Il fait une pause et émet un soupir amusé.

- Une vie sans faire de vague. Aucun délit, aucune faute... jusque-là.

Voyant qu'il ne dit plus rien, j'hésite à répondre.

- C'est... exact.

Un sourire compatissant prend soudain place sur les lèvres de l'homme.

- Soyons honnêtes ce n'est pas exactement cela qui nous intéresse. J'ai votre dossier sous les yeux, et je peux voir qui vous êtes. Notamment votre réelle identité.

Je me crispe et fronce les sourcils, prête à me défendre au moindre signe. Voyant cela, mon interlocuteur émet un petit rire qui ne manque pas d'attiser mon incompréhension. Je prend alors une grande inspiration et décide de prendre les devants, ne le laissant pas terminer. Il n'y a pas de temps à perdre, je n'aurai peur être pas l'occasion de parler a quelqu'un une fois entrée dans la prison.

- J'ai un marché à vous proposer, je me suis laissée capturer pour cela. Affirmé-je d'une voix forte.

Les yeux de l'homme se plissent jusqu'à ne former qu'une fente, et il croise alors ses mains sur la table avec intérêt.

- ... Je vous écoute.

Sentant une bouffée d'espoir surgir en moi, je dois me faire violence pour étouffer mon regain d'énergie et ne pas me faire de fausses idées. Rien n'est gagné. Il "écoute", il "n'accepte" pas encore.

- Vous avez dit savoir qui je suis, mais acceptez de me parler malgré ça. C'est évident que vous connaissez les extérieurs. Je peux vous aider à retrouver celui que vous cherchez.

- Vous retournez votre veste. Que vous ont fait les autres résistants pour être traités ainsi ?

Sa phrase me met en colère.

- Je ne les vends pas ! Je ne dirai rien à propos d'eux !

- Alors comment comptez vous nous faire trouver Jorus ?

Je me calme rapidement et me réinstalle correctement, tendue.

- Jorus n'est pas utile à la résistance, ce ne sera pas une perte pour eux. Mais il m'a parlé. Je sais à quel point il est précieux pour vous... à cause de sa capacité.

Ouvrant légèrement les lèvres avec surprise, celui qui m'interroge semble pris de court. Il hésite quelques secondes, puis réalise.

- Vous avez également un pouvoir.

Je hoche la tête, soulagée de ne pas avoir à le dire moi-même.

- Et je suis capable de remonter sa piste.

Une lueur intéressée brille dans son regard noir. Pour l'instant, je crois que ça pourrait marcher.

- Est-ce que vous savez déjà sa localisation ? Me questionne-t-il soudain.

Je souris, voyant où il veut en venir. Malheureusement pour lui, j'avais prévu le coup, ils ne m'auront pas ainsi.

- Non. Donc vous ne pourrez pas le savoir en m'interrogeant.

Passant une main sur son crâne, l'homme souris nerveusement, puis penche la tête en arrière. Il semble pris dans un débat intérieur, puis se reprend et pose ses deux paumes à plat sur la table.

- Je reconnais que votre proposition est très intéressante, je l'exposerait à mes supérieurs. Parlez-moi de vos conditions maintenant.

Ma fierté monte d'un cran. Mon but semble à portée de main.

- J'ai trois conditions. Premièrement, je veux que vous arrêtiez les investigations contre ma cellule de résistance.

Comme mon interlocuteur semble vouloir protester, je me dépêche de continuer.

- Deuxièmement: bien sûr je serais toujours détenue, mais je veux obtenir un travail pénal au sein du bâtiment scientifique. Et troisièmement, je veux savoir en quoi consistaient les expériences sur Jorus.

Ça y est. J'ai réussi à tout dire. Je ne peux pas prendre le risque de parler de mon père, après tout je ne sais pas vraiment qui il était: un ennemi des effacés, ou bien leur allié ? Tout est flou, et un mot de travers pourrait tout gâcher. Travailler au sein du bâtiment scientifique est un avantage énorme: je pourrai fouiner et en apprendre d'avantage sur ce qu'ils font ici. Et pour Jorus... Qui ne tente rien n'a rien. Mais je doute qu'ils acceptent simplement de me dire ce qu'ils lui ont fait.

Après avoir tapoté quelques mots sur sa tablette, il la repose, et prend un air sérieux.

- Je ne suis pas en mesure de vous répondre pour l'instant, mais je rapporterai vos paroles et nous déciderons quoi faire.

Se penchant sur le dossier de sa chaise, il semble pensif. Même si j'ai réussi à parler de mon plan, je ne peux pas être sûre de ce qu'ils feront. Par contre ce qui est certain, c'est qu'ils ne laisseront pas passer une telle occasion de trouver leur précieux sujet de test.

- Bon... je pense qu'il ne vaut mieux pas vous interroger sur vos amis ?

- Effectivement ce serait mieux ! Je souffle avec un sourire, sentant la pression retomber tout à coup.

Maintenant que c'est fait, j'ai presque de la sympathie pour mon interrogateur. Enfin, il faut dire que tous mes espoirs reposent sur lui. S'il décide de garder pour lui mes paroles je me serai faite avoir pour rien.

En sortant de la pièce, je sens déjà la hâte de savoir la réponse s'installer. Je reçois mon tatouage avec angoisse, mais finalement, ça ne fait pas mal. Une fois que c'est fait, je passe la porte. Une jeune effacée prend le relais de l'autre côté, et m'accompagne jusqu'à une salle murée de carrelage. Me faisant signe d'avancer, elle m'indique un rond tracé sur le sol, ou je dois me placer. Elle s'éloigne ensuite de quelques pas et appuie sur une sorte de panneau de commande sur un des mur.
Je comprend un peu tard que ça ne va pas être très agréable. Un jet glacé me percute, et même s'il ne dure que quelques secondes, je sens mes extrémités s'engourdir sur le coup. C'est un système de stérilisation que nous avions étudié lorsque j'étais une recrue chez les effaces: la cryogénisation. Ce n'est pas la plus douce, mais une des plus efficace.

En tout cas, cet avant gout des formalités de prison ne me donnent pas trop envie de voir la suite.

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Hello ! Me revoilà, j'ai enfin pris le temps de terminer ce chapitre. Il y a des périodes je suis plus inspirée que d'autres, et la........ c'était pas trop le cas 😑. Mais ça reviens, en plus avec le confinement j'ai bien assez de temps pour m'y mettre 😅.

Bonne journée et à bientôt !

Nucléaires 3 : TirailléeWhere stories live. Discover now