Chapitre 7

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Au large de la côte bretonne

Le bandeau blanc s'enroulait lentement autour de son poignet tandis qu'Elena stoppait son élan de temps à autres pour sécher quelques larmes qui coulaient le long de ses joues. 

Très vite il prenait la couleur du sang qui ne voulait pas cesser de couler. Pourquoi est ce qu'elle avait pris ce portable? Pourquoi prendre un tel risque? Au fond elle savait très bien comment elle allait finir. Seule, dans ce trou à rats.  

Et puis elle ne savait même pas où elle était. Son seul indice était l'eau qui l'entourait de toute part. Mais comment expliquer à la police qu'on a été kidnappée  et qu'on est séquestrée sur une île au milieu de nul part? Elle entendait d'ici leur rire, pensant à une bonne blague. 

Putain de vie. Pourtant elle en avait assez bavé comme ça. Orpheline à 3 ans, elle avait été baladée de famille en famille avant que son frère obtienne enfin l'autorisation de la garder auprès de lui et de l'élever. Mais rien n'avait été simple et , à deux, ils avaient dû faire les pires choses pour survivre. Survivre...c'était bien le mot. Et son havre de paix n'était toujours pas arrivé. 

Elle y avait cru pourtant...

*********
C'était une journée glaciale. Du haut de ses 13 ans, elle était devenue une pick-pocket professionnelle. Cette période était idéale pour ça : tous emmitouflés dans leurs gros manteaux, ils ne sentaient pas la petite main délicate qui cherchait son trésor au fond de leurs poches. Et puis il y a eu cet homme. Elena avait été subjuguée par le charisme de ce mec. De l'autre côté de la rue, elle l'observait buvant son café tout en pianotant sur son MacBook. Il y avait quelque chose chez lui qu'elle reconnaissait. Comme s'il avait perdu une part de lui même, une partie de son âme. 

Sans hésitation, elle avait poussé les portes du café avant de prendre place sur la table qui collait celle de sa cible. Un rapide coup d'œil de haut en bas lui faisait comprendre que ce type était plein aux as. Des gants en cuir véritable, un manteau en cashmere, une coupe de cheveux impeccable et cette odeur particulière que les gens pleins de fric avaient. 

La serveuse s'approchait d'elle. Elena décida de rester quelques instants. 

- Qu'est ce que je vous sers Mademoiselle?

- Un chocolat chaud s'il vous plait.

La serveuse acquiesçait et tournait les talons mais Elena la retenait un peu plus

- Euh je veux bien de la crème fouetté et de la cannelle s'il vous plait.

- Pas de problème. 

Elena sortait un livre de se poche mais se sentait vite observée. En levant les yeux, elle pouvait voir l'homme qui la fixait. Mais elle avait appris à se défendre de ce genre d'harcèlement.

- Tu veux ma photo? 

Il semblait pris au dépourvu et changea vite son regard. Il regardait désormais Elena avec bienveillance.

- Je suis désolée, vous me rappelez ma fille. Elle buvait toujours son chocolat chaud de cette manière. 

En guise de réponse, Elena hochait la tête. Quelques instants de silence s'installait pendant lesquels la serveuse apportait le chocolat brûlant.  L'homme tentait à nouveau une approche.

- Je ne voulais pas vous effrayer.

Elena riait en essuyant la moustache de crème fouettée sous son nez. 

- Il faudrait faire fort pour m'effrayer mon vieux. 

Il souriait tendrement.

- Mon vieux? Et bien je crois que je suis vraiment considéré comme un grand-père.

Reviens NousWhere stories live. Discover now