Chapitre 5

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Appartement de Karim, Miribel

- Karim, bouges toi le cul. Il ne faudrait pas que la piste refroidisse.

Marie faisait les cent pas dans l'appartement de son collègue.

- Marie, faut que tu arrêtes de te croire dans NCIS.

Karim prenait son air moqueur en sortant de sa salle de bain, une serviette nouée à la taille.

- Désolée mais ....

Marie restait bloquée sur la vision du torse nu qu'elle avait juste en face d'elle. Quelques gouttes ruisselaient sur sa peau mate et elle pouvait apercevoir son tatouage qui représentait une étoile sur sa clavicule. Se sentait rougir, Marie détournait rapidement les yeux.

Karim souriait doucement devant la timidité de sa partenaire.

- Tu peux mater si tu veux. 

- Pfff t'es con ! Va t'habiller, on n'a pas que ça à faire !

Dans un éclat de rire, Karim se dirigeait vers sa chambre. Marie en profitait pour faire un tour de l'appartement. Elle n'était jamais venue ici. Et encore moins lorsqu'il était avec son ex. Elle était d'une jalousie maladive et ne supportait pas que Karim ait une partenaire féminine. Comme quoi, c'était vraiment l'hôpital qui se foutait de la charité.

Mais Marie avait un pincement au cœur quand elle regardait la décoration. Il perdurait des photos de Natacha sur tous les murs. Des photos de leur bonheur passé, de leurs voyages, de leurs aventures. Mais pour elle, c'était surtout les souvenirs des soirées entières passées à le chercher dans les bars de la ville, et le ramener ivre mort chez elle pour prendre soin de lui.

Et puis il y a eu ce soir-là, où tout a dérapé. Elle était persuadée qu'il cuvait dans le canapé alors elle avait sursauté quand elle l'avait senti derrière elle dans la cuisine. Sans un mot, il avait posé ses lèvres sur les siennes, posant une main dans son dos et l'autre caressant sa nuque. Il l'avait soulevée pour la poser sur le plan de travail en mettant par terre tout ce qu'il s'y trouvait. Ils avaient fait l'amour doucement, plongeant leur regard dans celui de l'autre. Marie pensait que son cœur allait exploser. Ce moment, elle l'attendait depuis très longtemps sans jamais oser lui dire.

Et puis il s'était endormi dans ses bras sur le canapé, elle l'avait laissé seul pour rejoindre son lit. Et le lendemain, plus rien. Elle n'avait jamais su s'il ne se souvenait vraiment de rien, ou s'il simulait une amnésie. En tout cas, il n'en avait jamais plus parlé. Mais Marie savait qu'il avait ouvert une brèche dans son cœur qu'elle peinait à refermer.

- Marie ? Tu te réveilles ?

Elle sursautait avant de voir Karim qui l'attendait devant la porte d'entrée. Elle se dirigeait docilement vers lui avant de sortir dans le couloir pour le regarder fermer son appartement. Il avait mis le même parfum qu'il portait ce soir-là.

Au même moment, au Manoir :

Le bureau de mon père avait toujours son odeur si particulière, un mélange de cigare et d'after shave musqué. Mais plus rien n'était comme dans mes souvenirs. Tous ses livres avaient disparu, ses prix, ses décorations. Je regardais chaque mur avant de me retourner sur celui qui était derrière moi.

Les larmes me montaient aux yeux et mes jambes semblaient se dérober.

Mon père avait tout enlevé pour remplacer ses dossiers par des photos de moi, de nous, des articles de journaux qui parlaient de mon école, des souvenirs de notre vie d'antan....

Monique me regardait avec tendresse et détaillait chacune de mes réactions.

- Un jour, je suis rentrée au manoir et j'ai entendu un ramdam affreux dans le bureau. Quand j'ai ouvert la porte, ton père avait tout arraché, tout mis par terre et il hurlait. Sur son bureau, il y avait le journal de ton université.

Reviens NousWhere stories live. Discover now