22. Conscient (part. 2)

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Il est suivi par une infirmière tenant une bouteille et un verre. Elle en verse une phalange et le tend à Matt.

- Pur, le goût est infect mais c'est ce qui fait effet le plus vite.

Matt avale une première gorgée et manque de tout recracher dans le verre.

- Elle t'avait prévenu, dit Gabany.

Il avale ce qu'il reste dans une grimace qui ne me donne pas envie de savoir quelle saveur cela a. Il demande de l'eau pour faire passer le goût mais l'infirmière ne lui en accorde pas, précisant que cela diluerait le médicament contre ses parois buccales et que cela réduirait le délai d'efficacité avec laquelle il pénètre dans ses vaisseaux sanguins.

L'infirmière vérifie que aucun endroit ne s'est à nouveau déchiré, et heureusement c'est le cas. Après que Gabany lui ai bien fait la leçon, ils nous laissent seuls. Je soupire et me tourne vers lui.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris ? je le questionne calmement.

- Il faut que je me lève. Je ne peux pas rester là. Il faut que je...

Sa phrase se finit dans un gémissement douloureux.

- Ça va.

- Non ça ne va pas Matt et pourquoi tu ne peux pas rester là ? Tu as développé une phobie des hôpitals ?

- Nous sommes le dix décembre, ça ne te dit rien ?

Je hausse les épaules. Je ne suis pas un agenda, qu'est-ce que j'en sais.

- Cela a un rapport avec Westen n'est-ce pas ?

Il hoche la tête. Ce n'était pas compliqué à deviner étant donné qu'il était déjà inconscient lorsque nous sommes arrivés à Westen.

- C'est aujourd'hui que l'expédition à direction de Ew York commence, celle à laquelle je devais participer.

- En quoi c'est un problème pour nous et ta guérison, à moins que tu ne veuilles en faire partie ?

- Je... Ils seront de nombreux guerriers, proche d'ici.

- Et nous sommes protégés par des murs et des forces de Lowick. Dis-moi la vraie raison Matt.

- Je...

Je le regarde avec insistance. Je n'aime qu'il tourne autour du pot où qu'il ne veuille rien me dire. Je n'aime pas qu'il m'éloigne alors que je viens à peine de le retrouver.

- Je suis fatiguée.

Il se détend un peu plus, comme sur le point de dormir. C'est un semi-mensonge, mais j'ai compris. Il ne me dira rien.

- J'espère que tu m'en parleras quand tu seras un peu plus en forme.

Aucune amertume vis-à-vis de cela ne perce dans ma voix. Il faut lui laisser du temps, en premier lieu pour se rétablir et ensuite nous verrons. Même si je le pense vraiment, le fait qu'il me repousse souvent lorsqu'il est perturbé peu importe la raison me blesse un peu plus à chaque fois. Je lui dépose un bisou sur la joue et lui dis aurevoir. Je lui souris et sors de la pièce.

Lorsque vient l'heure du dîner, nous nous installons tous les quatre autour de la table. Gabany dépose un saladier rempli de légumes recouvrant une pièce de viande.

- Alors Theresy, comment s'est passé ta journée d'école ? me demande Faeny.

- Bien, j'aime beaucoup les cours d'Histoire mais la meilleure chose était après l'école, je souris en regardant Gabany qui me renvoie le même regard joyeux. Mon ami est réveillé.

Jonas et sa mère exclame leur joie en l'apprenant.

- Mais ça va être fabuleux, il a dû énormément te manquer ses derniers jours... (j'acquiesce) Et nous allons avoir un nouveau jeune homme à la maison, tu vas pouvoir t'amuser avec lui Jonas !

A la suite de cette phrase, je me tourne vers Jonas en gloussant comprenant la manière avec laquelle sa mère le voit encore parfois comme un petit garçon de six ans. Il me sourit à son tour et réplique face à ma petite moquerie silencieuse.

- Oui je vais pouvoir m'amuser avec lui, mais pas dans le sens que tu te l'imagines Theresy, il hausse ses sourcils.

Sur le moment je suis surprise et en le voyant ils rient tous ensemble. Je comprends son allusion sexuelle et cela me fait bizarre d'imaginer Matt et lui ensemble. Jamais l'on n'a évoqué de ce genre de chose à Westen. Rapidement je me détends et face à cette situation comique pour le moins surprenante, je me mets à rire avec eux.

Alors que je découpe ma viande, je lève la tête vers Jonas et le questionne sur sa journée comme nous avons l'habitude de le faire le soir pour lancer ou relancer la discussion.

- En ce moment nous faisons de plus longtemps entraînements surtout sur du tire à l'arc et de la course rapide mais de plus en plus longue. Au fait, j'aimerai bien qu'un jour tu me montres ce que tu sais faire, je ne suis pas resté te voir l'autre soir j'étais fatigué.

- Qu'est-ce qu'il te fait penser que cela en vaut le coup, je ne suis certainement pas aussi doué que toi.

- Mais pourtant tu as les six Etoiles gravées, il énonce en les montrant d'un signe de tête. Tu n'es pas la première personne que je rencontre avec ces cicatrises, je sais ce qu'elles veulent dire.

Je lance un regard à ces marques rosées au-dessus de ma clavicule gauche avec nostalgie. Cela me semble si lointain le jour où Matt me les a laissées sur la peau, pourtant ce n'était il y a seulement moins d'un mois. Mais elles ne valent pas autant que celles des autres guerriers. Eux, ils les ont gagnées au bout de plusieurs années de théories puis de pratiques. Moi, ce n'étais pas officiel. Je me demande si, imaginons que Le Conseil n'est pas sexiste, lors de cette cérémonie ils m'auraient offert ces Etoiles, s'ils auraient trouvé que je les méritais.

- J'ai cours tous les jours et je suis censée rester aussi après ceux-ci pour que ma scolarité accélérée soit une réussite.

- On arrivera à trouve un jour de pause pour évaluer tes compétences et décider c'que tu feras après l'école.

- Si Lesly nous autorise à rester.

- Ça c'est une autre histoire, on verra plus tard.

Après une fausse réflexion, j'acquiesce. Je veux faire partie des forces de Lowick. Je veux m'améliorer. Je veux devenir plus forte et me sentir entièrement méritante de mes Etoiles.

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