Reviens Nous

Chapitre 13

- Tu parles de ce que tu ne connais pas !

Cela faisait plusieurs minutes que Victor hurlait sur Monique. Ils n'arrivaient pas à parler calmement. De mon côté, j'avais abandonné tout courage à stopper leur querelle et j'essayais de me remémorer les événements de ces derniers jours.

Tout s'entremêlait, se cognait dans ma tête à m'en donner la nausée. En fait, après plusieurs secondes, je me rendais compte que l'envie de vomir était bien là. Je me levais en trombe pour courir vers les toilettes, créant un silence immédiat chez Victor et Monique.

Mon corps semblait rejeter toute l'émotion que j'avais accumulée. Mon ventre se tordait sous des spasmes insupportables que je ne pouvais plus gérer seule.

On frappait doucement à la porte.

- Ma puce, ça va ?

La voix de Monique s'était radoucie et ne se percevait presque pas. Je rassemblais toutes mes forces pour me relever et sortir des toilettes.

- Oui, ça va.

- Mon dieu regarde toi, tu es toute blanche. Monte te reposer, je t'apporte quelque chose.

- Non, non. Nous devons régler ça au plus vite.

Victor apparaissait dans l'encadrement de la porte du bureau.

- Alice, ça va ?

J'acquiesçais doucement en me dirigeant vers lui. Il fallait que ça aille, je n'avais pas le choix.

- Si vous arrêtez de vous disputer, ça ira bien mieux déjà.

Je lançais un regard noir à Monique et Victor qui baissaient les yeux pour regarder leurs chaussures.

- Je ne sais pas ce qu'il se passe mais il n'y a qu'ensemble que nous pourrons trouver une solution.

Dans un élan théâtral, je leur demandais de me suivre. Sur le bureau de mon père, je prenais une feuille et m'apprêtais à écrire tout ce qu'il s'était passé depuis quelques semaines. Victor me fixait, dubitatif.

- Je ne vois pas en quoi tout mettre par écrit pourra nous aider.

- J'ai besoin de voir les choses pour les comprendre. On loupe forcément quelque chose d'important.

Un silence de quelques secondes suivait avant que je reprenne la parole.

- Victor, tu vas nous dire tout ce que tu sais. Depuis le début. Et essaye de ne rien oublier.

- Ah bah ça va être facile tiens !

Il tentait un sourire que je lui rendais péniblement. Mais en se tournant vers Monique qui le toisait de haut en bas, il reprenait un air sérieux et saisissait une chaise pour me faire face.

- Bon, par quoi commencer ?

- Le début peut-être ?

Monique se moquait ouvertement de lui et je lui faisais comprendre par un regard d'arrêter son manège immédiatement. Victor la regardait d'un air mauvais avant de se retourner vers moi.

- Comme je le disais, je ne sais pas vraiment par quoi commencer. Vous savez que j'ai une sœur Elena – et il semblerait que nous partagions la même avec Alice, à peu de choses près – qui a 16 ans. Je ne savais absolument pas qu'elle connaissait ton père, Alice. Elle ne m'en a jamais parlé.

Il prenait une profonde inspiration avant de continuer, tandis que je prenais docilement des notes.

- Nous avons perdu nos parents dans un accident et je me suis retrouvé à devoir élever ma petite sœur tout seul. Et je n'ai pas très bien fait mon travail. Plutôt que de tout faire pour avoir un métier décent et lui apprendre à vivre correctement, je l'ai menée à une vie de voleuse et de trahison. Et à cause de cela, notre route a croisé celle de personnes peu recommandables. Voir pas du tout.