Chapitre 28

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Le Centre, 

Le vent soulevait doucement nos cheveux et caressait nos visages, rougis par le soleil brûlant. 

Nous étions restées silencieuses un moment, appuyées sur la rambarde du balcon de sa chambre.  Ma mère me jetait des coups d'œil de temps à autres mais je gardais mon regard fixé sur l'océan qui s'étalait à perte de vue. Je ne savais pas si j'avais envie de la serrer dans mes bras ou bien de l'éloigner de moi à tout jamais. Que ce soit l'une ou l'autre de ces possibilités, je savais que cela me conviendrait, et c'est peut être ce qui était le plus dur à digérer. 

Je me raclais la gorge et avalais ma salive doucement avant de briser le silence.

- Donc ...

Ma voix avait eu un effet d'électrochoc sur ma mère et elle sursautait doucement. J'esquissais un sourire avant de continuer. 

- Pardon. Je voulais seulement te poser une question, mais je ne sais pas vraiment si c'est une bonne idée.

Elle posait sa main sur moi, ce qui me donnait la force de continuer.

- Pourquoi? 

Elle semblait surprise par ma question et haussait les sourcils en répétant ma phrase.

- "Pourquoi"?

J'acquiesçais doucement en tournant ma tête vers elle.

- Pourquoi n'es tu jamais revenue? Pourquoi n'as tu jamais au moins essayé?

Elle évitait mon regard et fixait à son tour l'horizon.

- Qui te dit que je n'ai pas essayé? 

Face à mon silence et mon désarroi, je la voyais soupirer avant de continuer. 

- J'ai essayé Alice. Emmanuel t'avait emmené depuis quelques mois et la séparation était trop dure pour moi. J'avais besoin de te voir. 

Elle me regardait fixement cette fois. 

- Mais je n'étais pas arrivée au port que Richard m'avait déjà retrouvée. Et je t'avoue que cela n'a pas été très tendre. 

Je restais silencieuse, cherchant des réponses dans ses yeux. Mais je n'y voyais qu'un voile sombre et torturé, témoin de ce qu'elle avait pu vivre toutes ces années. Elle posait ses mains sur mes épaules.

- Je vais tout te raconter, Alice. Tu as besoin de réponses, tu as besoin de savoir d'où tu viens. Nous aurions dû le faire il y a longtemps. 

Ma mère se déplaçait vers les fauteuils logés dans un coin du balcon et prenait place en me faisant signe de faire de même. Je l'imitais en la regardant croiser ses jambes et remettre de l'ordre dans ses cheveux. Je ne pouvais m'empêcher de la trouver incroyablement belle et, au plus profond de moi, j'aurais aimé pouvoir l'observer ainsi toute mon enfance. La regarder comme le font toutes ces petites filles en admiration devant leur mère. 

En quelques secondes, une nouvelle vague de colère s'emparait de moi. J'allais l'écouter, oui. Mais je n'étais pas sûre d'être capable de lui pardonner. 

Elle m'observait en souriant avant de parler.

- Essayes de stopper toutes ces pensées que tu as dans la tête, Alice. Laisses moi le bénéfice du doute. S'il te plaît.

En guise de réponse, je haussais les sourcils en fixant mes pieds. Elle se mordait la joue avant de prendre une profonde inspiration et de débuter toute l'histoire.

- Je pense que je pourrais commencer dès le début. Il faut que tu saches que ce Centre existe depuis presque un siècle. Il a été créé par le grand-père de Richard, François Volange, un espèce de malade qui se prenait pour le Docteur Frankenstein. Lors de la première guerre mondiale, cet endroit était utilisé pour diverses expériences que je ne préfère pas connaître dans leur totalité. Je sais juste que de nombreuses personnes y ont trouvé la mort, et pas naturellement. François a été exécuté en 1921, peu de temps après la naissance de son fils, Pierre... le père de Richard. Je ne sais plus réellement pourquoi mais je crois que quelqu'un avait réussi à s'enfuir et avait dénoncé François et son équipe. Il y a beaucoup de personnes qui cherchaient à se venger de ce genre de type après la libération. François a fait partie de la liste des personnes à abattre. 

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