Chapitre 10

171 16 9
                                    

En descendant les marches, je sens mon cœur battre très fort dans ma poitrine. Ma curiosité a pris le pas sur moi et me contrôle totalement, je meurs d'envie de courir en bas comme une folle pour savoir qui est cette fameuse personne. Mais je me force à suivre sagement Naos et à me calmer.

Poussant la dernière petite porte en bois nous séparant de la pièce, nous entrons dans la salle.
Au milieux de celle-ci, entourée par les nombreuses personnes, se trouve une chaise sur laquelle est attaché un homme. Sur le moment, j'ai l'impression qu'il est inconscient. Il doit avoir une cinquantaine d'années peut-être, ses cheveux sont grisonnant, ternes et emmêlés lui cachant en grandissant de partie le visage, puisqu'il garde la tête penchée en avant.

Pourquoi quelqu'un de si important semble être dans un état bien pire que celui d'un homme des bas-fonds ?

Je m'avance un peu, intriguée mais aussi inquiète par la position avachie du pauvre prisonnier quand Guiena m'arrête en me rattrapant le bras. Je la regarde d'un air interloqué, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passe ou ce que nous attendons. Mais au moment où je m'apprête à l'interroger, un grognement de souffrance nous parvient et nous fait tourner nos têtes en direction du bruit.

Le prisonnier a relevé un peu la tête dans un gémissement, je peux apercevoir une partie de son visage à présent. Et la vision me glace le sang.

Les yeux de l'homme semblent comme abîmés et rougis sur leurs contours, ses pupilles sont complètement cachées derrière un blanc laiteux répugnant. Sa bouche est déformée par les cicatrices d'une opération sûrement assez grave, et sa peau est comme brûlée sur ses joues et ses arcades.

Je me souviens avec horreurs des explications de ma mère -ou plutôt de "Lydie"- au sujet de certaines maladies contagieuses. C'était lors des épidémies qui avaient sévit il y a longtemps, avant la naissance de Zéra. Nous n'étions plus sorties de chez nous pendant des semaines en attendant que la maladie ait arrêté de se répandre. Je me rappelle encore de mon étonnement quand je suis enfin sortie de la maison, en m'apercevant de la disparition de beaucoup de nos voisins.

Vu son état, le prisonnier doit à mon avis être aveugle depuis déjà un bon bout de temps.

Est-ce que c'est quelque chose de contagieux ?

Dans la salle, tout le monde reste bouche bée quelques instants devant la face défigurée de notre prisonnier. Morell passe une main derrière sa nuque, un peu mal à l'aise tandis que je dégluti, me retenant de reculer avec difficulté.

- C'était bien la personne transportée bien en sécurité dans ce camion. Aucune chance que je me sois trompé.

- Mais pourquoi un homme aux portes de la mort serait précieux pour les scientifiques ? Je comprend rien ! S'énerve Guiena en me lâchant brusquement le bras d'un air agacé.

- Tu pense qu'on s'est fait piéger ? Lance Wenn en sortant de sa torpeur.

Est-ce qu'on se serait trompé de personne ? Je sens mes battements de cœur commencer à s'affoler en imaginant le pire.

- Mais qu'est-ce que tu raconte ? S'écrie Proxima, que je n'avais pas encore vue depuis le fond de pièce. Les informateurs nous ont clairement dit qu'il était super important ! Ne dit pas n'importe quoi parce que tu as la trouille, tu stresses tout le monde là !

La fillette est aux côtés de son frère assise sur les caisse de rangement, et je peux voir ses lèvres trembler de colère et sûrement de frustration. Ne pas participer à vraiment du être un supplice pour elle, ce que je peux comprendre.

La dispute se continue, mettant petit à petit tout le monde sur les nerfs.
Mes yeux se tournent vers Naos, j'essaie de discerner ce qu'il pense mais il a juste l'air aussi perdu que nous, ce qui ne fait qu'augmenter mes doutes et ma nervosité.

Nucléaires 3 : TirailléeWhere stories live. Discover now