Chapitre 13

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Ce matin, -ou plutôt cet après-midi étant donné l'heure à laquelle je me suis réveillée- je me sens comme pâteuse et fatiguée. Je ressasse encore et encore la discussion d'il y a quelque heures à peine alors que le repas de midi refroidit petit à petit dans mon assiette. Les discutions autour de moi vont bon train, mais une voix s'adresse soudain à ma personne, me faisant sursauter.

- Mange avant que ce ne soit froid. Me grogne Morell d'un air mauvais, me ramenant à la réalité par la même occasion.

Je reprend maladroitement ma cuillère et la met en bouche, espérant éviter la colère du cuisinier. Son repas est pourtant bon comme toujours, mais je suis trop distraite pour l'apprécier autant que je le devrais.

- Désolé.

Alors que j'avale sans grande conviction la soupe, je sens une petite main me tirer sur la manche. Zéra me regarde d'un air interrogateur, comprenant que je suis préoccupée. Elle bouge ses lèvres pour formuler une question silencieuse, et je souris doucement avant de lui donner une petite pichenette sur la main.

- Toi, tu es trop curieuse. Je lui chuchote en mettant mon doigt devant ma bouche pour lui intimer le silence.

Elle pouffe avant de se rassoir à sa place, un peu rassurée de me voir plaisanter.
En vérité, je ne suis pas sure de comment je me sens. Je ne suis pas seulement préoccupée à l'idée que Jorus me dénonce, mais aussi curieuse de savoir ce qu'il voulait dire lorsqu'il m'a affirmé que je pourrais trouver ce que je cherche au centre scientifique.
Si jamais je pars...

Non. Je ne peux tout simplement pas y aller, ce serait de la pure idiotie. Et il y a aussi sa dernière phrase, on aurait dit qu'il voulait m'avertir de quelque chose.

De plus, je dois encore avoir une bonne discussion avec Naos. Cette fois-ci je veux qu'il me dise clairement quels sont les objectifs de ce groupe. A l'origine je ne comptais pas passer autant de temps avec eux, mais je dois avouer que je me suis attachée à tout ce petit monde. Je me sens moins seule, entourée d'eux. 
Apres ça, il y a encore la question de Zéra. J'aurais du tout lui raconter dès qu'elle et moi allions mieux, mais j'ai tardé et au final je n'ai pas réussi à aller la voir pour lui expliquer tout ce qu'il m'était arrivé depuis mon départ de la maison. Je doute même qu'elle ne soit au courant de notre lien de sang inexistant, mais comment lui dire ça ? Elle n'a que huit ans, et j'ai peur de lui faire encore un choc. Elle a déjà vécu bien assez de choses horribles comme ça pour encore voir un des piliers sur lequel reposait sa vie s'écrouler. 

Pourtant, si je m'en vais vraiment, il faudra bien qu'elle sache pourquoi. Je m'en fiche de dire au revoir aux autres, mais je dois prévenir ma sœur. C'est la seule personne que je ne peux pas juste abandonner derrière moi comme ça.

En tout cas, en sortant de table, je manque de bousculer Proxima, qui me regarde d'un air amusé.

- Tu nous fais quoi depuis que tu es réveillée, Mily ? On dirait que tu es complètement shootée.

Suivant ses paroles, les grognement de Morell et Naos se font entendre, en véritables papa poules prêts à corriger leur fille au moindre mot vulgaire.

- Je ne sais pas où elle a appris ça. Soupire le leader d'un air désespéré.

Je fronce les sourcils pour faire semblant d'adopter le point de vue des deux autres et pose mes couverts dans l'évier, aidant Guiena à faire la corvée du jour.
Bon, cet après midi, je vais aller voir Zéra. Il est grand temps que je lui parle à nouveau sans rien lui cacher. Je ne pense pas que le prisonnier dira quelque chose, donc je n'ai pas vraiment à m'inquiéter à ce propos. Je suppose qu'il va juste se reposer aujourd'hui, surtout qu'il a aussi utilisé une sorte de capacité -si il n'a pas totalement perdu l'esprit-.

Apres le repas, tout le monde se met à faire du ménage. Avec la mission, personne n'a eu le temps se s'en occuper. Je passe donc le balais avec Proxima dans le couloir, toujours un peu perdue dans mes pensées. Mais je m'aperçois au fur et à mesure du regard un peu gêné que me lance la jeune fille, comme si quelque chose la travaillait. Plissant un peu les yeux, je finis par lui demander ce qui ne va pas. Elle soupire longuement avant de me répondre.

- Je me posais des questions sur le prisonnier. Tu pense qu'on en fera quoi, maintenant qu'il est avec nous ? On pensait tous qu'il pourrait nous donner des informations super importantes, mais au final ce n'est qu'un vieil homme malade. Il a sûrement du être utilisé contre son gré, j'ai de la peine pour lui.

Je me garde bien de raconter à la blonde mes mésaventures de cette nuit. Dans mes visions de son passé, il semblait bel et bien d'accord pour vivre ces expériences.

- Et puis ça ne fait aucun sens ! Pourquoi est-ce qu'une loque pareille est importante ? S'emporte-t-elle soudain, a cran.

Je comprend ce qu'elle veut dire, en fait je me posais les mêmes questions avant de comprendre en quelques sortes ce qui le rendait spécial. Peut-être que je devrais leur raconter tout.

Naos est au courant de qui je suis après tout.

Mais il ne semble tout de même pas connaitre les "capacités" des extérieurs. Non, il n'y a pas moyen que je leur raconte quoi que ce soit.

- Ne t'en fais pas, Naos n'aurait jamais fait quelque chose en sachant qu'il pourrait tout y perdre, ce n'est pas son genre.

Proxima me regarde d'un air dubitatif puis me sourit. Sa dent en moins lui donne comme toujours un air de petite fille, beaucoup plus jeune que son âge.

- Tu ne le connais pas depuis assez longtemps. Il n'est pas vraiment comme il en a l'air. Comment dire... il est beaucoup moins prudent et réfléchis que tu peux le croire.

La fillette se lance dans une description du leader et je comprends toute l'admiration qu'elle lui porte à travers ses paroles. Il les a accueillis elle et son frère quand ils étaient encore assez petits car il connaissait un peu leurs parents avant leur disparition. Et il avait souvent manqué de peu de précipiter tout le monde vers la catastrophe à cause de ses actions trop hâtives.
Elle s'arrête de parler après avoir raconté tout ça, nostalgique. J'essaie d'imaginer Naos conformément à sa description mais ça ne colle pas, je n'arrive pas à le voir comme quelqu'un de hâtif et téméraire. Pour moi il est quelqu'un de prudent, qui analyse la moindre chose au centimètre près.

Mais si il est réellement tel qu'elle le décris, alors peut-être que j'ai des chances de le persuader, que la meilleure solution serait de sortir de cette coupole où tout le monde étouffe.
Où l'air est devenu moins respirable qu'à l'extérieur.

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Un chapitre un peu plus calme cette fois. Je suis contente d'avoir pu trouver un peu de temps pour travailler dessus -_-"
La réécriture tarde un peu mais elle arrive. En vérité ce tome ne sera pas le dernier, je me suis trompée. L'ensemble jusqu'ici fait à peu près 260 pages word, donc je vais sûrement rassembler les trois tomes en 1 au final. Ou les quatre, parce que je pense que le prochain tome après celui la sera le dernier.

Nucléaires 3 : TirailléeWhere stories live. Discover now