Chapitre 18

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Assise sur le dur rebord métallique, je sens les menottes froides bouger sur mes poignets à chaque secousses. Une ceinture de sécurité adaptée aux "passagers non désirés" me serre les côtes et m'empêche de me mettre comme je voudrais. Je grogne et marmonne entre mes dents, agacée par toutes ces précautions. Je ne suis plus aussi chétive qu'avant grâce à la cuisine de Morell, mais face à des effacés entraînés durement pendant des années, je n'ai presque aucune chance. Mais bon, j'étais tout de même membre de la résistance alors je suppose qu'ils ont raison de se méfier.
Depuis tout à l'heure, aucun n'a mentionné ma réelle identité. Est-ce qu'elle a été falsifiée ? S'il avait été précisé que j'étais extérieure, j'aurais été exécutée ou plaquée au sol avant même de pouvoir réagir... non ?

A intervalles réguliers, nous nous stoppons dans certains quartiers. Je ne vois rien depuis ma place à l'arrière alors je ne sais jamais ce qu'il se passe, mais à un moment donné, j'entend les hommes se mettre à crier après quelqu'un. Je ne comprend pas tout de suite, puis je réalise qu'ils doivent être en train d'arrêter quelqu'un d'autre.

Super... ce sera peut-être une connaissance. Me dis-je ironiquement.

Et je ne crois pas si bien dire. Quand la portière s'ouvre, je retiens un hoquet de surprise en voyant monter le viel homme à la peau mate. Celui du groupe avec qui nous avions fait équipe. Ses yeux se posent sur moi dans une expression figée, et je sens une tension prendre soudain place.
Nous nous dévisageons un moment.

- Allez, dépêche toi de monter ! Grogne le soldat derrière lui avec un ton hautain.

Prenant appui sur les bords, il finit par monter en prenant son temps, comme pour agacer l'effacé.
Complètement gênée par la situation qui ne pouvait pas être plus étrange, je me tortille sur moi-même, hésitant à lui parler ou à me tourner vers la fenêtre inexistante pour ne surtout pas croiser son regard. Des gouttes de sueur me coulent le long du cou, et je soupire. Franchement, cette journée est le chaos complet. Rien ne va, tout arrive sans prévenir.
D'accord, c'est en grande partie ma faute, mais ça reste peu crédible.

Une fois sa ceinture fermée et vérifiée par le soldat, la porte se referme violemment et le véhicule se remet en route. Je tente un regard en biais vers l'homme, et frissonne. Ses yeux sont braqués sur moi froidement. Si jamais je m'interrogeais, la réponse est claire : il m'en veut encore.
Me retournant tout de même vers lui -faute de fenêtre- je force un sourire pas très convainquant sur mes lèvres.

- Heu... qu'est-ce qu'il t'arrive ?

La seconde suivante, je me demande pourquoi je l'ai tutoyé. Mais il semble se désintéresser de ce détail, pour mon grand soulagement.

- Je peux te poser la même question... Je pars rejoindre Shey. Je ne peux pas la laisser seule là-bas.

Mes méninges se mettent en marche, et je devine que "Shey" doit être la femme qui s'était faite prendre lors de l'opération. Pinçant mes lèvres, je décide d'opter pour la manière douce.

Ce qu'il s'est passé n'était pas ma faute ou celle de Wenn, pas cette fois. Je ne compte pas le laisser me harceler à propos de cet incident. Mais un humain blessé cherche toujours un coupable, alors il vaut mieux ne pas entrer en conflit avec lui.

- Je suis désolée de ce qu'il s'est passé ce jour là. J'espère que tu va réussir à la retrouver.

Un rictus calme s'affiche sur le visage de mon voisin, me prouvant que mes paroles ont l'effet escompté. Je suis devenue plutôt forte au niveau de la communication ces derniers temps ! En tout cas, puisque nous risquons de continuer à nous croiser, je préfère garder un contact amical avec cet homme.

Nucléaires 3 : TirailléeHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin