans mes pensées, je ne vois pas la soudaine pente. Je glisse et roule sur moi-même. A ce que je peux constater, je ne suis pas la seule à m'être laissée surprendre. Une fois en bas, sans perdre une seconde je me relève. Je me remets à courir, mais dans le sens opposé décidé-je lorsque je vois la créature qui a un peu plus de mal à se remettre sur pied. Je donne toute mes forces et m'élance rapidement dans cette montée. J'entends la créature se lever mais je ne me retourne pas. Mes jambes chauffent plus qu'à l'habitude. Je suis essoufflée mais je continue avec le même entrain. Ma vie en dépend. Lorsque j'arrive en haut, je sprinte en ligne droite. J'ai bien l'impression que la créature a eu du mal avec la montée. Je souris. En faisant cela, je me rends compte que je saigne. Un goût métallique a pris place dans ma bouche. Je sens aussi mon genou s'est amoché. Je sens l'air me frapper le visage durant ma course. Mais je sais que je n'ai pas semé cette créature pour l'unique raison que je sens toujours son odeur putride. Oui, j'ai déduit que ce parfum venait d'elle.

J'arrive à mon point de départ, mais je ne ralentis pas vraiment. Comme précédemment, au dernier moment je me jette au sol. Je tire brusquement sur les lanières tandis que j'entends les pas se rapprocher. Mon sac est ouvert. Je jette mes mains dedans et fouille l'intérieur sans me préoccuper du rangement. Les pas sont de plus en plus proches. Mes mains sont écorchées mais je ne prête pas attention aux taches rougeoyantes qui les enveloppent. Je trouve enfin mes deux lames plates. Je les sors en vitesse.

J'ai à peine le temps de me retourner que la créature surgit. Je place mon pied droit en avant, comme lors des entraînements. Je me baisse au moment où elle envoie une de ses mains dans ma figure. Elle m'a frôlée de justesse. Je lui entaille la jambe d'un coup et me décale sur le côté. Un cri s'arrache de la gueule béante. Vue de près, la peau visqueuse et globuleuse prend une teinte foncée. Ralentie dans mes mouvements à cause de mon regard, je sens une lame s'enfoncer dans mon bras droit. Je hurle. Par réflexe, je tranche la raison de cette douleur. Tandis que la créature expulse l'air présent dans ses poumons, je fixe mon bras. Une longue plaie est affligée le long de mon membre. Dans un bruit sourd, le bras purulant de la créature tombe au sol. Je n'avais pas remarqué que cette créature avait des griffes. Folle de rage, je plonge une deuxième fois ma lame dans son thorax. Le corps agonisant de la créature s'écroule dans l'herbe, laissant mon couteau recouvert d'une substance pourpre.

Je ne ressens rien. L'adrénaline se repend encore dans mon être. Je pose un pied devant moi. Puis un deuxième. Je titube vers l'eau. Sous mes scandales je sens les pierres polies. Je ne m'arrête pas. Le courant froid coule bientôt sur mes pieds. Je me laisse glisser au sol.

Maintenant que l'adrénaline m'a laissée, la fatigue commence à me submerger. Mes membres s'engourdissent. Ma respiration se calme. Je ressens encore le sang perler le long de mon poigné comme de mon coude. Je suis épuisée. Mes paupières sont lourdes, mais je ne veux pas dormir.

- Seulement quelques minutes, je murmure, je vais juste reposer mes yeux... balbutié-je la bouche pâteuse.

Mes yeux sont clos. Mon souffle se régule ainsi que mes battements de cœur. Et sans le vouloir, je m'endors.


GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant