33. Ils sont là

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Là où loge le souci, le sommeil ne s'abat pas.

William Shakespeare, Roméo et Juliette

Cette nuit, une main se pose brusquement sur moi, me réveillant en sursaut. On me secoue. Une puanteur m'emplit le nez. Wyden m'aide à me lever. Je vois dans la pénombre Jonas entrain de réveiller Matt. Wyden me fait signe de ne pas faire de bruit. Il y a des créatures proches de là où nous sommes. Je récupère mon sac à mes pieds. Sans un bruit, nous quittons cet endroit. Nous nous mettons à courir silencieusement. Mais nous avons beau avancer, cette odeur putride de macchabés nous encercle toujours.

Soudain, une créature apparaît devant nous. Je sors mes deux dagues. Je ralentis légèrement l'allure, laissant Wyden me devancer. Toujours sans s'arrêter, il tranche une jambe de la créature. Puis, je m'occupe de l'autre. J'entends la créature pousser un rugissement et tomber au sol tendis que nous nous éloignons.

Je crois que nous avons échappé à ces créatures. Le bruit de la rivière recouvre celui de nos pas. Il se passe quelques choses. J'en entendu quelque chose. Nous continuons d'avancer. Soudain, nous tombons devant deux, trois, cinq créatures. Trois hommes sont entrain de les tailler en pièces. Ils nous ont vus. Je reconnais leurs uniformes comme étant des guerriers. Ça y est, nous les avons rattrapés. C'est trop tard pour fuir. Ils vont tuer ces créatures et informer le général Victhorion que nous sommes dans les parages. C'est après moins d'une seconde d'hésitation que je m'engouffre dans la mêlée. Je m'attaque à une créature. Elle m'envoie ses griffes, mais je me baisse à temps. Je l'éviscère. Plante mon couteau dans sa gorge et le retire. Je la laisse s'écrouler au sol tandis que je m'occupe d'une autre. Très rapidement, il ne reste plus de créatures. C'est à ce moment-là que je m'avance vers un guerrier. Il se tourne vers moi. Je n'attends pas qu'il m'atteigne et lance ma dague dans sa trachée. Il s'arrête. Ses yeux s'écarquillent. Il pose la main sur le manche de mon couteau et le retire. Il s'écroule au sol dans un gargouillis sanguinolent. Je m'approche et reprends mon arme. Mon premier mort. Le premier humain que je tue. Je sens ma gorge se nouer, mais je n'y prête pas attention et m'écarte sans réfléchir. L'autre guerrier est mort, il ne reste que nous quatre.

- Il faut qu'on y aille, j'annonce.

Matt acquiesce et s'élance. Je le suis. Une fois que nous sommes assez éloignés, nous nous arrêtons.

- On peut pas rester ici sans savoir où sont installés les guerriers, affirme Jonas et je suis totalement d'accord.

- Restez ici, je vais repérer leur position, je conclus.

- Je t'accompagne.

Matt s'avance et j'hoche la tête. Ne jamais être seul. Après un regard entendu en direction des deux soldats, je m'éloigne. Matt et moi trottinons prudemment, courir attire trop l'attention. Après plusieurs minutes, je repère du mouvement devant nous. Nous nous écartons et contournons. Un homme se tient debout, des armes suspendues à sa taille. Un garde. Nous devons être tout proche. A pas de loup et au ralenti, nous avançons au maximum. Bientôt, nous nous cachons derrière un buisson. Lentement, je redresse ma tête pour apercevoir une de nombreux guerriers dormant à même le sol. C'est donc la fameuse section de Victhorion où Matt aurait dû se trouver. Deux tentes sont dressées, au centre. Je compte en silence les guerriers. Ils sont trente-deux. En rajoutant les gardes, ils doivent être une quarantaine. Je ne vois pas le général. Une de ces tentes lui appartient.

Je tourne la tête vers Matt ? Son regard est absorbé par tous ces hommes qu'il doit sûrement connaître pour la plupart. Sa mâchoire serrée et ses sourcils levés lui donne une expression mi-déterminée mi-appeurée. Je prends son poignet et le tire. Il faut partir. Le risque que l'on prend chaque seconde de se faire découvrir est trop important comparaît à ce qu'il vaut. Ce sont que des hommes endormis.

Nous nous sommes installés à dix minutes de course de la section dirigé par Victhorion. Nous posons nos affaires.

- Ils sont une quarantaine, je réponds.

Wyden hoche la tête. Il faut dormir, pour le peu de temps qu'il reste. Wyden prend la garde pour cette courte nuit. Je m'allonge sur la terre, posant ma tête sur mon sac en guise d'oreiller. Nous avons retrouvé les guerriers. Ils sont dix fois plus que nous. Nous sommes le 28 décembre. Il nous reste encore 15 jours pour arriver à Ew York si nous courrons. Bien. Il va falloir que nous prenions le remède avant eux. Premier problème : je ne sais pas où il se trouve. Ou alors nous attendons qu'ils le récupèrent et nous le leur volons. Ou alors nous les suivons jusqu'à l'endroit en question, puis, les prenant par surprise, nous prenons le remède avant de quitter la ville. Si nous voulons le récupérer en toute discrétion, il faudrait savoir son emplacement. Pour cela, deux solutions : soit nous volons des documents le précisant, soit nous faisons parler un guerrier. Cela m'étonnerait qu'ils aient ce genre d'informations écrite à la portée de tous. C'est quelque chose de très important, de vital pour Le Conseil. Et je ne pense pas que n'importe quel guerrier soit au courant. A mon avis seul le général est au courant. Il ne vaut mieux pas opter pour cette solution.

Je me retourne, encore et encore. Mes pensées remuent, chahutent, bousculent dans ma tête. Et je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je change de position. Je décale mon sac et me remets sur lui. Je l'enlève, le mets à nouveau.

- Calme-toi.

Je tourne brusquement me tête lorsque Wyden pose sa main sur mon épaule.



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